Mais qui « tue le foot », Sidney Govou ?

J’attendais une réponse à mon billet précédent sur mes divagations à propos du beau jeu et de la morale en sport… Je l’ai eue, indirectement, mais je l’ai eue ce matin. Dans le seul journal traitant exclusivement de sport dans notre pays depuis un siècle et que les Français lisent pour les prouesses de ceux qu’ils admirent par leurs dribbles, buts et autres arabesques sur les rectangles verts.

De deux choses l’une, soit Sidney Govou est sincère dans sa diatribe contre les « assassins » de l’esthétisme, et mon affliction est immense, soit il ne l’est pas et je ne comprends plus rien à rien, ce qui n’est pas exclu. Voilà les mots de l’ex-attaquant qui savait de temps en temps outrepasser les consignes de ses entraîneurs bornés à la philosophie du verrou en béton armé  : « Déjà, il faut arrêter de prendre Barcelone pour exemple car ça tue le foot…. Calmez-vous, il n’y a que Barcelone à pouvoir jouer comme ça. »

Le foot serait donc meurtri par le jeu offensif, les passes en avant, la science de l’évitement, les touches de balle câlines et autres cultures destinées à faire vivre en beauté cette sphère ridicule qu’est un ballon au repos. L’école barcelonaise serait la seule, l’unique à pouvoir produire ce qu’en est venu à détester Govou et à s’extraire d’un foot devenu adapté à son temps, une guerre technico-tactico-physique…

Il faudrait donc, selon notre ancien perceur de coffre forts, redoubler les couches protectrices de ces cages de béton, renforcer les serrures en rajoutant des tours, tout cadenasser, du gardien à l’attaquant de pointe, ou ce qu’il en reste c’est à dire aujourd’hui le premier défenseur…

Pelé et Platini n’ont peut-être après tout fait que pousser des cris contre l’art vulgaire…

Il est possible, ai-je dit, que je n’y comprenne plus rien, ou que je n’ai jamais rien compris à ce que me disaient naguère avec leurs pieds Pelé et Cruyff, hier Platini et Van Basten, et aujourd’hui Messi et Pirlo… Et peut-être après tout qu’à leur manière ils n’ont en fait, de leur vie passée sur les terrains à émerveiller les foules par leurs coups de pinceaux géniaux, poussé qu’un long cri de plainte contre l’art vulgaire…

Je pense donc à l’envers. A l’envers de Govou, c’est évident, qui pense pourtant, et c’est à noter, un peu plus loin que nombre de ses collègues. A l’envers parce que l’actuel salarié d’Evian-Thonon ne stoppe pas sa Gaillardise à son coup de gueule anti-Catalan… Il ajoute sans rire : « Quand tu gagnes de l’argent à vingt ans, tu ne penses pas à prendre des cours de com’ » ! Ah là là, Sidney. Mais c’est vrai ça, on n’y avait pas pensé. Plus on se gave de pognon, moins il faudrait réfléchir, moins il faudrait s’instruire…

Je suis calme, Sidney, je suis calme. Et heureusement, dans cette tranquillité d’esprit qui nous caractérise donc tous deux, vous avez raison de vous interroger sur ce que vous appelez les jeunes pas plus cons ou méchants que d’autres et que vous défendez de toutes vos forces malgré leurs conneries plus grosses que leurs fiches de paie. Cette fois, je suis d’accord avec  vous, plus que d’accord d’ailleurs, quand vous prônez l’éducation chez les footballeurs de haut niveau. Si vaste programme en effet qu’il en est éternellement reporté dans les instances dirigeantes pour cause de discussions de primes des internationaux millionnaires, de débats sur la répartition des droits télé ou de symposiums sur la couleur du maillot des arbitres…

La morale, donc, la morale de tout ça, monsieur Govou ? Mais il n’y en a pas, je le susurrai dans mon billet précédent. Chacun se la construit, sa morale, comme disait le penseur. Mais on peut l’aider un peu. En « échangeant » comme vous dites. Et je vous concède donc votre compassion à l’égard de ceux que j’appellerai les « brebis perdues » car elles elles ne savent pas ce qu’elles font ou, si vous préférez, elle ne connaissent pas le chemin. Concédez-moi si vous le voulez bien l’affreuse affliction que je voue aux troupeaux actuels de moutons bêlants du triste football…

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