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Jean-Michel Aulas et Lyon, le tapis pleure…

Rien ne va plus, comme l’on vous prévient au casino juste avant de lancer la boule… Jean-Michel Aulas a joué, beaucoup, depuis plus de vingt ans. Il a beaucoup gagné avec l’Olympique Lyonnais, en pariant énormément. Il commence à perdre, beaucoup. Les jetons vont manquer. Le tapis pleure…

Les quarts de finale de la Ligue des Champions ? C’est fini, l’Ajax Amsterdam a enterré les dernières illusions de l’OL. Le titre en Ligue 1 ? peu de chances de le récupérer. Les finances ? la dèche (encore 28 millions d’euros de perte cette année). La bourse ? plongée sous-marine (cours d’introduction divisé par cinq en quatre ans…). Les joueurs ? carbonisés, à vendre (encore deux d’ici le mercato, Aulas l’a annoncé officiellement à ses actionnaires) et aussi rentables que la dette grecque (Gourcuff). Les entraîneurs ? viennent et partent en gros tous les dix-huit mois (Santini, Le Guen, Houillier, Perrin, Puel, Garde…) depuis dix ans, au gré des interminables déceptions européennes…

Pour l’OL et Aulas, la seule vraie bonne nouvelle, c’est la pierre, la première…

Le bon président Aulas a pourtant été un précurseur sur nombre de terrains, sportif, financier, communication… Trop sans doute. Pas d’illusion, malheureusement, tout ça n’était sans doute pas philanthropique. Monsieur Aulas a eu le tort de croire que le miracle économique du sport des années 1990-2000 pouvait concourir à accélérer les victoires, la grandeur de son club et probablement démultiplier sa surface financière personnelle. Que les exemples de financiarisation à outrance de Manchester United, de l’Inter Milan, du Liverpool FC et de bien d’autres étaient une panacée, ou même ceux de magnats d’opérette. L’échec de ce modèle est aujourd’hui patent. L’Eldorado s’est tari.

Et l’une des seules portes de secours pour au moins ne pas ressortir en slip de ce casino, Mr Aulas s’en persuade de plus en plus, serait de se « recaver » dare dare… Allo le Qatar !

Vous me direz, durant notamment la dernière décennie Aulas a tenté, s’est démené, a misé, a combattu. C’est vrai et c’est à son crédit. Seulement, les limites du système s’avèrent si visibles depuis des années que l’on s’étonne de nombre de ses choix récents. Le seul peut-être à ne pas prêter à critique est celui du nouveau stade. Au moins, la pierre, comme disait nos grand-mères, c’est du solide… Encore faut-il déjà que la première soit posée.

G20, dette, PSG, Beckham, Platini et le Lycée Papillon…

Les dirigeants du monde ont découvert puis proclamé dans la foulée cette semaine à Cannes que l’on ne pouvait pas, ou que l’on ne pouvait plus vivre au-dessus de ses moyens. Que s’endetter conduisait à la ruine et constituait désormais un péché contre l’Euro, le monde, la morale, les banques et un peu tout en fait. Dont acte.

L’actualité du football contrarie magnifiquement ce nouveau grand principe. Alors que l’on vient de couper tout crédit à la Grèce tant qu’elle n’assainirait pas ses finances et que l’on met l’Italie sous tutelle, personne ne semble s’émouvoir de la bulle, que dis-je, de la Montgolfière pleine de gaz inflammable, que représente la dette des clubs européens. Faisons le point, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne et à un degré moindre la France s’effondrent littéralement sous une phénoménale charge d’endettement, très probablement supérieure à quinze, voire vingt milliards d’euros… Tandis que ses recettes se montent au mieux à la moitié !

