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2013, année de l’intelligence ? Le doute m’habite…

Allez, évacuons tout de suite le traditionnel vœu de nouvel an. Ça ne se traduit évidemment jamais par du franchement positif mais c’est un signe indispensable pour ne pas sombrer dans la misanthropie. Donc, je souhaite une excellente année 2013 à tout le monde, en sachant, et en commençant par un exemple tout à fait hasardeux, que le sport en général et ses acteurs en particuliers, vont encore me faire rire et pleurer pendant douze mois…

A tout seigneur tout honneur, le football a donc entamé cette treizième année du XXIe siècle par du lourd en ce qui concerne sa capacité de réflexion. Le sieur Mario Balotelli, un seigneur en la matière, a dès les premières heures de l’année voulu filer quelques gifles à son entraîneur Roberto Mancini, pour des raisons comme à l’accoutumée à peine connues du farfelu et récidiviste attaquant. La surprise a été ensuite de voir ce dernier pardonner toute mauvaise intention au premier et pour la énième fois l’absoudre… Meilleurs voeux de cohabitation à eux deux.

Balle ronde toujours, le PSG, au complet, je veux dire avec sa troupe de compagnes de joueurs, agents, dirigeants, communicants et autres sponsors touristiques, a passé une petite semaine au Qatar, son pays-propriétaire et banquier. Très réussi. Cent pour cent d’exposition médiatique et zéro pour cent de sincérité. Tous mes voeux marketing pour 2013.

Passons vite à l’athlétisme et au handball, réunis pour l’occasion par notre légion d’honneur nationale et unique au monde en son genre (merci à l’Empereur Napoléon qui, soit dit en passant, avouait lui-même qu’une bonne et grande course à cheval résolvait toutes ses complexions…). Renaud Lavillenie et Nikola Karabatic en ont été privés alors qu’ils étaient nominés. Coup de règle sur leurs doigts parce qu’ils ne correspondaient pas avec l’esprit de cette noble récompense. Le perchiste avait paraît-il oublié qu’un permis de conduire est constitué de points. Notre autre champion olympique avait lui omis qu’on ne pouvait parier sur des événements qu’on joue soi-même. Tous mes voeux de meilleure conduite à eux deux.

Yannick Agnel doit être moins exemplaire en 2013…

En ski alpin – c’est la saison – nos petites Françaises, dont on reconnaît de chacune qu’elles sont magnifiquement douées, forment collectivement une sorte de kolkhoze de la mauvaise camaraderie. Elles ne peuvent plus se piffer. Elles slaloment littéralement dans le brouillard de leurs anathèmes, s’entraînent toutes de leur côté et ne récoltent que des résultats en bonnets d’ânesses. Je leur souhaite tous mes voeux de réconciliation.

Rafael Nadal, pour le sixième mois d’affilée, a disparu des écrans du tennis. Un twit par-ci par-là pour rassurer les milliers de fans et les journalistes. C’est la nouvelle méthode des champions. C’est pratique, et ça ne coûte que le prix d’un community manager (pour Nadal, pas donné !). Mais on n’en sait pas plus sur la santé du gaucher que sur celle de Fidel Castro ou de Hugo Chavez. De sms ou de twits, Gaël Monfils n’en poste même pas, même quand il part se retirer au bout du monde (pas de réseau, c’est une bonne raison, remarquez). On leur souhaite à tous deux pour 2013 d’au moins parler à leur famille pour les rassurer…

Ah, sinon, Yannick Agnel, se montre lui toujours aussi étonnant. On lui décerne le titre de champion de l’année 2012 et le jeune homme réagit immédiatement en… remerciant Eurosport (Eurosport m’a élu  » Sportif français de l’année  » … Merci à eux, c’est vraiment chouette !). La vache, là, on frise l’incorrection. Non, Yannick, c’est intolérable tant de bon goût ! Je ne vous souhaite rien du tout pour cette nouvelle année… Trop parfait !

