De loin on dirait Yul Brynner dans les Sept Mercenaires. De près, ce serait plutôt Hannibal Lector dans le Silence des Agneaux. De toute façon, et comme ces deux horribles énergumènes, Kleper Laveran, alias Pepe sur les terrains de football, ne sourit jamais. Sauf après avoir commis l’un de ses forfaits, un tacle à la carotide ou un coup de coude dans l’oeil, comme par une sorte de jouissance animale.
On avait déjà vu au Real Madrid des personnages assez épouvantables, dressés pour l’élimination pure et simple de l’adversaire, du genre Sanchis et Camacho dans les années 1980 ou Hierro dans les années 1990. Ces gars-là ne faisaient pas dans la dentelle et encore moins la poésie. On les voyait de temps taper dans le ballon mais, en règle générale, c’était l’attaquant d’en face qui prenait leur pied dans la cheville, le genou ou la glotte et finissait le plus souvent à l’infirmerie.
Avec Pepe, le niveau de surveillance des surfaces de réparation madrilènes est encore monté d’un cran depuis quelque temps du côté de la Maison Blanche. La saison dernière, le Portugais avait à lui seul fait monter la température des Clasicos d’une bonne dizaine de degrés. Jusqu’à faire bouillir la marmite, couteau de chasse à la ceinture et Kalashnikov en bandoulière. En bon compatriote, l’entraîneur de Pepe, José Mourinho, avait défendu son tueur à gages, allant jusqu’à le faire passer pour un martyr, ne faisant selon lui que répondre aux ignobles intimidations des Barcelonais. La commission de discipline espagnole en avait bien rigolé – un peu jaune certes – et le Special One, mauvais perdant comme cochon, s’était fait remonter les bretelles et pris trois matches de suspension. En juste éducateur, et après réflexion, on s’était dit qu’il aurait remis les idées en place de son défenseur central…
Et dire qu’il y a la revanche Barcelone-Real dès mercredi, Pepe va cette fois tirer à balles réelles…
Mais, on ne se refait pas. Dès le premier match officiel de la nouvelle saison, encore un Real-Barcelone (2-2), ce dimanche à Santiago Bernabeu pour l’aller de la Super Coupe espagnole, Pepe a remis le couvert. Claques à gogo, semelles dans les tibias et tirs en plein corps. A la pointe de sa technique, celle de l’artisan boucher découpant son jarret pour ses meilleures clientes. Avec pour apogée une course de vingt mètres vers Dani Alves expressément entamée pour finalement adresser un magnifique croc en jambes et provoquer la désarticulation du défenseur Blaugrana… Bon, le dénommé Dani Alves, spécialiste lui-même du septième art, en a « légèrement » rajouté à l’instar de son explication assez similaire de l’an passé avec le même Pepe, mais tout de même… L’arbitre de la rencontre, certainement incommodé et passablement aveuglé par l’atmosphère hostile, n’a pas daigné dresser de procès-verbal au chauve sanguinaire…
Et dire qu’on est repartis pour un match retour dans trois jours, il faut prévenir sans tarder les médecins légistes catalans qu’ils vont avoir du travail…