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Gasquet ou comment se tuer par neuf balles de match

Neuf. Il a eu neuf occasions de tuer un match, Richard Gasquet, avant de le perdre. Et dans l’histoire du tennis, on ne se souvient d’un perdant plus pusillanime qu’en évoquant le nom de ce pauvre Kim Warwick en 1976 à Rome qui avait eu onze fois Adriano Panatta au bout de son fusil et qui n’avait pas trouvé le moyen de lui décocher une seule de ses onze munitions mortelles en plein corps ou cœur.

Richard Gasquet est un phénomène. Il promène depuis plus d’une décennie son incroyable talent un peu partout dans le monde. Il survole le plus souvent ses matches, sans effort apparent. Il n’est pas dedans, il est ailleurs. Dans l’air ou l’atmosphère, voire au-delà ou en-deçà. Et comme ces particules non élémentaires, on ne peut leur affubler de propriétés démontrées par les lois scientifiques. Un jour c’est oui, un autre c’est non. Une heure c’est le théorème de Pythagore, une autre c’est la théorie de la relativité restreinte…

Ce jeudi, le Biterrois de souche et romantique de coeur est parti de Londres et du temple du tennis sans se départir de son flegme pour le coup si britannique. Un jeune Australien au nom – Kyrgios – de poète de l’Antiquité venait pourtant de lui donner une leçon – la énième de sa maintenant plutôt longue carrière – de philosophie du jeu. Au cinquième set de leur deuxième tour à Wimbledon, le gamin prénommé de façon un peu plus moderne Nick, a sorti de sa panoplie une fin de match assez innommable. Pour le Français s’entend, qui a mené deux sets à zéro.

Neuf fois donc, le morveux a été au pied d’une montagne qu’en tennis on appelle une balle de match. Et sans jamais flancher, à chaque fois sur son service il est vrai, il a surmonté l’obstacle. A grands coups de service notamment, sept premières balles sur neuf, mais surtout en profitant de l’argile dont était constitué le fameux obstacle. Gasquet n’a jamais vraiment pris sa chance sur la demi-douzaine de retours qu’il a pu effectuer en ces instants cruciaux.

Et comme souvent en pareille situation de détresse, il s’en est pris à l’environnement, aux arbitres, à l’état du terrain, à la météo et aux conjonctures spatio-temporelles… Le match, à partir du moment où Richard 1er avait décidé qu’il ne pouvait plus le dompter avec son sceptre, ne méritait plus sa personne puisque les éléments, les dieux du tennis, n’en voulaient plus. Le manant Kyrgios n’avait plus qu’à ramasser la mise.

Pour consoler s’il en est besoin le perdant, on lui murmurera que perdre un match, ce n’est pas si grave, c’est même peau de balle.

Gasquet dans les mâchoires de Murray

A s’en arracher les cheveux, à s’en mordre les doigts, à en pleurer de rage.Pendant deux sets et demi, Richard Gasquet a joué le feu, a fait hurler de dépit et de dégoût Andy Murray. Des services de Playstation, des retours de coup droit aimantés par les lignes, et des revers… Des revers de rêve, les amis… A en faire pâlir de jalousie Roger Federer, Alex Corretja et Cédric Pioline réunis.Avec ce revers, j’ai vraiment cru qu’il allait gagner, Richard. Et en trois sets. Il avait tout donné, tout risqué, tout fait. C’était un beau, très beau spectacle. Le public du Suzanne-Lenglen en rugissait de bonheur. Comme au temps où Henri Leconte sortait de son bras gauche des coups insensés, venus de nulle part, ne figurant dans aucun des manuels du tennis.

Deux sets à zéro, un break… C’était fait. En face, Murray grimaçait, s’invectivait. Se flagellait même avec sa raquette. On en oubliait à cet instant que Gasquet venait de disputer, et gagner, dix matches en onze jours. Qu’il était sans doute à la limite. Que derrière ses prouesses se cachait un corps à la limite de la casse. Que les forces jetées en finale de Nice quarante-huit heures plus tôt pour renverser Fernando Verdasco en finale étaient de trop pour croire à un nouveau miracle.

Il y a dans des rencontres comme celle-là, entre des champions au talent si exacerbé mais parfois si fragile, un petit espace de temps pendant lequel tout peut basculer. Où la tête rappelle tout d’un coup à un bras ou à une jambe des douleurs oubliées. Comme une goutte de sang repérée dans l’océan à des kilomètres par un requin, le mal est immédiatement décelé quelques mètres de l’autre côté du filet. Il n’y a plus un adversaire, il y a une proie…Murray est un squale. Sans pitié. Et sa pitance est maintenant à portée de mâchoire. Gasquet est blessé, plus d’hésitation. D’autant que le scénario de Wimbledon 2008 est bien ancré dans un coin de sa tête. Le même, exactement, deux manches et un break pour l’autre, et une blessure qui se réveille… Que la bête meure…

Gasquet reprend le contrôle

Je ne crois pas me souvenir d’un Richard Gasquet aussi combattant. Même au temps de sa splendeur, le Bitterrois n’aurait probablement pas été chercher un match comme il l’a fait ce samedi à Nice. Et de surcroît, en finale, devant l’un des meilleurs joueurs de terre battue du monde, Fernando Verdasco.

Trois balles de 5-1 contre lui dans le dernier set… Gasquet, éprouvé, épuisé par sa semaine niçoise, pouvait à cet instant être quand même satisfait. Il craquait, mais au fond personne ne lui en voulait. Après un an de galères, l’ancien numéro 1 français avait prouvé en remportant ses neuf matches précédents (cinq au Challenger de Bordeaux et quatre sur la Côte d’Azur) qu’il était bien de retour.