Le cabinet AT Kearney a prévenu il y a quelques mois :« En fonctionnant comme des entreprises normales, les ligues d’Espagne, d’Angleterre et d’Italie seraient mises en faillite en moins de deux ans ». Ne nous y trompons pas. A l’instar de la Grèce que chacun sait maintenant en situation de banqueroute non virtuelle mais réelle, les clubs du Vieux Continent sont aujourd’hui incapables de rembourser ce qu’ils doivent, et ne vivent plus que sous assistance respiratoire. En attendant que le premier domino ne tombe, entraînant les autres selon la théorie éponyme, ce qui ne saurait plus maintenant tarder…

Platini en raillant Beckham rêve sûrement comme à ses débuts du Lycée Papillon…

Un seul homme de décision dans le sport en Europe a pourtant tiré le signal d’alarme, Michel Platini. Paradoxalement, l’ancien génie du coup-franc a dressé le constat de la gabegie sans y voir tout à fait les mêmes conséquences que les politiques. Il ne faut pas réduire la voilure pour mieux braver la tempête mais pour que les chances de chacun soient égales face à des compétitions impitoyables. L’équité, le « fair-play » financier pour être précis, avant la rectitude des comptes. Ou la justice sociale du foot business ! In fine, dans deux ans, le Real Madrid ou Manchester United pourraient bien être exclus de la Ligue des Champions si leur bilan ne présente pas des colonnes débitrices trois ou quatre fois plus raisonnables.

Reconnaissons-le, certains ont semblé comprendre le message, le conseil appuyé plutôt. Outre-Manche, Sir Alex Ferguson ou Arsène Wenger se posent ces temps-ci des problèmes sur lesquels ils n’avaient pas jusque-là trop cogité. L’argent ne devant plus sortir, il doit évidemment rentrer. Et leurs joueurs en or partent plus qu’ils n’arrivent. En France, Jean-Michel Aulas n’a plus trop le choix. L’OL entré par ses infatigables soins en bourse, il doit parler à ses actionnaires et leur avouer qu’il ne peut plus comme avant embaucher de stars à gogo, et qu’il doit a contrario s’en séparer.

Toujours en France, M. Al-Khaleïfi, patron tout puissant du PSG, vient, lui, de déclarer qu’il n’achèterait plus de joueurs cette saison. Fort bien, après avoir signé en début de saison 2011-2012 une demi-douzaine de chèques (et quelques traites) pour le modique total de 80 millions d’euros, record hexagonal du genre pulvérisé. Sauf un. Mais pas le moindre. Pas vraiment un joueur, mais une « marque », comme l’a dit lui-même le richissime Qatari, nommée Beckham. Le tour est joué. On n’achète plus de talents mais des images, des figurines, des sortes d’usines à produits dérivés. Platini s’en est d’ailleurs visiblement amusé, qualifiant l’époux de Victoria de futur touriste haut de gamme de la plus belle ville du monde et adepte modèle du « shopping ». Je soupçonne le président de l’UEFA de l’avoir quand même un peu mauvaise. David-le-produit, et sa moitié en pleine page des magazines people débarquant dans un PSG totalement financé par les pétro-dollars du Golfe, ne rappellent sans doute pas à Platini les saines joies de ses débuts dans le football du temps de Nancy et du « Lycée Papillon« …

Aulas, garde Garde !

Quelle nouveauté. Cela faisait bien longtemps qu’un entraîneur de football s’était comporté en homme « normal », comme s’est défini l’un des candidats aux primaires socialistes. Je me pince en effet en observant le caractère si posé du nouveau technicien de l’Olympique Lyonnais depuis son intronisation aux manettes sportives du meilleur club français de ce siècle.

Rémi Garde, en deux ou trois mois de travail à Gerland, et jusqu’à ce barrage aller de la Ligue des Champions OL-Rubin Kazan (3-1), apparaît comme un intrus dans un monde du ballon rond où l’invective, la mauvaise humeur ou les allusions nauséabondes sont monnaie courante. Prenez par exemple le cas de ses collègues les plus éminents en France ou à l’étranger, messieurs Garcia, Deschamps, Kombouaré, Gillot, Antonetti, Mourinho, Wenger, et il n’y a pas si longtemps Van Gaal, vous n’oseriez même pas leur faire lire un seul résumé de leurs déclarations d’après-match à l’un de vos enfants, élèves ou pensionnaires de club de formation… Ces responsables pourtant aguerris semblent fabriqués dans un même moule, celui de la paranoïa aigue provoquant leurs écarts de langage voire de comportements !

Pour Garde, l’essentiel semble ailleurs. Les décisions des arbitres, bonnes ou mauvaises, ne le perturbent pas. Pas plus que les interventions toujours plus affolantes de certains joueurs adverses sur les tibias de ses protégés. Ou des réactions stupides et pavloviennes des spectateurs après un match moyen ou même une seule passe ratée. L’ancien international (six sélections), défenseur et milieu puis membre du staff lyonnais depuis des années ne cède pas aux modes actuelles de l’hystérie anti-tout et se concentre sur son sujet.

