Archives pour la catégorie Dopage

Et si on parlait vraiment dopage ! Et rugby…

C’est quoi un sujet tabou ? C’est le truc dont on ne parle qu’avec d’infinies précautions. Parce que c’est « sale » ou que ça dérange la bonne marche de la société. Le dopage, ou la sodomie, sont des tabous de première catégorie.

Quoi ? On se doperait dans le rugby ? Non, pas possible, hurlent à l’envi et en forme de maul pénétrant les caciques de l’ovalie depuis le rapport de Françoise Lasne, directrice du département des analyses de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD).

Ah ah ah ! Le rugby serait propre comme du beau linge bien repassé. Accordons-lui d’abord un très bon point, il a fait une belle mue ces quinze dernières années ce sport de brutes pratiqué par des gentlemen. Plus de fourchettes dans le fond des orbites, plus de troisième mi-temps à la bière à 35 % d’alcool, et plus de piliers gavés au cassoulet. Que des athlètes nourris aux protéines et des souleveurs de fonte avec leurs coaches spécialisés en gainage…

Dans le rugby de l’hémisphère sud, on a commencé à se « préparer sérieusement » dès les années 1980…

Bon, sans plus plaisanter, le mal, le vrai, est venu du Sud, comme chacun l’a vu dès les deux premières Coupes du monde 1987 et 1991. Les All Blacks, les Australiens et les Sud-Africains, fallait les voir nous bouffer en puissance et en vitesse. Créatine et tout et tout. Suffisait d’être muni en bonnes lunettes Afflelou. Et vous pensez bien que ça discutait sec dans les vestiaires français, anglais ou irlandais après les branlées. Mais le public, comme en vélo ou en athlétisme, n’y voyait que de l’amélioration dans les méthodes de préparation, du sérieux, de l’optimisation ! Pour gagner, faut y mettre les moyens…

Alors, Jean-Pierre Elissalde qui nous informe qu’il a ingurgité du Captagon, c’est à dire des bonnes vieilles amphétamines (comme Anquetil, qui l’avait avoué à l’oreille du général de Gaulle lors de sa remise de la Légion d’honneur…), pendant les années 70 et 80, c’est un secret de polichinelle. Un peu de Com’ pour se faire mousser, ça fait pas de mal, mais le bougre a le mérite de mettre les pieds dans le sac à médicaments. On le connaît un peu cet ancien joueur espiègle et cet entraîneur madré. Il connaît son monde du rugby comme sa poche.

Ce qu’il nous dit Elissalde père, c’est assez simple et rubicond. C’est que le petit dopage, le soutien médicamenteux du pauvre, le pot-belge à deux balles, il a toujours existé dans les mêlées. Et ailleurs. Il avoue, Elissalde, un peu en vrac et à sa manière, que c’était non pas un réflexe quotidien, mais peut-être bien semestriel ou annuel. Le joint du gars au bureau. Pas le truc bien grave ou mortel…

Pas grave qu’il dit. Oui et non. Comme à l’accoutumée, il y a les pour et les contre, et les pour et contre, et même – ils sont la majorité, c’est dans les sondages – qui s’en foutent puisque tout le monde fait pareil…

Donc, ça va un peu mousser. Comme d’habitude après ce genre de révélation. « Salaud, tu craches dans la soupe », vont éructer les tenants de l’omerta du sport. Bien dit, vont applaudir les bien pensants…

Or donc, le problème, c’est que le rugby a été dépoussiéré, embelli, rénové, depuis que Max Guazzini, sorte de nouveau Pierre de Coubertin, l’a mis en scène pour en faire un spectacle adapté aux audiences de la télé, les seules qui vaillent. Et qu’il n’est pas question de le comparer, pour deux cas de prises d’EPO avérées, au pauvre cyclisme de Virenque, Pantani, Armstrong et autres mille piqués ou transfusés aux ignobles saloperies…

Je dis, moi, que comme pour tout sujet, il n’est pas interdit de parler. Que le rugby est joli, qu’il n’est pas pourri, que ses « valeurs » (ah, les valeurs…) sont valables, toujours valables. Y compris avec ce qu’on en sait et ce que le grand public n’en sait pas forcément. Merci Jean-Pierre.

Lance Armstrong, psychopathe cyclismique

Il est malin, Lance Armstrong. Davantage, il est intelligent. Trop peut-être pour un sportif sensé réfléchir avec ses muscles, voire ses jambes ou pieds. Il a été d’ailleurs, et demeure, excessif en tout, le plus grand escroc de l’histoire du sport.

