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Le PSG est fair-play, pas Mourinho !

Allez, ce n’est que justice. Imaginez que le PSG ait soulevé la Coupe d’Europe cette année, là, en éliminant Chelsea puis le Barça en demies, et en battant le Bayern en finale…

Trop facile ! Trop scandaleux ! Une Ligue des Champions en humiliant des géants aux pieds d’or et en sortant le plus gros paquet de pognon de l’histoire du foot en si peu de temps… Non, ça aurait été indécent, une nique aux clubs à tradition, une nique au fair-play ! Le fair-play de Platini, le nouvel économiste économe du football.

Même Roman Abramovic, l’oligarque aux centaines de milliards de roubles n’avait pas largué autant d’oseille que l’Emir du Qatar pour gagner la Coupe aux grandes oreilles. Et il avait mis dix piges…

Oui, il y a une justice immanente. Des océans de fric, pourquoi pas, mais osons au moins exiger qu’il y ait en contrepartie un peu de sueur et de larmes, voire de sang, et au minimum mille tonnes d’emmerdements pour mériter son dû.

Donc, l’Etat du Golfe va devoir remettre au pot. Un bon petit paquet. Qui va se compter de nouveau en petites centaines de millions d’euros puisque les recrutés les plus chers des vingt-quatre derniers mois, Cavani, Pastore et Cie sont manifestement à côté de leurs pompes les jours J et les heures H, comme à Stamford Bridge ce mardi 8 avril 2014.

Mourinho ne respecte pas le bon dieu !

Des fonds, et du gaz ou du pétrole, il n’en manque pas le Qatar SG. Ce qui lui manque, c’est plutôt des idées de fond et une vraie équipe qui jouerait à fond quand elle n’a pas en face d’elle des smicards de Ligue 1.

Paris manque sans doute aussi d’un milliardaire sur son banc puisqu’il n’ y a bien entendu plus moyen de se payer des « Mourinho » au rabais. Non seulement il est riche le Portugais, mais, et c’est très énervant, il est aussi malingre et surtout malin que notre Astérix à nous.

Il a, le bougre, refait son monde et surtout son équipe en six jours, sans même un dimanche de repos que le bon dieu lui-même s’était octroyé. Non, José, tu n’es pas fair-play…

C’est philosophique, le Barça doit gagner !

On l’avait complètement oublié mais, il y a quelques décennies, le football se jouait avec dix attaquants. Le onzième était juste un incapable du jeu au pied qui portait casquette et gants et était chargé avec ses mains d’empêcher les dix fous d’en face de marquer plus de buts que son équipe.

Bref, ce football était ludique. Quelques gâte sauce sont venus alors troubler ce jeu en y apportant leur curieuse mais très efficace philosophie, celle de la défense. Quelques phénomènes du tacle, un terme nouveau et laid, sont devenus eux-mêmes des vedettes parce qu’ils parvenaient dans cet infâme exercice à éteindre les étoiles du dribble et de la feinte. Ce fut sur les terrains, dans les tribunes puis enfin sur le nouveau monde numérique, un demi-siècle de mocheté, de haines et de coups tordus.

Les deux dernières générations d’amateurs du ballon  ne connaissaient plus que ça. Et, faute d’un autre spectacle, ils en redemandaient comme on jouissait des jeux du cirque, en levant ou baissant le pouce. Triste mais médiatique et par conséquent payant.

Réjouissons-nous, le Barcelone de Messi et Cie n’est pas Chelsea…

Mais le Barça, comme Zorro à l’écran ou comme Hegel dans la pensée, selon la métaphore que l’on préfère, est arrivé. Ou plutôt revenu. Choc, révolution et questionnement universel. Quoi ! De nouveau sur cette terre une équipe de dix joueurs de champ tous passeurs, jongleurs, magiciens et buteurs ? Pas croyable, pas supportable pour les zélateurs des couloirs bloqués, des lignes de quatre ou du tacle à la carotide.

Ce mercredi devant Barcelone-Milan AC, je me suis amusé et réjoui comme jamais. Effacé, en quatre-vingt dix minutes d’un huitièmes de finale retour, le mortifère souvenir du champion de l’an passé, Chelsea, et sa tactique du béton armé. Messi et Cie n’ont pas cédé. Pas cédé à leur philosophie. Quelle sagesse !

