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Tsonga et McCaw, roseaux du sport…

Comme tous les fondus, j’en redemande. Du match, du duel, du combat, des dribbles, des passes, des mêlées, des passing shots insensés. Bref, du spectacle. Et même un peu de sang de temps en temps… On m’en propose tout le temps à la télé, j’en profite et j’en jouis comme un malade. Je ne demande rien d’autre que ça. Je suis un sportélétophage…

Mais j’aime aussi savoir le pourquoi du comment. C’est aussi maladif je suppose. Et de temps en temps, en plein match, en pleine éjaculation devant un but de dingue ou en pleine crise de haine subite contre un joueur idiot, il me vient des idées, des élans de réflexion. Qu’arrive-t-il à ce dribbleur solitaire, quelle mouche a piqué cette nageuse, quel neurone a-t-il interrompu son itinéraire dans mon bulbe pour m’enflammer ?

Et je me lance sur mon clavier. Plus fort que moi. J’analyse. J’essaie d’analyser. De regrouper les preuves du délit, de trouver l’explication rationnelle à telle ou telle situation qui m’a rendu tout à fait bête. Et quand j’observe ce week-end, que deux sportifs se mettent à réfléchir plus loin que le bout de leur genou, je réfléchis à leur réflexion.

Tsonga ose réfléchir, McCaw ose s’asseoir…

Jo-Wilfried Tsonga a prononcé des mots qui m’ont réjoui. Les voici, ce sont des mots à faire frémir quelques joueurs de l’équipe de France de foot, de patrons de chaîne, agents ou collègues : « J’ai eu le temps […] de réfléchir : « Pourquoi j’y retourne, pourquoi je repars.  Pourquoi je m’entraîne ? »… Là, je dis chapeau Jo. Mieux encore, quelques heures avant, Richie McCaw, que beaucoup apparentent à un exemplaire bovidé du rugby d’aujourd’hui, avait annoncé qu’il prenait une demi-année sabbatique. « Je me suis assis, a-t-il confié, et je me suis dit que c’était le moment de prendre le temps de tracer les lignes de mon futur, au moins pour quelques années ».

Bon, il y a donc des troncs pensants dans ce monde actuel de sportifs, modèles parfaits du Pavlovisme du coup droit ou du plaquage… Certes, le tennisman et le rugbyman ont été quelque peu invités à cette pause d’efforts physiques par une défaillance de leurs muscles. Mais, contrairement à nombre de leurs congénères, leur cerveau en a semble-t-il profité pour prendre le relais. Et si l’essentiel n’était pas autre chose que leur vie d’acteurs récitatifs, se sont peut-être ils dit à eux mêmes. Ah, peut-être pas l’essentiel, mais un accessoire aussi enrichissant que leurs fins de mois.

J’encouragerais presque ces messieurs à persévérer dans l’erreur… de penser.

Champions du monde

Je fais un rêve.

Ces quatre mots m’ont toujours paru bizarres. On ne fait pas un rêve, c’est l’inverse qui se produit. Alors j’imagine plutôt, j’envisage,  j’espère que les champions du monde de rugby ce dimanche à midi seront vêtus de blanc.

All Blacks. Bleus finalement en blanc. On dirait que cette finale va se jouer sous le signe des couleurs. Même si le noir n’en finit plus de partager les scientifiques qui n’y voient qu’une… absence de couleur ! Quant au blanc, il n’en serait pas une non plus, mais la synthèse de toutes. Vous me voyez venir ? Les All Blacks et leur maillot funèbre ne seraient qu’une pure représentation de l’esprit… un fantasme, un concept, un rêve. Alors que les Blancs ne seraient que le produit des réalités.

Les Bleus en blanc éblouissent les All Blacks !

J’y reviens à ce rêve qui n’existe pas sans que l’on dorme. Je m’éveille donc. Et c’est le coup d’envoi. Les Bleus, non les Blancs, ou les sales gosses de leur vrai nom, foncent sur tout ce qui bouge. D’entrée, c’est l’arc en ciel dans la pluie sinistre de l’Eden Park. Les Blacks n’y voient que du feu. Quinze boules de feu, quinze diables venus d’un enfer du bout du monde, résurgences de Basajaun basques ou sortis fumants des volcans d’Auvergne…

Champions du monde ! Le rêve Bleu, plus Bleu que le bleu des cieux. Blancs comme la lumière. Clair comme Clerc qui dépose au delà de la ligne blanche des Blacks le ballon du 20-19. C’est fini. Et bien fini. Là, c’est évident, le rêve commence…

Objectivement, la France favorite et les All Blacks outsiders !

