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Clermont et Brock James: c’est chiant d’être maudit…

Le destin, quelle vacherie ! Clermont et leur numéro dix, Brock James, en connaissent jusque-là un sacrément moche. A s’en damner…

Cette si belle équipe et ce si beau joueur auraient mérité, comme on dit au comptoir du coin, de glaner les titres et les honneurs depuis des années.

Mais samedi, leur histoire s’est achevée comme pratiquement toutes les saisons de ce début de siècle, en eau de boudin. Anglais de surcroît, ce qui est encore plus saumâtre pour les intestins et l’âme…

D’ailleurs, tout avait si mal commencé contre les Saracens à Twickenham, le temple des fraises à la crème et du goût de toilettes, que nos commentateurs télé ont vite fait de s’en prendre à l’arbitre, aux truquages adverses et aux rebonds contraires…

Le dénommé Brock James, surnommé Calamity par les jaloux (de réseaux) sociaux depuis ses premiers déboires en ovalie, a trop rapidement confondu, ce samedi en demi-finale de Coupe d’Europe, le ballon avec une guêpe. Et l’arbitre Mr Owens l’a puni lui d’un carton jaune et l’ASM d’un essai de pénalité, qui fut en réalité un coup de guillotine pour toute l’Auvergne.

Les Jaunards passaient trop prématurément à la casserole et les méchants Anglais les ont ensuite recouverts, sans difficulté aucune, de six essais au goudron noir et leur ont volé dans les plumes. 46 à 6… Pimenté de surcroît par moments de rosbeef Flair, L’horreur au degré suprême !

C’est un peu lourd à porter la malédiction, surtout si c’est éternel. Mais comme disent les écritures et un ou deux poètes qui s’y connaissaient en croix ou en emmerdements à vie, il faut en voir le côté sympa. « Sois plutôt le maudit que celui qui maudit »…

Brock James, tant de bonheur, est-ce possible ?

On en avait vu des beaux matches de rugby ces dernières années, mais celui-là…

Tout, on  a tout vu dans cette demi-finale du Top 14 entre Clermont et Toulon, jouée à Geoffroy-Guichard, l’enceinte à qui il ne manquait plus qu’un match de rugby d’anthologie pour mériter complètement sa réputation de stade  de légende.

Pour faire d’une rencontre un événement inoubliable il faut inévitablement être deux. Et elles furent bien deux, l’ASM et le RCT. Deux équipes aussi motivées, aussi acharnées, aussi joueuses l’une que l’autre. Le résultat final n’a en conséquence tenu à pas grand chose. Et même à rien, a-t-on coutume de dire en sport. Et ce rien, paradoxalement, fait tout.

D’ailleurs, s’il ne fallait ne retenir qu’un fait, un seul, de cette furieuse et à la fois magnifique « bataille » de Saint-Etienne, je m’arrêterais à cette action de la 92e minute, dans la deuxième partie de la prolongation.

Les Jaunards ne menaient que de trois petits points, ne songeaient pas un instant à faire les fiers. Ils avaient déjà vu les hommes de Philippe Saint-André leur opposer tant de résistance, tant de rage, bref tant d’âme, pour rester dans la partie qu’ils ne pensaient pratiquement plus qu’à une chose, conserver leur avantage. A tout prix. Quitte à franchir les flammes de l’enfer, à en perdre souffle et conscience. Et c’était à cette limite que s’était déjà avancé Morgan Parra, l’un des héros de cette partie titanesque. Le demi de mêlée de l’équipe de France, une nouvelle fois formidable d’audace et de précision (quatre pénalités, dont deux de 50 m, et une transformation), avait carrément été mis k.o. sur un choc de tête, et était sorti avant les vingt minutes de la prolongation.

Pour en arriver là, le RCT avait refait dans les cinq dernières minutes du temps réglementaire un retard de dix points ! De rage et de revanche réunies. Car, quelques instants auparavant, l’essai auvergnat de Zirakashvili accordé par l’arbitre n’était pas valable,  la vidéo passant sur les écrans du stade prouvant clairement aux joueurs et aux spectateurs (et à l’arbitre !) que le ballon avait clairement échappé au Georgien !

92e minute, donc. Le ballon part du pied de Jonny Wilkinson, également l’un des formidables acteurs de cette représentation inoubliable (auteur de la pénalité de l’égalisation à la 77e minute), et atterrit dans les mains de Brock James. A cet instant, l’Australien n’est plus que le simple numéro 10 de Clermont. Un ouvreur redevenu banal. Qui ne botte plus pour son équipe. Il en a pourtant été la poutre maîtresse depuis quatre saisons, la portant, la soutenant très souvent à lui tout seul par la qualité unique de ses tirs au but, de ses drops, de ses passes millimétrées. Car, il y a un peu plus d’un mois, James a vécu la pire soirée de sa vie, sur la pelouse boueuse et maudite du Leinster en quarts de finale de la Coupe d’Europe. Le trou noir, le cauchemar. Quatre pénalités égarées dans les tribunes, et surtout deux drops dans l’axe, pour la victoire, aimantés par l’extérieur des perches. Deux coups de pied tombés qu’il aurait passés, en temps normal, les mains attachées dans le dos et un bandeau sur les yeux ! On lui avait donc expliqué du côté de Marcel-Michelin, poliment, eu égard aux services rendus, qu’il devait se « recentrer » sur son jeu, qu’il ne buterait plus ni ne prendrait de vraies responsabilités. En termes clairs, on lui avait retiré les clefs du camion. Autant retirer ses griffes à un chat…

