Ras le short maintenant. Trente ans c’est trop long. C’est même inexplicable cette effrayante période de pénurie de champion français de tennis. Oui, qu’on nous explique une bonne fois pour toutes pourquoi Yannick Noah a été le dernier. Pourquoi tous les Leconte, Forget, Pioline et autres Boetsch ou Monfils sans parler de Gasquet ont tous échoué à lui succéder au palmarès de Roland-Garros.
Franchement, je crois qu’il y a un problème. On s’est trompé quelque part mais on ne veut pas nous en donner les raisons. Car c’est un drôle d’échec ce truc-là. On se voile la face et on se cache derrière les manches de raquette.
Depuis Noah, des masses de champions étrangers sont venus nous narguer, tout revers lifté ou passing gagnant dehors, et pas un Français n’est venu les titiller. Alors que notre Fédération est l’une des trois plus puissantes du monde. Et que notre antique nouveau stade de la Porte d’Auteuil est l’un des trois plus beaux de la planète, grâce à l’incroyable boulot réalisé il y a justement trois décennies par Philippe Chatrier dont le Central porte heureusement le nom.
La réalité est j’en suis convaincue tout autre. Ce n’est pas que l’on ne désire pas de vainqueur tricolore de Roland-Garros. Mais si on ne l’a pas pu, c’est parce qu’on ne l’a pas voulu… Nos édiles et membres de la Fédération n’ont cherché qu’à empiler les bénéfices et les prébendes. Ils y ont réussi. Bravo. Mais un Français vainqueur, ça ils ne l’ont pas voulu et évidemment pas obtenu. Ils se battent en permanence pour des présidences de région ou des places de sous-DTN mais pour dénicher et former un nouveau Noah, nenni !
Qu’on ne me dise pas que les Français n’ont pas de talent ou d’envie ou de chou. Ils n’en ont eu ni plus ni moins que les autres. Roger Federer était dans ses jeunes années un casseur de raquettes plutôt écervelé. Il est devenu le plus grand tennisman de tous les temps. On l’a aidé. Rafael Nadal n’a cessé de progresser depuis son premier sacre, en revers, au service, à la volée… On l’a canalisé, on l’a mis en condition.
Si Tsonga gagne Roland-Garros cette année, ce sera son triomphe à lui, comme Noah…
On nous dit aujourd’hui que Jo-Wilfried Tsonga est possiblement un Noah du XXIe siècle. J’y crois sans y croire. S’il réussit cette année je serai le plus heureux après lui. Car ce sera; c’est certain, exclusivement ou presque grâce à son seul mérite. Comme Yannick qui l’avait décidé j’en suis aussi certain, absolument seul. Par une volonté hors du commun. Et ce fut une sorte de miracle de cette volonté comme il n’en existe que peu, très peu.
S’il ne réussit pas ce 9 juin, qu’on lui donne les moyens à Jo pour atteindre son maximum, qu’il n’a pas atteint. Parce que aujourd’hui, croyez-vous que Nadal, Djokovic ou Federer sont ce qu’il sont sans les véritables entreprises qui les entourent et accompagnent partout ? On les applaudit partout ces gars-là. Les jeunes les adorent. Pas les Français.
Oui qu’un Français gagne Roland-Garros, c’est urgent.