Archives pour la catégorie Droits télé

Le sport, nouveau gouffre à fric !

Quel plongeon dans leur surface financière ! Cet été, on ne plastronne même plus chez les grands argentiers du sport. On répand même sans plus de faux semblants de la glande lacrymale à pleins jets. Le pognon fout le camp de partout…

A TF 1, la « plus belle Coupe du monde de l’histoire » a pourtant engendré le « plus beau déficit de l’histoire » d’une chaîne de télé française pour un événement sportifTrente millions d’euros.

Juste en face du pont de Garigliano, chez France Télévision, c’est une énorme chute à l’arrière de l’audience du Tour de France, et contrairement aux vrais faux chiffres toujours magnifiquement retravaillés par les services de communication du mammouth public, qui a entraîné une échappée moche d’au moins dix millions d’euros.

La faute à pas de chance – les dopés les plus chargés et donc les plus chargeurs d’audience ont déserté – ou aux commentaires toujours davantage lénifiants, aveugles et sourds à toute critique ou problème, peu importe. Le Tour de France n’attire plus les spectateurs que sur la route où l’on peut au moins s’offrir des casquettes gratuites après avoir été pompé de sa redevance.

Et le beau et toujours magicien des bilans Bilalian Daniel, n’en finit plus édition catastrophique après édition désastreuse de la Grande Boucle, de nous expliquer que l’épreuve génère d’aussi fabuleuses que mystérieuses et futures parts d’audience…

Chez les chaînes (très) payantes, on se castagne désormais à milliards de bourre-pifs et mains nues sans plus prendre de gants de boxe. C’est la guerre totale. Et peu importe que Canal + soit dans les cordes et dans le rouge le plus vif de son histoire, sa (sur)vie en dépend. Toute arme est bonne pour tenter de marquer BeinSport à la culotte ou de tenter de la lui ôter.

Mais même le rugby, dernière niche à peu près rentable, est sanctionnée par l’arbitrage video de l’Autorité de la Concurrence. Canal se serait entendu avec la Ligue Nationale de rugby pour arracher ses cinq ans d’exclusivité du Top 14…

Même l’Emir du Qatar commence lui-même certainement à se demander si cette gabegie de gazo-dollars est raisonnable !

Le proprio de Beinsport, l’Emir du Qatar, commence lui-même certainement à se demander si tout ça est raisonnable. Le PSG ne ramènera sans doute jamais autant de gazo-dollars qu’il ne génère de dépenses. Michel Platini n’est pas trop d’accord avec les méthodes de comptabilité d’achat de marchandises de ces messieurs, un peu trop oligarques à son goût. Et Platoche est encore jeune comparativement à Sepp Blatter, le manigancier de Zurich. Restons fair-play

A propos de Blatter, Adidas, dont il fut le Deus ex machina, pleure en ce milieu d’été tous les bénéfices de ses trois bandes. L’action de l’équipementier de Jesse Owens a dévissé ce 31 juillet 2014 de plus de 11 %. A Francfort, en Allemagne, au milieu du dernier îlot triomphant de l’économie européenne et avec sa Manschaft éternelle, Adidas s’est marqué un but contre son camp…

Marchands de rêve…

L’audience, M’sieur Fernand, l’audience…

« La télé, m’sieur Fernand, la télé », se désolait madame Mado à Lino Ventura dans les Tontons Flingueurs pour se plaindre de la désaffection des « furtifs du dimanche » dans ses maisons de divertissements !

Pour la truculente mère maquerelle, c’était la télé qui était la mère de tous ses maux. C’était vrai il y a un demi-siècle, et ça l’est toujours, chère madame, comme l’appelait aimablement Fernand-Lino… Mais c’est aussi l’inverse. On pourrait tout aussi bien dire « l’audience m’sieur Fernand, l’audience »…

De l’audience, y en a plus. En sport surtout s’entend. Les vingt millions d’audimat, c’est fini. Les dix millions aussi. Oubliés les records de la glorieuse époque de « Zidane 1998« . Et ça n’est pas étonnant. La télé s’est tirée tellement de balles dans ses pieds et dans ceux des autres que le brave téléspectateur du dimanche et de la semaine en a ras le maillot floqué.

TF1 elle-même, le plus puissant media européen, lâche l’affaire. Terminé le foot, terminée la F1, ses joyaux du 20e siècle. Pas « rentables ». Moins en tout cas que The Voice et peut-être prochainement Splash, le nouveau divertissement qui doit attirer un maximum de quotients intellectuels négatifs.

