Archives pour la catégorie Basket

Héros

Rien n’impressionne plus l’esprit que des comportements extraordinaires. En sport plus qu’ailleurs où les corps et les gestes sont en première ligne. Chacun admire ses héros en fonction de ce qu’il a un jour vu d’eux et qui l’ont profondément marqué.

L’autre jour, Tony Parker s’est peut-être encore un peu plus approché de ce statut si particulier. Blessé, fatigué par une saison harassante et de surcroît menacé de mort par un appel téléphonique à la police à la fin du match 2 des Spurs contre les Grizzlies en finale de conférence ouest, le meneur de San Antonio est sorti de son enveloppe d’être humain ordinaire.

Tim Duncan, son vieux complice, a dit de lui après cette victoire (93-89) presque inespérée : « Il a été incroyable. Je sais qu’il est épuisé. Nous lui en avons beaucoup demandé. Il a contrôlé la balle et fait la bonne action à chaque fois« .

Il y a une quinzaine d’années, toujours en NBA, un certain Michael Jordan avait disputé un match décisif alors qu’une fièvre de 40 degrés aurait du le clouer au lit. Il avait battu l’équipe adverse à lui tout seul en inscrivant une quarantaine de points et multiplié les exploits. Il était entré à jamais dans la catégorie des humanoïdes spéciaux, des bipèdes à neurones dont les enchaînements électriques demeurent plus mystérieux encore que leurs congénères.

J’ai mes héros. Ils le sont d’autant plus qu’ils représentent à mes yeux des exemples et que ces exemples me paraissent constituer un progrès notable dans la bonne marche du sport qui devient un peu fou.

Tenez, Jonny Wilkinson, me fascine parce que aucune de ses attitudes n’est exempte de cette exemplarité. Je veux dire de positivité, j’oserais dire de moralité. Ouh là là, la morale, le grand mot qui fait peur et peut même être taxé de subjectif ! Qu’importe, il me semble à moi que ce Jonny-là montre la voie, la bonne, à tous les petits gamins du monde.

Bolt, Rudisha et les super girls…

Les Jeux, c’est pas du jeu. On y invite des phénomènes ou des créatures venues d’on ne sait où, peut-être de Mars ou de plus loin, là où les planètes tournent sans gravitation. Et ça fausse tout.

Jeudi, c’était bizarre à Londres. Pas de fog, pas de fraises à la crème, même pas de flotte. Mais deux ovni dont on se demande comment ils ont pu arriver sur terre sans qu’on les repère plus tôt. Usain Bolt, on s’en doutait quand même un peu, en est un, un coureur venu d’ailleurs. Et il ne fait plus mystère, comme il l’a enfin avoué à Nelson Monfort après la finale du 200 mètres, que ce n’est plus la peine d’essayer de le battre ni même de s’aligner au départ quand il y est. Il est dans la légende, il est la légende…

David Rudisha est nettement plus modeste. Mais d’un genre tout aussi inconnu que l’autre. Il ne court pas d’ailleurs. Ce sont les autres qui courent derrière. Lui, il vole, survole. Une foulée que la bio-mécanique ou la physique, et toutes autres sciences humaines, ne sont pas parvenues à mettre en équation. Sebastian Coe, le maître d’oeuvre de ces JO et probablement plus grand génie de l’histoire du 800 mètres, n’en est lui-même pas revenu. Deux tours de piste effectués en tête de bout en bout dans une finale olympique et un record du monde à la clé…

Plus terre à terre, les filles bleu blanc rouge du basket, le nôtre donc, celui de Bourges ou Valenciennes… Et ces filles vont jouer la finale du tournoi olympique. Contre les extra-terrestres du jeu, les Américaines. Et elles n’auront pas la trouille, Céline Dumerc, Isabelle Yacoubou, Sandrine Gruda, Emilie Gomis… Tenez, Céline, la petite blonde qui enfile des shoots à trois points comme des perles façon Michael Jordan, n’a peur de rien. Sauf peut-être de son coiffeur, un type assez retors visiblement et qui malmène en permanence sa permanente…

Il y a toujours des Pyrénées !

