Stade Toulousain–Stade Français. Rien que l’évocation de ces deux appellations fait parler, causer, jaser. Et rend même certains un peu bêtes et méchants. Tiens, l’autre jour sur Twitter, quelqu’un a lancé sur le réseau que le fait de s’appeler « Stade Français » était déjà un signe de présomption ! J’ai eu beau répliquer que le nom du club parisien remontait à 1883, date de sa création par des étudiants en mal d’activité physique, qui se contentaient de se référer au « Stade » de l’Antiquité, et ne se rendaient certainement pas coupables d’un quelconque nationalisme mal placé en y accolant le mot « Français », je n’ai pas eu de réponse.De toute façon, la mission était impossible. Autant faire avaler du cassoulet à Max Guazzini ! Ah, mais me voilà à mon tour polémiste ! A dessein. D’abord parce que ça me délecte. Et ensuite parce que, convenez-en, ce quart de finale de Coupe d’Europe Toulouse-Paris, personne ou presque, et c’est dommage, n’en parle non plus au niveau du terrain. Ce match est, a été depuis pratiquement quinze ans, et restera longtemps comme une confrontation de « clochers ». Un affrontement de cultures. Une opposition d’idées. Une rencontre de personnalités, un combat de chefs. Qui de René Bouscatel ou de Max Guazzini a lancé le premier les hostilités à l’entournure des années 2000 ? Personnellement je m’en fous. Ces deux-là, je trouve, jouent bien leur rôle. Et ils ont bien travaillé. Pour leur club, et finalement pour les autres. Toulouse est la référence européenne du jeu, Paris est la référence européenne du nouveau rugby populaire. Tout le monde y a gagné.Mais curieusement cette semaine, la guerre psychologique d’avant-match n’a pas eu lieu. Guy Novès lui-même n’a déclenché comme à son habitude aucune arme sol-sol anti-Paris. Ce dernier, qui cumule il est vrai les emmerdements en tous genres cette saison, s’en est de son côté pris à la presse, stigmatisant un « lynchage médiatique », plutôt que de rajouter un des couplet vachards dont il a le secret en direction de l’adversaire. Je crois plus sûrement qu’il n’a pas digéré la biographie le concernant parue ces derniers jours.Pourquoi Toulouse et Paris sont-ils soudainement si sages l’un envers l’autre ? Les deux clans se sont recentrés sur l’essentiel, sans pour une fois s’éparpiller dans le superflu du verbe. Oui, je pense que ce coup-ci, l’enjeu est grand, plus grand qu’à l’accoutumée. Malgré le boulot accompli et les titres cumulés par l’un et par l’autre, un moment vient où les supporters, les actionnaires, les sponsors, s’impatientent. C’est la rançon de la gloire. Toulouse perd et c’est une saison qui sera bien difficile à sauver tant les Haut-Garonnais rament en Top 14. Des questions de fond, sur l’avenir, dans un club pourtant si attaché à la pérennité, pourraient même être soulevées. Si Paris s’incline, c’est le coup de massue supplémentaire, et dieu sait que le Stade Français en a pris cette année, celui qui peut assommer.Toutefois, je ne cède pas trop vite à la panique. Dimanche soir, le Stade Toulousain et le Stade Français auront gagné ou perdu. Un match.