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Lièvremont, star en chef d’antistars « sales gosses » !

Et si l’équipe de France en était une ? Une vraie, à quinze, à vingt-deux ou même à trente bonshommes de valeur et d’influence égale. Regardez bien, depuis le début de ce Mondial, on ne se focalise plus sur un seul, un Chabal en 2007 ou un Michalak en 2003. La star, ou du moins la vedette, c’est « Les Bleus ». D’ailleurs, si on les écoute et les observe bien ces Bleus, finalistes et donc de plus en plus potentiels vainqueurs de la Coupe du monde 2011, ils se planquent presque à plaisir.

« Moi une star ? Non merci, trop dur pour enfiler mon bonnet ou mes chaussettes… », voilà en creux la réponse que refilent invariablement aux journalistes nos chers et prudents « petits ». Pas sot ce style d’attitude, vu l’ambiance. Parce que vous me direz, pas de quoi jusque-là se gargariser ou de se moucher du coude. La finale, oui, mais pour le reste, la brillance, le Flair, le 14 juillet, on devra repasser…

Mais franchement, entre nous, ils ne sont pas crâneurs les Vincent Clerc, Morgan Parra, Maxime Médard, Julien Bonnaire, Thierry Dusautoir ou Dimitri Yachvili, tous plutôt gâtés par la nature et chouchoutés par les fées de l’ovalie. Ils ont de surcroît bouffé les rosbeefs et déterré le Poireau. Pas rien mais, vous me rétorquerez, ça ne vaut toujours pas un trois étoiles au Marcel-Michelin…

Des « sales gosses » comme ceux de Marc Lièvremont, on en entraînerait bien trois ou quatre douzaines par jour…

Donc, on ne les a pas encore vus déchirer leur maillot, comme Sonny Bill Williams, ou jouer les faux durs comme Quade Cooper, ou humilier une femme de chambre comme trois gros imbéciles d’Anglais ou encore se plaindre des arbitres, de la pluie, des ballons ou de la méchante presse… Non. De rage après une performance aussi minable contre les Tonguiens ou aussi grise contre les Gallois, ils se sont juste murgés. A leur hôtel, c’est près du lit, et à la bière, c’est sans faux col…

Alors, il est gentil, Marc Lièvremont, mais des « sales gosses » comme ça, j’en entraînerais bien trois ou quatre douzaines par jour !  Ah, « c’était de l’humour« , a vite rectifié le sélectionneur le plus « poilant » du rugby mondial. Bon. Dont acte. En fait d’acte, ce sera dans six jours le dernier du sélectionneur. Le plus beau, ou… Tenez, puisqu’on parle déjà de bilan, ces quatre ans de mandat de Lièvremont, je les regrette déjà. De bonnes blagues en mauvais mots d’esprit et de matches de dingues en parties de baltringues, on s’est bien bidonnés en suivant les aventures de la bande à Lièvremont, où la star, jusqu’à dimanche, c’est lui ! Lundi, ce sera une autre histoire…

Parra : Marc fait le pari de Pascal…

C’est LE match. Attendu depuis près de trois ans, depuis le tirage au sort de cette Coupe du monde. Par la Nouvelle-Zélande, par la France et par sans doute tout le monde. Plus qu’un match, d’ailleurs. Rien que son appellation « France-All Blacks » fait naître la chair de poule.

Le quinze tricolore dont les poils se dresseront donc sur ses trente bras samedi à la seconde du coup d’envoi à l’Eden Park d’Auckland (à 20h30 heure locale et 10h30 heure française) sera ainsi confronté au plus terrible défi qui soit. Deux des bras en question seront ceux de Morgan Parra, la surprise du chef Marc Lièvremont. Car le Parra en question évoluera au poste d’ouvreur. Et Parra n’est pas un ouvreur…

Oui, face aux géants noirs, aux Hercules d’ébène, aux monstres de la nuit, se tiendra un petit bonhomme bleu (ou blanc) qui n’a jamais porté le numéro 10 de sa vie, à très haut niveau s’entend. C’est le choix de Marc, l’homme aux idées lumineuses. Je n’y comprends rien ou pas grand chose. Et cela n’a pas grande importance, étant donné mon influence sur la composition de l’équipe de France.

Face aux monumentaux Blacks, Morgan Parra… normal !

Cela ressemble quand même au pari de la décennie, presque au pari du siècle, et tant qu’on y est, à celui de Pascal. Oui, celui des Pensées… Vous savez, ce pari sur l’existence divine. Le génial Blaise Pascal tentait de nous convaincre que nous, misérables païens de l’espèce humaine, n’avions rien à perdre à croire en un dieu créateur et universel. Pascal, inventeur de la science statistique, et donc quelque part du loto et des sites de paris en ligne, aurait pu, c’est certain, se trouver cette semaine à Auckland auprès de Lièvremont…

Oui, pourquoi pas ? Pourquoi pas Parra et pas Trinh-Duc ou Traille ou Doussain, trois ouvreurs de métier ou ayant déjà rempli cette tâche ô combien essentielle ?  Le sélectionneur l’a expliqué ce lundi soir (matin pour lui): Parra le numéro 9 est meilleur en numéro 10 que le numéro 10 numéro 1 ! C’est clair, c’est mathématique, c’est statistique, c’est Pascalien… Allez comprendre !

