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Bleus, Roland-Garros, F1… c’est la chienlit !

Le général de Gaulle avait ressorti le mot du placard en 1968 au moment des événements de mai.  Pour désigner l’ambiance de l’époque, avec des petits étudiants à la tête un peu enflée qui se permettaient de vouloir lui dicter leur loi, il l’avait taxée de chienlit. Le grand Charles aurait tout aussi bien pu parler de bordel ou de foutoir. Mais il avait du vocabulaire, l’homme du 18 juin, et un brin de politesse à l’ancienne que, entre nous, on a tendance à voir se perdre.

Henry dans les 23, c’est du rattrapage…

Question bordel, donc, pour ne pas copier les bonnes manières du général, j’ai trouvé ce week-end que du côté du sport on s’en était approché. Chez les Bleus, par exemple, mon impression est que tout part a volo. Au point que je ne saurais même plus dire s’il y a un capitaine sur le navire. Pour le moment, c’est Patrice Evra. Par défaut bien sûr, puisque Thierry Henry est tout doucement en train de disparaître des écrans. Il aurait même dû, dit-on, ne pas figurer dans la liste des 23. C’est Le Parisien qui l’affirme. Mais la langue du défenseur de Manchester United est parfois trop pendue, et je ne serais pas étonné qu’on change encore le propriétaire du brassard. A une grosse semaine du début de la Coupe du monde, ça ferait encore un peu plus désordre, toujours pour rester poli…Et nos Bleus, question jeu, ça ne va pas mieux. Après avoir battu péniblement (2-1) le Costa Rica, où il y a moins de licenciés que dans notre 92, les hommes de Raymond Domenech ont failli se ramasser en Tunisie (1-1). Défense en vrac, milieu diesel et attaque transparente. Aucun progrès. Et c’était compliqué pourtant de ne pas en faire ! Bon, Raymond nous a tout expliqué. « C’était prévu »…Ce qui n’était pas si prévisible par contre, c’était le Waterloo à Roland-Garros. Pas un tricolore en deuxième semaine. Incroyable. On avait dans nos manches Tsonga, Monfils, Rezaï, Bartoli… Que des as. Je plaisante, c’est tous les ans la même chose, Roland c’est pour les étrangers. Ça, on ne peut pas nous reprocher le sens de l’hospitalité…

En F1, les pilotes ne jouent plus en équipe !

Mais le summum du pataquès a quand même été incontestablement atteint au Grand Prix de Turquie de F1. Du jamais vu à ce niveau de bêtise. Ah si, on se souvenait que Senna et Prost s’étaient à plusieurs reprises rentrés volontairement dedans alors qu’ils étaient tous les deux chez McLaren. Mais, là, à Istanbul, ce sont deux paires de fadas appartenant respectivement à Red Bull-Renault (Webber et Vettel) et à McLaren-Mercedes (Hamilton et Button) qui ont joué dans la même course aux plus cons (encore pardon pour le langage). Selon moi, ils ont bel et bien gagné.Pour le reste du grand bazar, il y aurait le vélo. Mais là, cela ne tient même plus du descriptible. Ivan Basso, ancien dopé repenti, gagne le Giro. Et Alejandro Valverde a été reconnu comme tricheur officiel par le TAS, qui a généralisé son interdiction de courir à tous les territoires de la planète. La foire à la seringue…

Gasquet dans les mâchoires de Murray

A s’en arracher les cheveux, à s’en mordre les doigts, à en pleurer de rage.Pendant deux sets et demi, Richard Gasquet a joué le feu, a fait hurler de dépit et de dégoût Andy Murray. Des services de Playstation, des retours de coup droit aimantés par les lignes, et des revers… Des revers de rêve, les amis… A en faire pâlir de jalousie Roger Federer, Alex Corretja et Cédric Pioline réunis.Avec ce revers, j’ai vraiment cru qu’il allait gagner, Richard. Et en trois sets. Il avait tout donné, tout risqué, tout fait. C’était un beau, très beau spectacle. Le public du Suzanne-Lenglen en rugissait de bonheur. Comme au temps où Henri Leconte sortait de son bras gauche des coups insensés, venus de nulle part, ne figurant dans aucun des manuels du tennis.

Deux sets à zéro, un break… C’était fait. En face, Murray grimaçait, s’invectivait. Se flagellait même avec sa raquette. On en oubliait à cet instant que Gasquet venait de disputer, et gagner, dix matches en onze jours. Qu’il était sans doute à la limite. Que derrière ses prouesses se cachait un corps à la limite de la casse. Que les forces jetées en finale de Nice quarante-huit heures plus tôt pour renverser Fernando Verdasco en finale étaient de trop pour croire à un nouveau miracle.

Il y a dans des rencontres comme celle-là, entre des champions au talent si exacerbé mais parfois si fragile, un petit espace de temps pendant lequel tout peut basculer. Où la tête rappelle tout d’un coup à un bras ou à une jambe des douleurs oubliées. Comme une goutte de sang repérée dans l’océan à des kilomètres par un requin, le mal est immédiatement décelé quelques mètres de l’autre côté du filet. Il n’y a plus un adversaire, il y a une proie…Murray est un squale. Sans pitié. Et sa pitance est maintenant à portée de mâchoire. Gasquet est blessé, plus d’hésitation. D’autant que le scénario de Wimbledon 2008 est bien ancré dans un coin de sa tête. Le même, exactement, deux manches et un break pour l’autre, et une blessure qui se réveille… Que la bête meure…

Rezaï, aïe aïe aïe !

Le meilleur ou le pire des moments ? Incontestablement pas le meilleur.

Je ne voudrais surtout pas jouer les oiseaux de mauvais augure pour Aravane Rezaï. Mais pour un joueur ou une joueuse française, se faire remarquer par une performance de choix dans les jours qui précèdent Roland-Garros n’est jamais un gage de réussite porte d’Auteuil.

Inutile de refaire la liste, la litanie, des espoirs tricolores déçus sur les courts du plus célèbre tournoi de l’hexagone. Elle est quasiment interminable. Chaque année ou presque, un Français ou une Française est annoncé comme l’outsider numéro 1, appelé à un destin fabuleux, soulever le premier dimanche de juin le trophée du vainqueur au milieu du court Philippe-Chatrier.Et chaque fois, le soufflet retombe aussi vite qu’il est monté. Amélie Mauresmo, entre des dizaines d’autres exemples, en a été pendant une quinzaine de printemps, la plus tragique illustration.Les explications de ce noir tableau ont toutes été explorées. Pression, psychologie, public… Elles ne m’ont jamais convaincu tout à fait. Car, être battu par un adversaire me semble résulter d’un effet assez simple. On est moins bon que lui. Point.

Je souhaite donc à la petite Aravane de mieux jouer, sept fois de suite, que celles qui vont se trouver sur sa route. Mais il lui faudra, à la petite joueuse d’origine iranienne, commencer par le commencement. C’est à dire taper ses coups avant d’y penser. Finalement, si, il n’y a qu’une cause à la victoire ou à la défaite. C’est la tête.