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Blatter, le Prince, Machiavel et la FIFA

Dans dix ans, dans cent ou plus, on étudiera son oeuvre et son règne dans les universités numériques et les anthologies de l’art de gouverner. Joseph Blatter a, c’est certain, lu, relu, retenu, appliqué si bien les leçons du concepteur de la tactique politique, qu’il en est peut-être le seul et unique dépositaire.

Mieux que Talleyrand, Metternich, Bismarck ou autres quelques bons mauvais génies un peu plus modernes, cette fois du sport, comme Juan Antonio Samaranch, Joseph Blatter aura incarné une organisation du football qu’il a durant dix-sept ans magistralement géré dans la ruse, la duperie, les apparences et surtout la lucidité. Toutes vertus que Nicolas Machiavel avait conseillé de développer aux futurs dirigeants du monde il y a exactement cinq cent ans…

Le plus sublime dans la vraie fausse démission (on ne sait pas trop quand elle sera effective) de son poste de président de la FIFA ce mardi 2 juin 2015 du plus fieffé renard de l’histoire du sport mondial, c’est qu’il n’a bien entendu rien reconnu de ses actes délictueux. Ni répondu puisqu’ils n’existent pas selon lui. En tant que parfait disciple de Machiavel, il ne dit jamais « je » ni « moi je », sauf naturellement lorsque il se gonfle du col pour réaffirmer les bienfaits qu’il aurait prodigués à toutes les fédérations du sport le plus populaire du monde.

Blatter et le « milieu » de terrain !

Comme l’a écrit Machiavel, le prince doit à tout prix éviter « la haine du peuple… pour le satisfaire et le tenir content ». Monsieur Jo n’avait pourtant que faire du peuple du football. Mais il est aujourd’hui la cible du milieu, de son milieu, celui de la secte de la FIFA, de ses membres, dont il ne pouvait plus tenir les rênes pourries par la corruption, les attributions truquées, les marchés véreux et les prébendes.

Ce milieu l’a lâché sans doute, il l’a avoué aujourd’hui dans une conférence de presse plus Blatterienne que jamais, avec son cortège de vérités dorées de mensonges et messages standardisés (la « transparence », « mon souci c’est le football »… blablabla) plus gros encore que le magot de dix millions de dollars de pots de vin versés par son secrétaire général, Jérôme Valcke, au mafieux Jack Warner pour favoriser des votes d’attribution à des Coupes du monde.

Sepp Blatter affirme qu’il va désormais d’ici son départ, c’est à dire à la saint glinglin, se consacrer en quelque sorte à laver et purifier une organisation vermoulue du sol au plafond. La bonne blague suisse ! Il va évidemment profiter de son temps restant pour faire disparaître ou falsifier un maximum de documents pouvant le compromettre directement, comme tous les princes forcés à la fuite ou l’exil.

Le guide de Machiavel aux princes, celui qui leur indique les moyens de garder le pouvoir, devrait encore servir…

Mais qui est vraiment Mr Joseph Blatter ?

Après le Comité International Olympique, exemple parfait d’oligarchie, la Fédération internationale de football demeure sans doute l’organisation la plus nébuleuse du monde sportif. Comme sa sœur aînée de l’olympisme, la FIFA s’acharne pourtant sans cesse à donner le change pour offrir une image positive à la jeunesse de tous les pays. Joseph Blatter (75 ans), son commandant en chef depuis la Coupe du monde 1998 en France et réélu ce 31 mai 2011, n’en est en réalité que le prédicateur, parfois contesté, et le permanent autocrate…

Car si la FIFA ne peut pas tout à fait être réduite, comme le CIO, à une secte, la comparaison brûle la langue. Ses présidents depuis l’origine se comptent sur les doigts d’une main. Et rien ni personne, à l’intérieur ou à l’extérieur, ne peut leur signaler quelque zeste de désapprobation ou de contrariété que ce soit. D’ailleurs, on l’oserait, que la légalité l’en empêcherait. La FIFA a son siège en Suisse, à Zurich, et ne peut être attaquée de par cette extraterritorialité de fait, devant aucun tribunal. Si elle commet une faute, elle se punit elle-même, si elle le décide…

Le rond Blatter est en fait une somme d’angles…

Voilà le contexte dans lequel se meut depuis 13 ans le rond, polyglotte, ingénieux, gestionnaire et népotique Joseph Blatter qui sera réélu ce mercredi à la présidence de la FIFA. Sous ses airs de petit bonhomme lisse et sans charisme, « Sepp » de son surnom, avance toujours tranquille et sûr de lui, dans le calme ou la tempête. Rien ne l’a jusqu’ici atteint sur la planète football. Et pourtant, jamais davantage que sous son autorité, la FIFA n’ a été plus ébranlée.

