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Marion Bartoli impératrice

Elle est d’origine corse, fière, mâche rarement ses mots et voit désespérément lui fuir depuis des années un amour qui semble, dans l’opinion publique tout du moins, lui manquer… Combien de fois, Marion Bartoli s’est dressée sur ses ergots pour fustiger les critiques dont le niveau de décibels couvrait le plus souvent les notes harmonieuses de son palmarès, et qui pourraient pourquoi pas se transformer en symphonie fantastique depuis sa qualification ce mardi pour les demi-finales de Roland-Garros ?…

La fille de Walter, son géniteur, mentor, entraîneur et inséparable compagnon de vie, passe beaucoup de temps sur les courts, plus sans doute que personne au monde, exactement 450 heures par an, selon les calculs du papa, le premier à la motiver dans ses rares moments de doute. Elle ne s’entraîne pas, elle se tue au travail pour améliorer ses coups. Mais autant la numéro 1 française est une perfectionniste maladive de l’effort d’apprivoisement de la balle, autant Marion dédaigne le reste.L’ex-finaliste de Wimbledon ne fonctionne pas comme beaucoup de ses consœurs. Son obsession ne consiste pas à décrocher des prix de beauté mais des Coupes. Quitte à égratigner les standards esthétiques ou comportementaux dont certains publics raffolent et que certaines joueuses savent manier sans complexe. Marion ne revêt pas sur les courts comme les sœurs Williams de tenues évanescentes en latex rose. Et ne distille pas plus de propos convenus ou hypocritement attendus.

Le malentendu perdure entre l’altière Bartoli et un monde du tennis friand de superficiel…

De là, un malentendu perpétuel. Entre elle et son milieu, elle et le public, elle et les journalistes. Ses formes arrondies, ses tics, son franc-parler et sa morgue apparente en ont fait le souffre-douleur des critiques amateurs ou professionnels. Marion refuse des sponsors les robes sexy toutes faites en leur préférant de plus fonctionnelles de sa confection personnelle, s’insurge quand on lui refuse la présence de son père en Fed Cup, vit en vase clos tout en s’irritant qu’on ne lui accorde qu’une place seconde dans les medias tandis que les bimbos attirent attirent autographes, vivas et pages people.Marion, votre petit nez charmant, vos cheveux de braise et votre air mutin vont trouver preneur. D’ailleurs, si Roland-Garros avait lieu sur l’Île de beauté, vous coifferiez la couronne d’impératrice.

Nouveaux stades, on nous ment !

C’est le serpent de mer français. Les stades ont toujours chez nous été l’objet de discussions sans fin et le plus souvent stériles. Récemment, et après l’affaire du nouveau Jean-Bouin, ce sont les Fédérations Françaises de tennis et de rugby qui s’y mettent. Roland Garros, malgré des centaines de millions d’euros de rénovation depuis trente ans, ne convient plus à ces messieurs de la FFT. Pas plus que le Stade de France à ceux de l’ovale.

Il y a de quoi rigoler. Ou plutôt de pleurer devant les arguments avancés dans les deux cas. On nous dit du côté de la Porte d’Auteuil que la place n’est plus suffisante, qu’il faudrait des courts supplémentaires, un toit… et qu’il ne serait pas question d’argent dans tout ça (« que l’économie n’est pas un but en soi mais un moyen, dixit Gilbert Ysern, le directeur général de la FFT. Ce n’est pas qu’un effet de style de dire ça. Nous ne sommes pas dans une logique de rentabilité ») Je vais vous la dire, moi, la « logique », c’est que la Fédération sait parfaitement comment mettre la pression pour rentabiliser encore plus son bon vieux Roland, sa poule aux œufs d’or, qui lui ramène déjà des dizaines de millions d’euros par an et entretient grassement ses salariés depuis longtemps.Quand une telle pépite peut ramener encore davantage, il ne faut pas se gêner. Quelle que soit la solution trouvée pour l’avenir (Versailles, Gonesse ou toujours Roland, mais en plus vaste), il y aura presque un doublement des spectateurs en plus chaque quinzaine de fin mai-début juin pour le tournoi du Grand Chelem français. Et, partant, une colonne bénéficiaire largement accrue sur le bilan du trésorier. Donc, comme d’habitude, tous les lobbies de pression se mettent en marche (entre autres comme les députés UMP retournés par Nicolas Sarkozy, lui-même convaincu par… Bertrand Delanoë) mis en route par une Fédération habile à faire monter la sauce à droite ou à gauche. Comme vers la ville de Paris et son maire qu’elle menace sans le dire de quitter mais dont elle a forcément besoin pour mettre au pas les innombrables empêcheurs d’extension (écologistes, riverains, défenseurs des oiseaux du Bois de Boulogne…) au cas où elle resterait en place… Du coup Bertrand Delanoë fait l’effarouché et ne veut pas, évidemment pas pour des raisons électorales, que, après les Jeux Olympiques, Roland Garros dise adieu à la Ville lumière…

