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JO, hand, foot et experts en modes…

La mode on ne peut pas la définir. C’est sa définition. Elle passe, elle reste, elle revient. Elle n’existe pas en fait, comme le temps…

Mais en deux jours, elle a fait son job la mode. Dimanche après-midi, nos handballeurs, nos Experts étaient devenus immortels d’un coup de baguette magique dont ils sont seuls capables. En France seulement, rassurons les rabat-joie.

Lundi, c’étaient des petits voyous, bringueurs, casseurs de matériel audiovisuel (privé) et dignes d’être rabaissés au rang de vils footballeurs… Ils étaient passés en mode, comme on dit maintenant, crétin.

Voilà donc que vingt-quatre heures après leur exploit unique dans les annales du sport français, on leur jette la pierre, on les fustige et on voudrait même les punir de leurs excès d’un jour et d’une nuit… Bon, je veux bien. Il n’est en effet pas très exemplaire de démonter un plateau télé ou comme, Claude Onesta, de se comporter en vulgaire chef de bande aviné et grossier. C’est inexcusable. Point.

Du coup, revanche posthume et immédiate des footballeurs de Knysna et d’Ukraine. Ou plutôt de ceux qui ne les avaient pas défendus  mais qui veulent attaquer les nouveaux coupables parce qu’ils seraient aussi coupables… La mode…

Il faut sanctionner les Experts, sans pitié, et leur « tirer les oreilles » !

Je vois un point commun entre le comportement des uns et des autres. Celui de la basse et bête vengeance envers les critiques sourdes que l’on prend toujours forcément mal. C’est humain. Je vois aussi une distinction. Les Experts ont sagement attendu d’être sacrée plus grande équipe de handball, et équipe tout court française, de tous les temps pour déraper. Les Bleus de Knysna et de l’Euro 2012, aussi peu irréprochables sur le terrain qu’en dehors, n’ont pas eu ce « tact »…

Par conséquent, et selon moi, il y a quelques barreaux d’écart entre les deux histoires sur l’échelle de la bêtise.

Dépassons si on le peut l’effet de mode, ce phénomène moutonnier qui peut nous entraîner avec la meute sur des sentiers dangereux. Et restons-en aux principes. Allez, un peu de discipline que diable.

Alors voilà, il faut sanctionner les Experts, vivement, sans pitié. Et, comme le dirait Noël Le Graët, leur « tirer les oreilles ».

Il est hardi, Lavillenie !

Le coup passa si près…

Avec une perche dans les mains, la majorité des humains n’a pas l’air malin. C’est encombrant ce machin, et on n’en voit surtout pas la fin… Renaud et ses copains, ils vous en font un truc d’aigrefin…

C’était pas gagné, ce concours olympique de Londres, pour l’ami Renaud Lavillenie. Quand les Allemands, les dénommés Otto et Holdzeppe, lui menaient une vie d’enfer à 5,91 m, il n’en menait, lui, pas trop large. Mais le petit Français avait de la suite dans les idées et du ressort dans ses bonds de trois étages.

C’est une sorte d’Astérix, Renaud. Pas grand, pas large, mais pas fou du tout et avec une énergie vitale hors du commun. En deux mois, il leur a filé un mal de tête aux Germains… Deux coups de massue, deux fois le même au centimètre près.

Aux derniers Championnats d’Europe, le bel Otto, le même donc, avait sauté en suivant la même hauteur que Lavillenie à trois reprises et à des cîmes de plus en plus vertigineuses. Et avait bien cru l’écoeurer, en force, à la façon germanique et au finish. Mais Renaud avait eu le dernier mot, tout là-haut vers des endroits dont vous et moi on ne peut juger de la dangerosité qu’en zone montagneuse…

Ce vendredi à Londres, c’était encore plus tangent, deux fois plus en fait, et deux fois plus germano-pénible. Lavillenie se retrouvait même au bord du gouffre, au pied du Mont-Blanc plutôt. Un essai manqué à 5,91 m. Et les deux désagréables à se gonfler les pectoraux et se frotter les mains gluantes.

Mais là, le meilleur perchiste de ces deux dernières saisons ne l’était pas pour rien. Un paquet de concours remportés lors de tentatives couperet et des tas de barres franchies au courage et parfois même au bluff…

Le coup de génie de Lavillenie…

La barre tombe est donc placée à 5,97 m. Lavillenie a renoncé à user ses deux tentatives restantes, inutiles, à la hauteur précédente. Il n’est pas venu pour le bronze, qui est pourtant à cet instant autour de son cou. Et c’est en conséquence l’or et l’argent pour le tandem en jaune et noir. C’est insuffisant, très insuffisant, insultant pour être franc. Il y a comme un problème de couleurs.

