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C’était beau les châteaux en Espagne…

On y croyait, un peu ou beaucoup selon le degré d’alcool ingurgité ces derniers jours ou selon le niveau normal de lucidité d’un observateur assez avisé du monde du ballon rond.

Autrement dit, les Bleus pouvaient tout à fait battre la meilleure équipe de tous les temps ou se faire humilier au Stade de France par cette même invincible et sublime Espagne. Selon par exemple que l’on soit très croyant en la magie Benzema, ce pouvoir mystérieux dont la réapparition aurait été possible après mille minutes d’évaporation. Ou bien par un phénomène appelé Ribéry, ou pourquoi pas par de la sorcellerie nommée Didier Deschamps. Ou, at last but not least, un élixir de jeunesse désigné sous le pseudonyme de Pogba

Le résultat fut quelque chose ne ressemblant vraiment à rien de tout ça. Une défaite en forme de bouillie au parfum à peu près respirable. Encourageante comme on disait à l’époque lointaine où l’équipe de France étaient si nulle et pauvre dans le jeu qu’il n’y avait rien d’autre chose à dire qu’il ne restait jamais qu’un espoir, c’était de la voir bien jouer un jour.

Barrages en vue, baraque attendue avant possible samba…

Ce mardi 26 mars 2013, cette défaite a été inéluctable. Mais pas vraiment infâmante. La Roja d’Iniesta et princes consorts du ballon était à peu près à son niveau. Ni au-dessus, ni bien en dessous. La France était la France. Et donc, tout le monde à sa place, probablement définitivement jusqu’au terme de ces éliminatoires de l’annoncée comme fabuleuse Coupe du monde au Brésil l’année prochaine. Chacun aussi sa chanson, son hymne, l’un sans paroles, l’autre avec, malheureusement peut-être pour la seconde…

Et Benzema, c’est trop officiel, qui ne sait plus du tout où se trouvent les filets adverses. Et Ribéry qui n’est pas, et ne sera jamais, mais qui peut le lui reprocher, un héros. Et le jeune Pogba qui l’est encore trop. Et Deschamps qui ne peut pas, pas plus d’ailleurs que Domenech ou Blanc, gérer ces soucis et tant d’autres comme par miracle.

Plus de châteaux en Espagne, donc. Mais au point pas si catastrophique où l’on en est, on le souhaite, on le désire, bien que l’on enrage à mort depuis l’ignoble Knysna et ce qui s’est ensuivi de maléfique, une petite baraque en préfabriqué appelée barrage pour y dormir à peu près tranquille avant l’éventuel carnaval de Rio et autres plages à samba.

Domenech et les vrais sales gosses…

Il y a mis le temps, le Raymond. On a vu des mémoires d’une vie pondus en une nuit et des éditeurs presque fâchés que ça ait pris tant de temps… Le sélectionneur le plus honni de l’histoire du football français, lui, a donc soigné son retour dans le paysage baroque du ballon rond.

Un livre que je n’ai pas lu, je l’avoue. Donc je me bornerai à en retirer une sorte de substantifique moëlle de journaliste, c’est à dire comme chacun sait, à prendre avec des pincettes.

Les « gosses inconscients » !

En très très gros, Ray livre sa version de son enfer. Avec une bande de petits merdaillons (qu’il taxe de « gosses inconscients ») qui se prenaient (et se prennent toujours, sauf information contraire) pour ce qu’ils ne sont pas, et ce que je répète, l’on savait déjà.

Nul besoin d’entrer d’ailleurs dans les détails, même s’ils sont indispensables à sa démonstration, pour connaître la vérité sur les Ribéry, Nasri, Anelka, Gallas, Gourcuff, Benzema et consorts. Pas des sales types, pas vraiment des voyous ni des minables, mais des rejetons enrichis, arrogants parce que sans ou avec trop peu d’éducation et en conséquence en décalage total avec leur statut, un terme dont ils pensent toujours qu’il signifie Venus de Milo.