Et voilà que la FFR nous fait un sketch un peu similaire. Quoique déjà assez ancien. Cette fois,on veut nous convaincre qu’il est vital que l’équipe de France ait son enceinte à elle. Elle a pourtant le Stade de France. Mais là aussi, il nous est dit que l’écrin de Saint-Denis n’est pas dédié au rugby, qu’il manque un toit… et patati et patata. Pourquoi ne pas dire la vérité, toute simple. Encore une fois, ce n’est certainement pas pour les beaux yeux de la mariée que la Fédération nous sert ce plat. Alors pourquoi ? Ne cherchez plus. La FFR paie trop cher la location du SDF depuis 1998. Elle ne retire pas de bénéfices des matches du XV de France, à l’instar de ce que réalise la RFU en Angleterre où Twickenham est son partenaire privilégié. Cette situation est parfaitement ubuesque. Le Stade de France, qui est pourtant le siège d’un grand nombre d’événements polyvalents, ne compte pas de club résident depuis sa construction. Et doit par conséquent facturer des prix de location exorbitants pour rester à l’équilibre financier. Tout ça par la faute d’un aberrant contrat de fonctionnement qui stipule que l’absence d’un club résident doit être compensée par le versement d’indemnités payées par l’État, et donc vous et moi…

Du coup, la FFR en a marre, assez justement d’ailleurs. Elle n’hésite pas à monter le ton en faisant monter au créneau Serge Blanco lui-même, qui affirme que la décision a été prise de faire construire un stade (quatre sites seraient prêts à l’accueillir, à Bondoufle, Massy, Marne-la-Vallée et Sénart) pour le modique prix de construction de six cent millions de francs ! Toujours le bras de fer… Je serais prêt à parier que le loyer du SDF va baisser dans les prochains mois et que les dirigeants de l’enceinte dyonisienne se montreront soudain plus compréhensifs…

A Roland, Nadal doit encore trouver à qui parler

Oui, Rafaël Nadal est un beau champion, un super champion même. Il écrase tout le reste de sa  génération sur terre battue comme seul Björn Borg l’avait fait.Je ne regrette qu’une chose, c’est qu’il soit justement seul sur terre. Si seul. Ilie Nastase avait qualifié Borg d’extra-terrestre à l’époque où le Suédois ne laissait même pas à ses opposants l’opportunité de lui faire seulement verser une goutte de sueur. Nadal est trente ans plus tard tout aussi supérieur. A son meilleur, personne ne peut lui résister. La différence entre lui et ses congénères est telle que dans les très rares cas où un importun ose le déranger, l’Espagnol trouve toujours le moyen de jouer un cran au-dessus.

C’est le propre des phénomènes. Ils n’évoluent pas dans les catégorie habituelles. Cette année, sur les courts en ocre, Nadal a disputé 22 matches et les a tous remportés. Il n’a concédé que deux sets mais presque par hasard, n’étant en réalité pas inquiété une seule seconde quant au résultat final. »Bravo, merci », pourrait-on dire à l’adresse du Majorquin, à l’image de Cédric Mourier, l’arbitre de la finale de ce Roland-Garros 2010, et qui a lâché sur sa chaise ces paroles étonnantes. C’était avant le dernier jeu de cette finale et le Français avait sans doute pour la première fois de sa carrière fait un commentaire « orienté » au micro, remerciant inconsciemment le public de faire la ola mais aussi peut-être Nadal de produire un tennis aussi inouï.Alors, que souhaiter de mieux qu’un joueur qui survole autant sa spécialité ? Incontestablement, un deuxième ! Que ne jouirait-on pas d’un spectacle qui nous offrirait de vrais duels grandioses. Le plus baroque, c’est que ce deuxième joueur existe. Et qu’il est sans doute plus magique encore que « Rafa ». Inutile de vous dire que cet autre génie du jeu est Roger Federer. Mais que, malheureusement, le Suisse n’a encore jamais réussi à donner sur terre la réplique attendue à son rival.

Par parenthèse, les deux ogres de notre temps ne parviennent pratiquement jamais à se hisser l’un contre l’autre à leur meilleur niveau au même moment. Ces temps de grâce pour les spectateurs et téléspectateurs, qui auraient logiquement dû se produire un bon nombre des vingt-et unes fois de leurs confrontations, ne sont nés qu’en deux occasions, à Miami en 2005 et à Wimbledon en 2008. Curieusement les Federer-Nadal ne font pas partie de la légende. Comme les Borg-McEnroe ou les Sampras-Agassi dont les affrontements atteignaient quasiment à tout coup au sublime.

Pour ce qui est de la terre, il ne manque donc à Nadal que quelqu’un à qui parler. Dans ce cas, je suis sûr qu’il saurait quoi dire…

Bleus, Roland-Garros, F1… c’est la chienlit !

Le général de Gaulle avait ressorti le mot du placard en 1968 au moment des événements de mai.  Pour désigner l’ambiance de l’époque, avec des petits étudiants à la tête un peu enflée qui se permettaient de vouloir lui dicter leur loi, il l’avait taxée de chienlit. Le grand Charles aurait tout aussi bien pu parler de bordel ou de foutoir. Mais il avait du vocabulaire, l’homme du 18 juin, et un brin de politesse à l’ancienne que, entre nous, on a tendance à voir se perdre.