Avec un titre pareil il y a un mois ou même vingt-quatre heures, on m’envoyait directement au terminus des prétentieux ou dans un asile d’aliénés. Ce dimanche, cette accroche me paraît un poil de moustache Lièvremontesque plus crédible… toujours sous réserve de courte vue ou de résidus psychotiques dans mon cerveau.

Pour brosser un résumé, certes frisant la caricature, des quarts de finale de ce week-end, je dirais « plus rien ne vaut rien » dans ce Mondial comme disait Nietzsche de tout autre chose. Les Bleus ont imité Saint-Lazare en battant les Anglais, les Gallois ont terrassé l’Irlande qui avait abruti l’Australie, cette même Australie a eu recours aux miracles face à l’Afrique du Sud et les All Blacks ont eu un hoquet monumental devant l’Argentine.

Les Bleus sont favoris. Merde alors !

Oui, comme Saint-Lazare, le Quinze de France est revenu d’entre les morts. Pas commun me direz-vous. Si. C’est au moins la troisième fois en Coupe du monde que nos « petits » revivent après avoir expiré. Inquiétante cette manie de la résurrection à répétition toujours suivie jusqu’à présent d’un retour à l’encéphalogramme plat (1987, 1999, 2007). Il n’empêche, le monde médical est formel, tant qu’il y a de la vie… Et les Bleus hument à pleins poumons depuis la victoire si « Rose » de l’Eden Park un air à vrai dire plus pur que jamais après quatre ans de mise sous respiration artificielle.

On les voit si gaillards après leur tour de force d’Auckland que de cueillir un malheureux Poireau samedi prochain paraît franchement pour eux une sinécure. Subjectivement, nous (je veux dire eux) sommes favoris, archi-favoris. Finale en vue pour les ex-double-finalistes en Coupe du monde, ex-quadruples demi-finalistes, ex-doubles briseurs des Blacks et tombeurs de l’Angleterre invaincue… Mais nous, aussi et surtout, toujours pas gravés au poinçon sur le Trophée Webb-Ellis et éternellement en larmes au moment de la remise des médailles… Finale en vue… Avec, ah oui, dans un tout petit coin de l’horizon du superbe panorama, le pays de Galles…

Le pays de Galles est favori ? Je vous emmerde, hein, avec mes questions ?…

Objectivement, je crains pourtant que le favori soit bien ce « petit très grand » pays de Galles. Pas un accroc en un mois, si ce n’est un échec valant un triomphe contre les Springboks en poules. Des avants en béton, des arrières en fer, et une charnière sur papier glacé avec un Mike Phillips élu par les ménagères plus beau gosse du tournoi. Voilà, et en toute objectivité de ma subjectivité, je compare ce bilan avec les cinquante minutes de bon rugby des Bleus sur les quatre cents jouées en Nouvelle-Zélande.

Mon objective conjonctivite a-t-elle été responsable d’une vision bizarre dimanche matin. Je suis à peu près  certain d’avoir vu des All Blacks au teint encore plus blafard que leur maillot. Ce devait être mes yeux. C’est ça, mes yeux. Pas de Dan Carter sur le terrain, la belle blague… Mon ophtalmo va avoir de mes nouvelles… Allez, dites-le, je vous emmerde avec mes questions !

France-All Blacks : Leurs dix plus belles minutes…

Churchill avait parlé de « leur plus belle heure », à propos d’une poignée d’aviateurs britanniques qui s’étaient illustrés dans le ciel d’Angleterre lors d’une journée de septembre 1940 et qui avaient sauvé tout le royaume. Les Bleus ont vécu ce samedi face aux All Blacks les dix plus belles minutes de l’ère Lièvremont, les dix premières de leur bataille d’Auckland du 24 septembre 2011… Pas de victoire au bout (17-37), mais de l’espoir, un beau bout d’espoir pour la suite des hostilités.