En sport, la guerre s’était vraiment déclarée en 2006. Nos voisins d’outre-Bidassoa avaient littéralement créé un casus belli en traitant notre Zidane national de papy juste avant un huitième de finale de Coupe du monde. Zizou avait plus que lavé l’affront en humiliant ensuite à lui seul la Roja de Casillas, semblant ajouter : « Alors, c’est qui Raul ? »

Ils n’avaient pas trop apprécié, les Ibères. Depuis, entre les deux nations très anciennement alliées, les armes sont toujours de sortie quand elles ne sont pas au poing. Toutes les disciplines s’y sont mises. Même au tennis, où l’on se tape rarement dessus, il y a comme de la crispation. Rafael Nadal et ses gros biscottos étalés tous les printemps à Roland-Garros, énervent pas mal de monde.

Noah avait réouvert les hostilités franco-espagnoles

Surtout Yannick Noah, qui a rajouté il y a quelque mois du feu aux poudres en s’en prenant vivement et globalement à tout ce qui pousse une balle un peu partout au-delà de la ligne Perpignan-Bayonne… Les Espagnols consommeraient selon lui des produits réprimés par les autorités, les résumant, d’une formule, à de la « potion magique« …

A Madrid et à Barcelone, le ton a très vite grimpé, et la moutarde est montée au nez d’un peu tout le monde, des intéressés bien sûr, mais aussi des rédacteurs en chef et même des responsables politiques. Les Français n’étaient que des jaloux, des sportifs en chambre et Noah un champion à deux euros…

Et puis les Guignols de Canal + en avaient collé une deuxième couche, bien voyante et sans gants de protection. Au vitriol. Nadal et Contador en prenaient plein les dents à pleines seringues. Nouvelle grave « cause de guerre » et déclenchement généralisé du conflit.

Au basket, ça a bastonné. Au hand, Accambray a canonné !

Ce mercredi, le programme des Jeux avait réservé un double choc franco-espagnol, au hand et au basket, et chez les hommes pour que ça puisse vraiment saigner. On allait donc régler les comptes, peut-être définitivement.

Et comme prévu, ça a bataillé sévère, grave même. Et ça s’est terminé en baston entre la bande de Pau Gasol et celle de Tony Parker. Ronny Turiaf et Nicolas Batum ont craqué en fin de match et filé des tartes pas trop glorieuses, anti-sportives pour être honnête, alors que le résultat était acquis, aux deux « lutins » Fernandez et Navarro. Batum-Batman y avait été un peu fort avec ses pattes, s’acharnant sur la partie la plus fragile du second

Heureusement, un peu plus tôt, l’ambiance avait été à peu près aussi virile du côté du hand mais elle était restée correcte. Et le héros de ce quart de finale se prénommait William, fils de Jacques, ex-lanceur de marteau. Le premier Accambray étant bien le fils de l’autre tant son physique tient de l’armoire à muscles. Il avait dit avant la bataille « Je rentre et je défonce tout »… Il a tenu promesse. Appelé en début de seconde mi-temps par Claude Onesta pour remuer les esprits et les corps de ses coéquipiers alors en mode sieste, il a immédiatement envoyé du boulet de 75. Sept fois dans la cible, dont une dernière mémorable et gagnante, à l’ultime seconde en récupérant un ballon que venait de repousser le gardien Sterbic sur une tentative de Nikola Karabatic. 23-22, extase bleue et torrents lacrymaux rouge et jaune…

Match nul. On oublie toujours le Traité des Pyrénées…

JO 2012 : Oh les filles !

Elles sont de moins en moins discrètes nos Bleues, du foot, du basket et du handball. A se demander si un président ou un premier ministre ne va pas commencer à les cocher sur son agenda pour ses tournées promotionnelles. En cette première journée des Jeux, on n’a vu qu’elles. Même s’il a fallu méchamment zapper parce qu’elles étaient vicieusement programmées, presque en même temps, en soirée et à l’issue d’un samedi plutôt noir jusque-là pour notre drapeau, au judo, en natation, voire au tir à l’arc.

Et que, par le miracle d’un enchaînement de bonheurs devenus assez rares, ces trois petites troupes l’ont emporté chacune de leur côté alors que l’affaire n’était pas gagnée d’avance. Les Bleuettes de Bruno Bini, le seul intello du foot mondial, ont réagi en cheftaines après leur défaite pas marrante (2-4) contre les Américaines. Elles ont terrassé (5-0) des Nord-Coréennes pas vraiment à la fête et qui d’ailleurs, les malheureuses, n’y seront jamais.

