Archives pour la catégorie Coupe du monde 2014

Rentrée pas trop classe

Certes, l’été n’avait pas été complètement mou des genoux (attention au pluriel des « ou »), mais pas loin. Pour la rentrée, on s’était surtout plu à réviser les cours après la Coupe du monde qui s’était finie un peu en eau de saucisse de Francfort avec ces bon vieux Allemands au-dessus de tout et même des gros jambons de Messi.

Révisions de transfert au PSG, comme d’habitude à coups d’offres tous azimuts et à base de cinquante millions minimum. Révisions d’adieux déchirants à la sélection par les récidivistes des récipiendaires de coups de règle sur les doigts, Nasri et Ribéry. Révisions au soleil et à la piscine avec nos petits grands nageurs assoiffés d’or mais ce coup-ci assez désargentés aux Championnats d’Europe, excepté le Florent Manaudou, frère de sa soeur, sans doute aussi doué qu’elle pour les longueurs de bassin et les rentrées… publicitaires.

On avait aussi un tantinet ronflé au fond de la classe en tennis. Nadal et ses articulations et Djokovic avec sa bague au doigt s’étaient planqués près du radiateur, laissant ce vieux Rodgeure avec les félicitations du jury pour son excellent travail estival.

En rugby, Philippe Saint-André en a pris plein les gencives en août. De tous bords, et évidemment des petits jaloux et candidats à sa succession et qui ont inondé de fiel leurs bons copains de la presse  au sujet du « goret ». Une boucherie plutôt porcine.

A Zurich, où l’on apprécie les gros comptes et les belles attitudes, l’ami Mekhissi s’était fait l’ennemi du grand style. Déshabillage en pleine piste et disqualification à cause d’un de ces pourtant très vilains « marcel » d’athlète dont nos bambins ne voudraient même pas au Carrefour du coin.

Mais en cette rentrée de septembre, on a repris le collier, le vrai. Paris qui roupillait depuis un mois a enfin retrouvé le rythme d’un premier à l’école. Et Zlatan a rendu une copie mentionnée face à des Verts et un Ruffier au bonnet d’âne. Trois pions et vingt sur vingt en technique. Mais un zéro en attitude et discipline selon le règlement intérieur, que plus personne ne consulte ou respecte. Toiser son adversaire après un but et l’insulter est un spectacle que le bon peuple du Parc des Princes ou d’ailleurs emplit de joie de respirer.

A Flushing, nos Français font comme tout le monde. Qu’ils gagnent ou perdent, ils râlent, pérorent ou miment les pires cancres du genre, par simple imitation et probablement en s’imaginant que Youtube leur rendra quelques milliers de clics.

Tout ça sans même parler de chenapans hors hexagone comme Rosberg et Hamilton, les équipiers Mercedes, ayant joué les Senna-Prost en se sabordant au GP de Belgique.

A craindre quand même que cette rentrée ne soit qu’un aimable tour de chauffe…

Le sport, nouveau gouffre à fric !

Quel plongeon dans leur surface financière ! Cet été, on ne plastronne même plus chez les grands argentiers du sport. On répand même sans plus de faux semblants de la glande lacrymale à pleins jets. Le pognon fout le camp de partout…

A TF 1, la « plus belle Coupe du monde de l’histoire » a pourtant engendré le « plus beau déficit de l’histoire » d’une chaîne de télé française pour un événement sportifTrente millions d’euros.

Juste en face du pont de Garigliano, chez France Télévision, c’est une énorme chute à l’arrière de l’audience du Tour de France, et contrairement aux vrais faux chiffres toujours magnifiquement retravaillés par les services de communication du mammouth public, qui a entraîné une échappée moche d’au moins dix millions d’euros.

La faute à pas de chance – les dopés les plus chargés et donc les plus chargeurs d’audience ont déserté – ou aux commentaires toujours davantage lénifiants, aveugles et sourds à toute critique ou problème, peu importe. Le Tour de France n’attire plus les spectateurs que sur la route où l’on peut au moins s’offrir des casquettes gratuites après avoir été pompé de sa redevance.

Et le beau et toujours magicien des bilans Bilalian Daniel, n’en finit plus édition catastrophique après édition désastreuse de la Grande Boucle, de nous expliquer que l’épreuve génère d’aussi fabuleuses que mystérieuses et futures parts d’audience…

Chez les chaînes (très) payantes, on se castagne désormais à milliards de bourre-pifs et mains nues sans plus prendre de gants de boxe. C’est la guerre totale. Et peu importe que Canal + soit dans les cordes et dans le rouge le plus vif de son histoire, sa (sur)vie en dépend. Toute arme est bonne pour tenter de marquer BeinSport à la culotte ou de tenter de la lui ôter.

Mais même le rugby, dernière niche à peu près rentable, est sanctionnée par l’arbitrage video de l’Autorité de la Concurrence. Canal se serait entendu avec la Ligue Nationale de rugby pour arracher ses cinq ans d’exclusivité du Top 14…

Même l’Emir du Qatar commence lui-même certainement à se demander si cette gabegie de gazo-dollars est raisonnable !