C’est à pleurer, Messi n’est plus un génie !

Quelle décrépitude. Il en pleurait de rage et de désespoir le génie du Camp Nou à l’issue de la plus invraisemblable demi-finale de Ligue des Champions de ce siècle. Lionel Messi était il y a huit jours le plus grand joueur de tous les temps, devant Pelé lui-même, Di Stefano, Cruyff, Van Basten et Maradona…

Tout le monde l’affirmait, l’écrivait, le hurlait, comme Christian Jeanpierre sur TF1 quand le petit Dieu argentin perçait les filets comme jamais aucun autre joueur ne l’avait fait avant lui. C’était donc il y a juste une semaine…

Ce mardi, le Messi ne l’est plus. Pas de but au match aller à Chelsea, pas de but samedi dernier contre le Real, et toujours pas ce mardi au match retour contre les Blues de Didier Drogba… Maudit Messi, une poisse du diable ce coup-ci, la sorcière aux dents vertes… Un penalty raté, qui aurait été bien sûr celui de la qualification pour la finale, un tir sur le poteau, quatre ou cinq balles perdues en fin de match et quelques frappes contrées, et Leo n’est plus qu’un triple Ballon d’Or de pacotille…

Roberto Di Matteo, l’entraîneur le moins expérimenté d’Europe a donc trouvé la solution « anti-messile » idéale. On dira peut-être dans cent ans en évoquant cette double confrontation Chelsea-Barcelone de 2012 que cet ancien avant-centre a en cette occasion révolutionné la civilisation… du football. On répétera que son équipe a été en possession du ballon moins de 20% (17,9% exactement !) du temps lors du match retour  face à la meilleure équipe du monde… et qu’elle s’est qualifiée en initiant la première la tactique dite Di Matteo, celle du bunker en béton tri-carboné. Mieux que les imitateurs de Vauban, le concepteur des forteresses inviolables, Helenio Herrera dans les années 1960 ou José Mourinho plus récemment. Mais Chelsea a piégé Barcelone, piégé Iniesta, Xavi, Busquets et leur coach Pep Guardiola.

Je pleure comme Messi, en fait. En pensant que dans un siècle, en 2112, on fêtera  le cent-cinquantième champion d’Europe et que cette équipe magnifique n’aura possédé le ballon en finale que six secondes !

Drogba : Viens voir le comédien !

Soit Didier Drogba est le footballeur le plus violenté d’Europe, soit une micro-tornade maléfique le poursuit partout où il est sur un terrain, soit il est devenu la seule victime d’une toute nouvelle loi de la gravité qui ne frapperait que les attaquants vêtus de bleu et portant le numéro 11 en les attirant invariablement le nez dans le gazon…

Didier Drogba s’est écroulé mercredi soir contre Barcelone une bonne dizaine de fois, multipliant les figures artistiques dans ses chutes au risque sans doute de… se faire vraiment mal. Certes, les Barcelonais ne lui ont pas fait la bise à chaque fois qu’il entrait dans leur champ de tacle. Mais les Blaugrana ne l’ont pas non plus coupé en deux. Le charmant Carles Puyol ou le doux Dani Alves lui ont bien sûr un peu caressé les tibias mais sans intention délibérée, comme cela arrive de plus en souvent, de lui briser la totalité des os de sa jambe… Mais Drogba, dès qu’il était touché ou simplement frôlé, voire ni l’un ou l’autre, finissait systématiquement à l’horizontale, arborant le visage de la souffrance du martyre ou le rictus de la victime torturée…

L’acteur Drogba joue comme un artiste à l’Opéra

Drogba n’est pas un simulateur, mesdames et messieurs. Mais un acteur, ce qui est tout à fait différent. L’Ivoirien avait clairement choisi – à quel moment de cette demi-finale Chelsea-Barcelone, avant ou pendant on ne sait pas, ni même peut-être lui – d’adopter une posture de comédien en plus de celle d’attaquant d’exception qu’il a été et demeure en quelques occasions. L’ex-Marseillais s’est selon moi senti en grande forme physique, cela s’est tout de suite vu d’après ses premières touches de balle, ce qui n’est plus si fréquent pour lui. Dans ces conditions si particulières, son degré de forme du jour allié à un match exceptionnel contre la meilleure équipe du monde dans l’ambiance surchauffée de Stamford Bridge, il s’est senti des ailes. Il a alors choisi de faire le spectacle comme il sait si bien le faire.