Phénoménales six cents secondes contre des All Blacks presque médusés par tant de hargne, d’adresse et d’un French Flair qu’ils craignaient tant… Remarquables et surprenants Bleus, enchaînant les mouvements supersoniques, à l’image d’une charnière Yachvili-Parra à réaction, d’un Picamoles aux coups de rein thermo-nucléaires ou un d’un Rougerie qui aurait plaqué un Everest en marche…

C’était la France qu’on attendait après un haka néo-zélandais plus guerrier, plus sanglant que jamais, ponctué d’un geste d’égorgement que les instances internationales feraient bien d’éradiquer pour que tous les petits enfants du monde ne s’endorment plus avec les idées… noires. Mais, mais, mais…

Contre les All Blacks, il ne faut jamais rien oublier !

La mémoire est là pour rappeler aux réalités. On l’avait oubliée, cette mémoire… Le fameux syndrome de l’anosognosie… On ne sait plus qu’on ne sait plus ! Les Blacks n’aiment pas qu’on ne se souvienne pas d’eux, surtout quand ils sont en face des Français, leur pire cauchemar. Oubli, oubli, oubli. De plaquer, à la dixième minute précisément, pour sa première sortie offensive du match, Ma’a Nonu, le trois-quart centre à la fois le plus agile et le plus féroce du monde. Qui transperce la défense en beurre pasteurisé de France. Début de la purée de pois… Nuages, pluie, grêle à suivre !

Les Bleus ont perdu, bien perdu. Parce que les Blacks ont récité dans les soixante-dix minutes suivantes le jeu le plus extraordinaire qui soit, celui qu’ils ont en mémoire depuis un siècle, qu’on pourrait appeler avec un peu d’ironie, celui des Lumières… Noires. Mais l’équipe de France, vêtue de blanc, comme à l’Eden Park, ne craint pas les ténèbres…

France-All Blacks : Être ou ne pas être…

C’est la question la plus célèbre de l’histoire, qui revient sans cesse depuis ce diable de Shakespeare dans l’esprit de l’homme. Et qui resurgit ces derniers jours dans celui, plus torturé que jamais, de notre XV de France. Jouer à fond samedi contre les All Blacks ou pas ? Les « respecter » ou pas ? Gagner ou perdre ? Voilà la – les – question(s).

Y aurait-il « quelque chose de pourri », comme le clamait Hamlet, au royaume des Bleus pour qu’une telle question se pose, ou plus précisément pour qu’on la pose pour eux ? Pourri, peut-être pas, mais faussé ou vicié, c’est plus probable. Parce que depuis la défaite de l’Australie contre l’Irlande dans le groupe C, la France a un peu changé d’humeur, passée de souffreteuse à primesautière, se sentant d’un coup comme l’effigie de sa Marianne, sourire Colgate aux lèvres et poumons gorgés d’espoir.

Les All-Blacks voudraient fesser le XV de France…

A contrario, les Néo-Zélandais ont la désagréable impression de s’être fait méchamment rouler dans la farine. Pas par l’échec des Wallabies – une bonne jouissance gratuite – mais par ses conséquences. Pour les Blacks, battre, écraser si possible, les Bleus, ne serait plus leur infliger une correction méritée, un rêve depuis 1999 et 2007. Au contraire, les Français n’attendraient désormais plus que ça, une bonne fessée en public. Car, magie et vertu du sadomasochisme, la punition les enverrait au paradis d’une phase finale semée de roses, un peu piquantes certes, mais tout à fait supportables, Angleterre en quarts, Irlande ou Galles en demies…

L’accueil charmant qui a présidé il y a quinze jours au débarquement des trente joueurs de Marc Lièvremont est en conséquence oublié. La presse kiwi nous assassine. Avec, il faut l’avouer une insigne mauvaise foi. Nous alignerions une équipe bis pour ce qui aurait du être une fête du jeu, autrement dit une bonne rouste offerte par des Blacks aux Blues. Ce n’est pas charitable. D’autant que l’équipe de France qui avait triomphé à Dunedin il y a deux ans était sensiblement la même.

Alors que répondre, que faire ? Les joueurs français ont essayé au lendemain de cette volée de bois vert de rester zen. A moitié réussi. Pascal Papé a sauté les pieds dans le plat, dénigrant l’un des symboles les plus chers au peuple du Long Nuage Blanc, son haka. Une finesse à la Obélix…

Auckland, Alésia ?