Archives du mot-clé Basket

Euro 2013 : Tony Parker, le basket français dans ses mains

Une éternité c’est un truc à la con. Personne n’y a jamais compris que dalle. C’est une sorte de non sens. Un peu comme un shoot en drive de Tony Parker avec changement de mains. Tony Parker, c’est le meilleur sportif français depuis dix ans, champion NBA, autant dire du monde, trois fois, et génie absolu du basket.

Et ce petit gars-là nous a donc fait sortir de l’éternité de la loose. C’est à dire faire remporter avec cet Euro 2013 un titre international au basket français masculin. L’exploit qu’on attendait donc depuis la création de ce sport que les Français regardent plus à la télé qu’ils ne le pratiquent.

On ne sait pas pourquoi d’ailleurs. Parce que le basket, il n’y a rien de plus simple. Il suffit d’avoir des mains et un ballon. Mais avant Tony Parker, on n’y comprenait rien dans l’hexagone. On avait les mains carrées et des ballons crevés. On paumait dans des demi-finales où des arbitres nous tiraient dans les pattes ou dans des finales contre des Harlem Globe Trotters.

Ce coup-ci, en Slovénie, à Ljubljana, une ville où il ne se passe jamais rien, les Bleus ont trouvé l’endroit où ils sont entrés dans l’histoire. On n’est pas les meilleurs basketteurs de tous les temps mais ça fait un de ces biens de sortir du néant…

Bolt, Rudisha et les super girls…

Les Jeux, c’est pas du jeu. On y invite des phénomènes ou des créatures venues d’on ne sait où, peut-être de Mars ou de plus loin, là où les planètes tournent sans gravitation. Et ça fausse tout.

Jeudi, c’était bizarre à Londres. Pas de fog, pas de fraises à la crème, même pas de flotte. Mais deux ovni dont on se demande comment ils ont pu arriver sur terre sans qu’on les repère plus tôt. Usain Bolt, on s’en doutait quand même un peu, en est un, un coureur venu d’ailleurs. Et il ne fait plus mystère, comme il l’a enfin avoué à Nelson Monfort après la finale du 200 mètres, que ce n’est plus la peine d’essayer de le battre ni même de s’aligner au départ quand il y est. Il est dans la légende, il est la légende…

David Rudisha est nettement plus modeste. Mais d’un genre tout aussi inconnu que l’autre. Il ne court pas d’ailleurs. Ce sont les autres qui courent derrière. Lui, il vole, survole. Une foulée que la bio-mécanique ou la physique, et toutes autres sciences humaines, ne sont pas parvenues à mettre en équation. Sebastian Coe, le maître d’oeuvre de ces JO et probablement plus grand génie de l’histoire du 800 mètres, n’en est lui-même pas revenu. Deux tours de piste effectués en tête de bout en bout dans une finale olympique et un record du monde à la clé…

Plus terre à terre, les filles bleu blanc rouge du basket, le nôtre donc, celui de Bourges ou Valenciennes… Et ces filles vont jouer la finale du tournoi olympique. Contre les extra-terrestres du jeu, les Américaines. Et elles n’auront pas la trouille, Céline Dumerc, Isabelle Yacoubou, Sandrine Gruda, Emilie Gomis… Tenez, Céline, la petite blonde qui enfile des shoots à trois points comme des perles façon Michael Jordan, n’a peur de rien. Sauf peut-être de son coiffeur, un type assez retors visiblement et qui malmène en permanence sa permanente…

Tony Parker peut-il devenir le Zidane du basket ?

Il est comme Zizou, un peu tout à la fois. Intense et lunaire, Français issu de la diversité, fou sans folie au visage de peintre vénitien. Tony Parker est un artiste dont les oeuvres n’ont pas encore été exposées dans son propre pays. C’est le lot des sportifs de l’époque, mercenaires ou produits, vendus aux quatre coins du globe aux plus riches collectionneurs.

Mais pour la première fois en dix ans d’une fabuleuse carrière de club, le meneur des San Antonio Spurs fait le bonheur de sa sélection nationale. On n’osait plus y rêver. L’équipe de France est peut-être pourtant en train de toucher un but qui lui a été jusque-là inaccessible. Une victoire en finale de Championnat d’Europe, événement dont elle a été éternellement privée, comme par une sorte de malédiction, d’accumulations insensées de sortilèges fatals. D’ailleurs, le même Parker avait lui-même vécu avec les Bleus ces soirées infernales où les paniers paraissaient maudits, où les ballons fuyaient toujours le cercle, en sortaient inéluctablement dans les derniers instants…

Comme aux Bleus de Zidane, il reste le temps d’une soirée d’été à ceux de Parker pour infléchir le destin…

Dans l’improbable Lituanie, Parker avait décidé que la nuit devait enfin être chassée, que les ombres laisseraient place à la lumière. En huit matches, sept plus précisément puisqu’on lui avait permis de reposer ses pauvres jambes contre l’Espagne au deuxième tour, et jusqu’à la sirène de cette demi-finale gagnée contre l’énorme Russie, Tony Parker a porté la France sur ses épaules, tel un Atlas des parquets. Mais, pour soulever le monde (ou l’Europe), disait le poète, il faut tout de même un levier à la disposition des mains de l’Hercule. Un outil en plusieurs pièces, pour une fois merveilleusement agencées, Nicolas Batum, Boris Diaw, Nando de Colo, Joakim Noah, Ali Traoré, Charles Kahudi ou Florent Pietrus, sans oublier le modeste mais fieffé et entêté entraîneur, Vincent Collet.

