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Manaudou, Riner, Valbuena, PSG : « qui veut de ma belle Com´ ? »

C’est mon dada, mon péché mignon, ma Ligue des Champions à moi. La Com’. Les sportifs y ont mis le temps mais ça y est, dans ce domaine éminemment compliqué du maquillage de l’expression, ils ont rattrapé les politiques, les patrons, les syndicalistes et autres artistes qui rechignent à payer leurs impôts.

Ils font comme tout le monde toutes sortes de conneries les footballeurs, les handballeurs, les entraîneurs, les dirigeants. Ils en disent aussi. Par paquets de milliards d’octets. C’en est tellement effrayant que les réseaux sociaux, premier forum public depuis l’Empire Romain, arrivent parfois à ne plus les relever comme s’ils s’y habituaient… C’est dire.

Alors, une fois la bourde commise en public, c’est à dire cent fois par jour au bas mot sur la totalité des chaînes, radios et autres espaces numériques, il faut la réparer, la justifier voire l’embellir ou la rendre caduque. Bref, s’en servir comme d’un tremplin ou repartir vierge de débilité vis à vis du grand public. Ce que font désormais admirablement nos stars sportives de l’inculture. Elles en ont les moyens (financiers) et ne s’en privent pas.

Laure Manaudou et Ribéry, les mots qui soignent les maux !

Voyez, par des exemples absolument pas arbitraires, Laure Manaudou et Franck Ribéry. Hier honnis pour leurs frasques irréfléchies (ils ne le peuvent pas eux-mêmes), ils ont réussi à renverser la tendance en leur faveur. Par un discours soigneusement entretenu par ses conseillers, la diva des bassins fait durer le suspense de l’instant de sa retraite depuis un an. Elle gagne par dessus le marché, sur son talent, la course qui lui redonne un crédit publicitaire suffisant pour au moins quatre ans et fait pleurer les ménagères de moins de cinquante ans en tenant sa Manon dans ses bras durant la Marseillaise.

Ribéry commet toujours autant de fautes de syntaxe que de goût en indiquant par exemple sa préférence pour le Bayern à l’équipe nationale mais travaille énormément avec (fait travailler) son staff de communicants pour affirmer que c’était une erreur de traduction germano-gauloise… Beau dribble.

Ce jour, notre quotidien préféré, à son corps défendant ou pas, nous assène justement de très jolis modèles de Com’ bien faite. Avec Manaudou bien sûr sur le thème pré-cité. Et aussi à propos de Teddy Riner auquel on ne s’intéresse que trop peu depuis qu’il est devenu le nouveau Douillet. Mais ce coup-ci, ce n’est plus de la communication d’urgence ou de la communication « chirurgie esthétique », mais de la Com’ de construction, de reconstruction même.

L’ours Teddy Riner, le (sur) poids des mots !

Savoir que le géant des tatamis est amoureux et a pris dix-huit kilos est évidemment passionnant pour la même ménagère, très sensible aux évolutions intimes de ses idoles, surtout quand elles tiennent de l’anecdote, pardon de la « vraie vie »… Riner va donc pendant quarante-huit heures nous parler sur les ondes et dans les colonnes de tout et surtout de rien. Ce qui va bien entendu renforcer son image et sa sympathie, et sans doute en proportion au moins égale sa cote chez les annonceurs en mal de têtes de gondole…

Saint Mathieu !

Ce mardi aussi, Mathieu Valbuena produit son dossier de défense. Il est sympa le Phocéen. Pas frimeur, pas  bégueule, et causeur acceptable à ses heures. Même quand il joue moyennement, il donne au moins l’impression de se défoncer… Mais le petit attaquant (ou milieu offensif, comme on dit maintenant pour un attaquant qui fait des passes) souffre d’un mal terrible, souvent incurable, d’une maladie congénitale.

Comme naguère Jean-Pierre Papin et plus récemment Wayne Rooney, son Cx (coefficient de pénétration dans l’air) ne lui permet pas de lutter contre le vent, même léger, qui souffle dans les surfaces de réparation. Un tout petit zéphyr le fait trébucher, chuter dans un grand bruit de jeu de quilles. Et ses adversaires ou les observateurs lui en veulent pour cette fragilité… Il doit donc, après l’épisode Balmont, tenter de s’expliquer. Et le fait dans tous les journaux. On murmure que David Pujadas songerait à le convoquer dans son journal de 20 h, pour faire un peu alternance avec la guerre des chefs à l’UMP…

Blague à part, l’opération réhabilitation fonctionne pas mal. « La Bible » nous annonce que Mathieu n’est pas loin d’être un bon apôtre. Demain, et si on lui trouve des avocats de réputation mondiale (je ne sais pas moi, Pelé, Sarkozy…), il pourrait probablement et pourquoi pas devenir un saint…

Le foot, toujours le foot, et la Com’, toujours la Com’ : les Bleus, pas toujours reconnus à leurs connaissances extra-ballon rond ou à leurs lectures philosophiques, se devaient de prouver qu’ils font des efforts. On les a vus sur Téléfoot se faire interroger sur des questions difficiles et fouillées. Ce que ne prévoyait pas leur chaperon, leur directeur de com’science, c’est qu’ils ne pourraient pas reconnaître le premier ministre actuel de l’hexagone… Pour ne pas les accabler trop, il faut avouer que c’est le cas d’à peu près la totalité de la population française. Donc, opération séduction réussie !

