Non, je ne suis pas Martin Luther King, ni sa réincarnation. Mais j’ai tout de même le droit de rêver. A un sport beau, attractif, indépendant de l’argent, noble, sans dopage… Bon, je rêve…
Si on ne peut plus rêver, alors soyons cynique, réaliste plutôt puisque aujourd’hui, en sport, les deux notions sont les mêmes. Ou plus exactement elles se rejoignent. Cette année 2010, j’ai vu Alberto Contador remporter le Tour, l’Espagne gagner la Coupe du monde, Marseille retrouver – enfin – le titre de champion, Nadal s’adjuger trois Grands Chelems, les Français briller en natation, en athlétisme et aux Jeux de Vancouver… Tout ça a été parfait…
Parfait. Enfin, pour être honnête, sur-fait. Premier exemple, Contador est un champion de la triche, on l’a appris officiellement quelques mois après sa victoire. On s’en doutait si fort que la surprise n’en était plus une. Bilan, des dizaines d’heures passées à admirer un type qui nous a roulés dans la farine. Ce ne sont pas ses jambes qui moulinent plus fort que celles des autres, ce sont ses biologistes qui lui font les meilleures concoctions d’EPO, les plus indécelables transfusions sanguines… Mes amis, nous en sommes là ! Que fait la police ? Rien ou presque. Normal. Je voyais l’autre jour une excellente émission sur l’histoire de la brigade mondaine. Eh bien, j’en viens à être certain que le dopage et la prostitution c’est pareil. Ce sont les deux plus vieux métiers du monde (les athlètes prenaient des potions magiques lors des jeux de l’Antiquité) et ils sont tous les deux nécessaires à la bonne marche de la société. Tolérance, dis au moins ton nom… Par conséquent, on ferme les yeux et on les fermera toujours. Voilà, c’est vrai, c’est cynique. Mais que voulez-vous y faire ? Personne ne veut du dopage zéro, ça se saurait, comme personne ne veut la disparition des péripatéticiennes…
Passons au reste. L’Espagne championne du monde, quoi de plus évident. Les Iniesta, Casillas, Xavi, Piqué, Sergio Ramos et consorts viennent des deux clubs, Barcelone et le Real, les plus riches du monde. Et les plus… endettés. Des milliards d’euros au passif de leur bilan. Tout le monde s’en fout. Résultat, une équipe flamboyante et géniale. Mais comment rivaliser ? Impossible bien sûr. Pauvre Platini qui se bat contre les moulins à vent pour créer une Ligue des champions à « fair-play financier ». C’est très honorable, cher Michel, mais il va vous falloir bien de l’abnégation pour y arriver… Cynisme me direz-vous, encore, toujours, mais qui peut me contredire ? Qui peut me faire croire qu’un Steaua Bucarest atteindra de nouveau un jour la finale de la Coupe d’Europe si l’on poursuit dans ce chemin de la politique de l’autruche…Bon, maintenant, Nadal. Là, j’entre carrément dans le bizarre, le brûlant, le casse-gueule. J’ose à peine… Il ne vous paraît pas, quand il l’a décidé, un peu trop mobile, trop rapide, trop costaud, trop impitoyable, trop indestructible, le Rafaël ? Allez, je n’ai rien dit…
Tiens, je me rends compte que ça fait beaucoup d’Espagnols pour un billet…
Pour ce qui est de la natation et de l’athlétisme dans lesquels nos petits Bleus ont pétaradé l’été dernier, j’applaudis. En espérant… En rêvant…