Eh oui. Il n’y a plus de visibilité mes pauvres amis. Canal plus s’est noyé dans ses océans de droits de la Ligue 1. Le match du dimanche, malgré de délirantes et risibles auto-réclames, ça n’est plus ce que c’était. C’est de l’ennui, de la tactique en béton. Et de toute façon, il n’y a plus qu’une équipe sur les terrains. On veut dire une seule équipe rentable, le Paris Saint-Germain et ses immenses vapeurs de gaz qatari. Et Canal se tourne, on ne sait pas trop pourquoi (si, on sait, pour faire suer le burnous de l’intrus BeinSport…), vers la (très et interminable) ronflante Formule 1. Echec assuré bien entendu, mais quand on peut piquer un marché, c’est le plus important. Et il faut bien faire vivre une rédaction pléthorique, quitte à perdre du pognon à flots… L’Auto, M’sieur Fernand, l’Auto…

Beckham en tribune est bien plus rentable que des championnes du monde de ski !

Hier et avant-hier, au lieu des gros plans de la marchandise David Beckham en tribune à Valence, on a eu droit à un vrai spectacle sur écran, grandiose, et produit par deux petites et formidables Françaises, Marion Rolland et Tessa Worley, championnes du monde respectivement de descente et de géant. Eurosport, accordons-lui quand même le grand mérite de retransmettre le ski à perte depuis vingt ans, n’a même pas publié les chiffres d’audience. Sans doute pour ne pas se fouetter publiquement d’un audimat médiatiquement incorrect de quelques malheureuses dizaines de milliers d’âmes.

Faut dire que c’était en pleine journée, en pleine semaine, et que les deux championnes sont inintéressantes au possibles. Pas de pub en maillot de bain, pas de sorties en boite de nuit, pas de fiancé tatoué, pas de pognon sur leur compte et pas un seul scandale dans les journaux. Des sportives beaucoup trop normales, beaucoup trop travailleuses et beaucoup trop saines…

Canal+ veut-il encore du foot ?

En trois mois, Canal + a perdu la quasi-totalité de sa mainmise historique sur les droits télévisuels de la Ligue 1, littéralement bouffée par le nouvel ogre du sport mondial, le Qatar, et sa chaîne-pieuvre, Al-Jazira. Les moyens faramineux de l’émirat du Golfe ne suffisent pas à mon avis pour expliquer cette vraie fausse débâcle de la chaîne à péage…

Car Canal+, c’est clair si j’ose dire, n’est en réalité plus prêt à tout, ou presque, comme depuis plus de vingt-cinq ans, pour rester maîtresse absolue du foot français. Pendant deux décennies, Canal a « sous-payé » un football hexagonal (la Ligue Nationale de football) qui se contentait de ce qu’elle considérait comme une manne. Mais les « pigeons » se sont progressivement fait aigles (Aulas, Le Graët…) et c’est la chaîne cryptée qui a fini par se faire déplumer, jusqu’à déverser en 2005 les fameux 600 millions d’euros par an pour s’arroger une dernière fois la totalité des retransmissions des matches de L1 pendant trois saisons.

A partir de cette date, le vent a tourné. Canal s’est rendu compte de son irréalisme financier. La rentabilité non seulement s’essoufflait mais les pertes se sont accumulées. En grande partie à cause des matches à la demande, véritable robinet à pertes. Pas une rencontre en pay per view n’a jamais attiré plus de 50.000 personnes. Au total, Foot +, créée par Canal, a engendré un chiffre d’affaires bien en deçà des prévisions les plus pessimistes (80 millions d’euros par an).

Al-Jazira, vrai faux vainqueur de Canal+, va continuer à engraisser les clubs…

Et « Zorro » Al-Jazira est arrivé. Avec Charles Biétry à sa proue, meilleur connaisseur -et pour cause- des arcanes sous-terraines de négociations de droits sportifs. L’ex-patron des sports de Canal a en deux ou trois coups de lasso pris à ses « anciens amis » quatre-vingts pour cent des droits TV du ballon rond tricolore et la même proportion de ceux du foot étranger, cette fois à l’UEFA. Du travail de pro, avec l’aide, certes, d’un portefeuille à l’épaisseur sans limite. Mais comme la rentabilité à court terme ne figure pas dans son cahier des charges (le Qatar met en place une stratégie globale de communication et de développement en investissant massivement dans le sport européen et mondial, Barcelone, PSG, organisation Coupe du monde…) il va pour la modique somme de 240 millions d’euros sur quatre ans (soixante millions par an) avoir le plaisir de reprendre la commercialisation archi-déficitaire (Orange en a également fait la triste expérience) de ces fameux matches à la demande.