Le changement du sport, c’est maintenant

Mine de rien, il y a du nouveau dans le paysage sportif. Pour être exact, je devrais dire « dans le paysage du sport », comme l’on devrait dire journaliste de sport et pas journaliste sportif. Canal + nous débitait de la NBA depuis 28 ans et tout le monde en était content. Si content que l’on ne se rendait plus compte que l’on mangeait toujours dans le même bistrot.

Les bonnes habitudes, c’est toujours pareil, c’est comme les trains à l’heure et les blagues de machine à café du bureau, on s’en émeut, un peu, quand ça s’arrête.

C’est donc BeIN Sport, le network au nom complètement tarte et anglicisé mais pas du tout ennuyé financièrement, qui reprend le flambeau de ce basket amerloque que personne ou presque ne regarde. C’est tard pour nous les matches en direct à Miami, ou pire encore à « Elle-Haie » comme ils disent sur la chaîne cryptée depuis près de trente piges. George Eddy a l’air authentiquement triste de ne plus nous causer de dunks stratosphériques. Mais bon, on se passera de George Eddy, comme on se passera un jour de tout.

Tiens, en foot, on s’est bien passé de Cris à Lyon, de Guardiola à Barcelone, et le ballon a continué de tourner. Ces jours-ci, à Bercy, où aucun joueur ne veut plus venir ou bien jouer, c’est peut-être un Français qui va gagner. On a déjà oublié, en France j’entends, Federer, Nadal, Djoko, Murray, Del Potro, Berdych… C’est sans doute l’effet d’une mémoire qui flanche de nos jours de plus en plus vite…

Femme de joueur, c’est un métier de grand avenir !

Il y a quand même quelque chose qui me semble évoluer dans un sens tout à fait intéressant et digne d’agrément, de joie même. C’est le métier, de plus en plus éclectique, de femme de joueur. On nous apprend aujourd’hui, selon des écoutes téléphoniques très bien effectuées, que les compagnes des frères Karabatic seraient les véritables instigatrices de l’affaire des paris pourris Cesson-Montpellier.

Ces fameuses femmes de joueurs, elles me fascinent depuis des années. Pas parce qu’elles sont de plus en plus visibles, de plus en plus belles, de plus en plus cupides ou blondes, mais parce qu’elles ont créé un nouveau job sportif… heu de sport, voulais-je dire… Les femmes sont définitivement l’avenir des sportifs.

Nike, comme tout sponsor, sait retourner son maillot !

Ouais, c’est leur semaine aux sponsors, ou parrains (ou parraineurs), ou partenaires comme ils s’appellent aux-mêmes pour faire plus sympa, plus cool, potes presque avec les sportifs. C’est leur semaine parce qu’on lit partout leur prose dans laquelle ils avertissent tant qu’ils peuvent, et ils peuvent beaucoup, qu’ils sont beaucoup moins potes avec tout le monde, et surtout ceux qu’ils trouvaient très sympas il y a peu…

Il faut dire qu’il y a pas mal de rififi en ce moment dans le milieu. On découvre par exemple que le vélo était pourri par les saloperies depuis des années, depuis toujours en fait mais il ne fallait pas trop en parler.

Nike, la marque américaine soutenait depuis quinze ans de ses paquets de billets verts son compatriote américain Lance Armstrong, un type exemplaire qui sortait d’une maladie de merde et qui s’en était sorti à force de courage. Quinze années à nous servir cette magnifique histoire vraie à la base mais qui n’était qu’une mauvaise fable. La vérité c’était que le héros avait commencé à tricher, à penser même à tricher avant la fin se son authentique guérison. Et que Nike devait le savoir, comme tous ceux qui couvraient l’escroc, Hein Verbruggen le président de l’UCI en tête, l’homme farouchement anti anti-dopage.

Mais rien n’est grave pour un sponsor. Tout se calcule. Rien ne ne perd, tout se transforme, merci Lavoisier. Tenez, Armstrong, c’est admis et gravé dans le marbre depuis le rapport de l’USADA (qui devrait être reconnu d’utilité publique), est officiellement un être maléfique, donc nuisible au sport, donc néfaste à la bonne image d’un équipementier du sport. Mille pages le prouvent. Il suffit donc un beau jour, en fait choisi des mois ou des années à l’avance selon un plan d’action et de communication soigneusement préparé, de dire exactement le contraire de ce que l’on a soutenu pendant des années.