Comme moi, comme Raymond, comme les agents, comme la Fédération, comme tout le milieu du foot et du sport, excepté la majorité de ses acteurs de terrain incapables même d’exprimer le peu qu’ils pensent, cette vérité est connue. Depuis que ces mouflets de dix-huit ou vingt ans sont adulés puis payés davantage que des patrons du CAC 40 par des présidents de club totalement irresponsables. Ces derniers n’agissant qu’à courte vue, copiant sans scrupule les méthodes des anciens mythomanes du genre, Bez, Tapie, Lagardère et Cie qui ont inauguré le processus diabolique dans les années 1980…

Domenech a été un sélectionneur tellement controversé, aux résultats si contraires, passant du (presque) paradis (2006) à l’enfer (2010) le plus souvent, qu’il n’a jamais pu trouver un défenseur de sa méthode, de ses actes, et de ses paroles de psycho-rigide. Ni joueur, bien sûr, ni personne, pas même lui.

Domenech, le Gallois du foot !

Mais il a aujourd’hui le mérite d’établir, lucidement je trouve, un constat, un bilan, de l’énorme crash qu’il a vécu. C’est un grand mérite. Plus que ça, c’est une immense force, qui transparaissait à l’époque où il parlait mais que l’on raillait tant l’homme énervait son monde. Il est le premier à livrer de l’intérieur un récit circonstancié, argumenté, j’oserais dire objectif, de ce qui a été, avec le point d’orgue de Knysna, le pire moment de l‘équipe de France en plus d’un siècle d’existence…

Il vient à mon avis d’établir, peut-être sans le vouloir, une espèce de rapport Gallois du foot tricolore… C’est dire son importance, s’il est suivi d’effets bien entendu. Ce qui ne semble pas pour le moment, être le cas, Monsieur Le Graët, l’aveugle le mieux voyant  du Boulevard de Grenelle, s’obstinant, persistant, s’acharnant dans sa vision parfaitement immuable : ces jeunes garçons ne méritent qu’un tirement d’oreilles et il ne faut surtout rien changer au meilleur des mondes… Le bon Noël s’est fendu à propos de l’oeuvre de Raymond d’un « Domenech avait besoin d’écrire »… Faux Candide et vrai Ponce Pilate…

Les Bleus et le monde à l’envers !

Il y a des soirs où tout tourne à l’envers, où le ballon est même complètement fou. L’équipe de France qui rivalise avec l’Espagne et l’Allemagne qui n’est plus l’Allemagne…

Ah, notre pauvre troupe de Bleus, risée de l’Europe depuis trop de lustres, qui s’en va faire la nique aux super-Ibériques, champions d’Europe, du monde et de tout l’univers du foot. Enfin, la nique, c’est un peu beaucoup dire. Parce qu’ils avaient quand même les pieds assez carrés ce mardi les Deschamps boys à Madrid pour leur premier grand rendez-vous des éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Mais leur caboche, alors, leur caboche, elle a fonctionné à plein quotient, une rareté depuis six ans.

Les onze systèmes de réflexion (et ceux des remplaçants) et d’action étaient même farcis d’intentions dont on ne les croyait franchement plus capables. Pour tout dire et résumer de cette soirée assez miraculeuse côté tricolore, on peut même avouer qu’on n’a même pas remarqué le plus léger signe de pétage de plombs, c’est à dire de neurone. Autrement dit rien qui aurait pu ressembler à ce à quoi on avait été accoutumé pas plus tard qu’au dernier Euro. Pas le moindre petit geste déplacé dont les Bleus assuraient brillamment la mode ces dernières années, du genre main pas serrée, réflexes de gamin mal élevé ou, pire, gros mots envers des journalistes.

Du bus de Knysna au buzz de Madrid !