Garde-Lyon, le train de l’OL est en bonne voie !

Le relativement jeune entraîneur de l’OL (45 ans) sort du lot. Le calme sort de tous ses pores comme quelqu’un dont le travail intérieur a été accompli. Garde conçoit clairement ses actes et les énonce aisément. Il a certainement du, et il faudrait le lui demander, fait appel à des aides extérieures afin de caler son expression orale et canaliser un tempérament qui n’était pas si maitrisé quand il était un défenseur plutôt rugueux. Aujourd’hui, pour lui, les causes éventuelles de l’échec sont moins dues aux facteurs exogènes qu’aux fautes qu’il aurait pu commettre. De là, une tendance au perfectionnisme de son action et par là de son groupe. Et non au recours à des recettes employées couramment par les sieurs sus-nommés, râles, grognements, vitupérations, injures à l’encontre de toutes personnages, évènements ou conditions contraires. Garde a ramené, sous réserve de séismes toujours possibles, la tranquillité au bord du Rhône. Jean-Michel Aulas ne va plus parler aux supporters dans les virages après les matches et a nettement diminué sa consommation de Lexomyl.

Monsieur le président, vous avez pris Garde, et bien gardez-le !

Aulas, Lyon, le Real et le fair-play…

On peut tourner et retourner le problème dans tous les sens, plus on est riche et plus on peut acheter. L’Olympique Lyonnais est moins riche que le Real Madrid, nettement moins riche. Trois fois moins (146 millions d’euros de revenus contre 438, en 2009-2010) selon les chiffres les plus récents, publiés par le cabinet Deloitte. Donc, le Real élimine Lyon (1-1, 3-0) sans discussion en huitièmes de finale de la Ligue des Champions et il n’y a rien à redire. Sauf un petit quelque chose…

Cristiano Ronaldo, Benzema, Casillas et Marcelo sont plus productifs que Lisandro, Gomis, Gourcuff et Lloris. Point final. D’ailleurs dans l’histoire de la Coupe d’Europe, à de rares exceptions près, le rapport de force financier a toujours favorisé les plus puissants. Rien de bien nouveau dans le monde impitoyable du business et de son satellite du sport le plus voyant, le foot.

Richesse et résultats riment de plus en plus…

Ce qui est embêtant, enfin ce qui m’embête moi ainsi que Michel Platini, c’est que richesse rime aujourd’hui de plus en plus avec résultat négatif et endettement. Des chiffres à faire peur à tout bon père de famille au budget même un peu imprudent. Allez, je vous dis tout, le Real Madrid doit, vous lisez bien, 689 millions d’euros à l’ensemble de ses fournisseurs… Un ratio endettement/CA qu’aucune grande entreprise d’aucun pays dans le monde ne peut atteindre à moins que son dossier soit déjà au Tribunal de commerce ou que ses dirigeants croupissent en cellule…Pour la première fois peut-être dans l’histoire du foot, un dirigeant des institutions (FFF ou Ligue) a tiré une sonnette d’alarme. C’était le 15 février dernier. La moustache fournie de Frédéric Thiriez, le président du football professionnel, s’est un instant frisée d’horreur devant le vide abyssal du gouffre (« Le foot va droit dans le mur »). Rien qu’en Angleterre, la dette globale de la Premiership se monte à quatre milliards d’euros. Soit, et la métaphore vaut ce qu’elle vaut, cinquante Cristiano Ronaldo… Arsène Wenger, pourtant lui-même à la tête d’un Arsenal endetté à hauteur de plus de 200 millions (mais il est vrai propriétaire de son stade) comparait la méthode à du « dopage financier ». Pas faux.

