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Auxerre, les petits clubs ne meurent jamais

L’Association de la Jeunesse auxerroise est indispensable depuis quarante ans à la vie du football français. Indispensable parce qu’elle est un poil à gratter pour les vaniteux. Auxerre fait dans la modestie quand d’autres bombent le torse et font briller les millions. Et pourtant, cette saison, le Paris SG et Bordeaux dont les puissances financières sont le double ou le triple de la sienne, regarderont à la télévision l’AJA disputer la Ligue des Champions.

L’AJA, c’est toujours pareil. On n’en parle pas, on n’en fait jamais un favori mais au final, le club bourguignon et ses trente millions d’euros de budget fait la nique à tout le monde. Comme en barrage de la Ligue des Champions face au Zenit Saint-Petersbourg (0-1, 2-0), la formation russe parrainée par le sponsor le plus riche du monde, Gazprom.

Et Auxerre va peut-être se retrouver dans le groupe du Real Madrid, de Manchester United, du Bayern Munich ou de Barcelone, les géants du foot européen. Si l’AJA n’est pas sûr de passer l’obstacle et d’atteindre les huitièmes de finale, ce qui n’est néanmoins pas une utopie, elle est en tout cas certaine de battre tous ses adversaires sur le plan de la gestion. Car ce qui est sûr par contre, c’est que l’AJA ne fait pas partie des acharnés de l’endettement ou des dingues du recrutement. A Auxerre, on forme, on éduque, on construit. Et, comme Guy Roux pendant quatre décennies, on fait les comptes au boulier tous les ans pour savoir si on a seulement de quoi acheter des nouveaux ballons d’entraînement.Et à la fin de chaque saison, il ne reste aux supporters du campagnard stade Abbé-Deschamps que leurs yeux pour pleurer quand Basile Boli, Eric Cantona, Philippe Mexès ou Djibril Cissé , tous nés à la gloire dans le fameux centre de formation, quittent les bords de l’Yonne pour des cieux plus dorés. Mais ces supporters essuient leurs larmes l’année qui suit. Des petits jeunes ou de fines recrues viennent constamment reconstituer le vivier. Il serait d’ailleurs étonnant que les vingt millions d’euros qui vont venir venir garnir les comptes  grâce à la qualification pour la Ligue des Champions servent à combler quelque instinct de folie.Il faudrait remettre la Coupe d’Europe à Auxerre. Celle du mérite.

Novès, fils de Guy Roux

La parole est d’après mon petit Larousse le moyen de communiquer verbalement la pensée. Je crois sans peine à cette définition. Je crois aussi que toute définition, toute règle, a ses exceptions. Deux au moins, relatives aux susnommés Roux et Novès, Guy de leur prénom. Ces deux entraîneurs, respectivement de l’AJ Auxerre naguère et du Stade Toulousain aujourd’hui, ont chacun dans leur sport fait mentir les dictionnaires. Ils n’ont cessé de dire en public ce qu’ils ne pensaient pas !

Guy Roux a été le précurseur. Qui ne se souvient de ses fameux : « Plus que trois points et notre maintien est assuré » alors que son club était deuxième ou troisième du Championnat !  Que d’imitateurs chez ses confrères le rusé Bourguignon n’a-t-il pas depuis entraîné dans son sillage de la contre-communication. Incontestablement, celui-là a fait preuve d’invention. Les journalistes en redemandaient. Car Roux, au fil des années, variait les plaisirs de langage, en devenant le prince de la litote, de l’antiphrase. Le Jean Racine du football !

Guy Novès est lui aussi passé maître dans cet art. Il en a pris l’essentiel et y a ajouté sa touche personnelle, non moins géniale, voire machiavélique. Il n’hésite pas à user de l’hyperbole, à amplifier jusqu’à son extrême limite un point de ses idées. Toute cette semaine, le manager du Stade Toulousain a envoyé avant le barrage pour les demies contre Castres un message à la presse : « Il est impossible à une équipe de faire le doublé Coupe d’Europe-Championnat, le calendrier est ni fait ni à faire, mes joueurs sont épuisés ». Comme son collègue du foot, Novès sait employer un ton idéal de plainte chantée et une attitude parfaite de chien battu dans ses annonces. Depuis vingt ans, ils mériteraient tous deux à la fois l’Oscar, le César et le Molière du meilleur soliloque.

Ce samedi, le Stade Toulousain a étrillé (35-12) le Castres Olympique et n’a pas donné le sentiment d’une équipe à bout de souffle. Au contraire, les Haut-Garonnais se sont montrés plus ingambes que jamais cette saison et se présentent à nouveau comme des épouvantails pour le titre et les grands favoris de la finale européenne contre Biarritz. Et Castres est sans doute tombé dans le panneau de la communication adverse, même si celui-ci ressemblait à une affiche 4/3 dans une salle de bains. Même dans ce domaine, Toulouse et son manager sont les rois.

PS : Je préfère, de très loin, Guy Novès à Raymond Domenech.

Jean-Michel Aulas: « garçon, une pression » …

0909rugbyMessieurs les arbitres, vous avez encore beaucoup à apprendre…

Le président de l’OL Jean-Michel Aulas n’est que le dernier d’une longue liste de dirigeants ou d’entraîneurs à mettre la pression sur un homme en noir

Depuis que le sport existe les arbitres en tous lieux et en tous sports ont été la cible de ceux qui voulaient faire gagner leur poulain ou leur équipe. La technique est inscrite dans tous les manuels de communication du « bon » dirigeant. Claude Bez, Bernard Tapie, Guy Roux, Guy Novès entre de nombreux autres, l’emploient sans hésiter. Car c’est si simple et si impunissable – les arbitres n’ont pas le droit à la parole – que ces messieurs auraient tort de s’en priver. Par des interviews bien ciblées d’avant match, parce que l’on est un personnage en vue et incontournable, on prévient le peuple par une gentille lapalissade que l’arbitre doit « faire son travail », et hop le directeur de jeu est sous pression. Ou bien il l’est inconsciemment comme le diraient les philosophes. Le tour est joué. Les grandes équipes ont souvent les bonnes décisions en leur faveur.