Les scandales, y compris ceux mentionnant son nom, ont jalonné ses trois mandats successifs. Il s’est toujours protégé à merveille, invoquant au nom des cieux, tel un père jésuitique, les grands et beaux principes qui auraient constamment animé ses actions. A la veille du vote de sa réélection, Blatter a atteint au chef d’œuvre diplomatique et politique en développant une nouvelle tactique à l’occasion de l’affaire de corruption que le Sunday Times a dévoilée il y a quelques semaines. La Coupe du monde 2022 aurait été « vendue » aux Qatari, selon les allégations du journal britannique, et les voix de deux de ses dirigeants auraient été « achetées ».

Blatter, soupçonné lui-même d’en avoir été au courant, a d’abord éliminé son principal concurrent, le Qatari Bin Hamman, opportunément suspendu pour enquête sur sa personne, puis a sorti la carte du coup de l’apocalypse après avoir si souvent argué du « Circulez, y a rien voir » : « La FIFA vacille vacille sur ses bases« , s’était-il brisé la voix mardi. Vite remis de ses émotions, le paradis, le purgatoire à tout le moins, succédait presque le lendemain à l’enfer : « Nous avons reçu des coups, moi des gifles, nous allons tirer les leçons de ces erreurs. Je suis prêt à assumer la vindicte populaire pour servir le football, je suis le capitaine, dans une période difficile de la Fifa». Les opposants, notamment les très mauvais perdants anglais du Mondial 2022, étaient muselés. Le vote pour la nomination du président  -unanime, il va sans dire- se déroulerait alors dans la plus pure et meilleure tradition de la vénérable institution.

La FIFA, vieille tradition de bonnes mauvaises manières !

Blatter est le fils spirituel de Joao Havelange, et ce seul « hasard » explique bien des choses quand on sait que le Suisse a succédé au Brésilien dont il a en même temps appris et hérité de beaucoup de « qualités ». Havelange, d’abord jouet de Horst Dassler le tout puissant patron d’Adidas, premier empire sportif du monde, puis lui-même devenu parrain intraitable du foot international, a très malignement perfectionné le système FIFA, le transformant en Casino royal. Chaque fédération nationale constituant une impitoyable machine à avaler les pièces d’or sur son territoire, l’ensemble crachant des profits colossaux.

Le génie de Blatter aura consisté à déployer son incontestable « charme » personnel pour se faire l’ami incontournable des grands de ce monde, toujours prompts à proposer leurs « services » en échange d’une Coupe du monde sur les stades de leurs concitoyens, de ses retombées commerciales immenses… D’où, en aval, les inévitables dérives, combines et autres transports de sacs de sport à double fond. Le secrétaire général de la FIFA lui-même, Michel Zen Ruffinen, en avait conçu en 2002 une certaine amertume, à la limite de l’écœurement, dénonçant publiquement une « Blatter organisation » où le général était ni plus ni moins accusé de « gérer la FIFA comme une dictature » !

Mais à la FIFA, la révolution est toujours de Jasmin. Blatter veille au mauvais grain.

Mais qui peut sauver cette Coupe du monde ?

A cette question que je me pose depuis quasiment le premier match, j’ai envie de répondre : personne. Car je désespère, après les huitièmes de finale, de ce Mondial… désespérant. Pour la première fois de l’histoire de la plus fameuse compétition de la planète, aucune star, ou presque, n’a été à la hauteur de sa réputation.

Les stars au placard !