Pour être tout à fait franc, et pas totalement démagogique, j’avoue que les communicants peuvent aussi se montrer eux-mêmes déboussolés. Le directeur du marketing du PSG, dont le métier est précisément de tout aplanir, arrondir, déminer, vient de craquer subitement dans un art qu’il devrait pourtant maîtriser. Il va falloir que l’on trouve vite un directeur de communication à ce brave directeur…

Ce vendredi sur la terre, il n’y avait que Riner et Federer…

Le sport nous joue parfois des comédies un peu pénibles mais, c’est comme tout, ce satané divertissement nous réserve aussi des moments que l’anthologie humaine ingurgite goulument.

Ce vendredi, on s’y attendait pourtant un peu, il y allait avoir un nouveau champion olympique français au judo et un nouveau finaliste suisse au tournoi de tennis. Pas n’importe lesquels, certes, mais on avait déjà écrit à l’avance les papiers dans l’hexagone et la Confédération.

Teddy Riner allait désosser ses faire-valoir pour monter, après mille quatre cent soixante jours de frustration métallique, sur la plus haute marche du podium. Et Roger Federer allait se qualifier, parce que c’était comme ça et pas autrement, pour un match qu’il attend depuis environ une trentaine d’années, la finale olympique…

Pour le géant, l’affaire a été pliée en cinq combats d’une facilité à pleurer. Facile, facile, c’est vite dit. Il fallait quand même entrer cinq fois sur le tatami et faire le boulot. Un boulot qu’il est le seul sur l’ensemble des cinq continents à accomplir avec un art semblable de l’ippon, une supériorité pareille et une telle emprise sur les neurones adverses.

Une domination si effrayante que les cinq pauvres gars désignés à la désintégration ont tout juste mis un doigt d’orteil sur le tapis et sont repartis la queue entre les manches de leur kimono et quasiment les larmes aux yeux. Sans combattre.

L’ours Teddy a levé deux ou trois fois les pattes avant de soulever la breloque dorée. Alors facile, facile, c’est vite dit. Pour leur coller une pétoche pareille, il a bossé l’animal. Comme une bête. Depuis quatre ans et un sale souvenir des Jeux où un judoka lambda l’avait endormi doucement et privé de matière précieuse.

Oui, Riner était seul dans le dojo londonien. Seul à gagner et désormais seul pratiquement dans tout le judo et son histoire, pourtant assez repue de légendes.

Federer veut son dernier rôle-titre de maître des anneaux !

A Wimbledon, où le poids de ce cette histoire des exploits est assez lourd, entrait un garçon à la mine pas toujours réjouie mais qui possède la faculté de rendre beaucoup plus joyeux la bande de quelques centaines de millions petits chanceux qui vivent à son époque et peuvent admirer ses coups de génie.

Et pour la énième fois, la centième peut-être de sa carrière, le scénario s’est répété. Mais le joueur d’en face, Juan Martin Del Potro, contrairement aux victimes de Riner, n’était pas décidé à se faire bouffer par le lion de Bâle.

Durant quatre heures et vingt-six minutes d’un combat d’une férocité et d’une intensité peut-être sans exemple, « Del Po » s’est en fait mué en taureau de sa native pampa. Et mené une vie d’enfer au plus fameux torero que les arènes du tennis aient jamais accueilli. Un duel de « muerte ».

Juan Martin a rué, foncé, cogné avec tant de force que Roger en a tremblé, titubé, vacillé sous ses charges. Mais il a résisté, passant à quelques centimètres des terribles banderilles et a fini par sortir de sa tunique rouge la pique mortelle au 36e jeu du 3e set… Tout ça pour que son palmarès ne soit plus vierge du titre olympique en simple. C’est le dernier qui lui manque… Le seul sur terre.