Le proprio de Beinsport, l’Emir du Qatar, commence lui-même certainement à se demander si tout ça est raisonnable. Le PSG ne ramènera sans doute jamais autant de gazo-dollars qu’il ne génère de dépenses. Michel Platini n’est pas trop d’accord avec les méthodes de comptabilité d’achat de marchandises de ces messieurs, un peu trop oligarques à son goût. Et Platoche est encore jeune comparativement à Sepp Blatter, le manigancier de Zurich. Restons fair-play

A propos de Blatter, Adidas, dont il fut le Deus ex machina, pleure en ce milieu d’été tous les bénéfices de ses trois bandes. L’action de l’équipementier de Jesse Owens a dévissé ce 31 juillet 2014 de plus de 11 %. A Francfort, en Allemagne, au milieu du dernier îlot triomphant de l’économie européenne et avec sa Manschaft éternelle, Adidas s’est marqué un but contre son camp…

Marchands de rêve…

Mondial 2014 : France Allemagne c’est au-dessus de tout !

Pour les petits footeux en short jusqu’aux genoux et aux Nike rose fluo, je dis une chose, une seule, voyez ou revoyez Séville 1982. Non, ça n’est pas du paternalisme ou de la « Thierry Roland nostalgie ». C’est de l’histoire de France. Il ne faut jamais négliger l’apprentissage.

Comme les bons livres des bons auteurs, on peut les lire et les relire une vie durant en y tirant toujours du bon, au minimum des leçons. Séville donc. En Andalousie. A base de civilisations fondamentales. C’est bien simple, tout le monde y a foutu les pieds en trois mille ans. Ce patelin, c’est un résumé de la civilisation humaine. Avec évidemment de la tête coupée à profusion. Et du Grec, du Romain, du Phénicien et un brin de Teuton.

Tout le monde, sauf visiblement des Gaulois qui y débarquent en juillet 1982, sous la houlette de leur chef Michel Hidalgo, au nom prédestiné. C’est une demi-finale de Coupe du monde et il faut battre les wisigoths pour espérer coiffer la couronne de roi, à Madrid quatre jours plus tard.

La bataille va durer deux heures et demie. Lumière bizarre, terrain baroque, ombres inquiétantes dans un stade, Sanchez Pizjuan, où les deux légions vont en découdre.

C’est la bataille du siècle. Les gentils contre les horribles. Des types en face de Platini et Trésor qui ont la bave aux lèvres. Effrayant. Les nôtres guerroient avec grâce. A la Cyrano. Depuis le début de l’épreuve, ils volent, envoient et touchent. Un quatuor presque magique au milieu de terrain et des flèches qui atteignent le but comme des archers à la parade.

Les Allemands nous broient les chevilles d’entrée. Le dénommé Briegel est un géant de deux mètres qui soulève une tonne de fonte avec une main et peut cavaler deux marathons d’affilée. Les autres, Kaltz ou Dremmler sont à l’avenant. A la télé, on écoute Thierry Roland qui, sur un ton désespéré, croit autant à la victoire que le général Weygand en 1940 contre les mêmes…

Vaille que vaille, la France tient le choc. Pas Battiston qui se fait démonter la tête par Schumacher, le portier allemand imbibé de substances vénéneuses et à l’œil exorbité de sang. Ignoble. Mais beau. Beau comme les nuits atroces de spleen de Verlaine ou Rimbaud, eux aussi imbibés de psychotropes pour décrire leurs sentiments.

Les Bleus finissent vaincus. Comme des dieux seulement vaincus par d’autres.

C’était un peu plus qu’un spectacle ce France-Allemagne. De la légende genre tapisserie de Bayeux.

Dans la nuit de Rio, au Maracana, je verrais bien Pogba ou Valbuena planter le dernier tir au but au sympathique Neuer. Et que les Allemands en parlent la larme au coin de l’œil pendant cent ans.

Mondial 2014 – Ce serpent de Suarez

Les grands soubresauts de l’histoire sont imprévisibles. Avec la Coupe du monde, on a davantage de chances d’assister à l’un de ces événements dont chaque bipède schizophrénique a besoin pour sortir de son accablante routine.

En substance, il nous faut les quatre éléments traumatiques définis par Churchill en 1940 pour donner un peu sens et d’émoi aux quatre-vingt ans d’ennui que les statisticiens de l’état civil nous accordent sur cette terre. Du sang, de la douleur, de la peine et des larmes.

Parce que pour le plaisir ou le bonheur, c’est fini depuis Montesquieu, le dernier humain connu ayant osé avouer qu’il s’éveillait chaque matin avec une « joie secrète de voir la lumière« …

Luis Suarez est si fragile qu’il ne supporte pas la félicité dont il devrait pourtant être lui aussi imbibé en tant que l’un des joueurs les plus doués de l’univers. Dès que son système nerveux est perturbé, il court de toute urgence vers ce que celui-ci lui commande de faire sans écouter les avertissements de son cortex.