Pour ne citer que ceux déjà rentrés dans leur pénates, Cristiano Ronaldo, Franck Ribéry et Wayne Rooney, ils ont traversé le tournoi comme des fantômes, relégués il me semble dans des rôles qui ne sont pas les siens dans leur club. Pour ceux qui restent en lice, Kaka, Fernando Torres ou Lionel Messi, on ne peut pas dire que leur prestige ait gagné quoi que ce soit de leurs prestations depuis quinze jours. Seul le Néerlandais Arjen Robben, comme par hasard l’unique vedette à avoir pu bénéficier d’un repos – involontaire (blessure) – avant l’épreuve, a véritablement tenu son rang.

Sur le plan des équipes, il faut se résigner aux miettes de beau jeu pour assouvir sa faim. Le Brésil a enfin cherché à jouer contre le Chili. Et l’Espagne conserve tout de même un fond de jeu à peu près digne de son statut d’actuel roi d’Europe. Enfin, l’Allemagne a eu le mérite de toujours aller de l’avant malgré des faiblesses dues très certainement à sa jeunesse. C’est tout. C’est peu. C’est insuffisant.Et comme les nations encore en course dites « petites », comme le Ghana ou le Paraguay, n’ont évidemment aucune chance d’aller au bout ni, et c’est bien le grand malheur, les capacités tactiques de forcer leur destin puisqu’elles ne pensent qu’à défendre, il n’y aura je crains qu’une conclusion funeste : cette Coupe du monde restera comme la plus triste, voire la plus déprimante de l’histoire.

Joseph Blatter, ou le président non-ingérent…

Y-aurait-il donc quelqu’un qui pourrait me guérir de cette sinistrose ? Pas Joseph Blatter en tout cas. Le président de la FIFA ne s’améliore pas avec les années. Il règne plus que jamais, comme ses prédécesseurs, en chef autocratique et despotique d’une organisation dont la seule préoccupation est la rentabilité. Contrairement aux beaux discours et slogans de respect et de fair-play qu’il prône en permanence, l’héritier de l’omnipotent Joao Havelange refuse  toute critique un tant soi peu fondée concernant sa personne ou, et c’est plus grave, l’évolution du jeu. Depuis quelques jours et le psychodrame des Bleus, Mr Blatter et ses laquets ne cessent de rabâcher que l’ingérence de la politique dans le football est intolérable. Je suis plié de rire. Et le Cameroun, et la Corée du nord… ? Ces équipes sont-elles dépendantes de leur Fédération ou de leur ministre ou président ? Non, Mr Blatter, vous n’incarnez pas le progressisme…

Tiens, en cherchant, loin, très loin, j’ai peut-être vu un début de lueur dans cette nuit sans lune. Diego Maradona, dont j’avoue que les pitoyables écarts depuis 1994 et sa dernière apparition dans un Mondial qu’il avait quitté sur un contrôle positif, me tire sur son banc de touche quelque semblant de sourire. Crispé…

Non, décidément, rien de rien…

Michel Platini, votre but n’est pas valable !

Jamais je crois le titre de ce blog n’aura été tant justifié. Mon humeur est en cet instant – celui du but bel et bien inscrit par Frank Lampard et refusé par l’arbitre Mr Larrionda à l’Angleterre – à la colère, puissante, rageuse. Le ballon a franchi la ligne… de cinquante centimètres. Des centaines de millions de téléspectateurs l’ont constaté en direct. Le ralenti l’a confirmé de manière absolue…

Que les arbitres soient de manière occasionnelle incompétents ou même empêchés visuellement d’apprécier une action ne me choque nullement. Mais que la FIFA n’ait même pas cru bon à l’occasion d’un huitième de finale de la Coupe du monde de placer une cellule video sur le bord du terrain, comme lors de la finale 2006 préjudiciable à Zidane mais finalement utile à la justice du sport, j’en suis abasourdi.Il y a quelques mois, je fustigeais le refus déjà incompréhensible des responsables du football européen et mondial, Michel Platini en tête, d’avoir recours à la vidéo. Aujourd’hui, je vais plus loin. Platini doit rendre des comptes s’il le peut encore. Pourquoi notre légendaire numéro 10, si soucieux de l’équité, s’entête-t-il si aveuglément. Aucune raison ne sera désormais plus jamais valable après ce scandale planétaire pour ne pas faire appel à la preuve la plus simple et la plus juste. Un moyen qui fonctionne pratiquement sans la moindre anicroche ni contestation depuis des années dans d’autres sports… Et si je ne m’abuse, depuis lors,  au rugby, au tennis, au foot américain, nul ne crie au dévoiement de sa discipline…

Michel Platini, qu’allez-vous dire aux dizaines de millions de supporters Anglais scandalisés ?

