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Euro 2013 : Tony Parker, le basket français dans ses mains

Une éternité c’est un truc à la con. Personne n’y a jamais compris que dalle. C’est une sorte de non sens. Un peu comme un shoot en drive de Tony Parker avec changement de mains. Tony Parker, c’est le meilleur sportif français depuis dix ans, champion NBA, autant dire du monde, trois fois, et génie absolu du basket.

Et ce petit gars-là nous a donc fait sortir de l’éternité de la loose. C’est à dire faire remporter avec cet Euro 2013 un titre international au basket français masculin. L’exploit qu’on attendait donc depuis la création de ce sport que les Français regardent plus à la télé qu’ils ne le pratiquent.

On ne sait pas pourquoi d’ailleurs. Parce que le basket, il n’y a rien de plus simple. Il suffit d’avoir des mains et un ballon. Mais avant Tony Parker, on n’y comprenait rien dans l’hexagone. On avait les mains carrées et des ballons crevés. On paumait dans des demi-finales où des arbitres nous tiraient dans les pattes ou dans des finales contre des Harlem Globe Trotters.

Ce coup-ci, en Slovénie, à Ljubljana, une ville où il ne se passe jamais rien, les Bleus ont trouvé l’endroit où ils sont entrés dans l’histoire. On n’est pas les meilleurs basketteurs de tous les temps mais ça fait un de ces biens de sortir du néant…

Héros

Rien n’impressionne plus l’esprit que des comportements extraordinaires. En sport plus qu’ailleurs où les corps et les gestes sont en première ligne. Chacun admire ses héros en fonction de ce qu’il a un jour vu d’eux et qui l’ont profondément marqué.

L’autre jour, Tony Parker s’est peut-être encore un peu plus approché de ce statut si particulier. Blessé, fatigué par une saison harassante et de surcroît menacé de mort par un appel téléphonique à la police à la fin du match 2 des Spurs contre les Grizzlies en finale de conférence ouest, le meneur de San Antonio est sorti de son enveloppe d’être humain ordinaire.

Tim Duncan, son vieux complice, a dit de lui après cette victoire (93-89) presque inespérée : « Il a été incroyable. Je sais qu’il est épuisé. Nous lui en avons beaucoup demandé. Il a contrôlé la balle et fait la bonne action à chaque fois« .

Il y a une quinzaine d’années, toujours en NBA, un certain Michael Jordan avait disputé un match décisif alors qu’une fièvre de 40 degrés aurait du le clouer au lit. Il avait battu l’équipe adverse à lui tout seul en inscrivant une quarantaine de points et multiplié les exploits. Il était entré à jamais dans la catégorie des humanoïdes spéciaux, des bipèdes à neurones dont les enchaînements électriques demeurent plus mystérieux encore que leurs congénères.

J’ai mes héros. Ils le sont d’autant plus qu’ils représentent à mes yeux des exemples et que ces exemples me paraissent constituer un progrès notable dans la bonne marche du sport qui devient un peu fou.

Tenez, Jonny Wilkinson, me fascine parce que aucune de ses attitudes n’est exempte de cette exemplarité. Je veux dire de positivité, j’oserais dire de moralité. Ouh là là, la morale, le grand mot qui fait peur et peut même être taxé de subjectif ! Qu’importe, il me semble à moi que ce Jonny-là montre la voie, la bonne, à tous les petits gamins du monde.

Tony Parker peut-il devenir le Zidane du basket ?

Il est comme Zizou, un peu tout à la fois. Intense et lunaire, Français issu de la diversité, fou sans folie au visage de peintre vénitien. Tony Parker est un artiste dont les oeuvres n’ont pas encore été exposées dans son propre pays. C’est le lot des sportifs de l’époque, mercenaires ou produits, vendus aux quatre coins du globe aux plus riches collectionneurs.

Mais pour la première fois en dix ans d’une fabuleuse carrière de club, le meneur des San Antonio Spurs fait le bonheur de sa sélection nationale. On n’osait plus y rêver. L’équipe de France est peut-être pourtant en train de toucher un but qui lui a été jusque-là inaccessible. Une victoire en finale de Championnat d’Europe, événement dont elle a été éternellement privée, comme par une sorte de malédiction, d’accumulations insensées de sortilèges fatals. D’ailleurs, le même Parker avait lui-même vécu avec les Bleus ces soirées infernales où les paniers paraissaient maudits, où les ballons fuyaient toujours le cercle, en sortaient inéluctablement dans les derniers instants…

Comme aux Bleus de Zidane, il reste le temps d’une soirée d’été à ceux de Parker pour infléchir le destin…

