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Forget, Gasquet, Simon : des râteaux en Espagne !

La Coupe Davis méritait autre chose. D’autres Français l’ont tant aimée que ceux-là n’étaient pas autorisés ce vendredi à la mépriser de la sorte. De l’insulter par instants…

Pour cette première journée de demi-finale, l’équipe de France n’en avait que le nom dans l’arène de Cordoue, fief, bien sûr, de l’adversaire espagnol. Les hommes de Guy Forget se sont fait toréer, piquer à l’échine et mettre à genoux, en terre. Battue. Et finalement battus, archi-battus. Et c’est le plus grave, sans combattre, comme des taurillons apeurés.

Gasquet espoir désespérant, Simon mérite la porte…

Que Rafaël Nadal ait écrasé, exécuté Richard Gasquet, on s’y attendait tant l’écart de niveau et d’envie est criant depuis déjà des années entre les deux joueurs. Mais que l’éternel espoir déçu du tennis français n’ait jamais songé à changer de tactique ou au moins à tenter l’impossible pour, qui sait, s’amuser, constitue une très attristante déception. Ou plutôt, et c’est un drame, une confirmation…

Que Gilles Simon ait été dans la foulée humilié par David Ferrer est sans doute pire encore. Simon n’a rien fait, strictement rien fait, pour éviter le ridicule face à un adversaire certes redoutable mais qu’il n’a pas voulu respecter, comme l’on dit aujourd’hui… Simon a passé son temps à maugréer, discutailler sur sa chaise avec son capitaine, s’adresser presque méchamment à une malheureuse ramasseuse de balle et porteuse d’ombrelle… Affligeant ! Je dirais davantage, infamant.

Un conseil, non, je m’emporte, une remarque, une seule, Monsieur le président Gachassin, faites tout pour que la Coupe Davis en Bleu reste digne. De René Lacoste, de Henri Cochet, de Yannick Noah et… de Guy Forget, version 1991 !

Avec des si… on perdait quand même la Coupe Davis

Primo : si les joueurs français avaient été plus saignants ? Gilles Simon et Michael Llodra ont été à Belgrade en-dessous de leur niveau, du moins celui qu’on attendait d’eux. Ils ont été balayés en simple. La raison principale, Djokovic et Troïcki ont livré face à eux une prestation absolument phénoménale dans les deuxième et quatrième match de simple. Conformément, eux, à leur rang, ou à leur niveau du moment. Il n’empêche, on ne peut chez les Tricolores que regretter des faiblesses individuelles dans de telles circonstances. Une finale de Coupe Davis ne permet pas de failles de ce genre. Sauf lorsque un phénomène, mais qui surgit une ou deux fois par siècle, comme Björn Borg en 1975, fait gagner un pays à lui tout seul.

D’autant que Llodra ou Simon avaient démontré par le passé leur formidable talent. Ils ont craqué en Serbie. Peut-on le leur reprocher ? Honnêtement non. Le premier n’était sans doute pas habitué à évoluer à un tel niveau. C’est seulement cette saison qu’il a émergé dans le cercle des trente meilleurs mondiaux. Quant à Simon, il a été blessé trop longtemps depuis un an pour pouvoir créer le miracle.

Deuxio, Guy Forget avait-il mieux sous la main ? Peut-être mais pas sûr du tout. Après le forfait de Tsonga, dont il n’est même pas certain qu’il aurait vaincu le stupéfiant Troïcki, il lui restait dans sa besace Richard Gasquet. Mais le Biterrois n’a jamais ces derniers temps tenu ses promesses de « Leconte » du XXIe siècle. Trop friable. En forme, il aurait probablement largement rivalisé avec Troïcki dans le dernier simple et, sait-on jamais, donné du fil à retordre à un Djokovic qui déteste être bousculé. Ce n’était pas le cas.Tertio, si les Bleus avaient joué à domicile ? Là aussi, difficile d’affirmer que les Français auraient inversé la tendance. Même s’ils avaient joué leurs quatre premiers tours chez eux cette saison et l’avaient emporté à chaque fois. La dernière finale sur leurs terres s’étaient mal passée contre la Russie. La tension rattrape souvent ceux qui jouent devant leur public. Malheureusement pour nous, pas les Serbes…

Llodra remet la volée à la mode

Quel naufrage que la vieillesse, disait le général de Gaulle. En sport, la trentaine s’apparente souvent au troisième âge et rares sont ceux qui durent au-delà de ce cap. Plus exceptionnels encore, les champions qui s’améliorent après cette limite de fraîcheur. Michaël Llodra vient clairement d’entrer dans cette catégorie.

L’attaque, une tactique « oubliée »

Guy Forget ne s’y est pas trompé et a désigné le gaucher parisien pour la deuxième fois consécutive comme l’un de ses deux joueurs de simple de Coupe Davis. Le gaucher parisien a été une nouvelle fois épatant lors du premier match, contre Juan Monaco, de la demi-finale contre les Argentins. Mais pas épatant comme on l’entend dans le tennis moderne, c’est à dire en bombardant du fond de court. Mais en attaquant.Cette tactique « oubliée » par les joueurs depuis Stefan Edberg revient heureusement en grâce avec Llodra. Le plus drôle, c’est que lui-même n’y croyait plus vraiment. « On m’a fait comprendre autour de moi que je pouvais faire mieux si je changeais d’attitude », glissait-il avant ce France-Argentine. « On » ? Probablement Amélie Mauresmo, qui l’a conseillé à Wimbledon cette année. Ou Forget, qui sait ce que le mot offensive veut dire et peut surtout apporter quand on la pratique avec un tel talent.

Llodra ne monte plus en « chaussettes »

Parce que Llodra, sur le plan du service-volée, est sans doute l’un des joueurs du circuit qui en use le mieux. Et plus encore cette saison où il acquiert, l’expérience aidant et avec des certitudes nouvelles sur ses capacités, une sorte de plénitude. Résultat, son classement est au top de sa carrière (30e). Ce Michaël-là est même, exception faite de John Isner, celui qui monte le plus souvent au filet. Mais plus, comme auparavant, « en chaussettes ». Llodra s’est persuadé, ou s’est fait persuader, que ses attaques pouvaient être plus sûres, plus efficaces, en s’appuyant d’abord sur des services travaillés à la perfection ou sur des attaques portées à bon escient.Et comme Edberg, ou Sampras, – voyez la comparaison ! – Llodra possède un sens aigu de la volée, ce coup qui fait désormais peur même à certaines épées du jeu, comme Federer. Encore fallait-il qu’il se mette définitivement l’idée en tête que ce coup pouvait lui profiter face aux meilleurs. Contre Verdasco, 10e mondial, au tour précédent, Llodra avait rendu fou l’Espagnol en multipliant les montées à contre-temps. Contre Monaco, il a récidivé dans ses chevauchées vers l’avant, soixante-douze fois exactement !  Avec une réussite supérieure à cinquante pour cent, ayant pour effet de désorienter les réflexes de son adversaire.

Llodra, la trentaine florissante, coups et idées en place, peut remettre la volée à la mode.