Il est même pire, il est malade. Oui, le « faux » (comme il l’a dit à Oprah Winfrey) septuple vainqueur de l’épreuve (Le Tour de France), la plus faussement remportée par autant de tricheurs* de l’histoire, est un psychopathe cyclique.

En avouant s’être chargé comme une bête pendant dix-sept anscinq ans près, qui auront leur importance pour la suite et les questions pas annexes de pognon), il a donc reconnu avoir menti « honteusement » deux décennies durant à son sport, à sa famille, à ses coéquipiers, aux présidents de tous les grands pays (suivez mon regard vers la rue du Faubourg Saint-Honoré), à lui-même, à sa fondation contre le cancer, à tout le monde… Je reconnais à mon Tour (ok, c’est facile) que cela constitue un début de commencement d’embryon de progrès vers la vérité…

Et ces deux dernières nuits (saucissonnage audienciel des enregistrements oblige), il nous dit qu’il a eu tort, que c’est sa faute à lui, sa grande faute. Et qu’il s’excuse. Il a même appelé, a-t-il dit, son ex-masseuse pour lui confier ses regrets de l’avoir maltraitée, elle qui l’avait dénoncé et subi les pires menaces de sa part. Il a même versé (lors de la seconde émission, bien sûr, il faut bien que le tear’s reality show d’Oprah soit rentable) une larme en évoquant son fils. J’en suis tombé de mon vélo d’appartement…

Un jour, « grâce » à Armstrong, le vélo y verra peut-être plus clair !

Non, je ne m’y attendais pas à cet acte de contrition, religieux presque dans la forme. Normal, me direz-vous, dans le confessionnal de la grand prêtresse de l’audimat, Oprah Winfrey…  Je pensais caustiquement que notre Madoff de la petite reine consacrerait le reste de sa vie et de ses millions de dollars volés à la défense de ses mensonges et de ses titres usurpés.

Mais, je l’avais oublié, un psychopathe – y compris repenti de ses fautes – ne fonctionne ou ne pédale pas comme moi et quelques milliards d’êtres normaux sans psychotropes et à l’eau claire. Comme tous les grands psychopathes (pour les « petits », je ne sais pas…), Lance a toujours un Tour (ok, j’arrête…) d’avance dans sa musette d’EPO , un point de QI supplémentaire, et adapte ses stratagèmes aux situations, même les plus critiques.

Il annonce être prêt désormais à collaborer avec qui le lui en fera la demande pour révéler tout ce qu’il a accompli d’illégal. Tout ce qu’il sait sur un système pourri de l’intérieur et dont il affirme pourtant qu’il n’a fait que l’intégrer, à sa propre initiative et le parfaire à son seul intérêt en quelque sorte car, souffle-t-il, « on ne peut pas gagner sept Tours sans tricher comme les autres ».

Du bidon (sans eau minérale), bien sûr, puisque chacun sait que l’ami des médecins les plus charlatans (comme le docteur Michele Ferrari), des patrons d’équipe les plus crapuleux (Johan Bruyneel, entre autres) et des dirigeants du cyclisme les plus véreux (HeinVerbruggen puis Pat McQuaid, à la présidence de l’UCI) de toute l’histoire du vélocipède ont été ses amis, collaborateurs directs, affidés, concussionnaires, porteurs de valises et de seringues…

Et un système qu’il a lui-même organisé et poussé à un degré jamais atteint.  Un réseau de mafia du sport qui gravitait exclusivement autour de lui… Pour parvenir, il est vrai,  à un degré de « perfection » dans la performance que toutes les télévisions du monde se pâmaient de plaisir à retransmettre. Avec, elles, un degré « stupéfiant » d’aveuglement…

Alors, pour cette fameuse « vraie » vérité dont d’ailleurs tous les plus grands esprits avouent, eux, qu’elle n’est qu’une pure hypothèse, nous verrons. Nous verrons bientôt plus clair… Merci Lance.

*On ne peut même plus consulter en ce 18 janvier 2013 le palmarès des vainqueurs sur le site officiel du Tour de France…

Oui, Jalabert parle encore de l’« immense champion » Armstrong…

La pire ou la meilleure journée de l’histoire du cyclisme, ce lundi 23  octobre 2012 où Lance Armstrong est décédé sportivement, guillotiné de ses sept Tours de France par l’UCI  ?

Il a fallu plus de dix ans pour que l’autorité suprême du cyclisme daigne officialiser la plus grande escroquerie de l’histoire du sport. Et que son pathétique président, Pat McQuaid, envoie dans une conférence de presse tout aussi pitoyable celui qui a été son protégé de fait aux oubliettes de l’histoire du vélo. C’est évidemment une pantalonnade.

