Le 11 juin, coup d’envoi de la dix-huitième Coupe du monde de football. D’ici là, je vais essayer de vous en raconter dix épisodes qui m’ont particulièrement marqué…1970. Trop jeune, ou pas encore touché par le virus du foot, je n’ai pas vu le Mondial mexicain dans la petite lucarne. La maladie du ballon m’ayant gagné très peu de temps après, je ne pouvais plus la soigner qu’en m’inoculant le contre-poison: des images. Pas de DVD à l’époque, même pas de magnétoscope. Juste des films super 8 de la finale Brésil-Italie, que l’on se passait et repassait après l’école chez le copain Géo Trouvetout qui savait manier le bazar infernal et bruyant qu’était le petit projecteur.Inouï. Sur le drap blanc tendu au fond de la chambre aux rideaux fermés, défilaient les prouesses de… Pelé. Pas de son. Juste des arabesques. Le premier but du roi, de la tête. Sa joie, une deuxième détente et son bras qui fend l’air. L’égalisation italienne, brouillonne évidemment. Et encore Pelé, qui en rajoutait en influençant l’arbitre. Il avait forcément raison… Ces Italiens truqueurs… But de Gerson, quel pied gauche. Pelé se remet à jouer. C’est beau, c’est beau. Remise de la tête du King sur Jaïrzinho qui marque le troisième but auriverde. Ralenti. Mes yeux écarquillés de bonheur. Je n’entends même plus le boucan du « projo ».Et puis, le chef d’œuvre. Pelé contrôle la balle à l’entrée de la surface. Stupéfiant, il arrête tout mouvement ! Complètement. Le cuir est cinquante centimètres devant lui, immobile aussi, qu’on dirait directement commandé par l’esprit du génie ! Les Italiens n’y comprennent rien. Il n’y a plus que le film qui bouge. Et Carlos Alberto, l’arrière droit brésilien. Qui rentre tout d’un coup dans le champ de l’écran, et surgit dans le dos de son numéro 10. Il y a au moins cinq secondes que Pelé a la tête dirigée droite devant lui. Impossible de savoir ce qui se passe derrière. Et pourtant, d’une caresse de l’intérieur du pied droit, il glisse presque négligemment le ballon sur sa droite. Toujours sans regarder. Un instant s’écoule… la frappe de Carlos Alberto fait trembler les filets… Brazil Campeao. Non, ça n’était pas du cinéma.
Archives du mot-clé jairzinho
PSG, un quadragénaire encore adolescent
Le Paris Saint-Germain est quadragénaire. Ça ne me rajeunit pas. Dans mes tendres années, je n’avais que cinq cents mètres à faire en mobylette et hop, j’étais au Parc. Le nouveau, parce que je n’ai pas connu l’ancien, un vélodrome, comme à Marseille (humour).
Et dans ce temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaître, c’était vraiment autre chose. Voilà que je parle comme un vieux con. Je n’en étais qu’un jeune (con) à l’époque. Cinq minutes de « mob », disais-je, que l’on garait juste devant la tribune Auteuil avec trois copains. Pas un flic pour nous dire de foutre le camp. Et on se payait notre billet d’entrée. Cinq ou dix francs si je me souviens bien. Pas d’attente au guichet, on arrivait deux minutes avant le coup d’envoi, les mains un peu noires après avoir bouclé nos antivols. Ce qui me marquait le plus en montant les grands escaliers des tribunes, c’était la lumière blanche, aveuglante, des projecteurs très caractéristiques incrustés dans le toit du stade.J’en ai vu des matches en plein hiver dans un Parc aux trois quarts vide. Dont un PSG-Valenciennes en Coupe de France où en fin de prolongations la température devait avoisiner les -10 ! Deux ou trois fois par an seulement c’était la grosse ambiance. Enfin la grosse ambiance, y avait pas de groupes de supporters en ce temps-là. On attendait impatiemment que Louis Floch, l’ailier droit, touche le ballon, pour entendre des « Loulou, Loulou » descendre des gradins. Ou que François M’Pelé, l’avant-centre, approche de la surface. Frappe de mule assurée. Pas toujours dans le mille. Mais applaudissements garantis. Souvenir spécial quand je revois comme si c’était hier le regretté Jean-Pierre Dogliani donner des ballons d’or à ses coéquipiers.Pour PSG-Saint Etienne et PSG-Marseille, le Parc faisait pratiquement le plein. Et lors des réceptions de Saint-Etienne, tribunes entièrement vertes et des « Allez les Verts » de la première à la dernière minute. Gros tumulte le jour de la saison 74-75 je crois, où Jairzinho et Paulo Cesar, les Brésiliens champions du monde 1970, étaient venus avec l’OM. Bagarre sur le terrain.
Un beau soir du début des années 80, fin de rencontre et sortie du stade. Mouvement de foule au niveau du bas des escaliers. Raison inconnue. Cris de peur. Pas de conséquences autres qu’une intervention des forces de sécurité. Mais je crois que ce jour-là, j’ai eu un peu les chocottes. Je suis retourné au Parc pour les matches de l’équipe de France, mais beaucoup plus rarement pour le PSG.Quarante ans. Des titres, certes. Des joueurs inoubliables. Un peu oubliés quand même, comme Alves le Portugais aux gants noirs. Mais, je le dis sans ambages, des présidents certainement passionnés, trop passionnés, Hechter, Borelli, Denisot, qui ont souvent agi avec des œillères. Le Paris SG n’a pas atteint sa maturité, tout juste sa majorité. Je crois que c’est dommage…