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Bleus en progrès, commentaires en régression

Je sais, je sais. Si Thierry Roland commente le football depuis cinquante ans à la télévision, c’est que les chaînes qui l’ont employé y ont le plus souvent trouvé leur compte. Les Français apprécient la gouaille. Ils aiment aussi qu’on leur parle sans détours, comme au comptoir du bar d’à côté.

Le match Bosnie-France sur M6 n’a pas échappé à la règle. Il y a quelque temps, la chaîne qui monte depuis vingt ans a réussi à faire la nique à TF1 pour quelques matches des Bleus. Elle  a même failli parvenir à reconstituer le duo Roland-Larqué. Mais Jean Mimi a renoncé. Par lassitude peut-être. Et c’est Jean-Marc Ferreri qui officie à la droite du pape. Pas rien comme joueur, Jean-Marc Ferreri. Champion d’Europe en 1984 et troisième du Mondial 86. Sur le banc la plupart du temps, mais quand même. Mais côté analyse du jeu et pertinence de ses explications, on touche le fond. Poncifs à la pelle, chauvinisme exacerbé et langue limitée à vingt mots de vocabulaire. Ferreri, le saviez-vous, est pourtant le consultant football le plus employé de l’histoire de la télé française…

Le tandem Roland-Ferreri a multiplié les lieux communs et les expressions de comptoir, allant du fameux et désespérant « si c’est au fond, c’est pareil » au « là, si l’arbitre ne sort pas le carton pour un attentat pareil… » (pour une faute adverse bien sûr, pas celui de Sarajevo en 1914…), en passant par le très philosophique « Vas-y mon grand »…

Leur chaîne a eu en outre le toupet de nous faire passer deux ou trois fois pendant la rencontre une soi-disant « évolution technologique « , l’extraordinaire « analyseur 3D », qui n’est ni plus moins qu’un ralenti agrémenté de flèches en surimpression, et qu’un gamin de dix ans serait capable de produire sur sa console de jeux.Mais le plus exaspérant est sans doute l’absence totale d’objectivité dont les deux hommes ont fait preuve, nous assénant sans rire que l’équipe de France avait été tout près de réaliser le match parfait, que la plupart des joueurs avaient fourni une prestation de premier ordre ou que Benzema était le génie du millénaire.

Et rien sur la tactique. Ni sur l’adversaire, bien inférieur à la Biélorussie et par évidence infiniment plus commode à manœuvrer. Du coup, ils ont conclu leur œuvre en une sorte de jouissance hystérique, de contentement professionnel égotique, ravis d’avoir proposé un spectacle aussi inattendu que faussé.La France a gagné en marquant deux buts en un match. J’ai l’impression que l’événement est si inouï que les esprits se sont un peu échauffés après tant de déceptions. Enfin, la prochaine fois, nous serons sur TF1. Ouf, c’est tout dire…

Le sport dans une mauvaise passe ?

Un peu de tolérance, si j’ose dire. Ce n’est ni la première ni la dernière fois que des jeunes gens bien de leur personne, et de surcroît au portefeuille garni, vont consulter pour leur bien-être des dames qui lisent l’avenir, et décryptent en agrémentant le présent, dans les boules.Selon M6, qui a éventé l’affaire samedi soir, la liste de ces amateurs de plaisirs fugaces se serait donc allongée, si j’ose encore m’exprimer ainsi, de quatre noms célèbres appartenant à l’équipe de France de football. Dont deux seraient Franck Ribéry et Sidney Govou, et déjà entendus par la police, comme simples témoins. Le quatuor aurait eu recours en 2009 aux services de professionnelles de la détente masculine. La Brigade de répression du proxénétisme (BRP) est sur l’affaire, les jeunes (trop jeune pour l’une d’entre elles) femmes en question appartenant trop visiblement à un réseau, illégal, de prostitution.Moi, je dis qu’en dehors de Christine Boutin et des épouses des intéressés, personne ne songerait à faire quelque reproche que ce soit à des citoyens libres de leurs loisirs. Ces messieurs mettent et ôtent leur short quand ils veulent.L’obsession des putts !Je le disais, le sport et les mœurs légères font bon (ou mauvais, selon le côté où l’on se place) ménage depuis longtemps. Dans ses années de gloire (1920-1930) et même après, la première star de la raquette Bill Tilden ne dédaignait pas la proche compagnie de tout jeunes admirateurs de son tennis. La fidélité de Johan Cruyff s’était fêlée lors de la Coupe du monde 1974 en Allemagne, le joueur hollandais ayant été pris, par la presse allemande, la main dans le sac d’une wonderbar mädchen aux tarifs néanmoins exhorbitants. Les performances très quelconques des Bleus au Mondial 2002 en Corée avaient été mises en parallèle avec celles, plus brillantes avait-on affirmé dans leur entourage, qu’ils s’étaient autorisées à leur hôtel avec des charmantes hôtesses locales. Tout récemment, Tiger Woods a oublié nombre des principes de base d’un père de famille honnête en se liant de façon abandante, pardon abondante, à une liste de girls, voire de call girls, aussi épaisse qu’un annuaire. Une sorte d’obsession névrotique des putts !Ah, le sport traverse une mauvaise passe !