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Gasquet le météorite du tennis

L’heure de magie offerte aux spectateurs du Suzanne Lenglen ce samedi, de la fin du 2e set à la fin du match, par Richard Gasquet contre Tommy Haas valait très cher. Beaucoup plus cher qu’une simple place. Une exhibition de tennis peut-être jamais vue sur le court Suzanne-Lenglen que la Fédération Française pourrait sans complexe rebaptiser, et rien que pour cette stupéfiante démonstration,  – au lieu de celui de la Reine Suzanne – du nom du Roi Richard…

J’ai souvent décrié Richard Gasquet. Cet éternel gamin n’a pas irrité que mon humble personne mais plusieurs générations de champions anciens et modernes. Des dons incomparables mais une impression générale de gâchis renforcée par des prestations le plus souvent inabouties allant jusqu’à l’écoeurement de voir tant de talent inexploité. Gasquet ne sera sans doute jamais numéro 1 mondial. Mais il l’a été durant une heure contre l’Allemand, enquillant une invraisemblable série de quatorze jeux d’affilée pour l’emporter, et en y joignant une somme de coups tous plus ahurissants les uns que les autres et chacun dignes des plus grands artistes de l’histoire du jeu.

La plus belle heure de Gasquet ?

Des coups droits à la Andre Agassi, des revers à la Henri Leconte, des angles à la Miloslav MecirLe tout en soixante minutes chrono, de 17h à 18h, sans quasiment une seule erreur et sans… un sourire. Comme si les dix dernières années passées sur les courts par ce météorite du tennis avaient appris une seule chose au Biterrois, que les lendemains de fête avaient toujours été difficiles, très difficiles.

Comme de n’avoir que partiellement confirmé son statut de meilleur junior de la planète en 2002, de n’avoir pas donné suite aux espoirs nés de sa victoire à Monte-Carlo sur le grand Federer en 2005, d’avoir régulièrement laissé passer sa chance dans de grands matches un peu partout, y compris à Roland-Garros contre Andy Murray qu’il tenait dans sa raquette il y a deux ans, et qui sera son prochain adversaire lundi en huitièmes de finale. Ou de s’être laissé embarquer en 2009 dans une sombre histoire nocturne conclue par un contrôle positif à la cocaïne…

Ne cherchons pas de raison cartésienne à cette carrière en sinusoïde là où il n’y en a probablement pas. Gasquet est lui-même et cette heure de bonheur offerte par son génie sur le Lenglen suffirait à elle-seule à en rendre le souvenir inoubliable pendant très longtemps pour celles et ceux qui l’ont vécue. On ne demande à Gasquet qu’une seule chose, que cette heure n’ait pas été sa plus belle…

Forget, Gasquet, Simon : des râteaux en Espagne !

La Coupe Davis méritait autre chose. D’autres Français l’ont tant aimée que ceux-là n’étaient pas autorisés ce vendredi à la mépriser de la sorte. De l’insulter par instants…

Pour cette première journée de demi-finale, l’équipe de France n’en avait que le nom dans l’arène de Cordoue, fief, bien sûr, de l’adversaire espagnol. Les hommes de Guy Forget se sont fait toréer, piquer à l’échine et mettre à genoux, en terre. Battue. Et finalement battus, archi-battus. Et c’est le plus grave, sans combattre, comme des taurillons apeurés.

Gasquet espoir désespérant, Simon mérite la porte…

Que Rafaël Nadal ait écrasé, exécuté Richard Gasquet, on s’y attendait tant l’écart de niveau et d’envie est criant depuis déjà des années entre les deux joueurs. Mais que l’éternel espoir déçu du tennis français n’ait jamais songé à changer de tactique ou au moins à tenter l’impossible pour, qui sait, s’amuser, constitue une très attristante déception. Ou plutôt, et c’est un drame, une confirmation…

Que Gilles Simon ait été dans la foulée humilié par David Ferrer est sans doute pire encore. Simon n’a rien fait, strictement rien fait, pour éviter le ridicule face à un adversaire certes redoutable mais qu’il n’a pas voulu respecter, comme l’on dit aujourd’hui… Simon a passé son temps à maugréer, discutailler sur sa chaise avec son capitaine, s’adresser presque méchamment à une malheureuse ramasseuse de balle et porteuse d’ombrelle… Affligeant ! Je dirais davantage, infamant.

Un conseil, non, je m’emporte, une remarque, une seule, Monsieur le président Gachassin, faites tout pour que la Coupe Davis en Bleu reste digne. De René Lacoste, de Henri Cochet, de Yannick Noah et… de Guy Forget, version 1991 !

