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Le Racing Métro et le monstre du Loch Ness…

Mener de vingt-quatre points en rugby c’est comme mener quatre à zéro en football ou 6-1, 6-2, 5-1 en tennis… C’est plié, terminé, c’est le sport, l’un a gagné et l’autre perdu… Vache de sport, vache de rugby et vaches d’Écossais d’Edimbourg qui n’ont pas perdu après avoir été menés de… vingt-quatre points par le Racing-Métro ce vendredi lors de la 2e journée de H-Cup…

44-20 à la 56e minute pour les Racingmen, et 48-47 au score final en faveur des Ecossais ! Un match de fous. N’importe quoi. A commencer par le stade, le vieux et mythique Murrayfield, réquisitionné pour l’occasion et à peu près vide, ou presque.

N’importe quoi, c’est ça. Les courants d’air de l’antique et gigantesque enceinte ont du chambouler les têtes de ces messieurs, les faire tourner, les enivrer. Onze essais, six pour les locaux (quatre de la 63e à la 76e !), cinq pour les Franciliens. Incongruité énorme et monumentale injure au rugby moderne, fait de défenses inversées, de plaquages d’enfer par centaines. Oui, n’importe quoi. On n’avait jamais vu dans le monde de l’ovalie, de Dublin à Perpignan, ou du Cap à Auckland en passant par Melbourne un scénario pareil.

Et pas plus d’observateur ne s’étaient manifestés depuis des années pour témoigner d’un fait aussi ahurissant qu’un geste de base capoté par… Juan Martin Hernandez, artiste incomparable du jeu. Mais El Mago l’a fait. Un drop de vingt mètres à peine, quasiment en face des poteaux, tenté – pour la gagne – à la dernière seconde de la rencontre, et finissant sa course en tire-bouchon à des lieues de sa cible…

N’importe quoi. Le Racing-Métro, en Ecosse, a vécu un moment spécial, insensé, un cauchemar, une illusion peut-être, une désillusion monstrueuse sans doute. Non loin des lacs des Highlands, une espèce de conte infernal, réel sans l’être, façon monstre du Loch Ness

Calendrier dieux du stade: Pénalité contre Jacky Lorenzetti

Alors là, je n’en reviens pas. On vient de remettre en cause le calendrier. Certes, pas l’officiel, le séculaire calendrier de l’envoyé de Dieu, le pape Grégoire VII (dit Grégorien), presque un demi-millénaire d’âge, mais l’autre, tout officiel et incontournable, celui des Dieux du stade et du rugby, dans toutes les bonnes librairies et sur toutes les tables basses depuis une décennie…

L’affaire est grave. Enfin, grave, pas complètement désespérée… Résumons, Jacky Lorenzetti, le président du Racing-Métro 92, s’associe à l’un de ses joueurs, Henry Chavancy, qui ne souhaite plus figurer dans le fameux « Calendrier des Dieux du Stade » version 2012, à paraître cette semaine et pour lequel il avait accepté de poser dans un premier temps. Dans un communiqué aux termes curieux, faussement humoristiques, Mr Lorenzetti pointe clairement sa différence des conceptions des valeurs de son sport avec Max Guazzini, son ancien collègue-président du Stade Français mais toujours concepteur artistique du calendrier des Apollons de l’ovalie…

Quelle mouche a donc piqué Lorenzetti ? Quel sentiment l’a poussé à employer des termes comme « Ces dieux du stade ne sont pas de notre panthéon » ou « Nous refusons que notre joueur s’embarque sur ce radeau en perdition… » Sans en rajouter dans l’ineptie sur des propos aussi ridicules, Mr Lorenzetti ne justifie en rien sa décision. Je crois qu’il n’a justement aucune raison valable de le faire. Pas la moindre.

Ce calendrier est depuis dix ans une bouffée d’air frais dans un rugby qui avait été enfermé des générations durant dans un carcan de machisme puant, de misérable virilité antique. Un rugbyman, ça avait des couilles. Une mêlée, c’était pas un truc de gonzesses. Bref, le rugby était une activité réservée aux mecs, aux vrais. Pas de place pour les « petites bites », et je passe sur le plus vulgaire… Voyez le genre… Tellement caricatural que les filles étaient interdites de match, de spectacle. Trop dur, trop de bleus, trop de bosses, trop de dessous de bras malodorants… Et Max est arrivé… Avec son cheval blanc et ses slips roses… Et son calendrier.