Et il mord comme un quadrupède tout ce qui passe à proximité. En général, le défenseur qui le contrarie le plus. L’autre jour ce fut l’insupportable Chiellini, coupable de lui avoir résisté durant quelques minutes. Troisième victime en quatre ans du vampire uruguayen.

Et, conséquence de notre monde médiatico-bipolaire (au sens classique mais aussi psychiatrique, c’est à dire fluctuant sans cesse de l’irritable au normal puis à la dépression), l’humanité s’est soudain depuis la morsure de l’ogre de Montevideo, partagée en deux blocs. L’une soutient le mangeur de chair, l’autre le conchie.

Suarez est-il le serpent de la Bible, qui fait vaciller la morale et les sens d’Adam et Eve, autrement dit de notre planète aveuglée par ce qu’elle voit, croit voir, croit juste ou injuste sur ses écrans plasma ?

Je vais être franc, le sieur Suarez , comme l’a dit le président de la république uruguayenne, José Mujican’est qu’un de ces « enfants dont l’intelligence se trouve dans les chevilles, car ils sont nés dans une autre société et ils ont d’autres moyens ». Et moi, comme une partie de l’humanité, je ne peux pas le comprendre. C’est la troisième fois que cet esprit sans éducation « classique » mord un adversaire. Et, à l’instar du bras droit du président de la FIFA, Jérôme Valcke, , lui-même auteur par le passé de réflexions pas toujours frappées au coin du bons sens, il m’apparaît que ce bon Luis aurait tout intérêt à faire stabiliser ses humeurs par voie médicamenteuse.

Notre jugement sur cet événement majeur du premier tour (rien d’autre de définitif à signaler sur le plan sportif) nous ramène à l’essentiel. Nous ne voyons pas tous les mêmes images même si elles sont en haute définition. Nous sommes sans doute aveugles. Au mieux, mal voyants. Ou si vous préférez contaminés par une autre maladie ambiante des derniers siècles, celle du jugement hâtif. Ou pour encore dire autrement, la crédulité, cette marque infaillible de l’ignorance, comme le criait Voltaire.

Que faire donc de Suarez ? Et que donc faire de nous ? Peut-être bien pour commencer ce qu’a fait si allègrement le premier des sociologues, ce bon baron de la Brède, dit Montesquieu, une description de nous-mêmes. En commençant comme lui : « Une personne de ma connaissance disait : Je vais faire une assez sotte chose, c’est mon portrait : je me connais assez bien. » Ensuite, on verra bien. Mieux sans doute.

 

Mondial 2014 – France Suisse : Ne philosophons pas trop…

Comme le disait un penseur du football présocratique, pour marquer des buts il faut que la défense adverse commette des erreurs. Et si l’on veut bien poursuivre dans ce type de raisonnement footballo-philosophique, arrêtons-nous un peu sur ce France-Suisse (5-2) si riche en leçons technico-Platoniques.

Oui, nos petits Bleus on peut être bien opéré leur maïeutique comme l’enseignait Socrate. Ils ont semble-t-il en quatre ans tiré du plus profond d’eux-mêmes, c’est-à-dire des sièges arrière du bus de Knysna, des ressources insoupçonnées de forces morales et de jugeote…

Maître Didier Deschamps y est-il pour quelque chose ? On est tenté d’y croire étant donné le niveau de réflexion, assez proche de celui de la mer, de la bande à Anelka et Ribéry, en Afrique du Sud…

Face aux Helvètes, l’équipe de France est heureusement revenue à son état de nature, à l’instar de la bonne vieille théorie de Jean-Jacques Rousseau. C’est-à-dire qu’elle n’a pas trop réfléchi. À vrai dire pas réfléchi du tout, et c’est ce qui lui convient le mieux.

Car après tout, comme Benzema et Valbuena, il vaut mieux laisser parler ses pieds, plutôt que sa langue, quand on en possède de si talentueux.

Deschamps, donc, est-il le Nietsche du ballon rond tricolore ? Celui qui aurait annihilé toute fonction neuro-logique destructive chez ses joueurs dans un car au profit de leur énergie purement créatrice sur la pelouse ?

Oh la la ! Ne philosophons pas outrageusement. Ce ne sont que huit buts pour l’instant en phase éliminatoire. Et seulement un huitième de finale, sans doute, et des joueurs qui prennent leur… pied. Mais pas encore de descente des Champs-Elysées ni de réception chez François Hollande, dont on se dit autour des zincs qu’il pourrait devenir le digne successeur, en quantité de veine de pendu tout du moins, de Jacques Chirac.

Or, donc, ne vendons surtout pas la peau de l’ours. Ne boudons pas non plus Machiavel, qui pourrait lui aussi ramener sa fraise aussi vite que beaucoup d’autres moulineurs de cerveau. « Les hommes sont méchants et ne pensent qu’à mal », proférait cet homme noir du bulbe.

A l’image de nos nouveaux Bleus, ne philosophons pas trop…