Bolt et Riner, enfants du siècle

Ils sont grands et forts. Immensément. On n’a sans doute jamais observé de tels phénomènes dans leur sport, l’athlétisme et le judo. Et plus personne d’ailleurs, témoins ou adversaires, ne leur conteste une suprématie qu’ils assument sans gêne apparente. La gloire et les records semblent glisser sur eux comme l’eau sur les rochers. Usain Bolt et Teddy Riner, à respectivement 25 et 22 ans, sont des « montagnes, des mers, ce qu’on voudra, excepté quelque chose à quoi puissent se comparer les autres hommes« , comme le disait Jules Renard à propos de Victor Hugo…

Bolt est si rapide et Riner si puissant que leurs concurrents n’en sont plus, réduits au néant. Mais, samedi, comme Teddy l’année dernière en finale des Championnats du monde de judo, Usain a failli en finale du 100 mètres des Championnats du monde. Il n’a pas été battu, il s’est battu lui-même. Son cerveau l’a trahi, victime du mal du siècle, la pression. Le mot fait peur au point que ces invincibles la fuient comme la peste et ne le prononcent même plus, comme la corde sur un bateau ou dans un théâtre.

Pour Bolt et Riner, c’est la « pression » l’ennemi ultime…

Teddy Riner, depuis son échec olympique, et surtout celui de l’an dernier, ne veut plus en entendre parler. Il fonce, tous muscles bandés, vers son seul objectif, celui de sa vie, l’or olympique. A Bercy, le colosse a tout écrasé, broyé, sur son passage, faisant presque autant de victimes que l’ouragan Irene. Riner n’était plus un judoka mais un anticyclone qui évacuait la fameuse surdose de pression. Ce n’était pas une bagarre d’un humain contres d’autres, mais une lutte d’un phénomène de la nature contre des millibars en trop ou en moins autour d’elle…

A notre époque, cette pression devient chaque année plus forte. Les millions de fans s’accumulent sur la Toile, les sponsors paient les exploits de plus en plus cher et les medias démultiplient partout sur la planète le bruit des prouesses jusqu’à l’assourdissement. Bolt et Riner ne font finalement que traquer constamment cet ennemi bien plus costaud et sournois que leurs opposants. Le premier la moque en jouant au clown, le second la toise de son armure de muscles. Tout n’est qu’histoire d’intimidation.

Les poupées russes et l’ours Riner…

Affreux et sublime, triste et radieux. Mais qui donc fait battre aussi brusquement le rythme des jeux sportifs ? Ce week-end, le grand horloger du sport s’est amusé à me contrarier. Hier, samedi, j’étais heureux. J’avais vu deux de nos graciles demoiselles du tennis faire la nique aux géantes russes. Alizé Cornet et Virginie Razzano, dont la seule prononciation des noms me fait chanter sous la douche, étaient allées prendre la citadelle du Kremlin. Deux victoires à zéro en quart de finale de Fed Cup, et l’on se serait cru revenus deux cents ans en arrière. Comme Napoléon qui entrait sur son cheval blanc à Moscou……

Mais, comme pour l’Empereur, la retraite a vite succédé à la conquête. Dimanche, les deux gazelles ont pris un horrible coup de froid. Une grippe carabinée. Belles et courageuses la veille, grabataires et terrifiées le lendemain. Trois matches (deux simples et un double) et trois déroutes. Sur la Place Rouge, il y a aussi des mausolées…

Une heure après la débâcle moscovite, Teddy Riner relevait le drapeau au tournoi de Paris. Il me tue l’ours Teddy. Je ne crois avoir jamais vu en France un tel animal, doué de tant de forces. Et une rage, les amis, une rage. Indescriptible. Il faut dire qu’il avait un « léger » compte à régler, notre géant bleu, avec un certain Kamikawa, un petit Japonais de rien du tout qui avait eu le toupet de le battre aux derniers Championnats du monde. On avait vu le colosse éructer sur les arbitres après sa défaite. En fait, il n’avait pas supporté de perdre. Son ego en avait pris un coup, terrible. Riner en avait été carrément malade depuis des mois.Alors, oui, j’attendais avec une impatience jouissive que Riner retrouve le chemin de l’impertinent Japonais en finale. Et, je le reconnais ce n’est pas bien chrétien, pour qu’il lui torde le kimono. Et j’ai été récompensé de mes mauvaises pensées. Comme nos pauvres poupées russes, les forces vitales de Kamikawa l’ont quitté au pied du dernier col, le plus raide. Riner, c’était le Puy-de-Dôme. Infranchissable. Quant au col du Japonais, Riner l’a attrapé si violemment qu’il l’a renversé en un peu plus d’une minute sur le tatami puis étouffé de ses cent trente kilos. Inhumain.Ah, juste un truc, Teddy, ne fais plus l’ours, c’est à dire l’arrogant monté sur ses pattes de derrière, comme juste après ton triomphe en rugissant « c’est moi le plus grand, c’est moi le plus fort ». Un poil de modestie ne nuit pas à la pelisse…