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Le PSG aime cette fin du monde

Mieux que les Mayas. Les Qataris sont des prophètes qui réalisent eux-mêmes leurs prophéties. Et c’est vachement plus crédible. Il faut dire qu’aujourd’hui et avec beaucoup de pognon, on fait des calendriers un peu plus sérieux – sur des tablettes à carte à puce avec Excel – que des agendas bidons de l’apocalypse – avec des hiéroglyphes – vers 3114 avant J.-C. !

Il y a quelques mois, les nouveaux proprios du PSG nous annonçaient sans rire qu’ils voulaient monter à la lisière du Bois de Boulogne le plus grand club de foot du monde. Même les locataires sud-américaines de cette petite et joyeuse forêt avoisinante du Parc des Princes se poilaient de rire. Des Ricains bourrés d’oseille (Colony Capital) venaient tout juste d’en lâcher un paquet et de se planter magistralement. Le Paris Saint-Germain restait la risée de la Gaule…

Mais là, on ne rigole plus. Le PSG n’est pas encore Barcelone, Manchester (les deux, United et City) ou le Bayern, loin s’en faut au niveau des résultats. Mais, question fric, il fout la trouille à tout le monde. Enfin, la trouille, pas complètement. Parce que vu les centaines de millions déjà injectés dans le pays le plus endetté du continent le plus endetté du monde, on commence à ne plus faire la fine bouche quand les biffetons rappliquent à vitesse grand V.

Et là, ça tombe. Le président parisien Nasser Al-Khelaïfi, homme de main de l’Emir du Qatar, a convaincu ce mardi notre DNCG, le gendarme financier le plus pénible du football sur la planète, qu’il devait accepter les cent patates supplémentaires à ajouter à son budget de fonctionnement pourtant pas franchement famélique (300-315 millions d’euros). Et la DNCG, qui compte bien mais qui ne parle visiblement pas anglais comme le boss du PSG, a acquiessé sans sourciller une rallonge que sa philosophie lui aurait pourtant commandé de rejeter, avec en plus un gros blâme.

Mais non. Avec ces cent cuirassés de ressources déguisées, Paris va pouvoir enfoncer un peu plus le clou dans notre Ligue 1 à l’agonie. Cent millions en droits d’image, comme on dit maintenant, c’est à dire en droits à à contourner parfaitement légalement le code des impôts. On est en France ou on n’y est pas…

« Merde alors », doit se dire Platini. Mais en silence !

Michel Platini va sûrement gueuler. Merde, doit-il s’exclamer dans son bureau de l’UEFA. Pas trop fair-play financièrement, les pétro-gaziers de Doha. Mais bon, que faire ? Y a plus un flèche nulle part, de Marseille à Lyon, et de Bordeaux à Lille, sans parler de Bastia bien sûr. Du coup, Jean-Michel Aulas (et d’autres) se dit qu’il ne faut plus railler les milliards du Golfe. Quelque part, cet argent finira, dit-il, par revenir dans le circuit franco-français.

Et tiens, pour en revenir à Platoche, des banquiers chinois seraient paraît-il en passe de venir au secours de l’ASNL. Un comble. Enfin, plus exactement des yuans pour « combler » le déficit lorrain…

Or, donc. Et enfin, c’est la fin des fins. Du monde. Du nôtre, « du mien » comme écrivait Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe. En fait, les Mayas avaient sans doute raison. A deux ou trois jours près…

G20, dette, PSG, Beckham, Platini et le Lycée Papillon…

Les dirigeants du monde ont découvert puis proclamé dans la foulée cette semaine à Cannes que l’on ne pouvait pas, ou que l’on ne pouvait plus vivre au-dessus de ses moyens. Que s’endetter conduisait à la ruine et constituait désormais un péché contre l’Euro, le monde, la morale, les banques et un peu tout en fait. Dont acte.