Monsieur Lorenzetti, soyez un « poil » plus tolérant…

Des gars « à poil », comme dit Lorenzetti… A poil, c’est vite dit. Ils sont carrément rasés, épilés, dépoilés plutôt, sur le papier glacé, nos rugbymen. Ça n’est peut-être pas le genre de Mr Lorenzetti. Soit. Et je l’avoue, pas le mien non plus. Mais c’est celui de la majorité de la gent féminine et sans doute d’une partie non négligeable de l’autre gent ! C’est comme ça, monsieur le président du Racing Métro, ça commence à faire du monde au balcon et ça ne fait de mal à personne… Alors, c’est vrai, j’en conviens, ce calendrier n’est probablement pas une entreprise totalement philanthropique. Mais qu’est-ce qui l’est authentiquement ? Je ne vous ferai pas l’article à ce sujet, à vous, un dieu du business…

En vous lisant, j’ai eu l’impression que l’on retournait plus de cent ans en arrière quand Paul Claudel clamait, repris par Jules Renard dans son fameux Journal, que « la tolérance, il y a des maisons pour ça… ». Rétro, rétrograde…

Non, Mr Lorenzetti, il faut vous retourner. Je ne vous demanderais pas de le faire avec une serviette enroulée en bas des hanches. Mais si vous pouviez reconsidérer votre position, prendre une pose, disons… un « poil » plus… langoureuse, je vous en serais gré…

Chabal, arbitre de l’inélégance

Il a fini par craquer. Sébastien Chabal, l’hercule des terrains, le roi de la popularité, le menhir de la pub et le chantre de la communication vient sans doute de subir le plaquage le plus sévère de sa carrière.

Ses propos livrés au JDD au sujet des arbitres du Top 14, qualifiés de « nuls », lui reviennent en pleine figure. La Ligue l’a d’abord cité à comparaître devant la commission de discipline mais c’est, surtout, sa mise à pied à titre conservatoire jusqu’au 11 mai (tiens, tiens, jour de l’annonce de la liste des 30 pour la Coupe du monde de Marc Lièvremont) qui va faire le plus de bruit.

Qu’a-t-il donc pu passer par la tête chevelue et barbue de l’icône du sport français pour taper aussi violemment sur plus, beaucoup plus, petit que lui ? Chabal est le sportif hexagonal le mieux conseillé et le plus affiné dans sa communication (blog, twitter) et pourtant il a commis un faux pas, peut-être fatal… Chabal, dont l’expression est – je l’ai pratiquée – assez sèche et pas vraiment langue de bois, s’était toujours jusque-là sorti d’affaire à son avantage. Je veux dire par là qu’il n’en est pas à son premier écart de langage, et que son image, si bien travaillée, l’avait en quelque sorte couvert aux yeux du grand public.

Les cinq lignes et demi consacrées aux arbitres dans le JDD* respirent la sincérité. Chabal pense ce qu’il dit contrairement à la plupart de ses interviews écrites et choisies (c’est à dire hors cadre de l’équipe de France), où les messages (de sympathie, d’humour…) sont subtilement introduits. D’habile message ou de savante ellipse, cette fois, il n’y en a pas eu. Les arbitres sont des zéros, ils ne sont pas professionnels, bref des moins que rien. Les éminences grises de Chabal étaient-elles en train de se dorer la pilule à Saint-Tropez durant ce week-end Pascal ? Toujours est-il que ces propos ne sont manifestement pas passées entre des mains expertes ou sous des yeux de professionnels de la communication chabalienne…

Donc, le Racing-Métro 92, qui s’est saigné financièrement pour enrôler la star mondiale de l’ovalie commerciale, n’a pas pu tourner autour du ballon et a décidé quarante huit heures après la ponte manquée de recaser sa poule aux œufs d’or dans son panier. Mise à pied conservatoire jusqu’au 11 mai. Soit quinze jours de mitard minimum en attendant la décision de la LNR. La sanction fera au moins manquer un match de Top 14, celui de la dernière journée de la saison régulière, contre le Stade Français, au nouvel arrivant du musée Grévin. Le Racing prend donc le risque de se priver de son plus beau placard publicitaire au cas où la Ligue sorte sa règle en fer, mais aussi et, surtout, de lui étaler une belle peau de banane sous les crampons avant la liste des appelés pour la Nouvelle-Zélande, dont il n’était déjà pas certain de faire partie.