Une pantalonnade aussi que l’hypocrisie invraisemblable qui recouvre le dopage, partout. Pas un vainqueur du Tour de France, au moins depuis l’après-guerre, n’a été « propre ». Le monde du cyclisme le sait, la presse et tous les medias le savent, le public le devine si bien qu’il s’en moque puisqu’il jouit d’un spectacle dont il ne veut surtout pas qu’on le prive au prétexte d’un dopage tellement utile à sa jouissance.

Jalabert admire encore et toujours son collègue Armstrong…

J’attends quand même avec impatience les explications de tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont raconté, expliqué, encensé, les exploits de prestidigitateur du septuple menteur de 1999 à 2005, tout en sachant aussi bien que lui qu’il se dopait à une échelle jamais vue et qu’il manoeuvrait comme le pire des mafieux pour maintenir son impunité. J’attendrai sans doute longtemps…

Ce que l’on n’a pas attendu longtemps, c’est la réaction d’un autre « héros » du cyclisme. Parce que c’est peut-être la déclaration de Laurent Jalabert, notre champion à nous, notre cycliste au panache si Cyranesque, qui est la plus révélatrice de cette journée. Commentant la décision de l’UCI qui décapitait le Texan, « Jaja » n’a rien trouvé de mieux pour conclure sa tirade à propos de son collègue : « Quoi qu’il en soit, c’est un immense champion, il avait un talent énorme. »

Il y a des journées où le pire n’est jamais certain…

Nike, comme tout sponsor, sait retourner son maillot !

Ouais, c’est leur semaine aux sponsors, ou parrains (ou parraineurs), ou partenaires comme ils s’appellent aux-mêmes pour faire plus sympa, plus cool, potes presque avec les sportifs. C’est leur semaine parce qu’on lit partout leur prose dans laquelle ils avertissent tant qu’ils peuvent, et ils peuvent beaucoup, qu’ils sont beaucoup moins potes avec tout le monde, et surtout ceux qu’ils trouvaient très sympas il y a peu…

Il faut dire qu’il y a pas mal de rififi en ce moment dans le milieu. On découvre par exemple que le vélo était pourri par les saloperies depuis des années, depuis toujours en fait mais il ne fallait pas trop en parler.

Nike, la marque américaine soutenait depuis quinze ans de ses paquets de billets verts son compatriote américain Lance Armstrong, un type exemplaire qui sortait d’une maladie de merde et qui s’en était sorti à force de courage. Quinze années à nous servir cette magnifique histoire vraie à la base mais qui n’était qu’une mauvaise fable. La vérité c’était que le héros avait commencé à tricher, à penser même à tricher avant la fin se son authentique guérison. Et que Nike devait le savoir, comme tous ceux qui couvraient l’escroc, Hein Verbruggen le président de l’UCI en tête, l’homme farouchement anti anti-dopage.

Mais rien n’est grave pour un sponsor. Tout se calcule. Rien ne ne perd, tout se transforme, merci Lavoisier. Tenez, Armstrong, c’est admis et gravé dans le marbre depuis le rapport de l’USADA (qui devrait être reconnu d’utilité publique), est officiellement un être maléfique, donc nuisible au sport, donc néfaste à la bonne image d’un équipementier du sport. Mille pages le prouvent. Il suffit donc un beau jour, en fait choisi des mois ou des années à l’avance selon un plan d’action et de communication soigneusement préparé, de dire exactement le contraire de ce que l’on a soutenu pendant des années.

Nike est « triste » mais préparait depuis longtemps la chute de l’empire Armstrong…

Nike indique dans son communiqué que des preuves indiscutables du dopage systématique du septuple vainqueur du Tour ont été apportées. Et que bien entendu, c’est une surprise aussi formidable que celle de la découverte du Nouveau Monde par Colomb… Oui, un monde nouveau, celui de l’EPO, des transfusions sanguines… Que c’est une « grande tristesse » de constater que des performances aient été obtenues par le biais de « drogues illégales », se lamente le communiqué, et qu’il faut déchirer le contrat liant les deux parties ! Notons tout de même le ton de regret… Pour la morale, Nike ne se prononce pas. D’autant que question morale, le New York Daily News nous informe que le gentil sponsor aurait plus que bien choyé son coureur miracle en étouffant l’un de ses contrôles positifs par un versement de 500.000 dollars au très corruptible… Hein Verbruggen, qui continue, sans rire, à se considérer comme Armstrong, comme une blanche colombe.