Brock James, tant de bonheur, est-ce possible ?

On en avait vu des beaux matches de rugby ces dernières années, mais celui-là…

Tout, on  a tout vu dans cette demi-finale du Top 14 entre Clermont et Toulon, jouée à Geoffroy-Guichard, l’enceinte à qui il ne manquait plus qu’un match de rugby d’anthologie pour mériter complètement sa réputation de stade  de légende.

Pour faire d’une rencontre un événement inoubliable il faut inévitablement être deux. Et elles furent bien deux, l’ASM et le RCT. Deux équipes aussi motivées, aussi acharnées, aussi joueuses l’une que l’autre. Le résultat final n’a en conséquence tenu à pas grand chose. Et même à rien, a-t-on coutume de dire en sport. Et ce rien, paradoxalement, fait tout.

D’ailleurs, s’il ne fallait ne retenir qu’un fait, un seul, de cette furieuse et à la fois magnifique « bataille » de Saint-Etienne, je m’arrêterais à cette action de la 92e minute, dans la deuxième partie de la prolongation.

Les Jaunards ne menaient que de trois petits points, ne songeaient pas un instant à faire les fiers. Ils avaient déjà vu les hommes de Philippe Saint-André leur opposer tant de résistance, tant de rage, bref tant d’âme, pour rester dans la partie qu’ils ne pensaient pratiquement plus qu’à une chose, conserver leur avantage. A tout prix. Quitte à franchir les flammes de l’enfer, à en perdre souffle et conscience. Et c’était à cette limite que s’était déjà avancé Morgan Parra, l’un des héros de cette partie titanesque. Le demi de mêlée de l’équipe de France, une nouvelle fois formidable d’audace et de précision (quatre pénalités, dont deux de 50 m, et une transformation), avait carrément été mis k.o. sur un choc de tête, et était sorti avant les vingt minutes de la prolongation.

Pour en arriver là, le RCT avait refait dans les cinq dernières minutes du temps réglementaire un retard de dix points ! De rage et de revanche réunies. Car, quelques instants auparavant, l’essai auvergnat de Zirakashvili accordé par l’arbitre n’était pas valable,  la vidéo passant sur les écrans du stade prouvant clairement aux joueurs et aux spectateurs (et à l’arbitre !) que le ballon avait clairement échappé au Georgien !

92e minute, donc. Le ballon part du pied de Jonny Wilkinson, également l’un des formidables acteurs de cette représentation inoubliable (auteur de la pénalité de l’égalisation à la 77e minute), et atterrit dans les mains de Brock James. A cet instant, l’Australien n’est plus que le simple numéro 10 de Clermont. Un ouvreur redevenu banal. Qui ne botte plus pour son équipe. Il en a pourtant été la poutre maîtresse depuis quatre saisons, la portant, la soutenant très souvent à lui tout seul par la qualité unique de ses tirs au but, de ses drops, de ses passes millimétrées. Car, il y a un peu plus d’un mois, James a vécu la pire soirée de sa vie, sur la pelouse boueuse et maudite du Leinster en quarts de finale de la Coupe d’Europe. Le trou noir, le cauchemar. Quatre pénalités égarées dans les tribunes, et surtout deux drops dans l’axe, pour la victoire, aimantés par l’extérieur des perches. Deux coups de pied tombés qu’il aurait passés, en temps normal, les mains attachées dans le dos et un bandeau sur les yeux ! On lui avait donc expliqué du côté de Marcel-Michelin, poliment, eu égard aux services rendus, qu’il devait se « recentrer » sur son jeu, qu’il ne buterait plus ni ne prendrait de vraies responsabilités. En termes clairs, on lui avait retiré les clefs du camion. Autant retirer ses griffes à un chat…

92e… James est quasiment sur la ligne médiane, sur la droite du terrain, pas en position idéale, loin de là. L’informatique le dira à cinquante-sept mètres de la cible. Mais il n’hésite pas, il arme son pied droit, le ballon en est éjecté mais sa trajectoire n’apparait pas limpide au premier coup d’œil. Mais il file, ce ballon, tourne de gauche à droite, comme hésitant lui-même sur sa cible, mais il va se lover entre les poteaux. Oh, le sourire de James… Que de jours et de nuits à ressasser le souvenir maudit de Dublin. Et quelle joie, à cette seconde précise d’assurer le succès de sa formation avec sa part du triomphe. Tant de bonheur, est-ce possible ?