Quant à Canal, à qui il reste tout de même chaque samedi et dimanche, et le mardi ou le mercredi, les deux rencontres les plus alléchantes de L1 et celle de Ligue des Champions, les pleurs de façade contre le méchant Al-Jazira ne devraient pas durer. Délesté, outre de ses annuités exorbitantes, de dizaines de millions d’euros de frais techniques et de production, le groupe ne devrait pas pâtir de sa vraie fausse défaite… En terme de communication, Canal sait y faire…

La LNF, de son côté, va pouvoir poursuivre la redistribution ultra-généreuse de ses parrains et inonder les clubs professionnels français de subsides (une « aubaine » s’est exclamé Olivier Sadran, le président de Toulouse) que ces derniers brûlent toujours plus gaiement année après année. Mais c’est une autre histoire…

Pire que 2011 ?… 2012 !

Toujours pareils les bilans de l’année… On vous réchauffe les plats des douze derniers mois ou on vous les ré-emballe avec du papier cadeau ou du papier-c… Et on se refait le match, façon supporter, bien sûr, parce que tout le monde est supporter…

En 2011, comme d’habitude, il y a eu du bon, du fabuleux parfois, et souvent, comme d’habitude, du mauvais, du minable, de l’exécrable même. Le caviar, c’est rare, ça n’est pas donné, faut savourer. Le FC Barcelone, c’est du beluga et on en a presque eu trop pour notre peu d’argent. Pas vraiment croyable à la limite, parce que probablement jamais vu ni gouté une telle cuisine quatre étoiles. A foutre la trouille de jouissance gustative, voire plus… Messi, Xavi, Iniesta, Villa et Cie, ce fut une orgie d’esthétisme et d’efficacité, une combinaison sans comparaison…

Bon, à part ça en foot, que du clinquant ou du décevant. En numéro 1, le PSG. Enfin, le PSG, plus vraiment. Le Paris sur Qatar. On verra plus tard si la sauce pétro-dollars prend… L’OM, lui, en capilotade, ou plutôt en travaux, stade, proprio, joueurs… Lyon, même chose ou à peu près. En Europe, année des milliardaires qui claquent tout ce qu’ils peuvent. Ils font ce qu’ils veulent, naturellement, les Abramovitch et les autres, mais ils commencent à nous fatiguer avec leur oseille… Pareil avec les télés qui font n’importe quoi, pourvu qu’ils emmerdent la concurrence ! Canal+ déconne à plein tube, Orange Sport ne sert et n’a jamais servi à rien, M6 a rappelé Thierry Roland, et voilà Al-Jazira qui déboule pour faire monter les enchères… Qui comprendra qu’on en a marre, cochons de payants, qu’on nous tonde, et qu’on finira par ne plus les engraisser…

Allez, encore du bon, du pas mal à vrai dire avec les Bleus de Thierry Dusautoir. En fait, il a fallu patienter. Énormément. Jusqu’à la finale de la Coupe du monde ! On a perdu, mais comme des chefs. Merci Marc Lièvremont, le type le plus curieux de l’ovalie, dont on ne sait si il est ou a été l’entraîneur le plus génial ou incompétent de l’histoire du rugby français. Avec sa « communication » impossible, il s’est foutu tout le monde à dos mais sans perdre son côté attendrissant… Inclassable. Pour le reste, toujours le pognon à la une. Moins qu’en foot, mais ça devient pénible.

Derniers bons points, le hand. Là, les Français font fort maintenant. De moins en moins confidentiel, le handball, grâce à Karabatic, Fernandez, Omeyer ou Barachet chez les mecs qui n’en finissent plus d’énerver leurs rivaux et Pineau ou Lacrabère chez les nénettes.

Pour le reste, des bons vieux scandales, à satiété, un par jour quasiment. Bien glauques et bien fangeux. A base de fric sale, de dopage, de putes, de maîtresses, de racisme… A droite et à gauche, relayés toujours gentiment par la Toile principalement, organe désormais le plus efficace de délation en tous genres, mais aussi reconnaissons-le, d’authentiques révélations bien utiles pour faire tomber des couronnes ou des biens « mal-acquis ». Laurent Blanc, Jeannie Longo, Yannick Noah, entre autres, se sont fait dégommer en ligne. Bien fait pour eux, diront certains, ils n’avaient qu’à pas dire ou faire des conneries plus grosses qu’eux. Le pire, c’est que les Français n’y voient que ce qu’ils veulent voir, en concluant vite, trop vite, en fait comme on leur dit de conclure… toujours la comm’, mal du siècle, du millénaire…

Pour 2012, pas d’illusion, Mourinho, Contador, Leonardo, Blatter vont poursuivre leurs numéros de cirque !

