Archives du mot-clé ligue 1

Montpellier champion, Ubu roi de la Ligue 1, supporters rois des cons !

On croyait avoir tout vu dans notre baroque Ligue 1, mais non. Ce dimanche, Montpellier a été consacré pour la première fois champion de France sur le terrain d’Auxerre avec une joie ultime à la hauteur de ce genre d’événement si extraordinaire, mais une partie du public de l’AJA a lamentablement gâché la fête.

Ces quelques dizaines de personnes, appelées supporters, présentes dans l’une des tribunes de l’Abbé -Deschamps ont perturbé la rencontre jusqu’à la faire interrompre à deux reprises et à focaliser l’attention sur leurs agissements aussi bêtes que méchants, banderoles ordurières et lancements incessants de projectiles divers et avariés. Tout ça pour transmettre à la France entière on ne sait trop quel message. Ou plutôt ce que l’on sait déjà. Que des supporters déçus, en l’occurrence de la relégation de leur club en Ligue 2, peuvent se comporter en imbéciles, s’ils ne l’étaient pas déjà avant…

Pour ne pas être en reste, d’autres supporters, vieux habitués, eux, à l’absence totale de réflexion et de pensée, ceux du PSG (une frange bien sûr, mais toujours eux et toujours aussi persistants dans leur incurie), ont sorti à Lorient une de leurs armes d’expression favorites, des fumigènes… Là aussi, la rencontre a été arrêtée pour cause d’insulte notoire à l’intelligence.

J’en appelle raisonnablement à la conscience des responsables de notre football et même du pays. D’un désastre à l’autre en quelques mois, de Knysna à Auxerre et Lorient, que faut-il qu’il arrive de plus à notre football pour qu’il tombe encore plus bas, c’est à dire sous le niveau de la mer ? Malheureusement, tout ou presque a échoué jusque-là dans ce domaine puisque en ce 20 mai 2012, une dernière journée de Ligue 1 s’est jouée dans des stades où ce sont les CRS qui ont animé le spectacle !

Facebook, Abramovich, Nicollin, le PSG et Aristote…

Tout ne serait-il plus devenu que chiffre ? Comme l’introduction en bourse de Facebook ce vendredi où le site de Mark Zuckerberg et ses 900 millions d’utilisateurs devait être valorisé à 100 milliards de dollars en fin de journée, ou 200 selon les variations d’humeur des investisseurs de Wall Street ?

Tout ne serait-il plus que représentation monétaire comme le milliard (ou deux, on ne sait plus trop !) de livres sterling dépensé jusque-là par Roman Abramovich l’oligarque propriétaire de Chelsea, dandy des temps modernes du sport international ?

Tout ne serait-il plus que prévision budgétaire comme l’ambition affichée à Montpellier par Louis Nicollin d’ouvrir en grand son portefeuille la saison prochaine à ses joueurs et ses futures recrues à qui il verserait des salaires mirobolants ?

Tout ne serait-il plus que n’importe quoi à l’instar du PSG et ses 200 millions d’euros de budget avec dores et déjà 100 millions de déficit ? Faut-il commencer en 2012 par la fin pour espérer un début ? Faut-il imiter la Grèce d’aujourd’hui, en faillite généralisée, et se dire que comme ce pays tout pourrait renaître de ses cendres après avoir brûlé ? Très peu d’entre nous, le commun des mortels, comprend ce que représentent ces sommes quasiment dématérialisées. Ni n’en saisit vraiment la portée. Quand à la morale, ouh là là… le vilain gros mot. Voyez justement à ce propos, l’ancien, le Grec, Aristote : «Dire que, dans les pires malheurs, on est heureux pourvu qu’on soit vertueux, c’est, esprès ou non, parler pour ne rien dire».

Montpellier champion, est-ce utile ?