Ces Bleues-là non plus, on ne les verra sans doute pas de si tôt en boite de nuit à la mode comme leurs collègues à duvet dont on taira aujourd’hui par charité les noms. Pas le genre de la maison Bini. Quoique s’il y avait, rêvons éveillés, médaille d’or dans quinze jours à Wembley, on ne serait pas étonné qu’elles fêtent ça gentiment au pub du coin.

Chez nos basketteuses, le boulot commencent aussi à payer. Céline Dumerc et Edwige Lawson-Wade, nos « Tony Parker » en jupons, ne brassent pas les millions de dollars ni ne fréquentent le tout-Hollywood, mais la balle leur colle autant aux mains qu’à TP. Contre le Brésil, la grande et plus du tout pataude Isabelle Yacoubou, avec son mètre quatre vingt-dix et ses ongles et cheveux peinturlurés, a foutu une trouille pas possible  aux intérieures auriverde qui ont fini par abandonner le carnaval.

Sous les yeux d’un Boris Diaw, venu en voisin de tournoi et ami prendre quelques leçons de pénétration dans la raquette. Du travail bien (73-58) et joliment fait. Très joliment même. On ne se lasse pas par exemple des tirs en suspension si harmonieux d’Emilie Gomis, que ses mollets font paraît-il souffrir ces derniers temps, mais qui ne modifient en rien les proportions générales des jambes à faire pâlir de jalousie Adrianna Karembeu (ou ex-Karembeu, aux dernières nouvelles).

Pour les handballeuses tricolores, tout va très bien également, merci. Une omelette « norvégienne » avalée d’entrée (24-23) sans la moindre indigestion. Les joyeuses mais très sérieuses copines bossent depuis maintenant des années leur tactique, leur technique et leur physique sous la houlette du très obstiné et rusé Bruno Krumbholtz. Et elles sont quand même vice-championnes du monde en titre nos super-girls, la plupart du temps interchangeables à tous les postes, comme les gardiennes Leynaud et Darleux (ah, la sublime Cléopatre !). Sans faire trop de bruit ni surtout de pognon, ce qui, convenez-en, constitue une sorte d’injustice immanente, vu les comparaisons récentes qu’il est inutile de faire avec d’autres.

Tout ça pour dire qu’on était bien content de cette petite fête médiatique du samedi soir olympique avec nos nanas bleues. Ça change.

Pour porter le maillot Bleu, Batum a supplié Collet…

Chapeau Nico. Allez, c’est un peu l’anecdote à deux sous à faire pâmer les petites ados, mais elle me plait cette jolie bluette. L’histoire se passe ce dimanche dans les vestiaires des Bleus de Vincent Collet, à quelques minutes de se coltiner les effrayants Espagnols de Pau Gasol et Cie. Nicolas Batum, grand ado lui-même, est juste assis en civil  sans ses baskets à côté de Parker, Diaw, Gelabale et tous ses potes, parce qu’il n’est pas… assuré.

L’ami Nico est alors envahi par un brusque stress, une crise d’angoisse. Ne pas jouer ce match de gala mais surtout un dernier très gros test avec l’équipe de France avant les Jeux, le rend quasiment malade. Pas assuré… et alors se dit-il ? Il en chiale à grosses larmes, de dépit, mais plus probablement de rage parce que sans temps de jeu depuis le mois d’avril à cause de ces papiers d’assureurs toujours pas à jour. Pensez-donc, le maillot bleu lui passerait sous le pif, comme ça pendant que ses potes auraient l’occasion de défier Fernandez, Navarro, Ibaka

Collet, l’entraîneur sentimental, fait jouer Batum, le joueur qui l’assure d’être un Bleu authentique !

Alors, le Manceau fait une proposition indécente à son coach : « Faites moi jouer, coach, je vous en supplie« . En larmes l’ex-ailier de Portland et pas encore des Wolves du Minnesota, fait craquer l’entraîneur qui lui accorde, comme ça, sans doute sans avertir personne et en en dédaignant royalement les possibles conséquences, d’enfiler sa tenue : « Tu vas jouer »… Et Batum s’est habillé, échauffé et a disputé cinq minutes de cette rencontre à Bercy face aux Ibériques. Devant naturellement une foule ravie d’acclamer l’un de ses chouchous, auteur de quelques envolées à la « Batman » que deux ou trois autres avions dans le monde sont capables d’exécuter comme lui…

Vive Batum, vive Collet, vive les Bleus, au diable les assureurs à deux balles. Et, pendant qu’on y est, tant pis pour les grimaceurs et rabat-joie d’Ukraine… assurément moins affamés de Bleu.