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Coupe de la Ligue : Comment le football français est (re)tombé si bas…

Une finale de la Coupe de la Ligue entre l’OM et l’OL comme nouveau mètre-étalon absolu de la pauvreté technique en prolongement d’une saison domestique pratiquement aussi indigente et nous voilà revenus au bon vieux temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître. Celui qui s’écoulait dans les années 60 et 70 sans qu’il ne se passe rien ou presque au royaume de France. Où le foot français affichait le spectacle le plus attristant d’Europe et, bien évidemment, s’auto-ridiculisait en permanence…

Lyon et Marseille ont disputé samedi soir la finale la plus inconsistante de l’histoire. Sur tous les plans. Et le pire sans doute, c’est que ses acteurs ne s’en sont pas même rendu compte. Alou Diarra, l’un des vainqueurs marseillais, s’est écrié sans complexe que son équipe avait réalisé « le match parfait »… Oui, « parfait », c’est le mot, le match a été parfait de médiocrité. Sans même la moindre tache en première période : pas un tir au but, oui zéro frappe, ni dans le cadre ni dans les tribunes ! Du jeu dans sa plus affligeante expression.

De bonne surprise il ne pouvait en réalité y en avoir. La cause particulière s’inscrit dans une cause générale affirmait Montesquieu à propos de l’empire romain. Notre football de club ou de sélection (chez les hommes s’entend) n’a fait que régresser depuis la génération 1998, celle pourtant de Didier Deschamps ou de Laurent Blanc, devenus deux des entraîneurs contemporains les plus emblématiques de l’hexagone. Incontestablement deux hommes compétents et reconnus comme tels puisque courtisés par bien des clubs huppés à travers l’Europe. Leur mérite, et il existe bel et bien, avoir trouvé un peu d’eau dans le désert, il y a deux ans pour le premier et trois pour le second, quand l’OM et Bordeaux s’accaparaient le Championnat. En jouant, ô miracle, plutôt bien !

Mais l’aridité est revenue. Vite. Inéluctablement. La Ligue 1 fait suer tout le monde, l’équipe de France bailler aux corneilles. Le public, notamment à la télé, commence à fuir vers d’autres cieux plus agréables aux yeux, comme le rugby ou le hand, voire la natation ou l’athlétisme si l’organisation des compétitions était à la hauteur du niveau formidable des compétiteurs.

Les joueurs de Ligue 1 ou de l’équipe de France ne tirent même plus au but…

La vérité a peut-être été approchée l’an dernier au moment du scandale des quotas. Elle n’a été qu’évoquée, parce que noyée dans un nauséabond débat sur la sélection « choisie » de joueurs étrangers dans notre équipe nationale. Oui, le football français a très probablement manqué un virage décisif au lendemain des triomphes de 1998 et 2000 (Euro). Un tournant que n’ont pas loupé l’Espagne ou l’Allemagne, par exemple. Sentant les limites d’un jeu trop physique, la politique de formation dans ces deux pays s’est tournée vers une filière encourageant la formation de joueurs vifs et habiles balle au pied…

Hier soir, les vingt-deux acteurs et leurs remplaçants de Saint-Denis se sont perdus dans des schémas dont ils étaient naturellement incapables de sortir. Comment demander par exemple à des milieux de terrain de tirer au but dès lors qu’on les a uniquement formatés depuis des années à « récupérer » des ballons, à couper les lignes adverses, à exécuter des passes latérales ou en retrait ? Quant à leur demander d’imiter le FC Barcelone en osant simplement – pardon pour l’hérésie – d’effectuer un une-deux aux abords d’une surface de réparation, autant s’essayer au ski dans un escalier…

Messieurs, joueurs, coaches, dirigeants, si on n’exige pas de vous l’impossible, vous savez ce que nous proposent tous les quatre jours de l’année Guardiola, Messi, Iniesta … on serait en droit d’exiger de vous le minimum. De la part de ceux qui paient pour voir, et qui paient d’ailleurs de plus en plus pour de moins en moins… C’est à dire de ne pas fuir le cadre !

Triaud, la méthode du coup de pied au cul

Il aura sans doute fallu 360 jours pour que l’année 2010 fasse sortir une parole sensée de la bouche de l’un de ses acteurs. Enfin, je me comprends, je voulais dire différente des mensonges, bobards ou autres formules toutes faites qui nous sont servies en boucle tout le long de l’année. Jean-Louis Triaud, le président des Girondins de Bordeaux, vient, ce 27 décembre 2010, de répondre par un retentissant « merde » à ses joueurs, et au premier chef à Alou Diarra, qui avait joué les pleureuses dans la presse il y a quelques jours se plaignant de la légèreté de l’effectif bordelais tout en réclamant d’urgence du renfort à ses dirigeants.

C’est du moins la traduction que je fais du présidentiel « on doit se débrouiller avec ce que l’on a (…) Dire qu’il faut recruter dès qu’il y a un truc qui ne va pas, c’est se chercher des excuses (…) Pour nous, la priorité, c’est de retrouver des joueurs à leur niveau. » Bravo Monsieur Triaud. Au contraire de certains de vos collègues, vous mettez le doigt là où ça fait mal. Vos ouailles ont en effet glandé comme des cancres cette année et méritent un bon coup de pied au derrière pour retrouver leur « niveau » et surtout leur sens commun. Ils sont majeurs et vaccinés, et aucune ligue anti-fessée ne devrait se manifester. D’autant qu’au prix où vous les payez, la douleur n’en sera que plus vite oubliée.Je dis tout ça parce que rien ne m’irrite plus, quand tout ne va pas comme l’on veut, que le sempiternel cri du recrutement de la part des joueurs ou des entraîneurs. Je dénonçais déjà il y a quelques mois cette maladie du mal-être et qui n’est en fait que la conséquence du mal-jouer ou du mal-entraîner. J’ajoute aujourd’hui qu’à cinquante ou cent mille euros par mois (c’est une moyenne en Ligue 1) pour quinze heures de travail par semaine, un joueur devrait avoir la décence de se remettre quelque fois en cause. Et par là-même, dans le cas qui nous occupe, de se demander pourquoi le rendement d’une équipe passe de celui d’exceptionnel (champion en 2009) à très moyen en 2010 (8e après la mi-saison). Est-il besoin d’être fin psychologue pour répondre que le problème vient de l’intérieur et pas d’un soi-disant besoin de génie sorti d’une boite magique (en l’occurrence Kevin Gameiro, réclamé à corps et à cris, y compris par des supporters aux solutions aussi simples que leurs chants d’encouragements).

Mais, pas d’illusion. Triaud n’est pas non plus un premier communiant. La méthode du coup de gueule et de l’auto-flagellation est aussi en soi une méthode de communication, et nous voilà revenus au début de la boucle. Le président n’a nulle envie, ni les moyens, de débourser dix millions d’euros pour Gameiro. La technique du coup de pied au cul est parfois moins chère et tout aussi efficace…