Dans l’improbable Lituanie, Parker avait décidé que la nuit devait enfin être chassée, que les ombres laisseraient place à la lumière. En huit matches, sept plus précisément puisqu’on lui avait permis de reposer ses pauvres jambes contre l’Espagne au deuxième tour, et jusqu’à la sirène de cette demi-finale gagnée contre l’énorme Russie, Tony Parker a porté la France sur ses épaules, tel un Atlas des parquets. Mais, pour soulever le monde (ou l’Europe), disait le poète, il faut tout de même un levier à la disposition des mains de l’Hercule. Un outil en plusieurs pièces, pour une fois merveilleusement agencées, Nicolas Batum, Boris Diaw, Nando de Colo, Joakim Noah, Ali Traoré, Charles Kahudi ou Florent Pietrus, sans oublier le modeste mais fieffé et entêté entraîneur, Vincent Collet.

Il reste, dimanche à partir de 19h30, un match à la bande à Parker pour se hisser au sommet de sa discipline. Comme la bande à Zidane de 1998, il lui reste le temps d’une soirée d’été pour infléchir le destin, le forcer, le tordre et en faire un beau moment d’Histoire. Comme les Bleus de Zidane qui défièrent le Brésil de Ronaldo, l’adversaire est un autre géant, l’Espagne de Pau Gasol. Tony, as-tu du coeur ?

Les Bleus de Parker font sortir la Grèce de l’Euro…

On pensait ce jeudi que la Grèce allait rester dans l’Euro et la France en sortir. Les réserves hellènes semblaient miraculeusement reconstituées et la Banque de France affichait un déficit terrible. C’était à l’heure de la réunion finale, du début du dernier quart-temps (45-40 pour les Grecs) de ce quart de finale étouffant…

Et puis, la décision s’est faite, soudaine, emballante, et a libéré les marchés. Tony Parker, un des membres les plus influents du monde de la finance du basket mondial a sorti ses armes fatales. D’abord par une interception achetée à terme. Gonflé dans cette ambiance de rares liquidités… Et puis, trois shoots dans la raquette à un million d’euros chacun et deux tirs derrière la ligne de valeur toujours pas cotée à Wall Street…

De Colo, trader vedette, Parker comme Warren Buffet…

Nando de Colo, un meneur qui devrait rapidement trouver des financiers pour son introduction au Nasdaq, n’était pas en reste. Le garçon avait été le seul à ne pas lâcher l’affaire depuis le début d’une séance étouffante et tenu à peu près à flot le cours de l’action Bleue. De Colo, donc, et Parker, le nouveau Warren Buffett des parquets, et les autres, Batum, Kahudi, Noah… revenaient dans la course au rebond technique. Jusqu’à ce que les agences de notation finissent par rendre leur triple A à la France… D’une courte marge, 64 à 56. Ouf !

Quelle panique dans les salles de marché ces jours-ci…

Diaw, Batum, Gelabale : l’Enfer, c’est vous…

Que j’aimerais voir nos Bleus gagner quelque chose un jour. Ou qu’au moins ils meurent sans regrets. Tant de promesses, tant de flammes, tant de coins de ciels bleus évanouis dans les limbes du néant depuis des années et des années… c’est comme si l’on nous condamnait, et eux les premiers, à l’Enfer éternel !

Mais quand je vois comme dans leur match contre l’Italie nos grands coqs revenir du diable et l’emporter avec un si  – éphémère – beau déchaînement de force, de félinité et de talent réunis, je ne crains plus Lucifer. Eux-non plus sans doute, les Boris Diaw, Nicolas Batum ou Mickael Gelabale, ces incroyables artistes des raquettes. Ils ne peuvent pas ne pas avoir conscience de leur potentiel, c’est impossible. Même un enfant surdoué se contemple dans le miroir. Mais comment les convaincre totalement, définitivement, qu’ils sont capables d’enfanter un chef d’oeuvre, un seul ?

Sans Parker, les apôtres Diaw, Batum et Gelabale mettent du temps pour trouver le chemin du ciel…

Ce dimanche, l’équipe de France a mis trois fois dix minutes pour comprendre que Tony Parker son soliste de génie, son Michel-Ange, avait pour une fois l’inspiration en berne. Sans le soleil, on n’aperçoit que des ombres effrayantes. Trois quart-temps de cogitation, de tergiversation, d’approximation… Et me voilà qui replonge dans la Divine Comédie et les affreux gardiens de l’Enfer, Belinelli, Bargnani, Galinelli, des monstres à flèches venimeuses…

… Et Diaw, Batum, Gelabale ou même leurs photocopies, Pietrus, Traoré ou l’improbable Tchicamboud, sont enfin sortis de leur peau dans le dernier quart-temps. Que leur dire pour qu’ils brisent maintenant toutes leurs chaînes, qu’ils trouvent le chemin de leur Purgatoire ?… Peut-être leur souffler que l’Enfer, c’est eux…