Archives pour la catégorie Ligue Champions 2011-2012

Monaco tendance !

Les Monégasques ont chaque jour davantage tout pour plaire. A leur casino, leur douceur balnéaire, leur très chic Grand Prix en ville, leurs princes et princesses, leur incomparable (inexistante) fiscalité et leurs appartements ensoleillés avec vue sur port et yachts, il ajoutent désormais leur séduisante équipe de foot.

Paris en crèverait presque de rage. Avec un demi-milliard d’euros de budget, le PSG court cette saison après ces « pauvres » Monégasques, au budget trois fois moindre, mais qui le devancent en Championnat et qui ont su, eux, réussir des prouesses aux quatre coins de l’Europe.

Le Rocher devient tendance. Comme le stade Louis II auquel on finit par trouver des charmes insoupçonnés de chalet tranquille mais très efficace contre les avalanches sportives (Barcelone et autres plus menus désastres). La Tour Eiffel passerait presque pour un objet de décoration has been. De surcroît, les joueurs de la Principauté sont remarquables et sympatoches. Certains sont même – oui c’est incroyable – français !

Et on se demande maintenant si Dmitry Rybolovlev, le multi-milliardaire russe, ne joue pas tout seul plus habilement du football qu’un multi-milliardaire Etat du Golfe, pourtant désormais rompu à toutes sortes de joutes économiques, sportives et d’influences. La réponse est dans la question. Ce roi du potassium et de l’oligarchie Poutinienne a sans doute autant dépensé de roubles, de dollars et d’euros que ses rivaux moyen-orientaux mais il a su bien mieux tirer profit du contexte local.

Monaco file droit vers les demi-finales de la Ligue des Champions, emmené par un attaquant dont on n’avait pas admiré chez nous autant de qualités de vitesse et d’habileté réunies depuis des lustres. Le jeune Mbappé, 18 ans et très majeur talent, dribble moins mais aux meilleurs moments que Verratti et marque moins mais aux meilleurs moments que Cavani. Cette loi s’applique en gros à tous ses camarades.

Et un plus petit Prince que celui de l’Emirat se réjouit enfin qu’on ne le brocarde plus à propos d’un Etat où les footballeurs venaient depuis trois quarts de siècle toucher sans effort les plus rémunérateurs congés payés du monde.

 

Facebook, Abramovich, Nicollin, le PSG et Aristote…

Tout ne serait-il plus devenu que chiffre ? Comme l’introduction en bourse de Facebook ce vendredi où le site de Mark Zuckerberg et ses 900 millions d’utilisateurs devait être valorisé à 100 milliards de dollars en fin de journée, ou 200 selon les variations d’humeur des investisseurs de Wall Street ?

Tout ne serait-il plus que représentation monétaire comme le milliard (ou deux, on ne sait plus trop !) de livres sterling dépensé jusque-là par Roman Abramovich l’oligarque propriétaire de Chelsea, dandy des temps modernes du sport international ?

Tout ne serait-il plus que prévision budgétaire comme l’ambition affichée à Montpellier par Louis Nicollin d’ouvrir en grand son portefeuille la saison prochaine à ses joueurs et ses futures recrues à qui il verserait des salaires mirobolants ?

Tout ne serait-il plus que n’importe quoi à l’instar du PSG et ses 200 millions d’euros de budget avec dores et déjà 100 millions de déficit ? Faut-il commencer en 2012 par la fin pour espérer un début ? Faut-il imiter la Grèce d’aujourd’hui, en faillite généralisée, et se dire que comme ce pays tout pourrait renaître de ses cendres après avoir brûlé ? Très peu d’entre nous, le commun des mortels, comprend ce que représentent ces sommes quasiment dématérialisées. Ni n’en saisit vraiment la portée. Quand à la morale, ouh là là… le vilain gros mot. Voyez justement à ce propos, l’ancien, le Grec, Aristote : «Dire que, dans les pires malheurs, on est heureux pourvu qu’on soit vertueux, c’est, esprès ou non, parler pour ne rien dire».

Bayern-Chelsea : le bien et le mal…

S’il y a encore une justice dans le monde du football, le Bayern Munich remportera la Ligue des Champions le 19 mai prochain face au Chelsea FC. Et la vertu triomphera du vice, financièrement s’entend… Car depuis des années, à Munich on compte les marks avant de les dépenser, tandis qu’à l’ouest de Londres on claque les sterlings sans avoir même eu le temps ni surtout l’envie de les compter.

Résumons ce qui est déjà assez simple. Le club bavarois est quasiment sans exemple dans le football européen. Quand il entend le mot déficit, son directeur financier sort son revolver… Un seul exercice comptable dans le rouge en dix-huit ans, et encore parce que le saint homme avait du partir en long congé maladie.

La formation de Roman Abramovitch, de son côté, accumule pratiquement toutes les tares de l’acheteur compulsif et récolte de ces efforts pathologiques les fruits les plus blets. Huit cent millions d’euros en dix ans de trou à la banque, record du monde battu ! Un gouffre permanent plus ou moins comblé saison après saison par l’oligarque russe, ex-futur magnat véreux du pétrole et autres liquides ou métaux opaques…

Justice, justice, entends-je déjà, mais « la justice vous pouvez vous la carrer où je pense », comme me le susurrerait aimablement Bernard Tapie. L’essentiel c’est de gagner, ajouterait le grand manieurs de billets de jardin et plombeur en chef des comptes de l’OM des années 90…

C’est à pleurer, Messi n’est plus un génie !

