Il y a des soirs où tout tourne à l’envers, où le ballon est même complètement fou. L’équipe de France qui rivalise avec l’Espagne et l’Allemagne qui n’est plus l’Allemagne…
Ah, notre pauvre troupe de Bleus, risée de l’Europe depuis trop de lustres, qui s’en va faire la nique aux super-Ibériques, champions d’Europe, du monde et de tout l’univers du foot. Enfin, la nique, c’est un peu beaucoup dire. Parce qu’ils avaient quand même les pieds assez carrés ce mardi les Deschamps boys à Madrid pour leur premier grand rendez-vous des éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Mais leur caboche, alors, leur caboche, elle a fonctionné à plein quotient, une rareté depuis six ans.
Les onze systèmes de réflexion (et ceux des remplaçants) et d’action étaient même farcis d’intentions dont on ne les croyait franchement plus capables. Pour tout dire et résumer de cette soirée assez miraculeuse côté tricolore, on peut même avouer qu’on n’a même pas remarqué le plus léger signe de pétage de plombs, c’est à dire de neurone. Autrement dit rien qui aurait pu ressembler à ce à quoi on avait été accoutumé pas plus tard qu’au dernier Euro. Pas le moindre petit geste déplacé dont les Bleus assuraient brillamment la mode ces dernières années, du genre main pas serrée, réflexes de gamin mal élevé ou, pire, gros mots envers des journalistes.
Du bus de Knysna au buzz de Madrid !
Parce que, oui, paradoxalement, pendant 93 minutes, ils ont raté techniquement à peu près tout ce qu’ils voulaient les Français à Vicente Calderon, des contrôles, des relances, des buts tout faits, sauf un, sur leur ultime occasion, à zéro seconde de la fin du temps additionnel… Ribéry qui déboule sur la gauche et qui centre sur Giroud, et le but du bout du bout de la Castille (1-1). L’explication de ce match au final féérique des Français dans le domaine du combat et de la motivation ? Personne ne la connaît vraiment. Des Espagnols peut-être suffisants après, pour eux, six ans de triomphes ininterrompus ? Une brusque envie chez les Français de ne pas se sentir une énième fois humiliés ? Un nouvel entraîneur, Didier Deschamps, qui aurait découvert la pierre philosophale du collectif sur les terrains de Clairefontaine ? Questions sans réponse…
Au final, un point arraché aux meilleurs joueurs du monde quatre jours après une défaite infamante (0-1) au Stade de France contre le Japon. Le monde à l’envers…
A l’envers, oui. A Berlin, l’Allemagne a mené quatre buts à zéro contre la Suède. Et l’Allemagne n’a pas gagné ! L’Allemagne a encaissé quatre buts dans la dernière demi-heure, dont évidemment le dernier, à la dernière seconde. Il n’y a plus de saison, il n’y a plus de Manschaft.
Ah, on me dit qu’il resterait au bord d’une pelouse à Knysna un vieux bus aux rideaux fermés…