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Il y a toujours des Pyrénées !

En sport, la guerre s’était vraiment déclarée en 2006. Nos voisins d’outre-Bidassoa avaient littéralement créé un casus belli en traitant notre Zidane national de papy juste avant un huitième de finale de Coupe du monde. Zizou avait plus que lavé l’affront en humiliant ensuite à lui seul la Roja de Casillas, semblant ajouter : « Alors, c’est qui Raul ? »

Ils n’avaient pas trop apprécié, les Ibères. Depuis, entre les deux nations très anciennement alliées, les armes sont toujours de sortie quand elles ne sont pas au poing. Toutes les disciplines s’y sont mises. Même au tennis, où l’on se tape rarement dessus, il y a comme de la crispation. Rafael Nadal et ses gros biscottos étalés tous les printemps à Roland-Garros, énervent pas mal de monde.

Noah avait réouvert les hostilités franco-espagnoles

Surtout Yannick Noah, qui a rajouté il y a quelque mois du feu aux poudres en s’en prenant vivement et globalement à tout ce qui pousse une balle un peu partout au-delà de la ligne Perpignan-Bayonne… Les Espagnols consommeraient selon lui des produits réprimés par les autorités, les résumant, d’une formule, à de la « potion magique« …

A Madrid et à Barcelone, le ton a très vite grimpé, et la moutarde est montée au nez d’un peu tout le monde, des intéressés bien sûr, mais aussi des rédacteurs en chef et même des responsables politiques. Les Français n’étaient que des jaloux, des sportifs en chambre et Noah un champion à deux euros…

Et puis les Guignols de Canal + en avaient collé une deuxième couche, bien voyante et sans gants de protection. Au vitriol. Nadal et Contador en prenaient plein les dents à pleines seringues. Nouvelle grave « cause de guerre » et déclenchement généralisé du conflit.

Au basket, ça a bastonné. Au hand, Accambray a canonné !

Ce mercredi, le programme des Jeux avait réservé un double choc franco-espagnol, au hand et au basket, et chez les hommes pour que ça puisse vraiment saigner. On allait donc régler les comptes, peut-être définitivement.

Et comme prévu, ça a bataillé sévère, grave même. Et ça s’est terminé en baston entre la bande de Pau Gasol et celle de Tony Parker. Ronny Turiaf et Nicolas Batum ont craqué en fin de match et filé des tartes pas trop glorieuses, anti-sportives pour être honnête, alors que le résultat était acquis, aux deux « lutins » Fernandez et Navarro. Batum-Batman y avait été un peu fort avec ses pattes, s’acharnant sur la partie la plus fragile du second

Heureusement, un peu plus tôt, l’ambiance avait été à peu près aussi virile du côté du hand mais elle était restée correcte. Et le héros de ce quart de finale se prénommait William, fils de Jacques, ex-lanceur de marteau. Le premier Accambray étant bien le fils de l’autre tant son physique tient de l’armoire à muscles. Il avait dit avant la bataille « Je rentre et je défonce tout »… Il a tenu promesse. Appelé en début de seconde mi-temps par Claude Onesta pour remuer les esprits et les corps de ses coéquipiers alors en mode sieste, il a immédiatement envoyé du boulet de 75. Sept fois dans la cible, dont une dernière mémorable et gagnante, à l’ultime seconde en récupérant un ballon que venait de repousser le gardien Sterbic sur une tentative de Nikola Karabatic. 23-22, extase bleue et torrents lacrymaux rouge et jaune…

Match nul. On oublie toujours le Traité des Pyrénées…

Pour porter le maillot Bleu, Batum a supplié Collet…

Chapeau Nico. Allez, c’est un peu l’anecdote à deux sous à faire pâmer les petites ados, mais elle me plait cette jolie bluette. L’histoire se passe ce dimanche dans les vestiaires des Bleus de Vincent Collet, à quelques minutes de se coltiner les effrayants Espagnols de Pau Gasol et Cie. Nicolas Batum, grand ado lui-même, est juste assis en civil  sans ses baskets à côté de Parker, Diaw, Gelabale et tous ses potes, parce qu’il n’est pas… assuré.

L’ami Nico est alors envahi par un brusque stress, une crise d’angoisse. Ne pas jouer ce match de gala mais surtout un dernier très gros test avec l’équipe de France avant les Jeux, le rend quasiment malade. Pas assuré… et alors se dit-il ? Il en chiale à grosses larmes, de dépit, mais plus probablement de rage parce que sans temps de jeu depuis le mois d’avril à cause de ces papiers d’assureurs toujours pas à jour. Pensez-donc, le maillot bleu lui passerait sous le pif, comme ça pendant que ses potes auraient l’occasion de défier Fernandez, Navarro, Ibaka

Collet, l’entraîneur sentimental, fait jouer Batum, le joueur qui l’assure d’être un Bleu authentique !

Alors, le Manceau fait une proposition indécente à son coach : « Faites moi jouer, coach, je vous en supplie« . En larmes l’ex-ailier de Portland et pas encore des Wolves du Minnesota, fait craquer l’entraîneur qui lui accorde, comme ça, sans doute sans avertir personne et en en dédaignant royalement les possibles conséquences, d’enfiler sa tenue : « Tu vas jouer »… Et Batum s’est habillé, échauffé et a disputé cinq minutes de cette rencontre à Bercy face aux Ibériques. Devant naturellement une foule ravie d’acclamer l’un de ses chouchous, auteur de quelques envolées à la « Batman » que deux ou trois autres avions dans le monde sont capables d’exécuter comme lui…

Vive Batum, vive Collet, vive les Bleus, au diable les assureurs à deux balles. Et, pendant qu’on y est, tant pis pour les grimaceurs et rabat-joie d’Ukraine… assurément moins affamés de Bleu.