92e… James est quasiment sur la ligne médiane, sur la droite du terrain, pas en position idéale, loin de là. L’informatique le dira à cinquante-sept mètres de la cible. Mais il n’hésite pas, il arme son pied droit, le ballon en est éjecté mais sa trajectoire n’apparait pas limpide au premier coup d’œil. Mais il file, ce ballon, tourne de gauche à droite, comme hésitant lui-même sur sa cible, mais il va se lover entre les poteaux. Oh, le sourire de James… Que de jours et de nuits à ressasser le souvenir maudit de Dublin. Et quelle joie, à cette seconde précise d’assurer le succès de sa formation avec sa part du triomphe. Tant de bonheur, est-ce possible ?

Clermont-Racing Métro 92, ça m’a botté !

Moi, j’en redemande des soirées comme ça.

Devant ma télé, hier soir, les doigts de pieds en éventail j’attendais le spectacle. Tranquille. Parce que parfois ça ne vient pas, la sauce se gâte.

D’abord, avec ce Clermont-Racing-Métro 92 en barrage du Top 14, j’ai assez vite pigé que ça se terminerait par un truc à la hauteur de mes espérances.

Certes, la première période n’a pas été folichonne, mais le score était serré à la pause (6-5 pour l’ASM) et on sentait qu’il y aurait au moins du suspense. La deuxième période confirme mon impression. Les Parisiens jouent bien et reprennent la tête. Ils sont même formidables ces Ciel et Blanc. Ils sont tout neufs dans ce Top 14 et ils en mettent plein la vue à ces vieux briscards d’Auvergnats. Ils vont gagner, j’en suis presque convaincu, quand François Steyn balance un drop d’une autre planète. Un coup de pompe de soixante mètres du Sud-Africain à la frimousse de poupon ! Phénoménal. Probablement le seul homme au monde à faire ça à répétition !

Les Clermontois me paraissent à genoux. Mais non, il y a chez eux un autre phénomène, un petit gars de rien du tout, Morgan Parra, qui est plus grand et costaud qu’il n’en a l’air. Dans sa tête en tout cas. Il supplante d’ailleurs Brock James, le buteur qui a perdu sa botte depuis un mois. Bien, très bien. Lui, il passe tout, même ce qui ne devrait peut-être pas passer, autrement dit une pénalité litigieuse accordée par l’arbitre. Clermont mène à nouveau. Alors, le Racing jette toutes ses forces dans la bataille, en y consommant un peu ses nerfs (Steyn plaque Rougerie à la gorge, pénalité réussie de Parra). La fin de match est haletante même si les Racingmen sont réduits à quatorze pour un carton jaune récolté par Dellape, là encore sur un décision contestable des arbitres. Dernière occasion pour les promus, qui échoue à quelques centimètres de la ligne… Les Parisiens sont aussi mauvais perdants que bons guerriers. Sébastien Chabal, après le match au micro de Canal +, s’en prend, en termes à peu près polis à l’arbitrage dont il juge le « niveau insuffisant ». Simon Mannix, l’adjoint de Pierre Berbizier, n’use pas, lui, d’une telle précaution de langage : « C’est dégueulasse, je suis déçu pour le rugby français », s’emporte-t-il. Enfin, Pierre Berbizier, le directeur sportif parisien, a carrément fait savoir devant la presse qu’il ne « respecterait plus M. Berdos », arbitre-assistant de la rencontre… Bah, pour une fois, je les comprends ces hommes-là, sans les excuser, d’employer des mots qui peuvent dépasser leur pensée. Ça fait du bien de se lâcher.Le match de rugby fini, hop sur Sport +. Et là mes amis, entre le Panathinaikos d’Athènes et le Partizan de Belgrade, la fin de match la plus stupéfiante que j’ai sans doute jamais vue. A Bercy, pour la deuxième demi-finale de l’Euroligue de basket, vous savez cette compétition où les clubs français sont absents ou allergiques, je ne sais pas… Un truc de fous ! Trois dernières minutes que je ne vous raconte même pas, des paniers de dingues des deux côtés… Je ne vous raconte donc pas. Les Grecs ont fini par s’en sortir après la prolongation. S’ils gagnent la finale dimanche, le retour au pays ne devrait pourtant pas être aussi joyeux que d’habitude, vu l’ambiance sociale, politique et financière là-bas… Ah, j’oubliais, c’était pas non plus la fête aux arbitres au Palais Omnisports. Je ne sais pas ce qu’il avait mangé ou bu, le Georges Eddy, mais il a pété les plombs. Toujours contre les directeurs de jeu : « Cet arbitrage… me fait gerber » a-t-il déversé dans son micro de commentateur au sujet d’une faute sifflée et qui selon lui n’aurait pas dû l’être !  Là, je pardonne moins. Un journaliste doit savoir rester neutre. C’est ce que je fais en permanence !

Nom de Dieu, comme on dit à Athènes, quelle soirée !