Bon, sinon ce fut en 2011 pas trop mal pour nos nageurs, athlètes ou basketteurs. Lemaitre se rapproche à petits centièmes de Bolt, l’Intouchable un poil fantasque. Baala et Mekhissi ont malheureusement fait le show qu’on ne voulait pas voir à Monaco. Lacourt fait le beau, mais attention à ne pas se « Manaudouiser »… Parker, lui, à l’inverse, a bien joué le coup en jouant à fond avec l’équipe de France et en revenant « gratuitement » à Villeurbanne. Deux ou trois mois, « pour une oeuvre », ça vous élève une stature… Il a l’air (je dis bien il à l’air) à peu près sincère, le Tony… Quant au tennis, toujours pas de Federer ou de Nadal français. On attend, on attend. On n’a que des espoirs en chocolat, du Kinder Bueno entre les sets…

Je me demande enfin si 2011 ne fut pas l’année des filles. Nos Bleues, foot, hand, judo et basket, ont été franchement jolies à voir. Au Mondial de football, ça a été franchement vibrant, mille fois mieux que Ribéry et ses potes, qui glissent, qui glissent, qui glissent…

Alors pour 2012 ? Londres, ce sera le point d’orgue de l’année sportive. Chez nous, on va en bouffer de l’espoir en bleu blanc rouge. Quand je pense que les rosbeefs nous ont piqué ces Jeux… Sinon, pas d’illusion, Mourinho devrait reprendre son train-train de vacheries à Guardiola, Leonardo claquera sans vergogne les dollars de l’émir du Qatar, Douillet ira serrer des milliers de pognes, Contador roulera les coureurs propres dans la farine et Blatter poursuivra son numéro de rois des faux-derches…

Droits télé, vive le décodeur… polonais

J’aime les obstiné(e)s. Karen Murphy en est une. Les vapeurs de bière de son pub, le bien nommé « Bleu Blanc Rouge » (Blue White and Red) situé à Portsmouth, lui sont-elles montées à la tête un beau jour de 2004 pour qu’elle décide de dire stop ? Stop au racket de BskyB qui lui facturait des sommes exorbitantes contre la retransmission de matches du Championnat anglais qu’elle offrait sur grand écran à ses braves clients ravis de s’arsouiller devant les matches de Manchester United, Arsenal ou Chelsea. S’est-elle grisée au point de faire alors appel à un opérateur grec qui lui proposait un prix environ dix fois moins cher ?

Non, cette bonne patronne a semble-t-il les formes aussi généreuses que la tête près de son (big) bonnet. Et le sens de l’histoire. A elle seule, elle vient, hier, comme Jean-Marc Bosman en 1995, de jeter un beau pavé dans la mare des droits du sport. Vous savez, ces droits qui sont devenus le sujet principal de préoccupation des édiles du sport mondial, qui ne pensent plus qu’à leurs exclusivités ou à leurs parts de marchés et qui se foutent du Tonga, du téléspectateur tondu et des emmerdeurs de mon genre.

Mais Karen en s’adressant, en citoyenne européenne, à sa Cour de Justice pour faire valoir son simple droit à ne pas subir l’iniquité, a gagné son combat. L’arrêt « Murphy » comme on l’a déjà dénommé, et qui récuse officiellement l’exclusivité absolue de la diffusion de matches sur un territoire de l’UE, va donc tout remettre en cause. Oh, pas en cinq minutes, les avocats de tous les diffuseurs vont se mettre en branle pour chercher la petite bête. Mais, à plus long terme, le bien est fait.

La Ligue 1 avec un décodeur polonais…

En résumé, vous comme moi, et grâce à la persévérance de Karen, pourrons bientôt nous abonner à un détenteur de droits… polonais de la Ligue 1 française pour suivre le Paris-SG, Marseille ou Lyon dans leurs fabuleux duels hexagonaux… Si, bien sûr, un grain de sable sorti du cerveau d’un artiste de l’argutie juridique ne vient pas enrayer le processus. Et si, naturellement, le tarif est plus attractif que ceux de Canal +, Foot + ou l’inénarrable Cfoot, la chaîne de la LNF. Ce qui ne devrait pas être bien compliqué vu les sommes scandaleuses que l’on nous soustrait depuis des années sans que l’on ne puisse réagir puisque la concurrence n’existait pas. En cochons de payants, il fallait payer ou s’abstenir. Il fallait payer et ne pas choisir. Il fallait payer ou se taire.

Thank you Karen.