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Henri Leconte va rendre service à Gaël Monfils

L’expérience durera-t-elle ? C’est la question que je me suis tout de suite posée. Henri Leconte entraîneur de Gaël Monfils…, la nouvelle va sûrement faire couler de l’encre et naître des commentaires de toutes natures. La preuve, je m’en empare avec délectation et surtout avec curiosité.

J’ai eu la chance de partager quelques moments sympathiques avec Henri il y a quelques années. Que dire de l’homme ? Gouailleur, charmant, drôle, bref comme à la télé… Pour que le courant ne passe pas avec lui, il suffit d’être ennuyeux ou pas naturel. Sinon, il vous adopte aussi vite qu’il mettait de temps à claquer l’une de ses fameuses volées de revers.

Mais, et c’est la question du jour, Leconte est-il, ou peut-il devenir un bon entraîneur ? Je n’en sais trop rien, lui-même non plus d’ailleurs. Voilà pour tenter d’y répondre deux ou trois choses que je sais de lui… D’abord, ce dont tout le monde se souvient du joueur qu’il a été, ce qui n’est évidemment pas rien. A son meilleur, « Riton » fut troisième ou quatrième mondial dans les années 1980. Mais doté d’un talent sans doute supérieur à ce classement, bien supérieur… En valeur pure, on n’avait je n’hésite pas à le dire, et toutes époques confondues, jamais vu un joueur français doué de tant de possibilités. Malheureusement gâchées par un physique trop fragile ponctué en fin de carrière par des graves problèmes de dos.

Leconte peut-il transmettre ses extraordinaires secrets de fabrication à Monfils ?

Tous les spécialistes sans exception se sont accordé sur le génie de ses coups. Inutile d’y revenir mais intéressant de se demander si Leconte peut transmettre au moins une partie de ses secrets de fabrication…

Alors sur la personnalité de ce gaucher unique, et concernant sa capacité à diriger une autre personnalité ô combien originale, j’ose me prononcer. Henri Leconte a, comme il le dit dans son communiqué de ce vendredi, une « expérience » tennistique. C’est incontestable. Henri a joué sur tous les courts du monde, battu quasiment tous (pour ne pas dire simplement, tous) les plus grands joueurs de sa génération. Et c’est un passionné. Il n’a certes pas été dans sa carrière un exemple absolu de sérieux ou d’abnégation, c’est le moins qu’on puisse dire. Cela le regarde. Mais j’affirme que cet homme est capable, comme il l’a été par exemple lors de la fameuse victoire en Coupe Davis 1991, de forcer son destin et celui d’une équipe. Et, c’est peut-être paradoxal, ses faiblesses passées peuvent servir un autre garçon, lui-même pétri de dons mais pas celui de la constance dans l’effort… Oui, Henri n’a pas toujours, et il le reconnaît bien sincèrement, notamment dans son autobiographie, consacré la totalité de ses moyens au tennis. Il a pratiqué sur les courts comme dans la vie un tennis champagne. Rien que du champagne, j’en ai été témoin. Ce qui me suffit à le considérer comme un gars sympathique, amoureux de la vie, mais pas tordu et, en résumé… un gars sain.

Sain, c’est le mot de transition pour ne pas croire à un échec dans sa collaboration avec Monfils. Oui, étonnamment, Henri a le « background » pour parler « sainement » et donc utilement à Gaël, probablement fatigué de directives ou ordres venus de gens qu’il a très vraisemblablement considérés comme des sergents ou des surveillants de lycée.

Je pense aussi que Leconte a, comme d’autres avant lui, enfin envie de régler un compte avec lui-même. Remporter un tournoi du Grand Chelem par protégé interposé, comme si c’était lui-même qui y parvenait. Faire le bonheur, c’est en recueillir quelques gouttes pour soi.