Pour voir du grand spectacle avec du vrai suspense, plus besoin d’arriver Porte d’Auteuil à l’heure du déjeuner, ni même du goûter. Le grand chic serait plutôt cette année de se rendre à Roland-Garros après une bonne journée de boulot, à la nuit tombée.
Après le match de dingues entre Monfils et Fognini interrompu l’autre jour à 22 heures à l’horloge du stade, c’est celui, tout aussi fou, entre Aravane Rezaï et Nadia Petrova, qui a été arrêté à 7-7 dans la troisième manche, encore à la lueur des bougies. A croire que la proximité du crépuscule donne à ces messieurs et demoiselles des idées bizarres, des envies de prolonger les jours, des pulsions nocturnes incontrôlées.
Mercredi, Monfils avait sauvé deux balles de match contre Fognini alors que même les infra-rouges ne distinguaient plus que des formes ressemblant à des joueurs. Sur un court plus sombre qu’un tunnel, les spectateurs en avaient tout de même eu pour leur argent d’émotions. Entre 21h et 22 h, ils avaient vu, ou plutôt décelé en plissant leurs yeux, un petit Italien inconnu mais follement talentueux revenir du diable vauvert pour remonter au score un Français qu’ils avaient tellement encouragé que celui-ci en avait surmonté ses crampes. Du pur bonheur, rarement vu en plein jour.Et ce vendredi, le scénario s’est quasiment répété, avec cette fois deux actrices. Deux lucioles en fait. Commencé vers 18h45, le match n’en finissait toujours pas deux heures et demie plus tard. La Française et la Russe semblaient taper de mieux en mieux dans la balle, et de plus en plus fort, au fur et à mesure de l’imminence de la nuit. Dans une ambiance de night-club, Petrova sauvait d’abord trois balles de match à 5-4 contre elle. A la seule lueur des ampoules des loges du Philippe-Chatrier, Rezaï à son tour écartait vingt minutes plus tard trois balles de défaite… Le juge arbitre décidait enfin de mettre un terme à… ce nouveau jour le plus long.