Il y a mis le temps, le Raymond. On a vu des mémoires d’une vie pondus en une nuit et des éditeurs presque fâchés que ça ait pris tant de temps… Le sélectionneur le plus honni de l’histoire du football français, lui, a donc soigné son retour dans le paysage baroque du ballon rond.
Un livre que je n’ai pas lu, je l’avoue. Donc je me bornerai à en retirer une sorte de substantifique moëlle de journaliste, c’est à dire comme chacun sait, à prendre avec des pincettes.
Les « gosses inconscients » !
En très très gros, Ray livre sa version de son enfer. Avec une bande de petits merdaillons (qu’il taxe de « gosses inconscients ») qui se prenaient (et se prennent toujours, sauf information contraire) pour ce qu’ils ne sont pas, et ce que je répète, l’on savait déjà.
Nul besoin d’entrer d’ailleurs dans les détails, même s’ils sont indispensables à sa démonstration, pour connaître la vérité sur les Ribéry, Nasri, Anelka, Gallas, Gourcuff, Benzema et consorts. Pas des sales types, pas vraiment des voyous ni des minables, mais des rejetons enrichis, arrogants parce que sans ou avec trop peu d’éducation et en conséquence en décalage total avec leur statut, un terme dont ils pensent toujours qu’il signifie Venus de Milo.
Comme moi, comme Raymond, comme les agents, comme la Fédération, comme tout le milieu du foot et du sport, excepté la majorité de ses acteurs de terrain incapables même d’exprimer le peu qu’ils pensent, cette vérité est connue. Depuis que ces mouflets de dix-huit ou vingt ans sont adulés puis payés davantage que des patrons du CAC 40 par des présidents de club totalement irresponsables. Ces derniers n’agissant qu’à courte vue, copiant sans scrupule les méthodes des anciens mythomanes du genre, Bez, Tapie, Lagardère et Cie qui ont inauguré le processus diabolique dans les années 1980…
Domenech a été un sélectionneur tellement controversé, aux résultats si contraires, passant du (presque) paradis (2006) à l’enfer (2010) le plus souvent, qu’il n’a jamais pu trouver un défenseur de sa méthode, de ses actes, et de ses paroles de psycho-rigide. Ni joueur, bien sûr, ni personne, pas même lui.
Domenech, le Gallois du foot !
Mais il a aujourd’hui le mérite d’établir, lucidement je trouve, un constat, un bilan, de l’énorme crash qu’il a vécu. C’est un grand mérite. Plus que ça, c’est une immense force, qui transparaissait à l’époque où il parlait mais que l’on raillait tant l’homme énervait son monde. Il est le premier à livrer de l’intérieur un récit circonstancié, argumenté, j’oserais dire objectif, de ce qui a été, avec le point d’orgue de Knysna, le pire moment de l‘équipe de France en plus d’un siècle d’existence…
Il vient à mon avis d’établir, peut-être sans le vouloir, une espèce de rapport Gallois du foot tricolore… C’est dire son importance, s’il est suivi d’effets bien entendu. Ce qui ne semble pas pour le moment, être le cas, Monsieur Le Graët, l’aveugle le mieux voyant du Boulevard de Grenelle, s’obstinant, persistant, s’acharnant dans sa vision parfaitement immuable : ces jeunes garçons ne méritent qu’un tirement d’oreilles et il ne faut surtout rien changer au meilleur des mondes… Le bon Noël s’est fendu à propos de l’oeuvre de Raymond d’un « Domenech avait besoin d’écrire »… Faux Candide et vrai Ponce Pilate…