Une question existentielle en football est-elle incongrue ? Encore faudrait-il la poser en termes objectifs, ce qui échappe malheureusement à tout supporter, par définition peu enclin au partage équitable des arguments… Partons donc du postulat que je (vous) ne suis (n’êtes) pas supporter de Montpellier, le futur champion de France, ou du PSG son futur dauphin, postulat le plus probable depuis dimanche soir…

Tout d’abord, ce titre 2012 conquis par les Héraultais est-il juste, « mérité » comme l’on dit quand on considère le plus souvent qu’il ne l’est pas ? Ici, la « justice » ou le « mérite » n’ont rien à voir. Le champion marque plus de points que ses rivaux… Question résolue. Pour le reste, consultez les forums de supporters sur l’arbitrage, épluchez les déclarations à propos des hors jeu sifflés ou pas ou les statistiques sur les temps de possession, et faites-vous un avis…

Plus sérieux, Montpellier défendra-t-il mieux les chances françaises en Ligue des Champions que Marseille, Lyon ou Lille ? Je réponds: peu importe. Même si chacun sait d’avance que les hommes de Louis Nicollin auront peu de chances de menacer la saison prochaine le Real Madrid ou Barcelone… Tiens, Barcelone justement, n’est-il pas le Montpellier espagnol ou l’inverse ? A l’instar de la politique de jeunes du club catalan, seize des vingt-neuf joueurs de l’effectif 2011-2012 du MHFC provenaient de son centre de formation… Et si Montpellier sait évoluer dans le futur comme il l’a fait jusqu’ici, pourquoi ne pas croire à d’autres paliers de progression ?

Le titre pour Montpellier, c’est agréable…

Encore plus sérieux, le PSG a-t-il été puni de ses méthodes outrancières en terme de recrutement pharaonique ? J’aurais presque tendance à dire qu’il a au contraire été récompensé… Et que la réflexion n’a pas été à la hauteur de l’ambition des Qataris, plus riches mais certainement pas plus bêtes que d’autres. L’échec, c’en est évidemment un pour eux, devrait au moins amener les patrons du PSG à réviser leurs schémas, sportifs autant que de communication.

Montpellier champion de France, c’est au-delà de l’utile, c’est agréable…

Le faux bon bal du samedi soir de Lyon-PSG, d’Aulas, Dumas, Canal+, Platini…

C’était la bonne soirée en vue. Le bal de foot télé du samedi soir. Enfin, sur le papier. Les fans de spectacle à bon compte s’en sont sans doute régalés. Pas moi. J’en ai des boutons de fièvre maligne un peu partout… Par quoi commencer ? Par chez nous, c’est plus simple et tellement plus compliqué. Lyon-PSG n’était pas retransmis sur Canal +, mais sur Orange Sport, la chaîne à laquelle personne n’est abonné, qui a dépensé des centaines de millions d’euros rien que pour emmerder son concurrent, et qui va disparaître, heureuse de sa belle mort…

Lyon-PSG, donc, match à huit buts (4-4), à suspense fou et exception qui confirme la règle de notre Ligue 1, championnat le plus ennuyeux d’Europe. Sauf bien entendu, quand on ne peut pas le suivre (200.000 abonnés à Orange et probablement pas plus de la moitié qui ont vu ce fameux match !)… Il faut dire que Canal ne sait plus trop où donner de la tête entre l’ingérence d’Al-Jazira, les droits qui lui échappent de partout ainsi que ses commentateurs et consultants.

Aulas et sa théorie du complot !

On la perd donc tous un peu la tête. On la perd complètement en constatant que celle des dirigeants et responsables de cette Ligue 1 est elle-même en voie de démence épileptique. Jean-Michel Aulas ne semble plus rien supporter. Ni les résultats de son équipe, ni ses actionnaires qui le pressent de vendre ses joueurs les uns après les autres (il l’a bien cherché en introduisant l’OL en bourse), ni ses entraîneurs, ni ses collègues, ni évidemment les arbitres qu’il a consciencieusement démolis et soupçonnés de complot quasi-franc-maçonnique après la rencontre : « Lyon a été complètement désavantagé. Je ne sais pas si certains intérêts ne dépassent pas le football... »

D’ailleurs, c’était le soir des nerfs en pelote. D’injures en discours incohérents, ces messieurs ont pris un chemin bien tortueux. Christophe Galtier, l’entraîneur de Saint-Etienne, a délibérément reconnu que son équipe n’avait « pas joué » à Auxerre (0-0), imputant ce non-match à d’obscures raisons… Franck Dumas, le coach de Caen, a, lui, franchi un nouveau palier dans l’outrance (« l’arbitre n’a pas eu de couilles, on s’est fait entuber par un arbitrage maison », celui en l’occurrence de M. Benoît à Nice) que l’on pensait pourtant arrivé à ses limites depuis les propos de Louis Nicollin (sur les homosexuels, entre autres) ou de ceux, en rugby, de Mourad Boudjellal (la « sodomie arbitrale »).