Quelle décrépitude. Il en pleurait de rage et de désespoir le génie du Camp Nou à l’issue de la plus invraisemblable demi-finale de Ligue des Champions de ce siècle. Lionel Messi était il y a huit jours le plus grand joueur de tous les temps, devant Pelé lui-même, Di Stefano, Cruyff, Van Basten et Maradona…

Tout le monde l’affirmait, l’écrivait, le hurlait, comme Christian Jeanpierre sur TF1 quand le petit Dieu argentin perçait les filets comme jamais aucun autre joueur ne l’avait fait avant lui. C’était donc il y a juste une semaine…

Ce mardi, le Messi ne l’est plus. Pas de but au match aller à Chelsea, pas de but samedi dernier contre le Real, et toujours pas ce mardi au match retour contre les Blues de Didier Drogba… Maudit Messi, une poisse du diable ce coup-ci, la sorcière aux dents vertes… Un penalty raté, qui aurait été bien sûr celui de la qualification pour la finale, un tir sur le poteau, quatre ou cinq balles perdues en fin de match et quelques frappes contrées, et Leo n’est plus qu’un triple Ballon d’Or de pacotille…

Roberto Di Matteo, l’entraîneur le moins expérimenté d’Europe a donc trouvé la solution « anti-messile » idéale. On dira peut-être dans cent ans en évoquant cette double confrontation Chelsea-Barcelone de 2012 que cet ancien avant-centre a en cette occasion révolutionné la civilisation… du football. On répétera que son équipe a été en possession du ballon moins de 20% (17,9% exactement !) du temps lors du match retour  face à la meilleure équipe du monde… et qu’elle s’est qualifiée en initiant la première la tactique dite Di Matteo, celle du bunker en béton tri-carboné. Mieux que les imitateurs de Vauban, le concepteur des forteresses inviolables, Helenio Herrera dans les années 1960 ou José Mourinho plus récemment. Mais Chelsea a piégé Barcelone, piégé Iniesta, Xavi, Busquets et leur coach Pep Guardiola.

Je pleure comme Messi, en fait. En pensant que dans un siècle, en 2112, on fêtera  le cent-cinquantième champion d’Europe et que cette équipe magnifique n’aura possédé le ballon en finale que six secondes !

Drogba : Viens voir le comédien !

Soit Didier Drogba est le footballeur le plus violenté d’Europe, soit une micro-tornade maléfique le poursuit partout où il est sur un terrain, soit il est devenu la seule victime d’une toute nouvelle loi de la gravité qui ne frapperait que les attaquants vêtus de bleu et portant le numéro 11 en les attirant invariablement le nez dans le gazon…

Didier Drogba s’est écroulé mercredi soir contre Barcelone une bonne dizaine de fois, multipliant les figures artistiques dans ses chutes au risque sans doute de… se faire vraiment mal. Certes, les Barcelonais ne lui ont pas fait la bise à chaque fois qu’il entrait dans leur champ de tacle. Mais les Blaugrana ne l’ont pas non plus coupé en deux. Le charmant Carles Puyol ou le doux Dani Alves lui ont bien sûr un peu caressé les tibias mais sans intention délibérée, comme cela arrive de plus en souvent, de lui briser la totalité des os de sa jambe… Mais Drogba, dès qu’il était touché ou simplement frôlé, voire ni l’un ou l’autre, finissait systématiquement à l’horizontale, arborant le visage de la souffrance du martyre ou le rictus de la victime torturée…

L’acteur Drogba joue comme un artiste à l’Opéra

Drogba n’est pas un simulateur, mesdames et messieurs. Mais un acteur, ce qui est tout à fait différent. L’Ivoirien avait clairement choisi – à quel moment de cette demi-finale Chelsea-Barcelone, avant ou pendant on ne sait pas, ni même peut-être lui – d’adopter une posture de comédien en plus de celle d’attaquant d’exception qu’il a été et demeure en quelques occasions. L’ex-Marseillais s’est selon moi senti en grande forme physique, cela s’est tout de suite vu d’après ses premières touches de balle, ce qui n’est plus si fréquent pour lui. Dans ces conditions si particulières, son degré de forme du jour allié à un match exceptionnel contre la meilleure équipe du monde dans l’ambiance surchauffée de Stamford Bridge, il s’est senti des ailes. Il a alors choisi de faire le spectacle comme il sait si bien le faire.

Son inconscient lui a soufflé au fil de ces minutes initiales où tout se jouait dans sa tête et dans ses jambes de se donner à fond, dans ses dribbles, passes, courses, duels. Y compris dans un jeu de scène aventureux dont il a le secret. Pour amplifier, comme au théâtre ou à l’Opéra, la dimension dramatique et émotionnelle de l’événement. Son choix comportait un risque, comme celui de tout pari. En l’occurrence de s’attirer les foudres de l’arbitre ou, pire encore, de se voir hué par ses propres fans si ce « cinéma » s’était mué en film de série B tant il aurait fini par sonner faux.

Mais Drogba, avec son expérience de ces rendez-vous au sommet du football, avait d’emblée perçu qu’il serait gagnant. Vis à vis de l’ensemble des éléments en jeu, homme en noir, public dans le stade et à la télévision, et surtout des adversaires sur le terrain. Tout ce beau monde a globalement été spectateur de la performance de l’artiste qui a de surcroît, comme si il l’avait deviné ou pressenti, marqué le seul but du match, synonyme possible d’une improbable qualification des Blues ! Drogba recevra-t-il son César mardi prochain au Camp Nou ?