Le « dopage financier » doit être mis hors jeu

Les systèmes anglais ou espagnols ne ressemblent plus à rien. L’ami Abramovic, le magnat russe, se moque ouvertement des règles les plus élémentaires. Il aligne les centaines de millions sans se préoccuper plus que cela de son comptable, qui n’a d’ailleurs probablement aucun intérêt à mouffeter… Et puis, Roman, après tout, fait ce qu’il veut, tant que les tonnes d’euros ou de roubles lui appartiennent. Non, ce qui nous gêne toujours autant, moi et Platini, c’est que l’équité – ah, j’ai lâché le gros mot – n’est plus respectée. C’est qu’Abramovic et ses copains (pas forcément des « intuitu personae ») faussent le jeu. Une petite grappe d’à peine une dizaine de formations du Vieux Continent peut désormais prétendre au Graal. Parvenir au tour final est maintenant un objectif maximum pour les autres. Plus aucune surprise n’est possible.Au Real, comme à Manchester, à Barcelone, à Munich et ailleurs, les trous se creusent, se creusent… Une sorte de trou de la Sécurité Sociale ou de dette souveraine du foot qui enflent interminablement. On sait que la Grèce et l’Irlande ont craqué sous le poids de leurs excès, et que bientôt le Portugal ou l’Espagne elle-même vont craquer…

Dès le coup de sifflet final à Santiago Bernabeu, Jean-Michel Aulas, le petit malin, n’a pas accablé ses joueurs. Il a immédiatement mis la défaite sur le compte de l’argent du Real, de son immense stade… De la part du premier introducteur de club français en bourse, la surprise de ce discours n’en est pas une. Le boss lyonnais rêve de sa nouvelle grande enceinte, des meilleurs joueurs d’Europe à Gerland, des sponsors en or à ses pieds…

Mais Michel Platini et moi sommes d’accord pour que Manchester United, Barcelone ou le Real ne gagnent pas toujours. Ou plus exactement que ces clubs ne remportent pas systématiquement la Ligue des Champions de l’endettement… Et que le fameux fair-play soit aussi financier…

Aulas, machiavélique et… populiste

C’est l’apanage des puissants. Jean-Michel Aulas en est un et ne se prive plus depuis longtemps de livrer ses opinions pour tenter de les imposer. En résumé, le président de l’OL fait partie des hommes d’influence du football français. Il est même probablement celui dont l’emprise sur le milieu du ballon rond est la plus féroce. Samedi soir, à l’issue d’Ol-ASSE, il a fait apprécier au plus haut degré son machiavélisme.

Dès le coup de sifflet final du Lyon – Saint-Etienne de ce 25 septembre, perdu par son équipe (0-1), le patron lyonnais a enclenché sa machine médiatique. A plein régime, peut-être comme jamais en vingt ans. Une réaction tous azimuts comme on n’en avait pas vue sur la scène footballistico-médiatique de l’hexagone. Aulas, avec son incomparable expérience, l’avait évidemment prévue, comme une partie de scénario. Gagnant, il aurait bien entendu fait sonner la trompette du vainqueur.Mais la défaite faisait partie de ses plans. Pas question de ne pas en profiter. Alors, Aulas a d’abord foncé tête baissée dans le premier volet de son action réparatrice. Selon son habitude, il a poursuivi les arbitres dans le couloir de Gerland, leur faisant comprendre que leurs décisions ne lui avaient pas franchement plu ! Monsieur Aulas n’est plus sanctionné pour ce genre de déviance insupportable depuis des années. Puis, il enchaîne avec les médias, commençant avec le plus regardé les soirs de Ligue 1, Canal +. Piques aux arbitres, ironie envers l’interlocuteur, irrespect de l’adversaire, parodie sur la notion d’injustice. Tout y passe. Aulas en professeur de l’Actor’s Studio…

Hallucinant exercice de populisme au bas d’une tribune de Gerland

Et il n’oublie pas en toute fin de soirée que les supporters doivent être ménagés. Ceux-ci, encore présents par centaines attendent depuis une heure et demie dans un virage de Gerland qu’on réponde à leurs banderoles « Puel démission ». Aulas ne se dégonfle pas, prend un micro et entame face aux « Bad Gones » un monologue hallucinant et inédit. Il reprend les arguments développés face aux journalistes « Le but de Saint-Etienne est marqué sur une erreur d’arbitrage », puis dans des élans plus populistes encore, se lâche « Nous on a la Champions League, eux ils la jouent à la Playstation! » Enfin, le boss de Lyon donne à cette frange la plus dure de ses supporters ce qu’ils voulaient, en totale contradiction avec ce qui avait été affirmé à la presse une demi-heure auparavant « Sans vous, je ne peux rien, laissez une chance au club, je ne dis pas à Claude Puel… ».

Le sens du double langage. Puel a dû apprécier.