Quand José Mourinho l’entraîneur de l’Inter Milan gagne le match contre Carlo Ancelotti et Chelsea en huitièmes de finale de la Ligue des Champions autant devant les micros et les caméras que sur le terrain, je me rappelle inévitablement Cassius Clay.
Celui qui remporte le titre olympique de boxe en 1960 et va décider de s’appeler Muhammad Ali en 1964 pour épouser la cause des Black Muslims a été la première « grande gueule » du sport mondial. Vainqueur par k.-o de tous ses adversaires lors des conférences d’avant-match, « The Greatest », comme il se surnommait lui-même, peinait un peu plus sur le ring. Mais son avantage verbal lui a certainement permis de déstabiliser des montagnes, comme Sonny Liston ou George Foreman.Ses collègues gantés ont longtemps essayé de l’imiter. Avec plus ou moins de succès. Comme Ray Sugar Leonard, Roberto Duran ou Mike Tyson. Dans les années 80, Bernard Hinault décidait d’un coup de gueule du sort d’une course, à l’intérieur même du peloton. Et puis est arrivée l’ère des patrons à la langue bien pendue, tels Claude Bez ou Bernard Tapie. Tout leur était bon pour prendre l’avantage alors que leur équipe n’était pas encore sur le terrain. Les phrases assassines, les noms d’oiseau voire les insultes, devenaient de véritables armes psychologiques dégainées à la une d’une presse délectée. Le public en redemandait.
Les années 2000, avec la démultiplication des chaînes de télé et l’émergence d’internet, ont fait naître une nouvelle forme de communication. Les sportifs, souvent portés par leurs agents, leurs conseillers ou même leurs parents (les sœurs Williams), ont fait passer via la presse des messages destinés à rectifier leurs comportements inexcusables ou incompris par les foules. Aujourd’hui, les anciens sportifs ou entraîneurs et quelques fortes personnalités du journalisme forment une communauté incomparable de grandes gueules. Une semaine de sport en France ne peut plus se passer d’une dizaine de débats à décibels max sur Raymond Domenech, Thierry Henry, Brian Joubert, Laure Manaudou… initiés par Luis Fernandez, Philippe Lucas, Bixente Lizarazu ou Pierre Menes.
Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?