Crucifié sur l’autel de la justice des hommes de l’ovalie. Sébastien Chabal a été ce 12 mai 2011 cloué vivant sur une croix que Marc Lièvremont avait commencé de lui façonner la veille. Le sportif préféré des Français est, en vingt-quatre heures, devenu le plus décrié, le plus controversé de sa discipline. Et finalement sacrifié. On a été jusqu’à lui retirer son terrain de jeu…
Chabal n’ira pas à la Coupe du monde, le sélectionneur le lui a « confié » au téléphone puis l’a annoncé au monde entier : « On l’a jugé su ses performances sportives« , a asséné Lièvremont sans émotion apparente. Et Chabal ne jouera même pas l’actuelle fin de saison avec son club du Racing-Metro 92, qualifié pour les demi-finales du Top 14, la Commission de la discipline de la FFR l’en a privé en le suspendant soixante jours pour « atteinte aux intérêts supérieurs du rugby« .
Chabal doit se demander : « Mais quel péché ai-je commis pour mériter ça » ?
« Mais quel péché ai-je commis pour mériter ça », doit-il se lamenter ? Dans son livre, « Ma petite étoile« , paru quelques jours avant les heures fatales, il y répond sans doute inconsciemment. Chabal avoue dans un curieux constat qu’il n’a jamais voulu ni même désiré sa célébrité, née brutalement en 2007 d’un double plaquage médiatisé à l’extrême sur les Néo-Zélandais Masoe et Williams, et que surtout tout lui est ensuite tombé dessus, sans qu’il ne puisse rien contrôler. On le croit sincèrement. Ce qu’on ne croit pas, c’est qu’il explique dans cette même autobiographie n’avoir pas non plus fait monter la sauce médiatique. Et que, par exemple, sa barbe et ses cheveux, sur lesquels il revient à de nombreuses reprises, ont poussé par… flemme d’aller chez le coiffeur !Ce peut paraître démentiel, mais l’icône du rugby français dit sans le dire dans plusieurs des chapitres de son pensum que l’intérêt du public s’est démesurément focalisé sur sa pilosité au moins autant que sur ses charges de bélier. Et que sa gloire a fini par en dépendre, presque exclusivement. Le péché commence à poindre… Parce que péché, et si péché il y a, c’est celui-là : Chabal affirme supporter avec les pires difficultés son statut de star, mais il raconte lui-même qu’il a embauché un conseiller en communication, créé un site internet, un compte twitter, accepté sans broncher sa statue de cire au Musée Grévin, vendu son image aux publicitaires qui lui ont fait signer une clause… d’interdiction de rasage !
Lièvremont et ses conseils en communication l’ont fait plonger
Du coup, et malgré une communication ciselée au couteau depuis trois ans, une faute s’est glissée dans le plan, deux même.
Marc Lièvremont l’a indiquée en creux l’autre jour par l’une de ses phrases dictées par son inconscient « Je ne lui ai sans doute pas rendu service en le prenant pour le dernier Tournoi des VI Nations« . Ce qui voulait dire, « il ne méritait pas sa place, il ne jouait pas bien et était en plus souffrant, j’ai cédé à certains qui le voulaient en équipe de France pour son rôle d’attraction médiatique« . Et Chabal l’hiver dernier, pas vraiment par sa faute, a été moins « Caveman » que d’habitude. Malade et probablement pas dans son assiette, il s’est grillé, contre son gré en quelque sorte, auprès de l’entraîneur national et de son staff, des observateurs et d’une partie de ses admirateurs.
Être le champion des écrans a fini par se retourner contre vous. Les spécialistes de la « Comm » qui vous coachent, Monsieur Chabal, vous ont si étriqué dans vos paroles et actes que, contrairement à la « vie simple » de vos jeunes années que vous rêvez de retrouver, vous vous êtes brouillé avec vous-même que vous avez fini par confondre avec votre effigie de cire ou de papier. En conséquence, le faux pas verbal médiatique de trop était inéluctable et vos paroles au JDD (« Les arbitres sont nuls ») ont constitué une deuxième faute, synonyme de carton rouge.Maintenant, est-il donc si important que vous disparaissiez, temporairement (Chabal a fait appel de sa suspension), du paysage électronique ? Je pense que non. Il y a à l’intérieur de vos cellules un évident surcroit d’énergie vitale que vous allez mettre -enfin- au repos pendant un ou deux mois. Votre suspension s’achèvera en juin ou en juillet et vous avez accepté d’arbitrer des matches de jeunes et d’assister à une formation sur l’arbitrage, comme on vous le suggérait par ces « travaux d’intérêt général » et alléger ainsi de moitié votre peine. De quoi réfléchir sur tout et sur moins. Sans twitter ou blogguer. Il sera temps de dérouler ces deux ou trois prochaines années, comme vous dites, une belle fin de carrière. Rasé de près et coiffé court.