Archives du mot-clé platini video

Le faux bon bal du samedi soir de Lyon-PSG, d’Aulas, Dumas, Canal+, Platini…

C’était la bonne soirée en vue. Le bal de foot télé du samedi soir. Enfin, sur le papier. Les fans de spectacle à bon compte s’en sont sans doute régalés. Pas moi. J’en ai des boutons de fièvre maligne un peu partout… Par quoi commencer ? Par chez nous, c’est plus simple et tellement plus compliqué. Lyon-PSG n’était pas retransmis sur Canal +, mais sur Orange Sport, la chaîne à laquelle personne n’est abonné, qui a dépensé des centaines de millions d’euros rien que pour emmerder son concurrent, et qui va disparaître, heureuse de sa belle mort…

Lyon-PSG, donc, match à huit buts (4-4), à suspense fou et exception qui confirme la règle de notre Ligue 1, championnat le plus ennuyeux d’Europe. Sauf bien entendu, quand on ne peut pas le suivre (200.000 abonnés à Orange et probablement pas plus de la moitié qui ont vu ce fameux match !)… Il faut dire que Canal ne sait plus trop où donner de la tête entre l’ingérence d’Al-Jazira, les droits qui lui échappent de partout ainsi que ses commentateurs et consultants.

Aulas et sa théorie du complot !

On la perd donc tous un peu la tête. On la perd complètement en constatant que celle des dirigeants et responsables de cette Ligue 1 est elle-même en voie de démence épileptique. Jean-Michel Aulas ne semble plus rien supporter. Ni les résultats de son équipe, ni ses actionnaires qui le pressent de vendre ses joueurs les uns après les autres (il l’a bien cherché en introduisant l’OL en bourse), ni ses entraîneurs, ni ses collègues, ni évidemment les arbitres qu’il a consciencieusement démolis et soupçonnés de complot quasi-franc-maçonnique après la rencontre : « Lyon a été complètement désavantagé. Je ne sais pas si certains intérêts ne dépassent pas le football... »

D’ailleurs, c’était le soir des nerfs en pelote. D’injures en discours incohérents, ces messieurs ont pris un chemin bien tortueux. Christophe Galtier, l’entraîneur de Saint-Etienne, a délibérément reconnu que son équipe n’avait « pas joué » à Auxerre (0-0), imputant ce non-match à d’obscures raisons… Franck Dumas, le coach de Caen, a, lui, franchi un nouveau palier dans l’outrance (« l’arbitre n’a pas eu de couilles, on s’est fait entuber par un arbitrage maison », celui en l’occurrence de M. Benoît à Nice) que l’on pensait pourtant arrivé à ses limites depuis les propos de Louis Nicollin (sur les homosexuels, entre autres) ou de ceux, en rugby, de Mourad Boudjellal (la « sodomie arbitrale »).

Platini nie et niera l’utilité de la vidéo !

A Milan, au même moment, un but a été inscrit par Muntari contre la Juventus lors du sommet de la Série A, parfaitement valable. L’homme en noir, aux lunettes noires plutôt, n’a pas plus vu que son asssistant pourtant parfaitement placé, que le ballon frappé de la tête par le Rossoneri, avait bel et bien passé, et très largement (un mètre environ, à vue de spectateur placé en haut des tribunes de Giuseppe Meazza), la ligne de but. L’affaire était évidente trente secondes après l’action, sur un ralenti qu’un myope astigmate et presbyte aurait décelé.

Bien sûr, la Juve a fini par égaliser (1-1) et le scandale, à l’Italienne, va enflammer les gazettes, les supporters et les réseaux sociaux pendant des semaines voire des mois. Et Michel Platini va probablement nous dire dans quelques semaines, après avoir demandé à son opérateur de changer de numéro de téléphone et d’adresse de messagerie, que le football ce n’est pas la technologie, que l’erreur est humaine… etc. Il ne faudrait d’ailleurs pas qu’on l’énerve trop notre Platoche national sur ce chapitre de la vidéo qui a tendance à le stresser. Il serait capable, dieu l’en garde, de proférer un ou deux gros mots ! Manquerait plus que ça.

Putain, mille ans sans la vidéo !

Monsieur Platini, vous avez tort !

Là, je m’énerve. Parce que, Monsieur Michel Platini – je dis bien Monsieur – vous vous entêtez dans l’erreur. Vous persistez dans votre rejet de la vidéo dans le football. Et vous avez tort.

Vous dites: «Je ne vois pas d’autre solution que deux arbitres supplémentaires. Le football doit rester humain. Si on prend la vidéo pour les qualifications d’un Euro, ça veut dire pour un Féroé-Estonie, devant 1.000 personnes, qu’il faudra 25 caméras, soit 200.000 euros! Et puis on va voir que sur une faute, il y avait faute avant, et encore avant: ce serait la fin du football

J’affirme que c’est n’importe quoi. La vidéo marche au rugby sans que personne, je dis bien personne ne le conteste. J’en atteste, je n’ai jamais rencontré dans ce milieu un seul opposant à ce système qui fonctionne sans pratiquement aucune anicroche depuis plusieurs années aussi bien en Top 14 que pour les matches internationaux. La « fin du rugby » n’a, a fortiori, pas été signifiée que je sache depuis l’introduction de la vidéo, qui, entre parenthèses, n’a pas coûté le moindre centime. Les caméras étaient déjà présentes sur les stades.

Pour ce qui est de la prétendue injustice qui pourrait exister entre le traitement du sport d’élite et du sport de base, je me gausse ! Je pense que les Féroé ou l’équipe de Trifouilly ne vont pas manifester de la République à la Nation pour revendiquer un arbitrage vidéo ! L’injustice est partout, M. Platini. Que n’ai-je vu des footballeurs aller reprocher à leurs parents de ne pas avoir enfanté un génie du ballon comme vous ? Ce n’est pas de l’injustice ça ?

Et puis argumenter que l’on devrait alors avoir recours à l’électronique pour les fautes partout sur le terrain, c’est implicitement reconnaître que la vidéo est efficace. D’ailleurs, les pro-vidéo ne demandent même pas cette exhaustivité, ce serait stupide. Car je vous accorde que l’arbitre est irremplaçable dans la plupart des cas. Il est dans l’action, il vit le match en trois dimensions ce qui n’est pas le cas des télespectateurs, et enfin il entend pratiquement tout et peut en connaissance de cause faire régner la loi.

Mais l’arbitre ne voit pas tout, notamment dans une surface de réparation, où l’essentiel se passe, c’est à dire au moment des actions de but. En rugby, par exemple, et seulement après un essai litigieux, l’homme en noir contacte instantanément la cellule vidéo et, en dix ou vingt secondes, se fait communiquer un avis tranché par ceux qui ont quasiment dans l’instant suivant vu et revu l’action en question. Est-ce ça dénaturer le sport, le rendre inhumain ? C’est au contraire simple comme bonjour et utile comme la justice.

Quant aux deux arbitres supplémentaires dans les surfaces, ça n’est pas en soi insensé. Mais, comme vous dites, c’est d’abord cher et ensuite sans garantie. Si le ballon rentre de trois millimètres dans le but en finale de la Coupe du monde, vous pourrez mettre un arbitre ou dix ou cent dans l’axe du but, ils ne pourront pas se décider, la caméra si !

Michel Platini, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. D’ailleurs, vous l’avez déjà fait (voir cette vidéo où le sélectionneur Platini militait pour l’arbitrage vidéo !)

ARTICLES SIMILAIRES :