Son inconscient lui a soufflé au fil de ces minutes initiales où tout se jouait dans sa tête et dans ses jambes de se donner à fond, dans ses dribbles, passes, courses, duels. Y compris dans un jeu de scène aventureux dont il a le secret. Pour amplifier, comme au théâtre ou à l’Opéra, la dimension dramatique et émotionnelle de l’événement. Son choix comportait un risque, comme celui de tout pari. En l’occurrence de s’attirer les foudres de l’arbitre ou, pire encore, de se voir hué par ses propres fans si ce « cinéma » s’était mué en film de série B tant il aurait fini par sonner faux.

Mais Drogba, avec son expérience de ces rendez-vous au sommet du football, avait d’emblée perçu qu’il serait gagnant. Vis à vis de l’ensemble des éléments en jeu, homme en noir, public dans le stade et à la télévision, et surtout des adversaires sur le terrain. Tout ce beau monde a globalement été spectateur de la performance de l’artiste qui a de surcroît, comme si il l’avait deviné ou pressenti, marqué le seul but du match, synonyme possible d’une improbable qualification des Blues ! Drogba recevra-t-il son César mardi prochain au Camp Nou ?

Le Lyon d’Aulas est mort ce soir… Merci Platini !

Presque trente ans d’efforts ininterrompus, parfois surhumains, pour en arriver là. Jean-Michel Aulas, je le plains sincèrement, vient de vivre à Nicosie le pire cauchemar de sa vie. Son club, son cher club, l’Olympique Lyonnais, son enfant si l’on ose s’aventurer dans les méandres de la psychologie Freudienne, l’a abandonné.

Les signes avant-coureurs du drame ne manquaient pourtant pas. Depuis le dernier sacre de la fabuleuse série de sept Championnats d’affilée du début de ce vingt-et-unième siècle, l’Olympique Lyonnais avançait à chaque pas vers l’abîme. Joueurs, entraîneurs, staff et public se mentaient tous de plus en plus. Et le président ne parvenait plus à cimenter quoi que ce soit.

Le plus dur, le plus triste, pour Aulas, est que la catastrophe s’est produite là où c’était sans doute le plus pénible pour lui de conclure son itinéraire. A Chypre, la plus petite nation du football européen, la moins riche. Et c’est justement là, dans un pays où le plus gros transfert de son histoire s’est conclu l’an dernier par un montant de… 800.000 euros, que Jean-Michel Aulas, premier chantre du football financier dans notre hexagone, est venu s’échouer. Après avoir payé Yoann Gourcuff vingt-cinq millions…

Lyon, côté en bourse, périt à Nicosie, là où l’argent n’existe pratiquement pas…

Aulas a voulu, s’est battu et débattu pour, que l’OL soit introduit en bourse. Il va devoir désormais rendre des comptes à ses actionnaires, vendre une bonne partie de son effectif, qui on doit bien le constater, était déjà parti, au moins dans ses têtes. Et constater son échec puis, sous la pression du bon mais – toujours plus exigeant et impitoyable – peuple, rendre son tablier de bâtisseur de cathédrale du foot, aux fondations moins solides que la vénérable Saint-Jean

Et dire que c’est à… Michel Platini, que les Lyonnais peuvent dire non pas merci, mais un plus prosaïque… merde. Oui, Platoche, président de l’UEFA et artisan de l’entrée de l’Apoel Nicosie dans le concert européen par le biais d’une nouvelle règle « anti-capitalistique » permettant aux clubs sans le sou de parvenir à la fameuse phase finale de la Ligue des Champions contre les mastodontes entretenus par des présidents milliardaires ou dopés à l’endettement et à la starisation ! Et de les battre. A la régulière ! Celle du jeu…

La morale de l’histoire ?… Quelle morale ? Mais Nietzsche l’aurait dit à Aulas ou à l’Abbé Pierre, à Nicosie ou à Manchester… votre morale, elle est immorale !