Nike est « triste » mais préparait depuis longtemps la chute de l’empire Armstrong…

Nike indique dans son communiqué que des preuves indiscutables du dopage systématique du septuple vainqueur du Tour ont été apportées. Et que bien entendu, c’est une surprise aussi formidable que celle de la découverte du Nouveau Monde par Colomb… Oui, un monde nouveau, celui de l’EPO, des transfusions sanguines… Que c’est une « grande tristesse » de constater que des performances aient été obtenues par le biais de « drogues illégales », se lamente le communiqué, et qu’il faut déchirer le contrat liant les deux parties ! Notons tout de même le ton de regret… Pour la morale, Nike ne se prononce pas. D’autant que question morale, le New York Daily News nous informe que le gentil sponsor aurait plus que bien choyé son coureur miracle en étouffant l’un de ses contrôles positifs par un versement de 500.000 dollars au très corruptible… Hein Verbruggen, qui continue, sans rire, à se considérer comme Armstrong, comme une blanche colombe.

Ben voyons. Nike ne savait pas… Ce qu’on sait par contre, c’est que ce sponsor était un peu aveugle mais probablement pas du tout sourd à la popularité et à la fantastique rentabilité d’Armstrong, tout tricheur qu’il était. Donc, c’était simple, tant que le champion en était un encore présentable, la marque à la virgule mettait le paquet sur son emblème.

Trève d’ironie, Nike savait et préparait depuis longtemps l’inévitable, la chute de l’empire Armstrong. Et s’attelait à retourner son maillot à l’instant qu’il fallait. En clair, le parrain ne fait qu’abandonner son filleul pour cause d’indignité. C’est beau, c’est surtout productif et sans risque. Ce n’est même pas un pari, c’est de la certitude et ça gagne à tous les coups, relisons Machiavel…

A propos de pari, celui que les sponsors engageait sur le Montpellier Hand et de ses vrais faux parieurs, dont l’icône Nikola Karabatic, s’avère manifestement de plus en plus délicat. Brother France (filiale française du constructeur informatique japonais, 300.000 euros par an) s’est retiré de ce jeu dangereux.

Là, les fautes commises paraissent cette fois au parrain contraires à l' »éthique ». C’est un progrès sémantique dû à une autre évidence. Le partenaire ne savait bien entendu pas que les joueurs s’étaient embarqué dans une filouterie de « Pieds nickelés ». Pas de risque donc à monter sur ses grands chevaux, ses grands mots plutôt : « les valeurs d’intégrité et d’honnêteté  primordiales et essentielles chez Brother et dans ses engagements d’entreprise« , ce qui est tout à fait clair, bien dit et qui ne coûte rien d’autre que de se référer aux grands principes de l’humanisme.

Paris truqués : Nikola Karabatic n’a aucune Raison !

Voilà cinq jours que l’affaire est publique. Entendez par-là qu’elle est médiatisée. Hyper-médiatisée même, pour ne pas dire méga-médiatisée, comme on dit dans le langage qui court et qui a cours. On en connaît presque tous les éléments et les protagonistes. Et ça cause, ça cause de partout… Comme c’était prévu, en tout cas comme je le prévoyais d’emblée, un nom, un seul, a suffi pour déclencher véritablement le séisme. Celui de Nikola Karabatic.

On peut le regretter, mais c’est comme ça. C’est le revers de la médaille moderne. La célébrité, celle d’avant augmentée par celle du numérique, qui peut vous faire passer sans crier gare d’idole du bon peuple en cible de stand de foire des écrans et de la Toile des réseaux.

Je ne parle à escient que de Nikola Karabatic, son cas me paraissant le plus intéressant, à moi, qui tente de comprendre depuis des années les ressorts, cachés, psychologiques, comportementaux, des sportifs des temps actuels.