Depuis quelque temps, c’est pendant les matches ou immédiatement après que les arbitres se voient conspuer par des patrons de club. Au Parc des Princes, dimanche, M. Fautrel s’est bien fait avoir. Il a cru bon de « recevoir » Aulas dans son vestiaire à la mi-temps de PSG-Lyon. Celui-ci, tout miel, lui a fait le coup des excuses (l’expulsion de Joel Bats en 1re période) et lui a ensuite glissé, comme ça en passant, qu’un avertissement sur un de ses joueurs était « peut-être un peu injustifié ». Et Lyon 45 minutes plus tard marquait le but de l’égalisation alors que Gomis était hors jeu…

Grand spécialiste de la guerre psychologique, Tapie avait, comme le raconte Bruno Derrien l’ancien homme en noir dans son livre A bas l’arbitre, croisé le directeur de jeu dans un hôtel où les deux hommes étaient en cure: « Ce n’est pas une Thalasso qu’on devrait te payer, c’est un stage d’ophtalmo » !

Aulas n’en est pas à son coup d’essai. Derrien l’épingle aussi dans son bouquin pour deux beaux exemples de psy-influence, dont celui-ci en 2005 après Bordeaux-Lyon. Extrait: « Le big boss lyonnais a remis au délégué de la Ligue un document récapitulant l’ensemble de mes statistiques depuis mon ascension au plus haut niveau, neuf ans plus tôt. Et il lui dit : “Lisez ceci, vous comprendrez mieux l’arbitrage de M. Derrien.” … Tout était recensé dans le détail : tous les matches arbitrés, tous les cartons attribués, à domicile, à l’extérieur, tous les cartons distribués aux Lyonnais …

Michel Platini pourrait probablement, au lieu de placer deux arbitres supplémentaires dans les surfaces de réparation, les introduire directement dans le vestiaire. Ils y verraient beaucoup plus de choses et y entendraient davantage de propos intéressants !

Philippe Verneaux.

Jean-Michel Aulas : « garçon, une pression »…

Messieurs les arbitres, vous avez encore beaucoup à apprendre…

Le président de l’OL Jean-Michel Aulas n’est que le dernier d’une longue liste de dirigeants ou d’entraîneurs à mettre la pression sur un homme en noir.Depuis que le sport existe les arbitres en tous lieux et en tous sports ont été la cible de ceux qui voulaient faire gagner leur poulain ou leur équipe. La technique est inscrite dans tous les manuels de communication du « bon » dirigeant. Claude Bez, Bernard Tapie, Guy Roux, Guy Novès entre de nombreux autres, l’emploient sans hésiter. Car c’est si simple et si impunissable – les arbitres n’ont pas le droit à la parole – que ces messieurs auraient tort de s’en priver. Par des interviews bien ciblées d’avant match, parce que l’on est un personnage en vue et incontournable, on prévient le peuple par une gentille lapalissade que l’arbitre doit « faire son travail », et hop le directeur de jeu est sous pression. Ou bien il l’est inconsciemment comme le diraient les philosophes. Le tour est joué. Les grandes équipes ont souvent les bonnes décisions en leur faveur.

Depuis quelque temps, c’est pendant les matches ou immédiatement après que les arbitres se voient conspuer par des patrons de club. Au Parc des Princes, dimanche, M. Fautrel s’est bien fait avoir. Il a cru bon de « recevoir » Aulas dans son vestiaire à la mi-temps de PSG-Lyon. Celui-ci, tout miel, lui a fait le coup des excuses (l’expulsion de Joel Bats en 1re période) et lui a ensuite glissé, comme ça en passant, qu’un avertissement sur un de ses joueurs était « peut-être un peu injustifié ». Et Lyon 45 minutes plus tard marquait le but de l’égalisation alors que Gomis était hors jeu…

Grand spécialiste de la guerre psychologique, Tapie avait, comme le raconte Bruno Derrien l’ancien homme en noir dans son livre A bas l’arbitre, croisé le directeur de jeu dans un hôtel où les deux hommes étaient en cure : « Ce n’est pas une Thalasso qu’on devrait te payer, c’est un stage d’ophtalmo » !Aulas n’en est pas à son coup d’essai. Derrien l’épingle aussi dans son bouquin pour deux beaux exemples de psy-influence, dont celui-ci en 2005 après Bordeaux-Lyon. Extrait: « Le big boss lyonnais a remis au délégué de la Ligue un document récapitulant l’ensemble de mes statistiques depuis mon ascension au plus haut niveau, neuf ans plus tôt. Et il lui dit : “Lisez ceci, vous comprendrez mieux l’arbitrage de M. Derrien.” … Tout était recensé dans le détail : tous les matches arbitrés, tous les cartons attribués, à domicile, à l’extérieur, tous les cartons distribués aux Lyonnais…

Michel Platini pourrait probablement, au lieu de placer deux arbitres supplémentaires dans les surfaces de réparation, les introduire directement dans le vestiaire. Ils y verraient beaucoup plus de choses et y entendraient davantage de propos intéressants !