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« Vive les Bleus », ça serait si beau

J’ai une irrépressible envie de crier encore une fois « Allez les Bleus« . Et je vais le faire, bien sûr, devant mon poste, je vais le hurler même ce cri du coeur dès le coup d’envoi de ce France-Galles. Mais je l’ai fait tellement de fois, en 1987, 1995, 1999, 2003, 2007, sans que cela ne serve à rien…

Ce qu’il me faudrait cette fois-ci pour gueuler en toute sérénité, c’est une certitude, LA certitude. Que cette équipe de France de rugby est la meilleure équipe de France de l’histoire. A cette heure, je ne la tiens pas, pas encore. Cinquante minutes d’excellent rugby en cinq matches ne m’ont pas suffi à croire complètement à ce genre de miracle. Alors, je me dis que je ne suis qu’un mauvais apôtre, indigne de recevoir la foi, la grâce…

Pourtant, plus le coup d’envoi approche, et plus mes poils se dressent partout sur mes bras comme juste avant un instant duquel, c’est l’évidence même, il jaillira une vérité ultime. Tout remue tout dans mon pauvre cerveau au moment de la Marseillaise. Le « pour » l’emporte insensiblement et invinciblement sur le « contre ». Les Bleus doivent gagner, vont gagner. Une fois tout à l’heure, et une deuxième contre la Nouvelle-Zélande, dimanche prochain…

Le savent-ils d’ailleurs ces joueurs du XV de France que dix ou quinze millions de dingues comme moi les poussent à s’en péter la voix, à en crever d’espérance ? Je me le suis toujours demandé. Comme je me demande pourquoi je me mets dans de tels états… Je n’en sais finalement rien et je m’en fous un peu.

Donc, et malgré ma trouille du vide, à cause à vrai dire de ma trouille du vide, « Allez les Bleus ». Mais ce coup-là, c’est le bon. A midi, ce sera « Vive les Bleus » !

Objectivement, la France favorite et les All Blacks outsiders !

Avec un titre pareil il y a un mois ou même vingt-quatre heures, on m’envoyait directement au terminus des prétentieux ou dans un asile d’aliénés. Ce dimanche, cette accroche me paraît un poil de moustache Lièvremontesque plus crédible… toujours sous réserve de courte vue ou de résidus psychotiques dans mon cerveau.

Pour brosser un résumé, certes frisant la caricature, des quarts de finale de ce week-end, je dirais « plus rien ne vaut rien » dans ce Mondial comme disait Nietzsche de tout autre chose. Les Bleus ont imité Saint-Lazare en battant les Anglais, les Gallois ont terrassé l’Irlande qui avait abruti l’Australie, cette même Australie a eu recours aux miracles face à l’Afrique du Sud et les All Blacks ont eu un hoquet monumental devant l’Argentine.

Les Bleus sont favoris. Merde alors !

Oui, comme Saint-Lazare, le Quinze de France est revenu d’entre les morts. Pas commun me direz-vous. Si. C’est au moins la troisième fois en Coupe du monde que nos « petits » revivent après avoir expiré. Inquiétante cette manie de la résurrection à répétition toujours suivie jusqu’à présent d’un retour à l’encéphalogramme plat (1987, 1999, 2007). Il n’empêche, le monde médical est formel, tant qu’il y a de la vie… Et les Bleus hument à pleins poumons depuis la victoire si « Rose » de l’Eden Park un air à vrai dire plus pur que jamais après quatre ans de mise sous respiration artificielle.

On les voit si gaillards après leur tour de force d’Auckland que de cueillir un malheureux Poireau samedi prochain paraît franchement pour eux une sinécure. Subjectivement, nous (je veux dire eux) sommes favoris, archi-favoris. Finale en vue pour les ex-double-finalistes en Coupe du monde, ex-quadruples demi-finalistes, ex-doubles briseurs des Blacks et tombeurs de l’Angleterre invaincue… Mais nous, aussi et surtout, toujours pas gravés au poinçon sur le Trophée Webb-Ellis et éternellement en larmes au moment de la remise des médailles… Finale en vue… Avec, ah oui, dans un tout petit coin de l’horizon du superbe panorama, le pays de Galles…

Le pays de Galles est favori ? Je vous emmerde, hein, avec mes questions ?…

Objectivement, je crains pourtant que le favori soit bien ce « petit très grand » pays de Galles. Pas un accroc en un mois, si ce n’est un échec valant un triomphe contre les Springboks en poules. Des avants en béton, des arrières en fer, et une charnière sur papier glacé avec un Mike Phillips élu par les ménagères plus beau gosse du tournoi. Voilà, et en toute objectivité de ma subjectivité, je compare ce bilan avec les cinquante minutes de bon rugby des Bleus sur les quatre cents jouées en Nouvelle-Zélande.