C’est assez terrible si l’on y réfléchit, c’est surtout symptomatique. Je ne sais pas ce dont il est au fond du fond vraiment responsable le multiple champion planétaire de handball. Ce qui est certain, c’est qu’il a pris, durant le mois de mai 2012 et juste avant le fameux match Cesson-Sévigné – Montpellier, une décision qu’il n’aurait pas du prendre. Je dis qu’il « n’aurait pas du prendre », pas parce qu’il est lui, l’homme Nikola Karabatic, mais précisément parce qu’il est la star absolue de son sport et qu’il a choisi de l’assumer. Ou qu’on l’a bien habilement et peut-être à l’insu de son plein gré choisi pour lui.

Karabatic n’a-t-il pas simplement agi par ignorance de lui-même ?

Alors, y-a-t-il seulement réfléchi à cette gloire en partie factice puisque passant par une image, magnifiée par quantité d’autres intervenants, publicitaires, agents, hommes de loi, devenant souvent des conseillers ? Y-a-t-il seulement « pensé », comme je me hasardais il y a quelque jours sur ce blog à en soulever la question, saugrenue ou pourquoi pas légitime, de la « réflexion » d’un sportif.

Ce que je dis moi, c’est simplement qu’il aurait du, Karabatic, à partir du moment où il savait pertinemment que son statut était devenu ce qu’il est, en prendre la mesure, peser soigneusement les obligations que cela implique. Mais il n’a pas agi en fonction de ces obligations induites de fait. Un joueur, handballeur devenu par son talent et son palmarès une icône de sa discipline, et au-delà, n’est plus un individu lambda. D’autant plus qu’il a fait le choix de l’amplifier pour en récolter des bénéfices, ce qui est son droit.

C’est dommage, très dommage. Car Karabatic va en subir les conséquences pour très longtemps. Pour ce qui a probablement été un acte irréfléchi, et commis, au moins, par ignorance non seulement des règles et des lois, mais surtout de lui-même. Oui, voilà, Karabatic n’a pas eu conscience de ce qu’il était. Ni de l’exemple qu’il pouvait représenter, ni surtout de ce qu’il pouvait engendrer par son acte, une coopération à une tricherie en bande plus ou moins organisée, en tout cas désorganisée par ses pauvres cerveaux. Même pas de la faiblesse, non, une méconnaissance incroyable de ce que les sages appelaient autrefois la Raison.

Il va falloir réfléchir sur la réflexion…

Paris sportifs, ou la quadrature du cercle de… jeu

Il y aurait donc un ver dans le fruit, du laid dans le beau et du pourri dans le vertueux royaume du sport. Celui du handball par-dessus le marché, tout neuf ou presque, je veux dire en terme de financiarisation, d’exposition médiatique, de droits d’image…

On nous dit ce jour qu’un match du Championnat de France (Cesson-Sévigné – Montpellier le 12 mai 2012) pourrait bien avoir été vérolé. Que des épouses ou proches de joueurs montpelliérains auraient parié – gros, trop gros – sur une défaite (28-31) sans doute connue d’avance. Et que l’affaire, entre les mains de la justice, est d’autant plus grave qu’elle concerne, au moins indirectement puisqu’elles y jouent, trois stars du club héraultais, dont Nikola Karabatic, emblème absolu du hand français et international.

Quoi d’étonnant ? Quoi de neuf sous le soleil des jeux d’argent ou des paris sportifs ? Rien ou pas grand chose, sinon le taux très élevé de célébrité des suspects. Que s’est-il donc passé de manière certaine ? Un ou quelques individus, comme dirait un enquêteur, ont misé sur un résultat dont ils n’avaient pour ainsi dire aucun doute. Une sorte de prémonition vieille comme le jeu, vieille comme la triche… Moins l’on doute, moins on risque et plus on peut gagner.

De la triche, donc. La faute à qui ? Aux tricheurs d’abord, bien entendu. Depuis qu’il existe, le sport en pâtit. Je parlais dans mon livre « L’Argent dans le Sport » de cette « tare appelée corruption ». Je dois en ajouter une autre, celle des paris sur des matches, des scores. Je n’en dénonce pas le principe, il faut bien s’amuser y compris en se ruinant. Mais comment encadrer à la perfection ce type d’activité ? Sauf à la rendre au bout du compte bien cadenassée pour rester ludique. C’est la quadrature du cercle de… jeu.