Mais… Ce n’était sans doute pas suffisant pour lui. Il voulait plus. Dans sa tête, il lui revenait sans doute à l’instant de ces trois balles de 5-1 en faveur de l’Espagnol tout ce qu’il avait du traverser comme chemins d’épines pour redevenir ne serait-ce qu’un joueur de tennis. Il y a un an, il était suspendu après un contrôle positif à la cocaïne. La suite allait se jouer autant dans les magazines people que dans les gazettes sportives…

Fini le vice à Miami…

On avait alors descendu l’escalier de la gloire, tombant même très bas, à la cave en vérité. Dans des couloirs sombres, ceux des boites de nuit de Miami, où le joueur avait croisé quelques bimbos en mal de baisers à voler. C’est là, entre deux tournois, que Gasquet se serait fait inoculer le mal. Dans un verre ou sur le bout de ses lèvres, selon les versions des uns ou des unes. Le feuilleton médiatique s’était prolongé plusieurs mois. Et Gasquet, pour ce vice à Miami, en avait en substance pris plein la gueule… Il avait dû se replonger dans le « petit » circuit du tennis. Tournois du bout du monde, hôtels minables, matches sans ramasseurs, sans public et sans dollars. Pas vraiment du luxe pour l’ex-prodige du tennis français, ancien vainqueur du roi Roger Federer lui-même…

Mais, c’est souvent dans la difficulté que l’on retrouve ses valeurs, que l’on se retrouve soi-même. Alors, à 1-5 dans le troisième, Gasquet a certainement repensé à ces derniers mois, où il avait accumulé plus d’efforts que pendant toute sa carrière. Il n’en était plus à un près. Vingt minutes plus tard, il pouvait enfin lever les bras.

Et voici les vainqueurs …

Ce qui va suivre dans cet article est (presque) totalement péremptoire.

Je vous propose, quelques semaines ou mois à l’avance, de vous délivrer les issues absolument inéluctables de cette année sportive 2010. Le sport étant une science exacte, ce sera comme ça et pas autrement.

A tout seigneur tout honneur, le foot. Bordeaux conservera son titre même si ça ne sera pas facile. Laurent Blanc restera l’entraîneur des Girondins qui développent le meilleur jeu de l’hexagone. Pas fou, le Président restera leur entraîneur. Le temps ne presse pas pour lui d’aller se brûler les ailes ailleurs. L’Olympique Lyonnais remportera la Ligue des Champions le 22 mai à Madrid, là-même où les hommes de Claude Puel se sont enfin décomplexés de leur peur européenne. But vainqueur de… Govou. L’équipe de France passera péniblement le premier tour de la Coupe du monde et sera éliminée en huitièmes de finale d’une épreuve que s’adjugera l’Argentine de Lionel Messi. Le successeur de ce pauvre Raymond Domenech sera fin juin… Didier Deschamps. Ouf, les Bleus pourront regagner un maximum de temps perdu.

En tennis, Roger Federer deviendra le premier à réaliser le Grand Chelem depuis Rod Laver. Finis les palabres philosophico-masturbatoires (tel ou tel en 1879 ou en 1952 était le plus génial…) à deux balles, le plus grand joueur de tous les temps aura un prénom à la française. La France éliminée par l’Espagne en Coupe Davis. Richard Gasquet se fiance avec Anne-Victoire

En basket, les Lakers champions NBA. Là-bas, on connaît le scénario Parker (ouais…)

En rugby, doublé Top 14-Coupe d’Europe du Stade Toulousain. Guy Novès prend une année sabbatique.En cyclisme, victoire de Contador au Tour de France. Magnifique. On n’aura même pas contrôlé son passeport ! Vive l’UCI !

En golf, Tiger Woods fait le Grand Chelem… des actrices du X. Sa cure d’anti-addiction au sexe… « capote » lamentablement.

En natation, retour de Laure Manadou à la compétition à la fin de l’année, ses capacités pulmonaires s’étant considérablement améliorées.En F1, désolé pas de pronostic. Je sais seulement qu’on va s’emmerder grave, même avec Michael Schumacher.

Vivement les paris en ligne

J’avoue attendre impatiemment que les jeux soient enfin ouverts. Mais, messieurs les hommes politiques, ne faites pas les choses à moitié. Vous avez le devoir impérieux de nous permettre de jouer sur des événements vraiment intéressants, qui nous passionnent au plus profond de nous-mêmes.

Les questions que l’on soumettra au peuple chaque semaine devront être cruciales. Quelques exemples si le système était déjà en place:

Raymond Domenech tapera-t-il sur l’épaule de Karim Benzema mercredi lors de France-Autriche ?

– Le prochain jogging de Nicolas Sarkozy se fera-t-il avec son fils, Jean ?

Laure Manaudou prénommera-t-elle son futur enfant Mark, Alain, Michael, Kiki, Amaury Rachida ou Lolo ?

– La prochaine pub de Sébastien Chabal sera-t-elle pour Gillette, Tampax ou Smart ?

– Le prochain contrôle de Richard Gasquet révèlera-t-il des traces de: jus d’orange, d’aspirine ou d’herbes de provence ?

– Le prochain match de l’Angleterre sera-t-il retransmis sur: La chaîne histoire, XXL ou le circuit interne de la Sécurité Sociale ?