Henry dans les 23, c’est du rattrapage…

Question bordel, donc, pour ne pas copier les bonnes manières du général, j’ai trouvé ce week-end que du côté du sport on s’en était approché. Chez les Bleus, par exemple, mon impression est que tout part a volo. Au point que je ne saurais même plus dire s’il y a un capitaine sur le navire. Pour le moment, c’est Patrice Evra. Par défaut bien sûr, puisque Thierry Henry est tout doucement en train de disparaître des écrans. Il aurait même dû, dit-on, ne pas figurer dans la liste des 23. C’est Le Parisien qui l’affirme. Mais la langue du défenseur de Manchester United est parfois trop pendue, et je ne serais pas étonné qu’on change encore le propriétaire du brassard. A une grosse semaine du début de la Coupe du monde, ça ferait encore un peu plus désordre, toujours pour rester poli…Et nos Bleus, question jeu, ça ne va pas mieux. Après avoir battu péniblement (2-1) le Costa Rica, où il y a moins de licenciés que dans notre 92, les hommes de Raymond Domenech ont failli se ramasser en Tunisie (1-1). Défense en vrac, milieu diesel et attaque transparente. Aucun progrès. Et c’était compliqué pourtant de ne pas en faire ! Bon, Raymond nous a tout expliqué. « C’était prévu »…Ce qui n’était pas si prévisible par contre, c’était le Waterloo à Roland-Garros. Pas un tricolore en deuxième semaine. Incroyable. On avait dans nos manches Tsonga, Monfils, Rezaï, Bartoli… Que des as. Je plaisante, c’est tous les ans la même chose, Roland c’est pour les étrangers. Ça, on ne peut pas nous reprocher le sens de l’hospitalité…

En F1, les pilotes ne jouent plus en équipe !

Mais le summum du pataquès a quand même été incontestablement atteint au Grand Prix de Turquie de F1. Du jamais vu à ce niveau de bêtise. Ah si, on se souvenait que Senna et Prost s’étaient à plusieurs reprises rentrés volontairement dedans alors qu’ils étaient tous les deux chez McLaren. Mais, là, à Istanbul, ce sont deux paires de fadas appartenant respectivement à Red Bull-Renault (Webber et Vettel) et à McLaren-Mercedes (Hamilton et Button) qui ont joué dans la même course aux plus cons (encore pardon pour le langage). Selon moi, ils ont bel et bien gagné.Pour le reste du grand bazar, il y aurait le vélo. Mais là, cela ne tient même plus du descriptible. Ivan Basso, ancien dopé repenti, gagne le Giro. Et Alejandro Valverde a été reconnu comme tricheur officiel par le TAS, qui a généralisé son interdiction de courir à tous les territoires de la planète. La foire à la seringue…

Cette année, Roland-Garros retient la nuit

Pour voir du grand spectacle avec du vrai suspense, plus besoin d’arriver Porte d’Auteuil à l’heure du déjeuner, ni même du goûter. Le grand chic serait plutôt cette année de se rendre à Roland-Garros après une bonne journée de boulot, à la nuit tombée.

Après le match de dingues entre Monfils et Fognini interrompu l’autre jour à 22 heures à l’horloge du stade, c’est celui, tout aussi fou, entre Aravane Rezaï et Nadia Petrova, qui a été arrêté à 7-7 dans la troisième manche, encore à la lueur des bougies. A croire que la proximité du crépuscule donne à ces messieurs et demoiselles des idées bizarres, des envies de prolonger les jours, des pulsions nocturnes incontrôlées.

Mercredi, Monfils avait sauvé deux balles de match contre Fognini alors que même les infra-rouges ne distinguaient plus que des formes ressemblant à des joueurs. Sur un court plus sombre qu’un tunnel, les spectateurs en avaient tout de même eu pour leur argent d’émotions. Entre 21h et 22 h, ils avaient vu, ou plutôt décelé en plissant leurs yeux, un petit Italien inconnu mais follement talentueux revenir du diable vauvert pour remonter au score un Français qu’ils avaient tellement encouragé que celui-ci en avait surmonté ses crampes. Du pur bonheur, rarement vu en plein jour.Et ce vendredi, le scénario s’est quasiment répété, avec cette fois deux actrices. Deux lucioles en fait. Commencé vers 18h45, le match n’en finissait toujours pas deux heures et demie plus tard. La Française et la Russe semblaient taper de mieux en mieux dans la balle, et de plus en plus fort, au fur et à mesure de l’imminence de la nuit. Dans une ambiance de night-club, Petrova sauvait d’abord trois balles de match à 5-4 contre elle. A la seule lueur des ampoules des loges du Philippe-Chatrier, Rezaï à son tour écartait vingt minutes plus tard trois balles de défaite… Le juge arbitre décidait enfin de mettre un terme à… ce nouveau jour le plus long.