Le Racing fustige plus une « communication mal avisée » que Chabal…

At last but not least, le communiqué du Racing, s’il prône la fermeté dans une certaine indulgence envers son barbu, est symptomatique de son époque. Le club, pour l’excuser en quelque sorte, va jusqu’à pointer une « communication mal avisée » de son troisième-ligne pour expliquer sa faute ! Mais qui communique ? Chabal et/ou le Racing, qui installe l’effigie de son emblème sur la page d’accueil de son site, sur la totalité de ses affiches et de manière générale à la une de l’ensemble des documents officiels du club (journal, présentation des matches…etc) ?

Bon courage, Sébastien. Bonne sortie de votre livre qui ne devrait pas vraiment pâtir de cette affaire (au fait, je me serais pas fait complètement avoir, moi ?). Et puis, et c’est sans doute le plus urgent, il vous faut rappeler toute votre petite troupe de Saint-Tropez… Ils vont avoir du boulot.*  « Je dis ce que je pense: les arbitres du Top 14 sont nuls. Ils me rendent fous. Il n’y en a que deux ou trois qui sont pros. Et encore, j’aimerais savoir ce qu’ils font vraiment. Les arbitres de touche ont un boulot la semaine, et ils sont tout content d’être là le week-end. Ils n’aident pas l’arbitre central et quand ils interviennent, c’est catastrophique. »

Juan Hernandez, c’est lumineux

Il est à part. Comme on dirait différent, original, singulier. Je pèse mes mots mais le rugby n’a peut-être jamais avant lui produit un talent aussi extraordinaire. Il faudrait dire en dehors de l’ordinaire car Juan Martin Hernandez ne fait rien comme les autres. Son drop après la sirène à Castres n’en est qu’une preuve supplémentaire, la première depuis son retour en France.

On l’avait un peu oublié après son départ du Stade Français à la fin de la saison 2008-2009. Avec quelques raisons, étant donné la distance équivalent à la moitié d’un méridien terrestre séparant Paris de Durban, mais aussi le peu de temps de jeu qu’il avait effectué aux Natal Sharks en raison de pépins de santé continuels. Et Juan Martin Hernandez est vite revenu, comme un symbole, là où il donne tout son éclat, dans la ville-lumière. Ou tout du moins pas très loin et en tout cas sur les bords de la Seine, à Colombes, au Racing-Métro 92. »El Mago« , comme il a été surnommé par ses compatriotes argentins, sait tout faire dans son sport. Et bien, très bien, parfois même encore mieux que ça. Il va jusqu’à tutoyer ceux que les profanes ne peuvent imaginer et appellent le génie, sans autre explication rationnelle. Ballon en main, ou au pied, Hernandez initie des mouvements et imprime des effets si peu communs qu’adversaires, spectateurs et même partenaires s’en perdent de réaction ou d’extase.Réinstallé en France depuis seulement quelques semaines, on attendait de l’arrière-centre-ouvreur qu’il sorte des lapins de son chapeau dès sa première (ré)apparition en Top 14 il y a quinze jours à Toulon ou la semaine dernière contre Clermont. On n’avait vu que quelques tours de prestidigitation avec, il faut l’avouer, des trucs un peu éventés. Normal. Houdini ne pouvait s’extraire de ses cages que les poignets et les chevilles dérouillées.A Pierre-Antoine, ce dimanche, Hernandez a visiblement retrouvé la plénitude de ses membres. Pendant quatre-vingt minutes, quatre pénalités, une transformation et quelques attitudes prometteuses. Et puis, le bruit de la sirène marquant la fin du match sur le score de 31-22 pour le CO. La fin pour vingt-neuf joueurs, pas pour le trentième. Hernandez, à 25 mètres en face des poteaux castrais, récupère la passe de son demi de mêlée Lorée. Une passe de maçon. Le ballon est injouable, Hernandez se retrouve dos au but avec un adversaire dans les pattes. L’Argentin exécute alors un demi-tour puis un pas de côté. Le coup du mystificateur. Tu me vois, tu ne me vois plus. Plus personne entre lui et les perches. Il arme son pied droit. Trois points. Les derniers du match (31-25) et celui, inespéré dix secondes plus tôt, du bonus défensif pour le Racing. Lumineux.