Mon objective conjonctivite a-t-elle été responsable d’une vision bizarre dimanche matin. Je suis à peu près  certain d’avoir vu des All Blacks au teint encore plus blafard que leur maillot. Ce devait être mes yeux. C’est ça, mes yeux. Pas de Dan Carter sur le terrain, la belle blague… Mon ophtalmo va avoir de mes nouvelles… Allez, dites-le, je vous emmerde avec mes questions !

France-Angleterre: Lièvremont, c’était Clémenceau !

De minables à formidables, de ridicules à sublimes. Les Bleus, qu’on n’attendait plus que dans l’avion du retour, nous ont encore une fois fait basculer du désespoir à l’extase. En une semaine, Marc Lièvremont et sa pauvre moustache d’adolescent est devenu un poilu, un vrai, qui sera sorti vivant et surtout vainqueur des tranchées de l’Eden Park.

La moustache de Lièvremont: la métamorphose des cloportes…

Le coach français arborait depuis la catastrophe tonguienne quelques poils d’adolescent attardé au-dessus de sa lèvre supérieure. Grotesque, avaient ironisé certains. « Sexy » avaient répliqué quelques admiratrices. Plus sérieusement, cette moustache représentait sans doute plus que ce que l’on en soupçonnait. C’était celle du changement, de la brisure d’une image et probablement de la disparition d’un « moi »… En une semaine, Lièvremont, comme son visage, a littéralement muté, passant du perdant au vainqueur, du chef contesté au gourou, réanimateur d’énergies de ses guerriers meurtris.

Contre l’Angleterre, les Bleus avaient l’oeil du… Tigre !

A Georges Clémenceau, on avait un jour demandé aux pires moments de la Grande Guerre quel était son but. L’homme à la moustache avait répondu: « Mon but, c’est de faire la guerre, jusqu’à la victoire« . Avec un peu moins d’éloquence et les poils au-dessus de sa lèvre un peu moins drus, Lièvremont avait promis après le désastre tonguien un combat contre la Perfide Albion. Tenir ou mourir. Il a tenu sa promesse. Pour pousser toujours aussi audacieusement la comparaison avec le « Père la Victoire », on avait aussi vu pendant ces journées de doute le capitaine Thierry Dusautoir prononcer quelques paroles de révolte. Pour les capter, on avait du pousser l’audiomètre au maximum. Il aurait fallu scruter ailleurs pour en apprécier la portée, un peu plus haut, du côté de l’oeil. L’oeil du… Tigre !

Donc, par je ne sais quel prodige, peut-être simplement celui permanent du génie français, les soldats d’Auckland ont imité, à leur manière et toutes proportions gardées puisque ce n’est que du sport, ceux de Verdun. Le Quinze de France mérite, pour huit au jours au moins, et on n’ose le dire car tout est si versatile, pour mille fois plus longtemps, la reconnaissance de la patrie.

XV de France : Où sont les chefs ?

Le constat est accablant. La sortie de route a été spectaculaire. Le camion des Tonga a heurté celui des Bleus, qui ressemblait plus à une estafette, et qui a valdingué dans le fossé. Enfoncements de carrosserie, plaies, bosses et forts maux de tête dans le véhicule accidenté. Mais, ô miracle, pas de perte irréparable. Après réparations de fortune puis contrôle technique approfondi, la route de l’équipe de France peut se poursuivre, tant bien que mal, vers le prochain virage à risques, un certain France-Angleterre.

En attendant, il sera toujours temps de consulter le rapport d’expertise de l’assureur. Les responsabilités des fautifs apparaissent toujours plus tard, beaucoup plus tard, le temps d’étudier les traces laissées par le crash à tête reposée, pour observer le comportement du chauffeur et des passagers, l’état de la chaussée ou évaluer la responsabilité du patron de l’entreprise de transport…

Nous verrons donc plus tard… Mais même sans documents précis, rien ne nous empêche d’établir les premières conclusions. Le Quinze de France avance dans le doute. Et ça ne date pas de samedi dernier. Marc Lièvremont n’est plus qu’un petit chef scout sans boussole dans une forêt sombre. Il a pris le dangereux parti de s’orienter, lui et sa troupe, au doigt mouillé. Ses garçons ne lui obéissent plus vraiment mais n’ont pas non plus trouvé la voie de la sortie. Pas de révolution. Au plus, une révolte. Oh, pas celle du Bounty, non, mais une rébellion de façade.