L’actualité du football contrarie magnifiquement ce nouveau grand principe. Alors que l’on vient de couper tout crédit à la Grèce tant qu’elle n’assainirait pas ses finances et que l’on met l’Italie sous tutelle, personne ne semble s’émouvoir de la bulle, que dis-je, de la Montgolfière pleine de gaz inflammable, que représente la dette des clubs européens. Faisons le point, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne et à un degré moindre la France s’effondrent littéralement sous une phénoménale charge d’endettement, très probablement supérieure à quinze, voire vingt milliards d’euros… Tandis que ses recettes se montent au mieux à la moitié !

Le cabinet AT Kearney a prévenu il y a quelques mois :« En fonctionnant comme des entreprises normales, les ligues d’Espagne, d’Angleterre et d’Italie seraient mises en faillite en moins de deux ans ». Ne nous y trompons pas. A l’instar de la Grèce que chacun sait maintenant en situation de banqueroute non virtuelle mais réelle, les clubs du Vieux Continent sont aujourd’hui incapables de rembourser ce qu’ils doivent, et ne vivent plus que sous assistance respiratoire. En attendant que le premier domino ne tombe, entraînant les autres selon la théorie éponyme, ce qui ne saurait plus maintenant tarder…

Platini en raillant Beckham rêve sûrement comme à ses débuts du Lycée Papillon…

Un seul homme de décision dans le sport en Europe a pourtant tiré le signal d’alarme, Michel Platini. Paradoxalement, l’ancien génie du coup-franc a dressé le constat de la gabegie sans y voir tout à fait les mêmes conséquences que les politiques. Il ne faut pas réduire la voilure pour mieux braver la tempête mais pour que les chances de chacun soient égales face à des compétitions impitoyables. L’équité, le « fair-play » financier pour être précis, avant la rectitude des comptes. Ou la justice sociale du foot business ! In fine, dans deux ans, le Real Madrid ou Manchester United pourraient bien être exclus de la Ligue des Champions si leur bilan ne présente pas des colonnes débitrices trois ou quatre fois plus raisonnables.

Reconnaissons-le, certains ont semblé comprendre le message, le conseil appuyé plutôt. Outre-Manche, Sir Alex Ferguson ou Arsène Wenger se posent ces temps-ci des problèmes sur lesquels ils n’avaient pas jusque-là trop cogité. L’argent ne devant plus sortir, il doit évidemment rentrer. Et leurs joueurs en or partent plus qu’ils n’arrivent. En France, Jean-Michel Aulas n’a plus trop le choix. L’OL entré par ses infatigables soins en bourse, il doit parler à ses actionnaires et leur avouer qu’il ne peut plus comme avant embaucher de stars à gogo, et qu’il doit a contrario s’en séparer.

Toujours en France, M. Al-Khaleïfi, patron tout puissant du PSG, vient, lui, de déclarer qu’il n’achèterait plus de joueurs cette saison. Fort bien, après avoir signé en début de saison 2011-2012 une demi-douzaine de chèques (et quelques traites) pour le modique total de 80 millions d’euros, record hexagonal du genre pulvérisé. Sauf un. Mais pas le moindre. Pas vraiment un joueur, mais une « marque », comme l’a dit lui-même le richissime Qatari, nommée Beckham. Le tour est joué. On n’achète plus de talents mais des images, des figurines, des sortes d’usines à produits dérivés. Platini s’en est d’ailleurs visiblement amusé, qualifiant l’époux de Victoria de futur touriste haut de gamme de la plus belle ville du monde et adepte modèle du « shopping ». Je soupçonne le président de l’UEFA de l’avoir quand même un peu mauvaise. David-le-produit, et sa moitié en pleine page des magazines people débarquant dans un PSG totalement financé par les pétro-dollars du Golfe, ne rappellent sans doute pas à Platini les saines joies de ses débuts dans le football du temps de Nancy et du « Lycée Papillon« …