Ben voyons. Nike ne savait pas… Ce qu’on sait par contre, c’est que ce sponsor était un peu aveugle mais probablement pas du tout sourd à la popularité et à la fantastique rentabilité d’Armstrong, tout tricheur qu’il était. Donc, c’était simple, tant que le champion en était un encore présentable, la marque à la virgule mettait le paquet sur son emblème.

Trève d’ironie, Nike savait et préparait depuis longtemps l’inévitable, la chute de l’empire Armstrong. Et s’attelait à retourner son maillot à l’instant qu’il fallait. En clair, le parrain ne fait qu’abandonner son filleul pour cause d’indignité. C’est beau, c’est surtout productif et sans risque. Ce n’est même pas un pari, c’est de la certitude et ça gagne à tous les coups, relisons Machiavel…

A propos de pari, celui que les sponsors engageait sur le Montpellier Hand et de ses vrais faux parieurs, dont l’icône Nikola Karabatic, s’avère manifestement de plus en plus délicat. Brother France (filiale française du constructeur informatique japonais, 300.000 euros par an) s’est retiré de ce jeu dangereux.

Là, les fautes commises paraissent cette fois au parrain contraires à l' »éthique ». C’est un progrès sémantique dû à une autre évidence. Le partenaire ne savait bien entendu pas que les joueurs s’étaient embarqué dans une filouterie de « Pieds nickelés ». Pas de risque donc à monter sur ses grands chevaux, ses grands mots plutôt : « les valeurs d’intégrité et d’honnêteté  primordiales et essentielles chez Brother et dans ses engagements d’entreprise« , ce qui est tout à fait clair, bien dit et qui ne coûte rien d’autre que de se référer aux grands principes de l’humanisme.

Je demande un déontologue pour sauver ce pauvre Zlatan

Il y a donc maintenant des « déontologues« . C’est officiel. Le déontologue exerce donc le métier tout à fait noble de redresseur de torts en éthique, morale, et tous défauts imaginables en terme de conscience. Je demande tout aussi officiellement au gouvernement ou à mon préfet ou à mon maire pourquoi je n’ai pas ce monsieur ou cette dame comme chef direct.

Je réclame donc de toute urgence un déontologue pour me dire si je contreviens ou non aux bonnes règles de l’humanité. Et parce que je suis un citoyen respectable, une sorte de vulgum pecus de base, et que je le veux également pour les autres, j’exige qu’on nomme un déontologue pour chaque sport et chaque discipline.

Il est en effet inadmissible, selon moi et mes idées qui s’égarent le plus souvent dans la fausseté, que le cas, en football par exemple, d’un tacle par derrière aboutissant à un bris immédiat des ligaments croisés du genou (six mois à un an d’arrêt de l’accidenté) ne soit pas immédiatement étudié par un déontologue ayant fait six ans (ou douze pour encore plus de sûreté) d’études spécialisées en la matière. Je souhaite également qu’une autorité de cette nouvelle espèce se penche sur quantité d’autres cas qui me paraissent à moi, barbare en tout, trop compliqués à résoudre.

Trouver un appartement à Zlatan Ibrahimovic ne peut être résolu que par la déontologie, voire l’ontologie…

On m’a convaincu. Je suis désormais persuadé qu’un déontologue averti, et pas du tout nommé à des fins médiatiques ou démagogiques, aurait l’autorité intellectuelle et morale pour s’attaquer avec succès à des problèmes de type du fair-play financier, de la video dans le football, de la violence des supporters, des doigts d’honneur d’entraîneurs, du dopage…

On irait plus vite, c’est certain, avec l’emploi intelligent de personnalités géniales, pour éradiquer en une semaine ces grands fléaux ou pour faire comprendre en une minute à peine à dix millions de jeunes écoliers, lycéens et petits sportifs ce qu’ils doivent faire pour le bien de leur avenir et de l’humanité.

Oui, vive la déontologie, vivent les déontologues. C’est la solution universelle, ce sont eux qu’il nous faut. Je réclame d’ailleurs un déontologue agrégé de sciences sociales et immobilières et qui serait idéalement titulaire d’un Masters à Harvard en ballon rond et économie financière, qui aurait toute capacité pour solutionner le problème frappant épouvantablement depuis des semaines Zlatan Ibrahimovic, redoutable attaquant du PSG mais piètre lecteur d’annonces. Le malheureux ne parvient pas à trouver un pied à terre à Paris… C’est déontologiquement insupportable. Ontologiquement même…