Diaw, Batum, Gelabale : l’Enfer, c’est vous…

Que j’aimerais voir nos Bleus gagner quelque chose un jour. Ou qu’au moins ils meurent sans regrets. Tant de promesses, tant de flammes, tant de coins de ciels bleus évanouis dans les limbes du néant depuis des années et des années… c’est comme si l’on nous condamnait, et eux les premiers, à l’Enfer éternel !

Mais quand je vois comme dans leur match contre l’Italie nos grands coqs revenir du diable et l’emporter avec un si  – éphémère – beau déchaînement de force, de félinité et de talent réunis, je ne crains plus Lucifer. Eux-non plus sans doute, les Boris Diaw, Nicolas Batum ou Mickael Gelabale, ces incroyables artistes des raquettes. Ils ne peuvent pas ne pas avoir conscience de leur potentiel, c’est impossible. Même un enfant surdoué se contemple dans le miroir. Mais comment les convaincre totalement, définitivement, qu’ils sont capables d’enfanter un chef d’oeuvre, un seul ?

Sans Parker, les apôtres Diaw, Batum et Gelabale mettent du temps pour trouver le chemin du ciel…

Ce dimanche, l’équipe de France a mis trois fois dix minutes pour comprendre que Tony Parker son soliste de génie, son Michel-Ange, avait pour une fois l’inspiration en berne. Sans le soleil, on n’aperçoit que des ombres effrayantes. Trois quart-temps de cogitation, de tergiversation, d’approximation… Et me voilà qui replonge dans la Divine Comédie et les affreux gardiens de l’Enfer, Belinelli, Bargnani, Galinelli, des monstres à flèches venimeuses…

… Et Diaw, Batum, Gelabale ou même leurs photocopies, Pietrus, Traoré ou l’improbable Tchicamboud, sont enfin sortis de leur peau dans le dernier quart-temps. Que leur dire pour qu’ils brisent maintenant toutes leurs chaînes, qu’ils trouvent le chemin de leur Purgatoire ?… Peut-être leur souffler que l’Enfer, c’est eux…

 

La France, du sublime au ridicule

On aurait envie de hurler. De rage, de désespoir, d’abattement. La France, cette belle, cette sublime équipe de France qui s’était magnifiquement offert il y a une semaine à peine l’Espagne, championne du monde en titre, au premier match de ce Mondial, est inexplicablement retombée là où elle peut malheureusement parfois se retrouver, dans le ridicule. Et de l’un à l’autre, comme disait Napoléon qui s’y connaissait en gloire et en déchéance, il n’y a qu’un pas, que les Tricolores ont allégrement franchi ce jeudi.

Face aux Néo-Zélandais, les Bleus devaient gagner ou perdre de moins de douze points pour s’assurer un huitième de finale « jouable » contre la Russie. Manifestement, les Tricolores ne voulaient pas la victoire. C’était un choix. Une option que certains s’autorisent dans ce genre de situation dans les grands Championnats, comme les Grecs contre la Russie le même jour, pour éviter tel ou tel adversaire en match couperet. Mais la France ne sait pas réaliser ce genre de numéro de cirque. Dans son cas, c’est tout ou rien. Les Français ont joué toute la seconde période avec le feu, flirtant en permanence avec ce déficit limite de onze points. Et comment tout cela a fini, me direz-vous ? Par la brûlure, au deuxième degré, une défaite de… douze points, évidemment… Si ce n’était affligeant, ce serait au moins risible. Il faut dire que tant de précision dans le grotesque…

Ou comment se tirer une balle dans le pied…

Les hommes de Vincent Collet ont donc réussi à se tirer absolument tout seuls, sans l’aide de personne, une telle balle dans le pied que la sanction inéluctable leur tombera sans aucun doute dessus dimanche. Puisqu’ils auront le sympathique privilège d’affronter le pire des adversaires à Istanbul, la Turquie, quasiment imbattable sur son sol.Contre les « Tall Blacks », le surnom donné à cette équipe de Nouvelle-Zélande en référence aux fameux rugbymen du même pays, les Bleus ont tout simplement fourni une prestation indigne de leur rang. Oubliant toutes les valeurs du jeu et ne respectant pas même un adversaire, qui leur a en retour infligé une, je l’espère, leçon d’humilité. La dernière minute du match a été à elle seule symptomatique. Voir Nicolas Batum, alors que la situation restait à peu près confortable (déficit de sept points) commettre une faute de cadet coûtant un panier à trois points et un lancer-franc supplémentaire laisse pantois. Comment un garçon rompu toute l’année aux joutes NBA peut s’être laissé aller à une bourde pareille ? Je ne vous parlerai pas de ses coéquipiers, Diaw, Gelabale ou Pietrus, tous aussi affligeants que soi-disant galonnés.

Fassent que ces basketteurs français n’aient pas perdu davantage qu’un match, leur honneur.