Clermont-Racing Métro 92, ça m’a botté !

Moi, j’en redemande des soirées comme ça.

Devant ma télé, hier soir, les doigts de pieds en éventail j’attendais le spectacle. Tranquille. Parce que parfois ça ne vient pas, la sauce se gâte.

D’abord, avec ce Clermont-Racing-Métro 92 en barrage du Top 14, j’ai assez vite pigé que ça se terminerait par un truc à la hauteur de mes espérances.

Certes, la première période n’a pas été folichonne, mais le score était serré à la pause (6-5 pour l’ASM) et on sentait qu’il y aurait au moins du suspense. La deuxième période confirme mon impression. Les Parisiens jouent bien et reprennent la tête. Ils sont même formidables ces Ciel et Blanc. Ils sont tout neufs dans ce Top 14 et ils en mettent plein la vue à ces vieux briscards d’Auvergnats. Ils vont gagner, j’en suis presque convaincu, quand François Steyn balance un drop d’une autre planète. Un coup de pompe de soixante mètres du Sud-Africain à la frimousse de poupon ! Phénoménal. Probablement le seul homme au monde à faire ça à répétition !

Les Clermontois me paraissent à genoux. Mais non, il y a chez eux un autre phénomène, un petit gars de rien du tout, Morgan Parra, qui est plus grand et costaud qu’il n’en a l’air. Dans sa tête en tout cas. Il supplante d’ailleurs Brock James, le buteur qui a perdu sa botte depuis un mois. Bien, très bien. Lui, il passe tout, même ce qui ne devrait peut-être pas passer, autrement dit une pénalité litigieuse accordée par l’arbitre. Clermont mène à nouveau. Alors, le Racing jette toutes ses forces dans la bataille, en y consommant un peu ses nerfs (Steyn plaque Rougerie à la gorge, pénalité réussie de Parra). La fin de match est haletante même si les Racingmen sont réduits à quatorze pour un carton jaune récolté par Dellape, là encore sur un décision contestable des arbitres. Dernière occasion pour les promus, qui échoue à quelques centimètres de la ligne… Les Parisiens sont aussi mauvais perdants que bons guerriers. Sébastien Chabal, après le match au micro de Canal +, s’en prend, en termes à peu près polis à l’arbitrage dont il juge le « niveau insuffisant ». Simon Mannix, l’adjoint de Pierre Berbizier, n’use pas, lui, d’une telle précaution de langage : « C’est dégueulasse, je suis déçu pour le rugby français », s’emporte-t-il. Enfin, Pierre Berbizier, le directeur sportif parisien, a carrément fait savoir devant la presse qu’il ne « respecterait plus M. Berdos », arbitre-assistant de la rencontre… Bah, pour une fois, je les comprends ces hommes-là, sans les excuser, d’employer des mots qui peuvent dépasser leur pensée. Ça fait du bien de se lâcher.Le match de rugby fini, hop sur Sport +. Et là mes amis, entre le Panathinaikos d’Athènes et le Partizan de Belgrade, la fin de match la plus stupéfiante que j’ai sans doute jamais vue. A Bercy, pour la deuxième demi-finale de l’Euroligue de basket, vous savez cette compétition où les clubs français sont absents ou allergiques, je ne sais pas… Un truc de fous ! Trois dernières minutes que je ne vous raconte même pas, des paniers de dingues des deux côtés… Je ne vous raconte donc pas. Les Grecs ont fini par s’en sortir après la prolongation. S’ils gagnent la finale dimanche, le retour au pays ne devrait pourtant pas être aussi joyeux que d’habitude, vu l’ambiance sociale, politique et financière là-bas… Ah, j’oubliais, c’était pas non plus la fête aux arbitres au Palais Omnisports. Je ne sais pas ce qu’il avait mangé ou bu, le Georges Eddy, mais il a pété les plombs. Toujours contre les directeurs de jeu : « Cet arbitrage… me fait gerber » a-t-il déversé dans son micro de commentateur au sujet d’une faute sifflée et qui selon lui n’aurait pas dû l’être !  Là, je pardonne moins. Un journaliste doit savoir rester neutre. C’est ce que je fais en permanence !

Nom de Dieu, comme on dit à Athènes, quelle soirée !