Cela devient une manie. Plus un jour dans l’actualité sportive sans un budget à finaliser, un capital à renforcer ou une dette à combler. Dans les clubs, on traque les financiers, les investisseurs, les acheteurs, les participants. Et quand on n’a pas trouvé ici ou là, on cherche ailleurs. L’argent n’est plus, comme avant, tout à côté, il est ailleurs, parfois loin, très loin. Au Qatar ou au Canada…
Au Paris Saint-Germain, les propriétaires, déjà d’origine exotique, ont été dégoter un juteux gisement pétrolifère pour se sauver de la banqueroute. La tache a été ardue mais salvatrice. Un précieux concours « présidentiel » a conclu le renflouement et le vaisseau PSG n’a non seulement pas coulé mais il navigue de nouveau à plein moteur sur l’océan des transferts. Du coup, les supporters ne se soucient plus beaucoup de la provenance du carburant ni d’ailleurs de l’âge du capitaine de l’Emirat…
Au Stade Français, la problématique initiale était la même. Les sous et leur tragique rareté. Dans une mesure moindre bien sûr, en rapport avec la proportion de taille entre le foot et le rugby. Max Guazzini, plus doué pour l’organisation de galas que pour les fusions-acquisitions, avait pris le soin de confier un avion renifleur de pognon à quelqu’un de plus averti que lui en la matière. Pas à un président de la république, certes, mais à Bernard Laporte, ancien ministre, très impliqué dans les affaires, par-dessus le marché expert en rugby et – at least but not the least – parfait connaisseur des lieux puisque sacré champion de France avec le Stade Français dix ans auparavant… De quoi garantir au montage de l’opération de refondation, via une recapitalisation du club et une prise du pouvoir sportif par l’ex-sélectionneur des Bleus, un maximum de réussite, voire davantage…
Ariste, le renfloueur du Stade Français, était en fait pauvre comme Job…
Qu’apprenait-t-on dans la foulée ? Que des Canadiens avaient été très vite approchés par Laporte pour s’arrimer au club parisien, par l’intermédiaire d’un certain Job Ariste dont la Fondation pour enfants défavorisés (la FACEM) allait injecter de quoi régler les déficits courants (5 millions d’euros) mais aussi et surtout le reste, c’est à dire le tout venant de la saison à venir (au moins 7 millions) dont l’ambition avait été revue entretemps nettement à la hausse. On s’était gaussé dans le landerneau de l’ovalie, Mourad Boudjellal le président de Toulon en tête, dont Laporte hérissait le poil en tenant serrée la laisse de Mathieu Bastareaud. Personne n’avait jamais croisé ce pauvre Job, ni bénéficié de ses bonnes œuvres, ni pénétré dans ses bureaux.
Bref, on s’était diablement interrogé sur la crédibilité du bougre. La réponse était simple et tenait, pardi, dans la question. Max, pas si fou, a enfin découvert le pot aux roses hier lundi à sa banque parisienne en épluchant une remise bancaire de la FACEM. Le guichetier était formel, le papier était du bidon. Le sang du président n’a fait qu’un tour. Hop, au commissariat, et plainte contre X… Fin de l’entourloupe mais pas de l’affaire. Notre bonne et dévouée DNCG va sérieusement se pencher sur le cas de cette virtuelle faillite et se dépêcher de penser à une très possible rétrogradation administrative du Stade Français qui risque de jouer l’an prochain à Oyonnax en Pro D2 ou, plus cocasse, à… Bobigny en Fédérale !
Alors, comment Laporte, quand même escroqué d’exactement 183.000 euros (dixit Max lui-même sur la radio Notre Dame) dans l’affaire par le nouveau Jack Kashkar, a-t-il pu se faire ainsi « Bernie ». L’avenir le dira…
En attendant, le PSG nage dans les pétro-dollars et le Stade Français s’est noyé dans les billets verts canadiens. Comme disait mon beau-frère, il n’y a pas loin des grandes eaux au caniveau…