Un samedi à Roland-Garros sur France 2…

C’était LE match de la semaine à Roland-Garros. Nul n’en doutait, ce troisième tour entre Djokovic et Del Potro constituait pour toutes les raisons du monde et à tous les sens du terme le choc des chocs du premier samedi de la quinzaine porte d’Auteuil. Sur France Télévisions, l’événement n’en était visiblement pas un…

La preuve de l’intérêt suprême de la rencontre avait été donné la veille par les deux hommes qui s’étaient livré deux sets durant à un ahurissant combat de puncheurs avant l’interruption due à la nuit. Deux manches phénoménales d’intensité et de puissance partagée d’un côté et l’autre du filet. Un niveau peut-être jamais atteint à Roland-Garros. Le public ne s’y était d’ailleurs pas trompé en se ruant sur le court Suzanne-Lenglen, où l’on avait délocalisé le match en fin de journée, provoquant un embouteillage sans exemple aux entrées.Le match reprend donc au même endroit le samedi aux alentours de 13 heures… sans que France 2, ou France 3 ou 4 ou 5, ne nous en retransmette d’image. Laurent Luyat, le sympathique animateur, lance son après-midi de tennis avec sa co-présentatrice Tatiana Golovin, dont il vante une minute durant comme chaque jour la coiffure, la tenue, la couleur de ses ongles et le charme universel, plus rarement le talent pédagogique…Djokovic et Del Potro pendant ce temps-là s’expliquent à coups de missiles sol-sol, de passing-shots supersoniques et de services dont les radars du périphérique d’à côté ne pourraient même pas mesurer la célérité… Mais Lionel Chamoulaud, le patron télévisuel des lieux depuis plus de vingt ans, est en place sur le Philippe-Chatrier, en compagnie d’Arnaud Boetsch, impeccable représentant de la marque Rolex en France et d’humeur badine. Le duo distille ses avis à la France entière sur un autre match, un sommet du jeu bien sûr, incontournable, le fabuleux Gilles SimonMardy Fish… On nous annonce qu’il fait beau, que le vent souffle un peu, que Fish « va à la pêche » (jeu de mots) et que Simon, alors que le premier set n’est pas achevé, jouera au prochain tour contre Söderling…

A Roland-Garros, le fantôme de Lacoste hante encore les lieux…

« Djoko » et « Delpo » sont toujours invisibles aux téléspectateurs… Luyat nous informe alors d’un scoop mondial, la présence de Richard Gasquet sur son plateau. Le public aurait, affirme Luyat d’un ton réjoui, applaudi à tout rompre son invité lors de son entrée sur le plateau situé tout en haut du Central. Vainqueur la veille de la terreur interplanétaire, le Brésilien Bellucci, le Français explique dix minutes durant qu’il est en forme, que le public le soutient plus que jamais, qu’il est très heureux d’être là, qu’il attend avec impatience son match du lendemain face à… Djokovic, qui n’en pas au même instant fini avec son troisième set… Six cent secondes aussi passionnantes qu’un échauffement de premier tour de double mixte seniors d’interclubs… Le cadreur de cet événement conserve lui toute sa concentration, focalisant ses plans sur Gasquet et son superbe polo dont tous les myopes, astygmates et daltoniens ne peuvent ignorer le sigle « Lacoste » écrit sur sa poitrine en lettres blanches sur fond rouge…Vers 15 heures, la France découvre enfin des bribes du match fantôme. Patrice Dominguez, curieusement le seul crédible foyer de connaissances tennistiques de la troupe de variétés de France Télévisions à Roland-Garros, doit faire vite, très vite, pour expliquer ce qui se déroule sous ses yeux. Un petit quart d’heure de plaisir… Avant la victoire de Djokovic, interviewé à sa sortie du court par Nelson Montfort :  « Nous sommes très heureux pour vous, Novak, nous vous souhaitons le plus grand bonheur dans ce tournoi, c’est toujours très agréable de vous parler…« , en somme soixante secondes de… France 2.

Chardy, ou comment gagner sans gagner…

On appelle ça dans le petit Larousse un paradoxe. En tennis, on parle de « perf ». Quand Jeremy Chardy, le petit Français (54e au classement ATP) à la feuille de résultat blanche comme un linge cette année, démolit en Coupe Davis le dixième joueur mondial, Jürgen Melzer, c’est même la surprise du chef.

Un chef, Guy Forget, qui n’en attendait sûrement pas tant pour ce premier tour en Autriche de la part de son ultime roue de secours. Le capitaine avait sorti Chardy de son chapeau désespérément creux après les forfaits successifs de Tsonga, Monfils et Gasquet. On se demande d’ailleurs pourquoi et comment il y avait pensé tant le garçon manquait de tout, résultats, physique et confiance. Il espérait au mieux que Chardy, quand même pas une deuxième série, fatigue un peu pour son long week end le demi-finaliste de Roland-Garros. Le Palois a surpassé ses espérances. Melzer n’a pas eu le temps de se crever. Pourtant pas le premier poulet venu sur le circuit, et de surcroît expert en terre battue, l’Autrichien n’a rien compris au film. « Chardy-land » était bel et bien le spécialiste du jardinage.

