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Bleus : Plaignons Laurent Blanc !

Deux ans. Deux ans d’une galère dans laquelle sans doute il doit encore se demander pourquoi il s’y est fourvoyé. Ces Bleus ne méritaient pas, c’est évident, après que cet Euro 2012 et vingt-quatre mois d’errements l’aient définitivement démontré, que Laurent Blanc vienne se pencher sur leur banc…

L’équipe de France a été reprise en lambeaux après Knysna, elle est aujourd’hui à peine vêtue de fripes de prêt-à-porter. Son bilan se résume à une accession en quarts de finale à l’Euro, certes, mais aussi inespérée que flatteuse et succédant à un parcours en éliminatoires chaotique et jonché de sorties de route.

En Pologne et en Ukraine, on a apprécié un premier match juste passable contre l’Angleterre, puis on s’est presque étonné d’un autre encourageant face à l’Ukraine avant de se déprimer à nouveau devant une double et absolue déconfiture. Pire, avec ces deux dernières sorties contre la Suède et l’Espagne, le sens de l’honneur a été bien égratigné

Le Président a tenté beaucoup de choses pour essayer de relever les morts de 2010. Mais les Bleus, à quelques rares exceptions, l’ont quelque part trahi. Il leur a fait confiance, trop sans doute, les a même chouchoutés parfois mais n’en a obtenu en retour qu’une effarante ingratitude.

Vous me direz, lui ou un autre, le résultat aurait été probablement le même. Car fallait-il se leurrer, se méprendre au sujet d’une génération qui n’est pas, loin, très loin s’en faut, à la hauteur de ses devancières ? Je le disais dès les premiers matches de qualification pour cet Euro, tout était si mal parti que l’issue ne pouvait être que médiocre. Pitoyable même, jusque dans les attitudes, Samir Nasri ayant conclu ces deux années par – ce qui devient une habitude chez les Bleus – un énième éclat en dehors du terrain

23 matches sans défaite, le plus beau trompe-l’oeil de l’histoire des Bleus…

Des bons joueurs ? Où étaient-ils les bons joueurs depuis l’Afrique du Sud ? Quelques dirigeants et observateurs se sont cachés derrière un bilan parfaitement trompeur (23 matches sans défaite… soit, mais quel jeu) et quelques tours de magie de certaines de nos « stars » pour faire des Bleus – quelle illusion – de possibles trouble-fête de ce Championnat d’Europe et pourquoi pas des tombeurs de l’Espagne en quarts de finale. L’occasion était pourtant belle ce samedi à Donetsk de finir au moins en beauté…

Mais non, Laurent Blanc leur avait offert, à ces garçons, avec une composition d’équipe de contreurs, de se battre, de se défoncer face aux imprenables Ibériques. Ils ne l’ont pas fait, n’ont pas même daigné mouiller le maillot, peut-être parce qu’il était blanc…

Allez, les Bleus, défendez-vous !

On ne voudrait pas remuer le couteau dans la plaie mais, de ce France-Angleterre, on ne retiendra que quelques motifs de satisfaction pour la suite de cet Euro mais aussi et surtout la confirmation que ces Bleus n’arrivent pas à s’ôter une énorme épine de leurs pieds. Leur défense est encore et toujours en carton et l’inquiétude monte dans l’ambassade…

Adil Rami et Philippe Mexès courent aussi vite lors ce ce début de tournoi que quand ils étaient benjamins et s’emmêlent les crampons à qui mieux mieux. La première intervention du joueur de Valence au bout d’une minute à peine a donné le ton. Rami a tenté un je ne sais quoi le long de la ligne de touche qui s’est transformé en un vilain n’importe quoi, ou plutôt une première alerte pour son équipe. Quant à son compère de la défense centrale, ce fut rapidement de l’imitation parfaite. Pas un duel gagné, de la tête ou du pied face à Welbeck ou Young et un déficit en vitesse pure absolument stupéfiant.

Sur le but encaissé par les Bleus, le marquage individuel de notre duo de choc a tellement laissé à désirer que Diarra, ensuite l’homme du match, a du les supplanter dans une position trop délicate pour empêcher Lescott de se régaler. Le reste du match a été à l’avenant. Systématiquement, les deux escargots se sont vus débordés ou maladroits dans la plupart de leurs gestes contre des Anglais pourtant loin, très loin, de jubiler.

Laurent Blanc a du travail avant la Suède et l’Ukraine. Un boulot de quincaillier. Du resserrage en règle, de boulons.

Bleus: du « rien » au minimum…

Allez, au moins ils ne font plus la grève… C’est peu mais c’est déjà ça. L’équipe de France de foot réussit deux ou trois passes de suite, c’est peu mais c’est déjà ça.

Laurent Blanc dirait (et le dit) que les Bleus « progressent », c’est assez vrai si l’on retourne dix-huit mois en arrière. Le drapeau tricolore n’est plus complètement en berne quand l’on se réfère à un mois de juin 2010 où seul le rouge, celui de la honte, avait envahi un bus sud-africain et le front de soixante-cinq millions de Français.

Sinon, circulez, il n’y a rien, ou pas grand chose, à voir.

La France ira à l’Euro l’an prochain après neuf mois (un peu plus) de douleurs épouvantables. L’accouchement a nécessité une césarienne d’urgence contre la Bosnie et il a fallu un petit miracle pour que les choses ne tournent beaucoup plus mal. Mais, aux dernière nouvelles, les fées ne se sont pas penchées sur le berceau et les miracles ne se produisent qu’une seule fois.

Samir Nasri, un pied vaut mieux qu’une main. Laurent Blanc a-t-il mangé son pain noir ?

Ah, l’habitude des plats en sauce, des langoustines et du caviar versions bandes à Platini et Zidane ! Tout ça est fini, et bien fini. Donc, les habitudes vont changer. La France jouera en Pologne et en Ukraine, pour la première fois depuis deux ou trois générations en Bleu, un rôle de figurant. C’est peu, mais c’est déjà ça. Samir Nasri n’est pas Platoche ni Zizou, mais il a réussi un geste décisif (deux en fait, la faute qu’il provoque dans la surface et le penalty) en quatre-vingt minutes face aux Bosniens, et c’est déjà ça. Que voulez-vous ? il faudra s’en contenter.

C’est mieux que rien, c’est mieux qu’une Coupe du monde en Afrique du Sud dirigée par Raymond Domenech. Et mille fois mieux qu’une misérable qualification acquise après une main volontaire vue par quelques milliards de témoins dans le monde.

Bien sûr, Laurent Blanc n’a pas de quoi faire le malin et ne le fait pas vraiment, alors que son prédécesseur se serait gargarisé du dixième d’un même pauvre repas. Des miettes, donc. Laurent Blanc ne peut se nourrir avec ses Bleus que de miettes et de gouttes d’eau. Les transformera-t-il en pain et en vin ?