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Si je n’avais plus qu’une belle heure de sport à vivre…

Dans ce cas, je me flinguerais à coup sûr. Vu l’atmosphère nauséabonde du siècle et même des vingt précédents, et donc si je ne pouvais plus hurler aux loups de jouissance devant une demi-volée de revers croisée et amortie de Roger Federer, oui c’est certain je me buterais avec joie…

Blague à part, et c’en est une sans vraiment l’être que ce genre de question plilosophico-saugrenue de la dernière heure ou journée à vivre*, il faudrait bien s’offrir quelques ultimes plaisirs de vivant. De vrais plaisirs, ceux qui vous ôtent sur le coup toute autre pensée, y compris les pires, les noires, les infectes, les sanguinaires.

Donc, je me remémorerais ce type d’oeuvre d’art des stades puisqu’elles me feraient passer quelques moments de sérénité absolue avant de retrouver un néant pas trop sexy a priori. Et l’Art, comme le mastiquait Malraux, c’est tout ce qui est inutile. Inutile surtout à l’emmerdement terrestre.

Du cent mètres de Carl Lewis à France All Blacks : ma « plus belle heure » !

J’enchaînerais en revisionnant le cent mètres de Carl Lewis aux Championnats du monde de 1991. La plus belle mécanique de jambes de l’histoire du mouvement humain.

Je poursuivrai par quelques minutes de la conduite de balle de Franz Beckenbauer. Et de ses ralentis de frappe de l’extérieur du pied. Je serais alors toujours en extase à cinquante minutes de ma fin terrestre et m’en moquerais pourtant royalement. Impérieusement plus exactement, le libero du Bayern demeurant éternellement l’Empereur du ballon rond.

Je me paierais ensuite le luxe de revoir le but de Dominique Bathenay à Liverpool. Le plaisir de l’instant qui se prolonge des décennies. Une frappe à la Juninho, qui avait en mars 1977 une tétine dans la bouche et n’a en vérité, je vous le dis, rien inventé question frappes de mule flottantes.

Si le Divin me comptait encore une heureuse demi-heure, il faudrait qu’il m’accorde de dévorer les images d’un Michael Jordan déployant ses coudes puis déroulant son poignet avant que le ballon orange n’achève ses rotations par un switch dans un panier percé ad vitam aeternam par les mystères du lanceur magique de Chicago.

Et pour finir, je choisirais d’achever mon tour d’aiguille de Nirvana d’avant trépas par vingt minutes de France – Nouvelle-Zélande de la demi-finale de Coupe du monde 1999, les plus inouïes de l’histoire du ballon ovale, celles où les Français ont fait passer les All Black de vie à trépas.

De ces soixante minutes, Churchill m’aurait dit à moi, pauvre mortel : « C’est ta plus belle heure ».

Si je n’avais plus qu’une heure à vivre, de Roger-Pol Droit – Essai. Paru en 01/2014

Héros

Rien n’impressionne plus l’esprit que des comportements extraordinaires. En sport plus qu’ailleurs où les corps et les gestes sont en première ligne. Chacun admire ses héros en fonction de ce qu’il a un jour vu d’eux et qui l’ont profondément marqué.

L’autre jour, Tony Parker s’est peut-être encore un peu plus approché de ce statut si particulier. Blessé, fatigué par une saison harassante et de surcroît menacé de mort par un appel téléphonique à la police à la fin du match 2 des Spurs contre les Grizzlies en finale de conférence ouest, le meneur de San Antonio est sorti de son enveloppe d’être humain ordinaire.

Tim Duncan, son vieux complice, a dit de lui après cette victoire (93-89) presque inespérée : « Il a été incroyable. Je sais qu’il est épuisé. Nous lui en avons beaucoup demandé. Il a contrôlé la balle et fait la bonne action à chaque fois« .

Il y a une quinzaine d’années, toujours en NBA, un certain Michael Jordan avait disputé un match décisif alors qu’une fièvre de 40 degrés aurait du le clouer au lit. Il avait battu l’équipe adverse à lui tout seul en inscrivant une quarantaine de points et multiplié les exploits. Il était entré à jamais dans la catégorie des humanoïdes spéciaux, des bipèdes à neurones dont les enchaînements électriques demeurent plus mystérieux encore que leurs congénères.

J’ai mes héros. Ils le sont d’autant plus qu’ils représentent à mes yeux des exemples et que ces exemples me paraissent constituer un progrès notable dans la bonne marche du sport qui devient un peu fou.

Tenez, Jonny Wilkinson, me fascine parce que aucune de ses attitudes n’est exempte de cette exemplarité. Je veux dire de positivité, j’oserais dire de moralité. Ouh là là, la morale, le grand mot qui fait peur et peut même être taxé de subjectif ! Qu’importe, il me semble à moi que ce Jonny-là montre la voie, la bonne, à tous les petits gamins du monde.

Sport et Histoire

Avec ces Jeux, voilà que les titres des medias se remettent à accoler le sport à l’Histoire… « X entre dans l’Histoire », « Y pour l’Histoire »… etc.Un médaillé d’or est-il un héros ? Entre-t-il dans la mémoire collective d’une nation ou de l’humanité ? Que vaut un exploit sportif, si grand soit-il ? Ce qui est sûr, c’est qu’il est quelque part mesurable. Et que Pelé, Michael Jordan, Roger Federer, Usain Bolt ou Simon Amman ont visiblement écrasé la concurrence de leurs congénères.

Il y a cinquante ou cent ans, une action d’éclat sur les stades était anecdotique en comparaison de celles des généraux, des scientifiques ou des chefs d’état. Aujourd’hui,  merci la télévision, la Légion d’honneur fleurit sur les vestons des judokas, des footballeurs ou des handballeurs. O tempora ! O mores ! C’est une autre Histoire en quelque sorte.