On a cru déceler un semblant de colère chez le capitaine Thierry Dusautoir. Vite évanoui. Message sans conviction, mots récités. Les agents rôdent dans l’entourage des Bleus, y compris dans les couloirs des hôtels néo-zélandais. Sont-ils les âmes damnées des joueurs, leurs Raspoutine, comme Lièvremont en a évoqué la possibilité au lendemain de Trafalgar ? Ces joueurs protégeraient-ils leur « image » à ce point ? Une rébellion leur aurait-elle coûté le même genre de sanction qu’à certains des occupants du bus de Knysna ?…

L’équipe de France de rugby, un bateau ivre !

On ne leur en demandait pas tant, mais mieux, y compris, et c’est une première, par Lièvremont lui-même, les suppliant presque de se prendre en main sans lui… Toujours non. L’insurrection attendue n’a pas eu franchement lieu. C’est décevant. Où sont les personnalités d’antan, Rives, Fouroux, Berbizier, Dominici, gueulards et têtes de pioche mais sacrés remonteurs de pendule et de baromètre par temps d’orage.

Plus décevante encore, l’attitude des autorités. La Fédération Française de rugby a pris des allures de fantôme. On l’aperçoit dans les couloirs et elle disparaît dans les douves… Le président Pierre Camou-du-genou est dans la maison, dans une pièce, et hop, il n’y est plus, s’évaporant dans des effluves de houblon ou d’anis. Où est donc Albert Ferrasse, son menton en galoche, sa voix de stentor, son imperméable ?…

XV de France, PSG-Lyon, Wilkinson : inquiétude ou bravitude ?

Franchement, ces jours-ci, il y a de quoi perdre ses repères. Moi, je perds carrément la boule. Ce lundi, j’ai un mal fou à mettre des mots sur ce week-end de sport. Le XV de France est en quarts de finale du Mondial et pourtant il va mal, comme jamais…

Toujours à propos de cette Coupe du monde de rugby, les nouvelles les plus incroyables se succèdent, au rythme d’une information qui n’arrive plus à avaler et encore moins à digérer sa nourriture. Les All Blacks perdent leur dieu Dan Carter, trois joueurs anglais se prennent pour DSK (humiliation d’une femme de chambre à leur hôtel) et un Italien, Ghiraldini, pour Guy Degrenne (fourchette sur un Irlandais)…

PSG-Lyon, réalité ou fiction ?

En foot, j’ai cru un instant dimanche soir que ce que je voyais et entendais sur Canal + pouvait être vrai… Un bon match de Ligue 1 ! Non, mieux ! Un PSG-Lyon taxé dès son coup de sifflet final « d’exceptionnel » par Hervé Mathoux… Suis-je un dindon, un pigeon ? Ai-je rêvé ? Mais pourquoi pas un « fabuleux » match de Ligue 1 tant qu’on y était ?… Mémoire courte, Mathoux, ou obligation de vendre des programmes achetés des centaines de millions ? Et le but de Pastore, décrit, disséqué, « palettisé » en 3D comme le but du siècle ! Messi doit rigoler…

Wilkinson lit du Pagnol !

Puisque tout se mélange et se noie quasiment dans les flots de l’info, tachons de braver le courant et de revenir sans trop boire la tasse au rugby. Tiens, je plains sincèrement un Anglais, un seul rassurez-vous, ce pauvre Jonny Wilkinson, trahi par son coude contre l’Ecosse. Il ne mériterait pas, ce brave exécuteur de hautes oeuvres de ne pas jouer contre nous et pourquoi pas de nous battre. Pour une fois, j’aurais une miette d’admiration pour un bourreau et une lampée d’adoucissement à notre torture… Oh, ce n’est pas que j’ai renié mon drapeau. Non, j’ai le coeur qui bat plus fort pour ces citoyens du monde, comme disait Montesquieu, qui ont l’esprit ouvert sur tout. Le Midi Olympique de ce lundi nous le confirme, Jonny joue au ballon mais il lit aussi… des ouvrages de physique quantique… et du Marcel Pagnol ! La boucle est bouclée, il reste sur cette planète un atome de croyance en l’homme.

Bleus du XV de France, soldats perdus ?

Question croyance, faut-il espérer en la résurrection des humiliés de Wellington ? A leur rédemption, du moins ? Ce que je sais, c’est que l’aventure ne doit pas finir comme ça samedi face à la Perfide Albion. En tout cas, pas comme une exécution, même si je la redoute tant les signes que nous ont donné les malheureux ont été ceux d’une armée sans âme et sans défense, une véritable armée des ombres.

Inquiétude ou bravitude ?