Parce que, oui, paradoxalement, pendant 93 minutes, ils ont raté techniquement à peu près tout ce qu’ils voulaient les Français à Vicente Calderon, des contrôles, des relances, des buts tout faits, sauf un, sur leur ultime occasion, à zéro seconde de la fin du temps additionnel… Ribéry qui déboule sur la gauche et qui centre sur Giroud, et le but du bout du bout de la Castille (1-1). L’explication de ce match au final féérique des Français dans le domaine du combat et de la motivation ? Personne ne la connaît vraiment. Des Espagnols peut-être suffisants après, pour eux, six ans de triomphes ininterrompus ? Une brusque envie chez les Français de ne pas se sentir une énième fois humiliés ? Un nouvel entraîneur, Didier Deschamps, qui aurait découvert la pierre philosophale du collectif sur les terrains de Clairefontaine ? Questions sans réponse…

Au final, un point arraché aux meilleurs joueurs du monde quatre jours après une défaite infamante (0-1) au Stade de France contre le Japon. Le monde à l’envers…

A l’envers, oui. A Berlin, l’Allemagne a mené quatre buts à zéro contre la Suède. Et l’Allemagne n’a pas gagné ! L’Allemagne a encaissé quatre buts dans la dernière demi-heure, dont évidemment le dernier, à la dernière seconde. Il n’y a plus de saison, il n’y a plus de Manschaft.

Ah, on me dit qu’il resterait au bord d’une pelouse à Knysna un vieux bus aux rideaux fermés…

Morale, beau jeu, Marseillaise et supporters

Y a plus de morale, les amis. Pas plus que de beau jeu ou de supporters, des vrais s’entend. On se demande même ces jours-ci s’il ne faudrait pas regretter les voyous du Parc des Princes qui y mettaient jadis le feu, au sens pas figuré du terme…

Et le débat fait encore et toujours rage sur la Marseillaise, qu’il faudrait chanter par obligation selon les uns, ou pas selon les autres, tenants de la morale à élasticité. Cette morale, c’est un mot mais un mot qui ne met personne d’accord depuis le péché originel. A propos, est-ce un péché d’être supporter ? Franchement, non, pas plus que d’être contractuelle, ministre ou premier croqueur de pomme…

Et le beau jeu, tiens, y en a plus de beau jeu ! Tout le monde a l’air de s’en foutre, mais c’est un plaisir qui a progressivement déserté les esprits. J’en entends même certains qui se foutent que Barcelone joue fabuleusement bien et qui s’extasient sur la science divino-tactique de l’Antéchrist José Mourinho… Si c’est pas de l’absence de morale, ça, ou de son détournement le plus vicieux.

Le foot et la morale, ce serait pas mal…

Donc, le ministre Vincent Peillon veut rétablir les leçons de morale à l’école. Pas bête, ça, la morale à l’école. Je suis d’accord. Et pas qu’un peu. Comme le pinard, la morale ça devrait être o-bli-ga-toi-re… Allez, admettons qu’un jour nos bambins deviennent tous de bons supporters et mieux encore, pour les plus exemplaires, des footballeurs professionnels et chantent la Marseillaise pendant les hymnes, et ce monde deviendrait le meilleur… Mais sans des nouveaux Benzema et Ribéry, ce qui nuirait au beau jeu… Quelle foutue boucle mal bouclée !

On n’en sortira donc jamais de ce bien et de ce mal. Ce vieux Nietzsche, c’est mon dada ou mon péché mignon si vous préférez, nous expliquait férocement qu’il fallait aller « au-delà ». Que la vie valait mieux que toute vérité de toute façon inconnue des hommes. Autrement dit qu’on était hardiment encouragé à faire des conneries au nom d’une vie trop courte. Qu’est-ce qu’il m’énerve en même temps, Friedrich. Mais s’il avait bien voulu me faire ses commentaires sur Franck, Karim et notre hymne à la con, je les aurais quand même volontiers échangés contre ma redevance au service public ou à mes abonnements au câble !

