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Avec des si… on perdait quand même la Coupe Davis

Primo : si les joueurs français avaient été plus saignants ? Gilles Simon et Michael Llodra ont été à Belgrade en-dessous de leur niveau, du moins celui qu’on attendait d’eux. Ils ont été balayés en simple. La raison principale, Djokovic et Troïcki ont livré face à eux une prestation absolument phénoménale dans les deuxième et quatrième match de simple. Conformément, eux, à leur rang, ou à leur niveau du moment. Il n’empêche, on ne peut chez les Tricolores que regretter des faiblesses individuelles dans de telles circonstances. Une finale de Coupe Davis ne permet pas de failles de ce genre. Sauf lorsque un phénomène, mais qui surgit une ou deux fois par siècle, comme Björn Borg en 1975, fait gagner un pays à lui tout seul.

D’autant que Llodra ou Simon avaient démontré par le passé leur formidable talent. Ils ont craqué en Serbie. Peut-on le leur reprocher ? Honnêtement non. Le premier n’était sans doute pas habitué à évoluer à un tel niveau. C’est seulement cette saison qu’il a émergé dans le cercle des trente meilleurs mondiaux. Quant à Simon, il a été blessé trop longtemps depuis un an pour pouvoir créer le miracle.

Deuxio, Guy Forget avait-il mieux sous la main ? Peut-être mais pas sûr du tout. Après le forfait de Tsonga, dont il n’est même pas certain qu’il aurait vaincu le stupéfiant Troïcki, il lui restait dans sa besace Richard Gasquet. Mais le Biterrois n’a jamais ces derniers temps tenu ses promesses de « Leconte » du XXIe siècle. Trop friable. En forme, il aurait probablement largement rivalisé avec Troïcki dans le dernier simple et, sait-on jamais, donné du fil à retordre à un Djokovic qui déteste être bousculé. Ce n’était pas le cas.Tertio, si les Bleus avaient joué à domicile ? Là aussi, difficile d’affirmer que les Français auraient inversé la tendance. Même s’ils avaient joué leurs quatre premiers tours chez eux cette saison et l’avaient emporté à chaque fois. La dernière finale sur leurs terres s’étaient mal passée contre la Russie. La tension rattrape souvent ceux qui jouent devant leur public. Malheureusement pour nous, pas les Serbes…

Coupe Davis, les vrais enjeux

Pas d’illusion. Même s’ils ramènent le saladier d’Argent de Belgrade, les joueurs français n’en seront pas davantage les meilleurs du monde. Il est même relativement fréquent, comme cela a souvent été le cas par le passé, que les plus belles performances individuelles en Coupe Davis restent sans lendemain. Alors, pourquoi veulent-ils si ardemment s’emparer de l’un des plus vieux trophées du sport international ?

La gloire ? Depuis plusieurs dizaines d’années, la Coupe Davis n’est plus un événement suivi ailleurs que dans les pays concernés. La popularité du tennis s’est focalisée sur les grands tournois individuels. Serbie-France ne déchaînera les passions que dans les deux pays. Et encore. Guy Forget, Gaël Monfils, Gilles Simon, Michaël Llodra ou Arnaud Clément, voire Richard Gasquet, s’ils reviennent victorieux, ne descendront sans doute pas triomphalement les Champs-Elysées lundi.

Soyons réalistes. Côté tricolore, la victoire sera certainement plus prosaïquement synonyme de profits financiers. Bien plus appréciables que les auréoles de gloire d’antan des René Lacoste, Jean Borotra ou Henri Cochet, pauvres diables du sport qui en étaient quasiment de leur poche à chaque épopée tandis qu’ils étaient de véritables stars internationales! Les temps modernes ont fait basculer le phénomène en sens inverse.Les Français ne sont plus des gros bras sur le plan mondial depuis quatre-vingt ans !  Pas un seul numéro 1 mondial. Mais ils ont brusquement acquis une méthode collective dans les années 80 sous l’ère de Philippe Chatrier et avec l’émergence du phénomène Yannick Noah. Le pays a évidemment adhéré et les contrats publicitaires en simultané. Mais il a fallu que le vainqueur de Roland-Garros en 1983 prenne le capitanat pour que se produise le véritable déclic en 1991.

Gagner un seul match revient à gagner au Loto…

Puis, c’est Guy Forget, le bon élève, qui l’a relayé, avec moins de charisme mais beaucoup plus de diplomatie, et au moins autant d’efficacité. De quoi plaire à la Fédération, aux sponsors et surtout aux joueurs eux-mêmes, trop heureux de la possibilité de savoir qu’ils peuvent, en passant par la moulinette Coupe Davis et en produisant les efforts nécessaires au bon moment, devenir plus grands qu’ils ne sont généralement sur le circuit. Ce fut le cas entre autres d’Henri Leconte, en 1991, d’Arnaud Boetsch, en 1996, et de Nicolas Escudé, en 2001, tous devenus des « légendes » franco-françaises de la Coupe Davis. Les deux derniers en tout cas. Boetsch et Escudé ne sont jamais entrés pendant leur carrière dans les dix premiers mondiaux. Ils ont en revanche gagné au jackpot « Davis ». Un match, un seul (celui contre Kulti en sauvant trois balles de match pour Boetsch, celui contre Hewitt pour Escudé), leur a permis d’assurer leur vie d’après-tennis.

Il ne faut donc pas chercher plus loin la motivation des uns et des autres. La Coupe Davis est pour certains un Loto où les chances au tirage sont élevées …