Le Pierre Richard du tennis…

Les Autrichiens avaient choisi pour terrain de jeu à Vienne un hangar d’aéroport, pensant impressionner les Bleus. Bleu, je le disais, Chardy l’était avant le match. Noir même. Pas une victoire cette année. Pas même un set en poche. Et, pour compléter le tableau, des pépins de santé du genre à vous miner le moral : un virus mystérieux qui l’avait rendu amnésique (il avait oublié ses nom et adresse) pendant six heures !  De quoi accentuer s’il était possible le désarroi du jeune homme depuis des mois et lui faire perdre la tête. Dans la précipitation de sa convocation de dernière heure, il avait oublié, chez lui à Bruxelles, ce que tout joueur de tennis ne quitte pourtant jamais d’une semelle… ses chaussures…

Pour le prochain tour, c’est évident, il faut rappeler Chardy. Sauf, si d’ici-là, il gagne…

US Open, ils se la jouent comme Lafayette

Mais qu’est-ce qui leur prend ? Quelle mouche les a donc piqués ? On n’avait jamais vu nos petits Français si fringants sur les courts de Flushing-Meadows. Douze reçus sur quatorze  présents au premier tour. Un feu d’artifice tricolore aussi brillant et étoilé qu’inattendu. Les plus optimistes prévoyaient au mieux deux ou trois miettes grappillées de ci de là. C’est un festin.

On parlait dès le tirage au sort d’un tournoi mal parti pour les Bleus avant de commencer. Nos petits Frenchies étaient soit souffreteux, soit le moral dans leurs chaussettes, soit enfin dépourvus de la moindre expérience à un tel niveau.Tenez, connaissiez-vous Adrian Mannarino ? En dehors de son cordeur de raquettes, je jurerais que personne n’aurait répondu par l’affirmative. Vingt-deux ans, 152e mondial. Trois matches gagnés en cinq ans sur le grand circuit. Et, après être sorti des qualifications, une victoire sur un Espagnol, Pere Riba, certes pas le plus renommé, mais soixante rangs devant lui. Et Benoît Paire ? Presque le même âge et même topo. Un palmarès aussi blanc qu’une colombe. Et toc, il se paie l’Allemand Rainer Schuettler, briscard d’entre les briscards et plus de six cents matches à son compteur, récent quart de finaliste à Roland-Garros. Et de surcroît en cinq sets, un truc jusque-là inconnu du jeune homme. Et que dire de la performance de Guillaume Rufin, vingt printemps tout juste et 1000e au classement ATP l’an dernier… Et hop, l’Argentin Leonardo Mayer, 78e, au tapis en quatre sets, avec en prime deux tie-breaks enlevés à la manière d’un vieux renard.

Pour ne pas faire trop bisquer les jeunes, voilà que nos trentenaires ont eux aussi joué les « Lafayette » en Amérique. Arnaud Clément, plus près la saison passée du « Hall of Fame » que de ses exploits d’antan, s’est offert le bandeau de Marcos Baghdatis, l’un des ténors de l’été. En cinq manches s’il vous plaît. Quant à Michael Llodra, c’est sans doute, selon ses propres termes, la « plus belle victoire de sa carrière en Grand Chelem » qu’il s’est adjugée face à l’un des ogres de cette saison, le Tchèque Tomas Berdych, septième joueur du monde. Et sans photo-finish. Trois sets secs. Et Llodra qui ne pouvait plus poser le pied par terre il y a trois jours…

Quant à Julien Benneteau et Jérémy Chardy, pas de complexe non plus. Une tête de série chacun, Radek Stepanek et Ernests Gulbis, pourtant deux fameux manieurs de balle. Du côté de Paul-Henri Mathieu, on pensait sérieusement il y a quelques semaines à se consacrer au bridge jusqu’à la fin de la saison. C’était la tête qui n’allait plus. Eh bien, une fois encore, les états d’âme ont été rangés dans le sac. Cinq sets évidemment. Un genre qui est loin habituellement d’être la tasse de thé de « Paulo ». Lleyton Hewitt n’en est pas revenu. Gilles Simon, confident régulier des « kinés » et autres « osthéos » depuis six mois, a enfin discuté avec un adversaire, l’Américain Young, et eu très largement le dernier mots en à peine plus d’une heure…

J’oubliais Florent Serra, tombeur tranquille de l’Allemand Florian Mayer, de Richard Gasquet tout aussi expéditif contre un autre Allemand, Simon Greul, et Gaël Monfils, en avance sur ses petits camarades, puisque déjà lui au troisième tour…

Mais que conclure de cette razzia bleue ? Un peu tôt pour le faire ou pour lancer aux spectateurs de l’US Open : New-York, nous voilà !