Il s’élance, Renaud, et ça ne passe toujours pas. Pas plus pour les deux rigolards qui le devancent toujours aux essais. Il reste calme, Lavillenie, prend du regard conseil vers son entraîneur et Jean Galfione dans les tribunes. Evidemment, le fluide ne peut pas être mauvais. Il règne une ambiance et un boucan d’enfer. C’est la dernière ligne droite du relais 4×400 m. Renaud sent le bon coup, il y a quelques millions de décibels bons à prendre. Même si il n’entend plus son souffle, la cadence de ses pas d’élan ni le bruit du butoir, des repères indispensables pour un sauteur à la perche qui ne fonctionne que comme une boite à rythmes…

Mais ce rythme, contrairement aux autres, il est en lui, Lavillenie. Depuis qu’il est tout petit, il saute dans son jardin, soir et matin.

Il s’élance. Il est 22 heures à Big Ben et 23 dans son jardin. Et il s’envole. C’est fait. Il est hardi, Lavillenie !

Il y a toujours des Pyrénées !

En sport, la guerre s’était vraiment déclarée en 2006. Nos voisins d’outre-Bidassoa avaient littéralement créé un casus belli en traitant notre Zidane national de papy juste avant un huitième de finale de Coupe du monde. Zizou avait plus que lavé l’affront en humiliant ensuite à lui seul la Roja de Casillas, semblant ajouter : « Alors, c’est qui Raul ? »

Ils n’avaient pas trop apprécié, les Ibères. Depuis, entre les deux nations très anciennement alliées, les armes sont toujours de sortie quand elles ne sont pas au poing. Toutes les disciplines s’y sont mises. Même au tennis, où l’on se tape rarement dessus, il y a comme de la crispation. Rafael Nadal et ses gros biscottos étalés tous les printemps à Roland-Garros, énervent pas mal de monde.

Noah avait réouvert les hostilités franco-espagnoles

Surtout Yannick Noah, qui a rajouté il y a quelque mois du feu aux poudres en s’en prenant vivement et globalement à tout ce qui pousse une balle un peu partout au-delà de la ligne Perpignan-Bayonne… Les Espagnols consommeraient selon lui des produits réprimés par les autorités, les résumant, d’une formule, à de la « potion magique« …

A Madrid et à Barcelone, le ton a très vite grimpé, et la moutarde est montée au nez d’un peu tout le monde, des intéressés bien sûr, mais aussi des rédacteurs en chef et même des responsables politiques. Les Français n’étaient que des jaloux, des sportifs en chambre et Noah un champion à deux euros…

Et puis les Guignols de Canal + en avaient collé une deuxième couche, bien voyante et sans gants de protection. Au vitriol. Nadal et Contador en prenaient plein les dents à pleines seringues. Nouvelle grave « cause de guerre » et déclenchement généralisé du conflit.

Au basket, ça a bastonné. Au hand, Accambray a canonné !

Ce mercredi, le programme des Jeux avait réservé un double choc franco-espagnol, au hand et au basket, et chez les hommes pour que ça puisse vraiment saigner. On allait donc régler les comptes, peut-être définitivement.

Et comme prévu, ça a bataillé sévère, grave même. Et ça s’est terminé en baston entre la bande de Pau Gasol et celle de Tony Parker. Ronny Turiaf et Nicolas Batum ont craqué en fin de match et filé des tartes pas trop glorieuses, anti-sportives pour être honnête, alors que le résultat était acquis, aux deux « lutins » Fernandez et Navarro. Batum-Batman y avait été un peu fort avec ses pattes, s’acharnant sur la partie la plus fragile du second

Heureusement, un peu plus tôt, l’ambiance avait été à peu près aussi virile du côté du hand mais elle était restée correcte. Et le héros de ce quart de finale se prénommait William, fils de Jacques, ex-lanceur de marteau. Le premier Accambray étant bien le fils de l’autre tant son physique tient de l’armoire à muscles. Il avait dit avant la bataille « Je rentre et je défonce tout »… Il a tenu promesse. Appelé en début de seconde mi-temps par Claude Onesta pour remuer les esprits et les corps de ses coéquipiers alors en mode sieste, il a immédiatement envoyé du boulet de 75. Sept fois dans la cible, dont une dernière mémorable et gagnante, à l’ultime seconde en récupérant un ballon que venait de repousser le gardien Sterbic sur une tentative de Nikola Karabatic. 23-22, extase bleue et torrents lacrymaux rouge et jaune…

Match nul. On oublie toujours le Traité des Pyrénées…

Bolt, dieu moderne de l’olympe

Il gagne toujours, ou presque. Quand il perd, c’est par distraction, comme aux derniers Championnats du monde. Pour mieux renaître. Comme les dieux de l’Olympe, il règne sur son Mont, Usain Bolt. On le voit parfois redescendre parmi les mortels, pour leur signifier sa joie ou son courroux. C’est selon son humeur.

Ce dimanche, il était les deux à la fois, le Jupiter des pistes. Très fâché c’est sûr depuis un an qu’on puisse douter de ses pouvoirs et, pire, qu’on ose les contester. Et très heureux et soulagé de ses affres à l’issue de son cent mètres où il avait craché un feu d’enfer sur les pauvres tout petits Géants qui avaient fomenté contre lui la révolte terrestre.