Ce que vous invoquez, Mrs Platini et Blatter, cette soi-disant injustice entre sport d’élite et sport de masse, ou cet autre argument grotesque d’un football qui serait « déshumanisé » par les moyens technologiques, est aujourd’hui définitivement insensé. L’athlétisme ou le cyclisme sont-ils déshumanisés quand on déclare un vainqueur au millième de seconde après une photo-finish ? Qu’allez-vous dire ces jours prochains aux dizaines de millions de supporters Anglais effondrés et scandalisés, qui auraient pu être Français, Ghanéens ou Chinois ? Que vous allez placer des arbitres supplémentaires aux abords des surfaces de réparation ?Mais à ce sujet, je vous disais dans mon précédent billet:  « Quant aux deux arbitres supplémentaires dans les surfaces, ça n’est pas en soi insensé. Mais, comme vous dites, c’est d’abord cher et ensuite sans garantie. Si le ballon rentre de trois millimètres dans le but en finale de la Coupe du monde, vous pourrez mettre un arbitre ou dix ou cent dans l’axe du but, ils ne pourront pas se décider, la caméra si ! »

Une « injustice suprême » mérite au moins qu’on la traite différemment

Certains réactionnaires affirment que cinquante faits de jeu par matches sont contestables ou mal jugés par un arbitre. Et qu’en conséquence, même un ballon ayant franchi la ligne de but d’un mètre, fait partie de la même manière des aléas du jeu. Et qu’il n’y a qu’à s’y résigner… Pas moi. Il y a selon moi en football, comme dans la vie, des injustices tout le temps et partout. Mais il existe aussi et surtout des injustices « suprêmes » comme ce but refusé à Lampard. Pourquoi ne pas les traiter différemment, surtout de façon si limpide et en un temps aussi court (dix secondes dans cet exemple) ?Si vous me répliquez enfin que ce Allemagne-Angleterre ne mérite pas plus de moyens de vérification qu’un match joué à Nogent sur Marne ou à Tombouctou, alors allez demander à ces amateurs du dimanche s’ils préfèrent les caméras sur leur stade ou sur celui où leur équipe nationale dispute un match de phase finale de Coupe du monde.

Michel Platini, Joseph Blatter, votre but n’est pas valable !

Irlandais, dites 33 !

Coriaces, ces Verts. Après avoir demandé à rejouer le France-Irlande, ils ont demandé à voir ce lundi, en délégation, le président de la FIFA, Joseph Blatter. Toujours cordial, ce bon Sepp les a reçus. Très aimablement on s’en doute. Il est Suisse et de bonne composition. Mais, tel qu’on le connaît, il a quand même dû se retenir de s’étouffer de rire en s’entendant proposer par ces mêmes Irlandais qu’on joue la prochaine Coupe du monde à trente-trois (au lieu de trente-deux) pays.

C’est vrai, la main de Thierry Henry, tout le monde l’a vue, a rétorqué le boss du foot mondial. De là à inviter l’Irlande en guest star… Pourquoi pas, a-t-il répliqué, inviter le Costa Rica qui s’est fait lui aussi blouser par l’Uruguayà cause d’un but hors jeu.

En poussant le bouchon un peu plus loin, on ne voit pas ce qui empêcherait de faire venir en Afrique du Sud le Luxembourg ou le Liechstentein. On imagine qu’ils trouveraient sans peine à la vidéo de quoi leur donner raison (un penalty non sifflé ou, que sais-je encore, un adversaire qui n’avait pas rentré son maillot dans son short).

Ah, Blatter a aussi confié qu’il avait discuté au téléphone avec Thierry Henry qui s’inquiétait de savoir s’il serait puni de son péché véniel… heu ! manuel. « Puni de quoi ? » s’est exclamé Sepp. Ces Helvètes, ils ont quand même du coffre, à défaut de lunettes !