Allez, je pousse ce cri définitif. Je me fous de tout pourvu que ça me plaise. Je suis le Nietzsche moderne, je suis le dernier philosophe du sport…

La passe décisive à Ribéry de la ramasseuse de balle patriote

Dans ces temps incertains où les valeurs se perdent et se confondent dans la mondialisation ou les querelles de civilisation, il reste quand même dans notre vieux pays des bons petits bien obéissants et à qui on remettrait bien une grosse médaille rien que pour ça.

Une jeune ramasseuse de balle de France-Biélorussie s’est offert ce mardi un moment de gloire peu commun dans la lumière un peu terne du Stade de France. Et qu’elle racontera à ses arrière petites filles dans un demi-siècle au coin du feu quand les Bleus auront huit étoiles sur leur maillot. Ludivine, la bien nommée, se trouvait au bord de la pelouse, sans doute choisie par la Fédération française de football pour ses récents mérites dans sa classe depuis la rentrée ou sur recommandation de son entraîneur dans un club de la banlieue dyonisienne.

Et Ludivine, dix ou douze ans au plus au vu des images de TF1, semblait d’ailleurs quelque peu tétanisée par cet honneur. A la 49e minute de jeu, le score est de zéro à zéro et l’on s’est ennuyé jusque-là comme d’habitude assez ferme devant le spectacle offert par la plus grande chaîne d’Europe et sa plus barbante vitrine en prime time : celui des Bleus de Didier Deschamps, successeur de Laurent Blanc et Raymond Domenech. La petite fille en survêtement porte un ballon en main, c’est son devoir et elle l’effectue en excellente élève. Mais elle rêvasse un peu, songeant sans doute depuis le début du match à la majesté du lieu et à ce qu’elle pourrait raconter de beau et d’inoubliable en rentrant chez elle à ses parents.

Ludivine se fait engueuler par Ribéry mais s’exécute et lui fait une passe décisive…

Et elle ne semble d’ailleurs pas dans un premier temps apercevoir Franck Ribéry qui fonce sur elle dans sa direction d’un air peu amène. Le beau et génial Franckie lui adresse même une remontrance, dont elle ne saisit pas tout de suite la signification. Un défenseur biélorusse vient de dégager un ballon dans les tribunes, et c’est elle Ludivine qui est, selon Ribéry, la détentrice évidente du ballon qui doit revenir en jeu à la place de celui qui s’est envolé. La jeune fille y met le temps, deux secondes environ, mais elle pige ce pourquoi elle se doit précisément de faire à cet endroit.

Elle se souvient alors de sa mission de base, dont on lui a fait très certainement répéter les gestes dans l’après-midi. Ni une ni deux, elle jette l’objet avec un joli style de basketteuse dans les mains du demi-dieu qui s’empresse de jouer la remise en jeu. La défense biélorusse est légèrement prise de court, ce qui suffit à la déséquilibrer l’espace d’un instant et à entraîner pour elle l’irréparable cinq secondes plus tard. Ribéry a récupéré la balle qu’il avait transmise à Benzema et l’a centrée sur Capoue qui marque le premier but des Bleus, résultat inespéré d’abord au vu de leur imagination générale et ensuite du déroulement particulier de l’opération burlesque et brinquebalante qui avait précédé…

Comme débloquée, transfigurée presque par cet épisode singulier, l’équipe de France en enchaînait dans les vingt minutes suivantes deux autres tout aussi étonnants et favorables. Un centre du Parisien Jallet se transformait en tir en pleine lucarne et un nouveau déboulé de Ribéry se concluait par un ballon piqué victorieux du Bavarois préféré de Zahia. 3-1 au final et un bilan de six points en deux matches, pour le moins flatteur mais, comme on dit, six points de pris et qui ne sont plus à prendre, surtout en vue de la suite et de la double confrontation nucléaire avec l’Espagne…

Ludivine, la ramasseuse de balle, a peut-être sauvé – provisoirement, mais l’espoir fait vivre – une équipe de France à deux balles.