Oui, Bolt a retrouvé sa machine à créer la foudre. Il est le dieu moderne de l’olympe. Plus Zeus que Zeus, il n’a besoin de personne, ni autres dieux, ni rien. Le Jamaïcain fait tout lui-même. Et le spectacle, surtout le spectacle, rien que le spectacle en fait. Acteur, metteur en scène et producteur de ses exploits et donc de sa légende, dans laquelle il avait promis d’entrer et dont il ne sortira plus depuis ce prodige londonien…

Dans l’histoire moderne des Jeux de Pierre de Coubertin, on n’avait jamais observé une telle prouesse, un tel scénario, aussi bien ficelé et maîtrisé de bout en bout par un homme, un seul. Et aussi adapté à son époque du médiatique, du numérique, du tellurique…

Usain Bolt, plus fort que Carl Lewis, plus mythique que Michael Phelps… des demi-dieux !

Bolt a conçu tout seul l’histoire de sa mise au point, et réalisé le déroulement du châtiment qu’il devait infliger aux insoumis. Scène par scène. Il l’a formaté plutôt, à son entier bon vouloir. Il a fait monter le suspense de longs mois durant. En se blessant, s’accidentant (en voiture, à Kingston, au petit matin paraît-il), disparaissant mystérieusement et réapparaissant.

Et pour faire encore monter la tension, il a été jusqu’à se faire battre par un autre génie, mortel lui. Certes beaucoup plus menu et effacé que la figure tutélaire, mais menaçant comme un tremblement de terre, en la personne de son compatriote des îles, Yohan Blake.

Et finalement, Usain a accompli son déchaînement final, son chef d’oeuvre, en forme de show, bien sûr, au stade olympique. Comme lui-seul pouvait le faire. Souriant et énigmatique en séries, ironique et surpuissant en demi-finales, magnifique et invincible en finale… Plus fort que Carl Lewis, plus mythique que Michael Phelps, des demi-dieux…

JO 2012 : Tant que Jesse Owens saute encore…

De temps en temps, et c’est salutaire pour l’équilibre, il faut faire la part des choses. Ne plus se focaliser, ratiociner ou s’escrimer sur les petites choses qui finissent par bouffer nos petites santés. Et reprendre un peu de hauteur par rapport aux événements de l’heure.

Ces Jeux Londoniens nous émerveillent et souvent nous crispent. On se frustre, on stresse. A mort. A tort.

Hier, je ne savais plus trop ou donner de mes doigts de télécommande. Mon cerveau me commandait des trucs à la chaîne au gré des épreuves. Je zappais comme un dingue, de l’athlétisme au ball trap et de l’aviron au tennis. Mais il y avait aussi la natation et ce fou furieux de Michael Phelps sans parler de Patrick Montel à l’athlétisme…

Et je m’échauffais de plus en plus parce que la journée était mal partie avec un ignoble coup de Trafalgar des Anglais, leur dixième au moins en une semaine. Leur duo de couple sans barreur mais avec ignominie avait inventé le faux roulage de pelle, une sorte d’english kiss, et faussé le résultat d’une finale dont nos Français auraient du sortir médaillés.

Et en soirée j’avais pas mal déprimé à la vue des trois médailles d’or des rosbeefs au stade olympique. Dont celle du dénommé Rutherford, le sauteur en longueur bien connu de son entraîneur et de son fournisseur de lacets de chaussures à pointes. Et puis, un flash avait illuminé mon circuit neurologique à la vue du tableau des résultats du concours…

Jesse Owens, médaillé de bronze à Londres 2012…

Le troisième, un certain Claye, Etats-Unis, avait sauté 8,12 m. Allez savoir pourquoi, j’y avais ajouté un pauvre centimètre et obtenu un nombre enfoui dans ma mémoire. Et associé dans la foulée à un nom et un prénom, Owens, James-Cleveland, surnommé J.-C. (Jici) et donc Jesse par son institutrice qui avait mal compris le petit gamin quand il lui avait timidement décliné son identité.

Le petit bout de chou noir et compatriote de Claye était devenu le plus fameux athlète du siècle et rendu malade pendant quatre jours d’affilée en 1936 à Berlin tout un régime d’infects individus et son cloporte en chef. Quatre médailles d’or, quatre claques dans la gueule d’Hitler. Quelques mois auparavant, à Ann Arbor, l’étudiant avait battu quatre records du monde en une heure, dont celui du saut en longueur : 8,13 m

Un vrai bond en avant, en avance, fabuleusement en avance. Soixante-seize ans plus tard, il lui aurait donc valu le bronze à Londres.  Et l’or encore sans doute, si l’on veut bien tenir compte des légères évolutions survenues en trois-quarts de siècle. Owens sautait sur une piste en cendrée, sans chaussures à semelle carbonée, sans tests en soufflerie, sans régime glucotiques ni une équipe de préparation d’une demi-douzaine de scientifiques.

Ce matin, je relativise donc. Je recadre, je remets en perspective les exploits de ces Jeux 2012. Et, ça n’a rien à voir mais ça me détend,  je ne pique même pas ma crise contre les incohérences de la télévision publique française, toujours pas foutue de nous montrer la bonne prouesse au bon moment et avec le bon jugement… Tout ça n’est pas bien grave. Tant que ce vieux Jesse saute dans les étoiles…