Il reste, dimanche à partir de 19h30, un match à la bande à Parker pour se hisser au sommet de sa discipline. Comme la bande à Zidane de 1998, il lui reste le temps d’une soirée d’été pour infléchir le destin, le forcer, le tordre et en faire un beau moment d’Histoire. Comme les Bleus de Zidane qui défièrent le Brésil de Ronaldo, l’adversaire est un autre géant, l’Espagne de Pau Gasol. Tony, as-tu du coeur ?

Poor lonesome Tony Parker !

Un seul être vous manque… Tony Parker ne manque pas encore, heureusement, à l’équipe de France. Mais les Bleus, qui viennent d’entamer leur Euro, seraient d’emblée dans une belle panade sans leur « Spur » de meneur, auteur de 31 points évidemment décisifs contre la Lettonie (victoire 89-78). Zorro, Jésus et Jack Bauer à la fois…

Rarement, jamais sans doute, les Bleus n’ont tant dépendu du talent d’un seul homme. Face à la Lettonie, et on pourra me sortir toutes les statistiques alambiquées que l’on veut, les coéquipiers de Tony ont été atterrants. De maladresse, de lenteur, de pusillanimité. Personne, sauf « l’ex » d’Eva, pour rattraper les boulettes du voisin.

La Parker dépendance !

Cette équipe a besoin d’un gigantesque coup de pied au derrière si elle veut ressembler d’abord justement et seulement à une équipe, et ensuite à ce que l’on nous bassine depuis quelques jours, c’est à dire à une prétendante au podium. Nous en sommes pour l’instant loin, très loin…

Pour le moment et en attendant mieux, il faut souhaiter deux choses aux Bleus. Qu’ils montent premièrement correctement la première marche de l’échelle tout au fond du puits sans lumière dans lequel ils sont tombés, et espérer que la santé de Parker demeure stable…

La Serbie, du désespoir à l’extase

Le sport réserve parfois de curieux coups du destin. Ce samedi, la Serbie en a curieusement connu deux à quelques heures d’écart, aussi fous l’un que l’autre, et conclus par des issues diamétralement opposées.

A quatre secondes de la fin de la seconde demi-finale du championnat du monde de basket, les Serbes pouvaient se congratuler. Ils tenaient leur place en finale en menant d’un point après un panier du dénommé Velickovic. Leur adversaire, pas n’importe qui, la Turquie, l’ennemi héréditaire le plus absolu, était à leurs pieds. Tout un symbole après plusieurs siècles passés sous le joug ottoman. L’exploit, purement sportif celui-là, était à cet instant d’autant plus grand qu’il se produisait à Istanbul, dans la salle du pays organisateur, où l’ambiance frisait l’hystérie collective. Car la Turquie tout entière soutient son équipe comme peut-être jamais une nation ne l’avait fait auparavant. Le peuple turc ne vit depuis quinze jours qu’au rythme de son équipe nationale. Portés par ce formidable élan patriotique, à la limite de la dévotion, les coéquipiers de Edo Turkoglu avaient jusque-là été intraitables dans ce Mondial. Sept matches et autant de victoires. Mais ce coup-ci, la désillusion était toute proche.Quatre secondes à jouer, donc. Remise en jeu turque sur la ligne médiane. Il faut un miracle. Il a lieu. Et le « petit » Kerem Tunceri, 1,90 m quand même mais un nain dans ce sport, se démarque sur la gauche puis se débarrasse sur deux pas de son adversaire à vitesse supersonique pour aller inscrire seul le panier de la victoire… La Serbie est vaincue.

A New-York, demi-finale de l’US Open. Roger Federer, le grand Roger Federer, a deux balles de match dans le cinquième set face à Novak Djokovic. A-t-il vu, le Serbe, sur un écran dans les vestiaires avant de pénétrer sur le Arthur Ashe Stadium, ses compatriotes se faire souffler la victoire à dix mille kilomètres de là ? En a-t-il tiré la force d’inverser le cours du destin, si cruel à son pays ? En tout cas, il efface ces deux mortelles échéances. Très crânement. Et il renverse la vapeur. Federer est finalement terrassé. Djokovic n’en revient pas. Il est extatique.