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L’audience, M’sieur Fernand, l’audience…

« La télé, m’sieur Fernand, la télé », se désolait madame Mado à Lino Ventura dans les Tontons Flingueurs pour se plaindre de la désaffection des « furtifs du dimanche » dans ses maisons de divertissements !

Pour la truculente mère maquerelle, c’était la télé qui était la mère de tous ses maux. C’était vrai il y a un demi-siècle, et ça l’est toujours, chère madame, comme l’appelait aimablement Fernand-Lino… Mais c’est aussi l’inverse. On pourrait tout aussi bien dire « l’audience m’sieur Fernand, l’audience »…

De l’audience, y en a plus. En sport surtout s’entend. Les vingt millions d’audimat, c’est fini. Les dix millions aussi. Oubliés les records de la glorieuse époque de « Zidane 1998« . Et ça n’est pas étonnant. La télé s’est tirée tellement de balles dans ses pieds et dans ceux des autres que le brave téléspectateur du dimanche et de la semaine en a ras le maillot floqué.

TF1 elle-même, le plus puissant media européen, lâche l’affaire. Terminé le foot, terminée la F1, ses joyaux du 20e siècle. Pas « rentables ». Moins en tout cas que The Voice et peut-être prochainement Splash, le nouveau divertissement qui doit attirer un maximum de quotients intellectuels négatifs.

Eh oui. Il n’y a plus de visibilité mes pauvres amis. Canal plus s’est noyé dans ses océans de droits de la Ligue 1. Le match du dimanche, malgré de délirantes et risibles auto-réclames, ça n’est plus ce que c’était. C’est de l’ennui, de la tactique en béton. Et de toute façon, il n’y a plus qu’une équipe sur les terrains. On veut dire une seule équipe rentable, le Paris Saint-Germain et ses immenses vapeurs de gaz qatari. Et Canal se tourne, on ne sait pas trop pourquoi (si, on sait, pour faire suer le burnous de l’intrus BeinSport…), vers la (très et interminable) ronflante Formule 1. Echec assuré bien entendu, mais quand on peut piquer un marché, c’est le plus important. Et il faut bien faire vivre une rédaction pléthorique, quitte à perdre du pognon à flots… L’Auto, M’sieur Fernand, l’Auto…

Beckham en tribune est bien plus rentable que des championnes du monde de ski !

Hier et avant-hier, au lieu des gros plans de la marchandise David Beckham en tribune à Valence, on a eu droit à un vrai spectacle sur écran, grandiose, et produit par deux petites et formidables Françaises, Marion Rolland et Tessa Worley, championnes du monde respectivement de descente et de géant. Eurosport, accordons-lui quand même le grand mérite de retransmettre le ski à perte depuis vingt ans, n’a même pas publié les chiffres d’audience. Sans doute pour ne pas se fouetter publiquement d’un audimat médiatiquement incorrect de quelques malheureuses dizaines de milliers d’âmes.

Faut dire que c’était en pleine journée, en pleine semaine, et que les deux championnes sont inintéressantes au possibles. Pas de pub en maillot de bain, pas de sorties en boite de nuit, pas de fiancé tatoué, pas de pognon sur leur compte et pas un seul scandale dans les journaux. Des sportives beaucoup trop normales, beaucoup trop travailleuses et beaucoup trop saines…

Worley: Comment on a tassé Tessa…

Ah, ces bilans de fin d’année que les medias ont le chic de dévoiler une, deux, voire trois semaines ou même parfois jusqu’à un mois avant le 31 décembre à minuit. Eh oui, l’heure c’est l’heure. Et puisque l’encre des journaux n’est pas magique, Tessa Worley, la meilleure skieuse française de l’année 2010 et probablement la meilleure géantiste mondiale du moment n’apparait même pas au bilan des meilleurs sportifs tricolores de l’année !

Merde alors. Bon, elle n’a pas d’excuses, c’est vrai, Tessa Worley. Elle a bien skié, en hiver, en plein coeur de la saison de ski !  Manque de pot, son troisième succès d’affilée dans un géant de Coupe du monde survient en pleine trêve des confiseurs. Tous les journalistes et experts sont déjà en vacances. Le pire, c’est qu’ils sont peut-être en train de se taper un vin chaud dans un chalet du Grand-Bornand, la station de la prodige (1,58m).

Papa Aussie, Tonton flingueur !

Alors, je vous fais l’article à leur place. Elle est mignonne notre teenager. Une bouille à la France Gall, un bon petit bagout, du charme et pas frimeuse. De la personnalité, juste comme il faut, et un zeste d’histoire personnelle qui appartient à ces nouveaux citoyens du monde aux frontières de plus en plus réduites. Elle est française notre nouvelle reine du ski, mais pas complètement. Son père est australien et elle a vécu ses jeunes années en Nouvelle-Zélande. Elle parle pas mal l’Anglais, donc, et les télés étrangères vont donc commencer à se l’arracher.Pour pimenter le tout, son oncle (le frangin de la mère), un peu conseiller et pas mal gourou de la nièce prodige, a longtemps irrité la Fédération française, naturellement très possessive dès qu’il s’agit de conserver une pépite. Le Raspoutine s’est finalement fait éjecter et Tessa s’en est visiblement parfaitement accommodée.Bon, bilan du et des bilans (les mauvais et les faux), Tessa Worley n’existe pas dans les palmarès de 2010 (même pas dans les trente du « Champion des Champions » de L’Équipe). Je me comprends et vous m’avez compris. C’est ubuesque. Tout ça à cause d’une science raccourcie du calendrier des rédacteurs en chef, incapables d’attendre au moins le réveillon pour nous annoncer les classements, les vrais. Moi, je la place haut, très haut, Tessa. Et pas la peine qu’elle se grandisse…