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Messi a des Adidas à puces, Müller avait un pif high-tech !

Si, si, j’y ai cru… Je vous jure, j’y ai cru une seconde à ce coup de pub aussi magistral que féérique orchestré par Adidas. Gerd Müller, le grand Gerd Müller, ne serait aujourd’hui qu’un buteur nain, bon à jeter aux oubliettes de l’histoire, un bombardier de microscope au regard de l’immenssissime Messi et ses pompes de Gargantua.

Oui, Leo aurait planté ses 86 buts en cette année 2012, et donc davantage que Gerd il y a quarante piges, tout simplement parce que l’Argentin conduit et tape le ballon avec des crampons en titane tri-carboné et dotés d’une puce électronique qui sait reconnaître le chemin des filets !

Bon, merci Adidas, merci le marketing, merci la science moderne. Bon sang mais c’est bien sûr, on n’y avait pas pensé. Et tout ça, ça n’est pas de la pub du tout et on ne nous prend absolument pas pour des demi-crétins au cerveau reptilien…

A côté de ça, bien joué quand même Adidas. Il faut dire que la marque aux trois bandes joue toujours bien les coups depuis que son fondateur, Adi Dassler (d’où « Adidas »), avait fourni Jesse Owens il y a quelques milliers de lunes en chaussures souples. Bon, mais comme Messi, je dois vous révéler que le grand Jesse, chaussures bien cousues ou un peu moins, et même pieds nus, il courait un tantinet plus vite que les autres.

Gerd Müller était en avance sur la high-tech…

Mais revenons à nos moutons et à nos buteurs de rêve. Là, je m’adresse directement aux petits enfants qui ne se laissent pas d’admirer, et avec raison, le talent, le génie du roi Leo (de Barcelone, pas de Paris). Je leur dis qu’ils doivent savoir qu’on ne peut comparer que ce qui est comparable. Même en pataugas, en bottes de chasse ou en tongs, der Bomber c’était un bombardier. Il plantait d’ailleurs la majorité de ses pions sans l’aide du bon vieux cuir ses pompes.

Le plus souvent du pointu, du genou, du tibia, de la fesse et parfois de l’oreille ou de la glotte… Un truc de fous, demandez aux défenseurs de l’époque s’il fallait surveiller les godasses de l’avant-centre du Bayern et de la Mannschaft pour éviter qu’il leur échappe… Non, il avait autre chose que des crampons de 16 ou de 18. Il avait un peu l’instinct du buteur, le Gerd… Un instinct, je vous le dis mes jeunes amis, un instinct… high tech !

Coupe du monde, souvenirs subjectifs (1/10)

Le 11 juin, coup d’envoi de la dix-huitième Coupe du monde de football. D’ici là,  je vais essayer de vous en raconter dix épisodes qui m’ont particulièrement marqué…1974. Mon premier émoi d’un Mondial à la télé. En noir et blanc. Pas encore de poste en couleur à la maison. L’équipe de France, dans un gouffre sans fin depuis 1958, s’est fait de nouveau piteusement évincer.

Il me faut donc trouver d’autres stars à coller sur mon album Panini. Et ça tombe bien, je suis un fan absolu de Franz Beckenbauer, le libero du Bayern, dont je tente d’imiter la conduite de balle impériale sur les terrains le dimanche. Ah, le Kayser ! Il est si fort qu’il abattra à lui tout seul en 1975 mes Verts adorés en demi-finale retour de Coupe d’Europe à Munich. Je lui en voudrai à peine. Tellement beau. Un tour complet ballon lové au pied, au coin de la surface devant Jean-Michel Larqué, suivi d’un extérieur du pied frappé sans effort apparent.

Sur leurs terres, ce Weltmeisterschaft, les Allemands se sont imposés comme un devoir sacré, un peu comme nous en 1998, de ne le laisser à personne d’autre qu’eux. La Hollande (c’est plus joli que les Pays-Bas), voisine et ennemi héréditaire, de Johan Cruijff (ou Cruyff), ne sont pas d’accord. Un autre phénomène celui-là. Si inouï que, pour la première fois, un footballeur va être véritablement sponsorisé (par Phillips, six millions de francs !) et contrer le monopole d’Adidas sur la Coupe du monde. Il chaussera, seul, des crampons Puma.

La Hollande se balade ou presque jusqu’en finale. La RFA, au contraire, en bave. La défaite (0-1), face à l’autre Allemagne, de l’Est, en match de poules, fait couler beaucoup d’encre même si la qualification était acquise et que le Brésil est évité au deuxième tour. Le sélectionneur Helmut Schoen ne l’est plus que pour la galerie. Le Kayser fait l’équipe et promeut par exemple Uli Hoeness aux dépens de Günther Netzer. Gerd Müller, le buteur qui marque même de l’oreille, Sepp Maïer, le gardien aux mains d’étrangleur, ou Paul Breitner, le maoiste ébouriffé, font le reste. Contre la Pologne, c’est une vraie demi-finale. Mais il pleut avant le match. Des hallebardes. Je m’en souviens, à la télé on gardait l’antenne en ce temps-là. Pas question de repousser le match. Une heure d’images de pompiers qui passent des rouleaux sur la pelouse pour évacuer l’eau. Sans guère d’efficacité. Et le match de water-polo a lieu.

L’Allemagne passe un peu par hasard, quoique ce hasard s’appelle Müller (1-0).Finale. Au tout nouveau stade olympique de Munich. Tension autant sportive que politique. La deuxième guerre mondiale a laissé des traces entre les deux peuples. Les Hollandais sont sûrs de leur force. Les Allemands dans leur antre ne peuvent pas, ne doivent pas perdre. Un événement, un seul, va faire pencher la balance après le but très tôt marqué (1re minute, penalty de Neeskens) par les Pays-Bas. Berti Vogts, le défenseur aussi microscopique que teigneux, a été mis dans les pattes du roi Johan. Cruijff n’a jamais été malmené de la sorte. Il s’énerve, jure contre l’arbitre, prend un carton jaune et perd plus de ballons qu’en une saison. La Hollande n’a plus vraiment d’âme. En face, Beckenbauer fait son boulot. Et plus encore. Il défend ! Breitner égalise sur penalty (d’un intérieur du pied un tantinet manqué, la craie du point de penalty s’envole !) et le « bomber » Müller donne le coup de canon victorieux.