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Consultants, ne consultez pas Dugarry

C’est un métier, né il y a environ quarante ans, au temps où pour commenter les grands matches de rugby l’on avait adjoint à la voix de l’ineffable, passionné mais quelque peu approximatif Roger Couderc celle d’un véritable connaisseur de l’ovalie, Pierre Albaladejo.

L’ami Pierrot, au ton posé et aux explications claires et accessoirement grand réalisateur de drops, complétait parfaitement à l’antenne l’emportement et les saillies franchouillardes du sanguin Roger, incapable de justifier une pénalité contre la France qu’en la dénonçant par une ignoble ruse anglaise… Un peu d’eau dans le pastis et tous les buveurs d’image et de son y trouvaient leur compte au bar…

Depuis quelques années, la lutte pour les micros d’appoint devient sévère. C’est même devenu une sorte de Mercato. Les chaînes recrutent à prix d’or. On osera dire, pour rester poli, le meilleur (disons assez bon) et le moins pire… Bon, ce n’est que du foot, du rugby ou du cyclisme, autrement dit des disciplines sans rapport avec la dialectique kantienne, mais avouons que nos nouveaux experts présentent souvent quelques déficits dans le secteur de la pédagogie. Toujours pour être aimable, on se demande parfois si ils conçoivent assez bien ce qu’ils veulent énoncer… D’où des exemples assez pitoyables et fréquents de phrases sans verbe, complément, accords et par conséquent compréhensibles par leurs seuls auteurs, à l’instar de Jean-Marc Ferreri, Olivier Rouyer et Laurent Paganelli en foot ou Richard Virenque en cyclisme.

Dugarry, consultant insultant et pas consulté !

Ces jours-ci, le consultant le plus à la mode, on ne sait pas vraiment pourquoi (un peu comme la mode !), Christophe Dugarry, a inventé le consulting actif ! Le désormais sympathique, mais ancien joueur français le plus détesté, a versé dans le commentaire négativiste sur la chaîne qui l’emploie, Canal +, plus grosse usine de recrutement de la planète audiovisuelle d’anciens champions du monde. Dugarry tacle, cartonne, dézingue à tout va à l’antenne durant les matches. Façon Jean-Michel Larqué de la grande époque, capable de littéralement enterrer un arrière droit (Angloma) pour une ou deux passes manquées.

Dugarry flingue un peu sur tout. L’autre jour, le PSG en a pris pour son grade, joueurs (Pastore, Menez…), entraîneur, tactique, jeu (« pauvre« , qualificatif utilisé quatre fois en dix minutes)… Paris jouait à Bordeaux, son club de coeur, pourtant lui aussi et surtout dans sa ligne de tir. En clair, les Girondins sont non seulement actuellement nuls mais dirigés comme et, par, des bourriques.

« Duga » a selon mon humble avis perdu la notion essentielle de la tache pour laquelle il est – grassement – rétribué, apporter son éclairage sur un 4-5-1 ou le décorticage d’une attaque en triangle. Le plus assommant, c’est que quand il ne cède pas à l’énervement, Dugarry a le rare mérite de s’exprimer sans l’habituel secours d’onomatopées si courantes dans la bouche de la plupart de ses collègues et amis, parmi lesquels il n’est pas utile de citer le plus illustre…

Du coup, Dugarry est aussi pénible qu’à l’époque où il pestait contre l’univers tout entier. Surtout pour le président bordelais Jean-Louis Triaud qui finit par se demander si on ne veut pas lui piquer son fauteuil de calife… Et qui a sans doute raison de recommander pour postuler à son ancien attaquant de faire acte de candidature (de président), non aux téléspectateurs ou lecteurs de Sud-Ouest mais plus directement à… M6 (l’actionnaire principal de Bordeaux représenté par Nicolas de Tavernost). Une sorte de… consultation d’embauche gratuite au consultant !

Triaud, la méthode du coup de pied au cul

Il aura sans doute fallu 360 jours pour que l’année 2010 fasse sortir une parole sensée de la bouche de l’un de ses acteurs. Enfin, je me comprends, je voulais dire différente des mensonges, bobards ou autres formules toutes faites qui nous sont servies en boucle tout le long de l’année. Jean-Louis Triaud, le président des Girondins de Bordeaux, vient, ce 27 décembre 2010, de répondre par un retentissant « merde » à ses joueurs, et au premier chef à Alou Diarra, qui avait joué les pleureuses dans la presse il y a quelques jours se plaignant de la légèreté de l’effectif bordelais tout en réclamant d’urgence du renfort à ses dirigeants.

C’est du moins la traduction que je fais du présidentiel « on doit se débrouiller avec ce que l’on a (…) Dire qu’il faut recruter dès qu’il y a un truc qui ne va pas, c’est se chercher des excuses (…) Pour nous, la priorité, c’est de retrouver des joueurs à leur niveau. » Bravo Monsieur Triaud. Au contraire de certains de vos collègues, vous mettez le doigt là où ça fait mal. Vos ouailles ont en effet glandé comme des cancres cette année et méritent un bon coup de pied au derrière pour retrouver leur « niveau » et surtout leur sens commun. Ils sont majeurs et vaccinés, et aucune ligue anti-fessée ne devrait se manifester. D’autant qu’au prix où vous les payez, la douleur n’en sera que plus vite oubliée.Je dis tout ça parce que rien ne m’irrite plus, quand tout ne va pas comme l’on veut, que le sempiternel cri du recrutement de la part des joueurs ou des entraîneurs. Je dénonçais déjà il y a quelques mois cette maladie du mal-être et qui n’est en fait que la conséquence du mal-jouer ou du mal-entraîner. J’ajoute aujourd’hui qu’à cinquante ou cent mille euros par mois (c’est une moyenne en Ligue 1) pour quinze heures de travail par semaine, un joueur devrait avoir la décence de se remettre quelque fois en cause. Et par là-même, dans le cas qui nous occupe, de se demander pourquoi le rendement d’une équipe passe de celui d’exceptionnel (champion en 2009) à très moyen en 2010 (8e après la mi-saison). Est-il besoin d’être fin psychologue pour répondre que le problème vient de l’intérieur et pas d’un soi-disant besoin de génie sorti d’une boite magique (en l’occurrence Kevin Gameiro, réclamé à corps et à cris, y compris par des supporters aux solutions aussi simples que leurs chants d’encouragements).

Mais, pas d’illusion. Triaud n’est pas non plus un premier communiant. La méthode du coup de gueule et de l’auto-flagellation est aussi en soi une méthode de communication, et nous voilà revenus au début de la boucle. Le président n’a nulle envie, ni les moyens, de débourser dix millions d’euros pour Gameiro. La technique du coup de pied au cul est parfois moins chère et tout aussi efficace…