Platini nie et niera l’utilité de la vidéo !

A Milan, au même moment, un but a été inscrit par Muntari contre la Juventus lors du sommet de la Série A, parfaitement valable. L’homme en noir, aux lunettes noires plutôt, n’a pas plus vu que son asssistant pourtant parfaitement placé, que le ballon frappé de la tête par le Rossoneri, avait bel et bien passé, et très largement (un mètre environ, à vue de spectateur placé en haut des tribunes de Giuseppe Meazza), la ligne de but. L’affaire était évidente trente secondes après l’action, sur un ralenti qu’un myope astigmate et presbyte aurait décelé.

Bien sûr, la Juve a fini par égaliser (1-1) et le scandale, à l’Italienne, va enflammer les gazettes, les supporters et les réseaux sociaux pendant des semaines voire des mois. Et Michel Platini va probablement nous dire dans quelques semaines, après avoir demandé à son opérateur de changer de numéro de téléphone et d’adresse de messagerie, que le football ce n’est pas la technologie, que l’erreur est humaine… etc. Il ne faudrait d’ailleurs pas qu’on l’énerve trop notre Platoche national sur ce chapitre de la vidéo qui a tendance à le stresser. Il serait capable, dieu l’en garde, de proférer un ou deux gros mots ! Manquerait plus que ça.

Putain, mille ans sans la vidéo !

Les sportifs sont-ils intelligents ?

Avez-vous déjà entendu un footballeur parler de littérature, un athlète aborder l’art abstrait ou un rugbyman reconnaître son goût pour les expositions de peinture ?

Mais quel rapport, m’objecterez-vous, avec ma question initiale ? Pas évident, suis-je tenté de répondre, tant il est vrai qu’un intellectuel ne présente pas forcément toutes les garanties de l’intelligence au sens ou l’entendait Montaigne, c’est à dire cette vertu du scepticisme positif qui doit rendre l’homme plus sage.

Et ceci dit, je devrais me taire en considérant que je me lance sur une voie bien délicate… Vous voyez le topo, affirmer que ce boxeur britannique, Dereck Chisora, auteur à lui-seul en vingt-quatre heures de trois âneries plus volumineuses encore que lui, est un imbécile fini… La tentation est quand même grande ! Rendez-vous compte, une gifle à son adversaire, Vitali Klitschko – avant le combat -, un crachat au frère de ce dernier et enfin – après le combat cette fois – une bagarre provoquée avec un autre et ancien boxeur (David Haye) parce que celui-ci avait eu l’affront de le critiquer… Donc, ce pauvre Chisora n’est certainement pas un futur Prix Nobel. Le débat n’avance pas franchement…

Correa, Pablo de son prénom…

Aujourd’hui, je lis dans L’Equipe l’interview de Pablo Correa, l’entraîneur d’Evian, et j’en retire une sensation inverse, agréable, rafraichissante. Cet homme, au travers de quelques phrases (l’interview est courte), me réjouit par sa philosophie, si j’ose exprimer ainsi des paroles de technicien du ballon rond… L’ex-coach de Nancy, réputé (quel terme atroce) théoricien du catenaccio, prône désormais les vertus du jeu d’attaque ! Tout simplement car, dit-il, « on (lui-même) évolue et parce que la situation n’est pas la même (à Evian)« …

Ah, le beau discours. Correa a visiblement réfléchi sur ses méthodes, sur son action, sur son nouvel environnement. Il a fait en somme jouer tous les paramètres pour mieux les faire concourir. Et tant pis si ça ne marche pas : « Je ne cherchais pas la progression, avoue-t-il. Je cherchais une nouvelle expérience« … Montaigne… Là, il me semble que l’on avance sérieusement par rapport au cas précédent ! Je veux dire que je crois être certain de savoir à qui va ma préférence quant à l’utilisation du quotient d’intellect ! Merci Pablo, pas P. mais C., et cela suffit à mon bonheur.

Je ne résoudrai malheureusement pas plus qu’un autre le problème posé en titre de ce billet de façon bien sûr provocante. Je raille suffisamment les propos des sportifs pour ne pas en rajouter, comme on en rajoute au sujet des politiques surtout en cette période d’élections. Mais, puisque vous l’attendez, je me lance. Oui, les sportifs ont un cerveau. Non, il ne s’en servent, généralement, pas bien… Ouf ! Je le dis, mais je ne dis rien…